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"Bali, l'île des dieux", une conférence de Jean Ponsignon pour l'A.C.C.
Après la descente du Yang Tsé Kiang, Jean Ponsignon nous a présenté, sous l'égide de l'Association Culturelle Châtillonnaise, un magnifique montage sur l'île de Bali où il s'est rendu avec son épouse Sophie.
Tous deux m'ont donné leurs textes et leurs photos. Elles étaient très nombreuses, aussi j'ai dû faire un tri, avec regret, tant elles étaient superbes...mais il ne faut pas trop charger le blog pour que tout le monde puisse y avoir accès .
Merci Sophie et Jean pour votre générosité !
Bali est une petite île fertile, de la dimension d’un département français, très peuplée avec plus de 2,5 millions d’habitants, située au milieu du cordon d’îles de l’archipel indonésien. Située à 8 degrés au Sud de l’Equateur, on y trouve des rizières qui descendent des collines en marches géantes, des volcans actifs qui s’élèvent au dessus des nuages, une jungle tropicale dense, et de longues plages de sables alternant avec des falaises où le ressac vient se briser.
Le port de Bénoa abrite une flottille de pêche peu nombreuse, car le balinais craint la mer , et puis les bateaux ne sont pas très neufs.
Il sert de point d’arrivée à l’hydrofoil qui fait la liaison avec l’île de Lombok.
En dépit de la densité de population de 440 habitants par km2, la jungle conserve ses droits dans maintes parties de l’île.
Des cascades offrent des paysages de naissance du monde.
A leur pied les chercheurs d’or tamisent le sable aurifère.
Au flanc des collines les cultures abondent ; il s’agit de jardinage intensif autant que d’agriculture.Voici un arbre à cacao.
Les clous de girofle sèchent au soleil.
Les fleurs et les arbres forment une exubérante symphonie de couleurs et de formes.
Les oiseaux s’enorgueillissent de leurs couleurs de clown.
Ce petit jecko à la peau tachetée et l’œil vif :
Son cousin à l’aspect préhistorique, le dragon de Komodo est fort impressionnant, celui là avait au moins deux mètres de long.
Les singes sont nombreux, sans gène comme il se doit, et parfois agressifs dans l’enceinte de certains temples, où leur grand plaisir consiste à venir chiper les lunettes du visiteur, en les lui arrachant du nez, pour le narguer ensuite depuis la branche d’un arbre.
Le riz est la culture principale de Bali ; non seulement il constitue un produit de base pour la cuisine, mais le paysage entier a été sculpté, modelé, pour le faire pousser. L’organisation complexe nécessaire pour faire pousser le riz est un facteur important de la vie communautaire balinaise où le « subak » ou association de cultivateurs de riz, doit soigneusement planifier l’utilisation des eaux d’irrigation. Ils obtiennent deux récoltes par an.
Vous voyez tour à tour le riz pousser, puis être repiqué, puis récolté et enfin vanné.
Le travail de l’homme a joué un rôle prépondérant dans l’aménagement du paysage naturel, le rendant magnifique, avec ses terrasses cyclopéennes comme des marches pour géants, et avec son réseau compliqué d’irrigation.
Le canard fournit un plat de fête ; de nombreuses familles en élèvent un troupeau, qui, le jour est mené pour se nourrir dans une rizière inondée. On les conduit avec un bâton surmonté d’un petit drapeau que l’on plante dans la rizière. Le soir, les canards se rassemblent d’eux mêmes autour d'un fanion.
Les villages à l’écart des routes ont conservé une architecture et un aménagement que le modernisme semble ne pas avoir effleuré.
Scènes de marché sous les halles couvertes de la capitale Dempasard, agrumes, piments, étals de poissons, volailles dans les batteries locales...
Et un cochon dans son emprisonnement de bambou.
L’artisanat local est très vivace, Les scènes de la vie quotidienne inspirent les peintres.
Les sculpteurs fabriquent des meubles, des animaux décoratifs. et des divinités.
Les mobiles de bambou et de papier, comme les cerfs-volants font partie des amusements traditionnels.
La population est paisible, joyeuse et fraternelle.
En fin de journée , la mère et la fille portent leurs offrandes au temple hindouiste...
Les mobylettes vrombissent...
Les horticulteurs sont nombreux aux abords de Dempasar.
Voici comment on s’installe pour abattre un cocotier.
Les buffets garnis des restaurants sont une invite permanente à la découvertes de mets exotiques et épicés.
Cet ensemble de bronze ripoliné évoque un héros national ayant lutté contre les colons hollandais.
L’étranger ne vient plus en colon honni, mais en touriste bienvenu, avide de sable chaud, de mer tiède et de vents marins.
La pratique du parachute ascensionnel est fort répandue.
Le soir venu les orchestres de gamelan, les dragons et les danseuses vous initient à des sons et à des postures d’une culture bien différente de la nôtre.
Les combats de coqs constituent une autre activité fort prisée des hommes où les paris vont bon train dans un climat de grande excitation.
Dans la vie courante, tout est prétexte à décoration : la préparation de la visite d’un officiel, ou une fête religieuse.
Vous croyez peut-être que c’est un temple ? Perdu, c’est un magasin. Imaginez chez nous une entrée similaire pour « Monsieur Meuble » par exemple.
Les autels domestiques sont quotidiennement décorés d’offrandes fraîches.
Les temples et les statues reçoivent aussi leur lot de fleurs et de pétales Pour les Balinais, les esprits sont partout ; les offrandes déposées chaque matin rendent hommage aux bons esprits et apaisent les mauvais. On ne prend pas de risques.
A l’entrée des grands temples, les conditions de visite, inhabituelle chez nous, sont précisées.
Certains temples ont été taillés à l’intérieur de rochers.
Le centre de l’île est occupé par un volcan actif, le Bahur, haut de 1717 m. De son flanc ouvert s’échappent des fumeroles. Une violente éruption en 1917 tua des milliers de villageois t détruisit 60 000 maisons et 2 000 temples.
Le temple de Kintamani qui fait face au volcan a été reconstruit après l’éruption.
Chaque temple possède au minimum deux cours dans lesquelles on pénètre par une porte principale, située au dessus de deux marches, que l’on n’ouvre que pour les fêtes importantes.
Les statues des gardiens qui se veulent féroces protègent les entrées et repoussent les mauvais esprits.
Les temples sont vides la plus grande partie de l’année mais s’animent et se parent de mille couleurs lors des grandes fêtes.
Suivons ces femmes qui cheminent dans la forêt en direction de la mer.
Les prières et les offrandes se font devant et à proximité de la mer.
Pour les Balinais religion est synonyme de divertissement dont les mortels peuvent jouir, tout comme les dieux ; les innombrables jolis plats d’offrandes, chefs d’œuvre d’art populaire, sont confectionnés pour les dieux, mais une fois que ceux ci en ont absorbé « l’essence », il reste assez de « substance » pour organiser une grande fête et un abondant repas. L’hindouisme des Balinais diffère totalement de celui pratiqué en Inde, car il s’est ajouté et mêlé à des cultes animistes. Deux traits principaux caractérisent la religion à Bali : elle est partout et elle divertit. Vous ne pouvez y échapper : il y a au moins trois temples dans chaque village, des autels dans chaque champ et des offrandes dans chaque coin de maison ou de magasin.
Le visiteur est prié en signe de respect de porter une écharpe jaune ou orange autour de la ceinture.
L’un des célébrants bénit la foule avec une eau sacrée, puis chacun repart chez soi avec les offrandes en équilibre sur la tête.
Le temple de Bédulu est construit autour et au milieu de bassins remplis d’énormes poissons rouges,
Et dispose de bassins et fontaines destinées aux ablutions sacrées.
Celui de Bedugul se dresse au bord d’un lac d’altitude qui donne au site une atmosphère irréelle et magique.
Franchissant un large fossé, nous pénétrons dans le temple de Taman Ayoun ; il est orné d’une multitude de clochetons à toits multiples : les merus.
Ce temple construit de pierre et de briques domine la mer ; ses sculptures nous paraissent particulièrement baroques.
De retour aux abords de la capitale, nous rencontrons une des processions fréquentes en fin d’après-midi, qui se dirige vers la mer. La circulation s’arrête et le chef de cérémonie, le sifflet à la bouche, dirige son monde avec bonheur. Après quelques hommes pour ouvrir la marche, suivra la procession des offrandes portées par les femmes ; l’ensemble ruisselle de lumière, de couleurs vives, de gentillesse, symboles d’une humanité pacifiée. Le gamelan ferme la marche au son des flûtes et des tambours. Ici le sacré est lieu commun.
Chaque étape de la vie balinaise est rythmée par des cérémonies dont la dernière – la crémation – en représente souvent le summum. A Bali une crémation est un événement étonnant, spectaculaire, coloré et bruyant. En fait il faut parfois tant de temps pour l’organiser qu’elle peut avoir lieu plusieurs années après le décès. Durant ces préparatifs le corps est temporairement enterré. Comme la cérémonie est très onéreuse, de nombreuses familles peu fortunées préfèrent se réunir pour brûler leurs morts ensemble, une fois la date propice choisie.
Ce cérémonial représente pour les étrangers une occasion exceptionnelle d’admirer l’incroyable énergie déployée pour créer de véritables œuvres d’art éphémères. Ce n’est pas seulement un corps que l’on brûle, mais c’est aussi la haute tour dans lequel le défunt est transférée. Haute de plusieurs étages, elle est réalisée en bambou, papier, ficelle, cheveux d'ange, soie, tissus, miroirs, fleurs et toutes sortes d’objets brillants et colorés.
Cet édifice est transporté sur les épaules d’un groupe d’hommes, dont la taille, comme celle de la tour, dépend du rang social du mort.
En chemin, certaines précautions doivent être prises pour s’assurer que l’âme du défunt ne retourne pas hanter sa demeure où elle pourrait se montrer nuisible. Pour l’en empêcher, les esprits doivent perdre tout sens de l’orientation, ce que l’on obtient en secouant la tour, en la faisant tournoyer sur elle même, en l’aspergeant d’eau, bref en avançant d’une façon qui ressemble à tout sauf à un cortège funéraire solennel. Un prêtre, perché à mi hauteur de la tour, fait de son mieux pour asperger le cortège d’eau bénite. Un gamelan fournit l’accompagnement musical de rigueur.
Il faut se rendre à l’évidence, à Bali, cérémonies et religion sont prétextes à réjouissances.
Sur le lieu d’incinération, le corps est déchargé et le linceul ouvert pour d’ultimes bénédictions.
Enfin tout se termine dans les flammes : la tour funéraire, les linceuls, le corps. Le fils aîné accompli son devoir en recherchant dans les cendres les éventuelles parties du corps non consumées.
Nous terminerons cette évocation de Bali, l’île des dieux, en nous rendant au temple de la mer, à Tanah Lot, le plus connu et le plus visité. Perché sur un îlot rocheux, isolé à marée haute, il n’est relié à la terre qu’à marée basse.
Le monument est splendide dans la lumière du soir qui le découpe avec force sur l’horizon. Partageons cet instant ou le crépuscule semble une transition vers l’éternité.
Jean Ponsignon a ensuite répondu aux nombreuses questions des auditeurs, ravis d'avoir pu assister à cette si belle et riche conférence.
Nous avons voyagé très loin avec Jean et Sophie, en Chine, puis à Bali...quels beaux périples virtuels nous avons faits !
Merci encore à tous les deux.
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Commentaires
1bridgetDimanche 25 Octobre 2015 à 11:21
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comment peut on avoir accès au site pour pouvoir imprimer ces conférences auxquelles on ne peut assister, nous les "expatriés" de notre Bourgogne ? Ce blog , grâce à vous, nous permet de garder des liens avec nos lieux de naissance et tous ceux qui y résident encore.
Merci pour tous ces rendez-vous que l'on ne saurait manquer.