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Claude Garino a organisé une visite du prieuré de Jully les Nonnains avec les Amis du Châtillonnais et Châtillon Scènes
Mercredi 20 mai 2015, dans le cadre du 900ème anniversaire de la fondation de l'abbaye de Clairvaux par saint Bernard, une visite guidée de l'ancien prieuré de Jully les Nonnains et des églises de Jully et de Gigny, a été organisée par les Amis du Châtillonnais et Châtillon-Scènes.
Claude Garino, membre de l'Association pour la sauvegarde et l'animation du château de Jully, nous attendait au sommet de la butte-témoin où se trouve ce qui reste du château et du prieuré de Jully-les-Nonnains.
Claude Garino est passionné par ce lieu qui fut tout d'abord un château construit par Milon, comte de Tonnerre, mais qui passa ensuite au Comté de Bar sur Seine.
Il nous a conté son histoire.
Le futur saint Bernard demanda au Comte de Bar sur Seine son château de Jully pour accueillir les épouses et les filles, nobles pour la plupart, entrant en religion. Le Comte offrit alors Jully à l'abbaye de Molesme.
Le prieuré de Jully fonctionna sous la règle bénédictine, Elisabeth, femme de Guy, frère aîné de Bernard en fut la première prieure . En 1124, Hombeline (Ombeline, Humbeline) sœur de Bernard, entra à son tour en religion, après son père et tous ses frères, et devint la seconde prieure de Jully.
Vitrail de l'église Sainte Urse de Montbard, montrant toute la famille de Bernard qui entra en religion (photo Claude Garino)
Hombeline mourut à Jully le 21 août 1141, Bernard le 20 août 1153 à Clairvaux.
Le milieu du XIIIème siècle vit l'apogée du prieuré, mais, suite au relâchement dans l'observation de la règle et la discorde avec Molesme, il déclina en 1406, et fut appauvri par la guerre de cent ans. Les terres de Jully furent alors réunies à l'abbaye de Molesme, les six dernières religieuses de Jully rejoignirent alors l'abbaye.
A la fin du XVIème siècle, les bâtiments et les terres furent loués par bail, par l'abbaye de Molesme, et devinrent une simple ferme.
A la Révolution, la ferme du château de Jully fut vendue comme bien national, la chapelle fut démolie, et plus tard, au XXème siècle les bâtiments furent abandonnés (à la suite, sans doute, de l'horrible crime qui y eut lieu, j'en parlerai plus loin )
Sur cette photo que nous montre Claude Garino, on voit l'état du bâtiment au début du XXème siècle ! Heureusement, en 1987, vit le jour une association qui eut pour but de restaurer les bâtiments. Ces derniers furent acquis par la petite commune de Jully qui s'employa à faire renaître le lieu, avec beaucoup de courage ...
Voici le résultat de la magnifique rénovation qui commença en 1982...et qui continue de nos jours (à l'intérieur).
Ces fenêtres de style XVIème siècle ont été restaurées avec moulures et meneaux.
La porte est surmontée d'une sculpture datée de 1544, qui représente deux oiseaux disposés symétriquement de part et d'autre d'un blason très érodé.
Nous sommes ici dans la salle qui abritait , du temps de la ferme, les étables. Les poutres qui menaçaient de céder ont été refaites, sauf la quatrième poutre qui sert de base à la mezzanine.
Cette salle abrite de nos jours beaucoup d'événements : biennales du livre, expositions comme celle dernièrement sur le chemin de fer entre Nuits sous Ravières et Châtillon sur Seine etc...
Nous sommes maintenant à l'intérieur de la partie habitation de l'ancienne ferme. Claude nous montre l'épar qui pénétrait de toute sa longueur dans un tunnel aménagé dans le mur et fermait l'habitation.
C'est dans cette partie habitable de la ferme qu'eut lieu en 1909, l'horrible "crime de Jully" où deux jeunes vachers tuèrent les patrons, la bonne, un autre commis et en blessèrent grièvement un autre. Seuls les quatre enfants furent épargnés par hasard, car les assassins pris de peur s'enfuirent.
On comprend qu'ensuite, la ferme ne trouva plus de locataires !
Claude Garino nous présente cette "pierre d'évier" qui pourrait être l'autel de la chapelle du prieuré !
Un peu plus à droite des bâtiments, se dresse un calvaire érigé à la fin de la seconde guerre mondiale.
on peut lire sur la face principale de son socle, cet hommage à Hombeline, Elisabeth et à Pron, prieur.
Le croisillon représente Hombeline et Bernard aux pieds de Jésus, ce groupe a été sculpté en pierre de Nod sur Seine par Edgar Delvaux qui vivait en Puisaye.
Nous avons terminé cette visite enrichissante par la présentation d'un cadran solaire analemmatique, qui a été inauguré en 2012.
Installé sur le sol horizontal, le cadran analemmatique ne comporte pas de lignes horaires, mais seulement des repères disposés sur une ellipse. au centre, une dalle orientée selon le méridien local (soit la direction sud-nord) porte des graduations.ce cadran est un cadran "à style humain". l'utilisateur se place debout, le dos au soleil, sur cette dalle, les talons positionnés selon la date. la direction de l'ombre, qui dépend en fait de la position du soleil dans le ciel, fournit l'heure solaire.
Au loin, on aperçoit le hameau de Jully-la-Maine et son église que nous avons ensuite visitée.
Avant de partir Claude Garino nous a indiqué les deux prochaines animations qui auront lieu à Jully :
-Le 13 juin : spectacle consacré à Ricet Barrier
-Le 9 août : 5ème fête du livre
L'église Notre Dame de l'Assomption de Jully-la-Maine a eu plusieurs fois son clocher remanié.
Au fond du chœur on peut admirer une copie d'une œuvre de Murillo, l'Assomption de la Vierge.
Un vitrail nous rappelle Hombeline :
Une belle surprise nous a été réservée : voir deux reliques...
Celles d'Hombeline :
Et celles de Pron, dit saint Pierre de Jully :
Un beau baptistère se trouve sous le porche de l'église :
Nous nous sommes ensuite rendus à l'église de Gigny, qui possède un beau clocher tors (le seul dans l'Yonne).
Ce vitrail nous montre à gauche la mort de Pron, et à droite Hombeline apparaissant à son frère Bernard.
Le vitrail suivant est un vitrail peint, ce qui explique son très mauvais état. Heureusement on peut voir, à droite, en haut, Bernard assistant sa sœur Hombeline au moment de sa mort.
Deux reliquaires se situent près de l'autel, celui d'Hombeline...
et celui de Pron, prieur dit saint Pierre de Jully
Une maquette de l'église rappelle son clocher tors.
Nous avons poursuivi notre promenade par la visite de la Grande Vesvre, qui n'a aucun rapport avec Hombeline et le Prieuré de Jully-les-Nonnains, car c'est une ancienne ferme templière.
Mais saint Bernard ne favorisa-t-il pas la création de l'ordre du Temple ?
Des images demain.
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Commentaires
En sauvant Jully, mon ami Claude Garino est devenu le "saint bernard" de ces lieux.Il faut vraiment remercier et encourager des passionnés comme Claude qui se battent pour sauvegarder les vieilles pierres et permettent ainsi de faire revivre l'histoire locale.