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Par Christaldesaintmarc le 13 Octobre 2012 à 06:00
Le titre de la conférence proposée par l'Association Culturelle Châtillonnaise, "O-GAH-PAH", était bien mystérieux .. cette peinture, posée sur un chevalet, à l'entrée de la salle Louis Pascal, représentant une famille d'indiens nous donnait déjà quelques indications.....
Claude-Albert Martel, président de l'Association France-Louisiane a ,en effet, évoqué pour nous une bien émouvante histoire..non seulement indienne, mais franco-indienne ! O GAH PAH, une société entre deux mondes, une société dont l'histoire est aussi la nôtre....une histoire que nous avons oubliée et qui pourtant était si belle !
En observant un registre américain de 1959, recensant les habitants de l'Oklahoma, on s'aperçoit que beaucoup de personnes portent un nom..français
Tout le monde a appris, à l'école, que la France possédait, au temps de Louis XIV, en Amérique du Nord, un territoire appelé "Louisianne" (orthographe ancienne du nom actuel Louisiane). En 1803, ce territoire fut vendu, bradé plutôt, aux Etats-Unis par Napoléon.
Pourquoi et comment les français s'étaient-ils installés sur ce territoire ?
La France possédait déjà des terres en Amérique du Nord, au Canada, mais elle désirait explorer d'autres espaces, plus à l'ouest, en descendant un fleuve que les indiens nommaient Mississipi.
Voici une carte où l'on peut voir en bleu la route que prirent les aventuriers français.
A un certain endroit, le Mississipi reçoit les eaux d'un autre fleuve nommé Arkansas.
A la jonction du Mississipi et de l'Arkansas vivait une tribu d'indiens appelés justement les Arkansas, peuple très accueillant, fier et intelligent. Des relations se nouèrent entre les Français et ces indiens, appelés aussi Quapaws "Ceux qui ont descendu le courant", ces Quapaws faisaient aussi partie de la grande tribu des Sioux.
Voici la représentation d'un beau Quapaw ;corps peint en rouge, blanc et noir, un duvet de cygne rouge sur le crâne.
Les Quapaws étaient des êtres pacifiques, et courageux. Il ne vivaient pas dans des tipis, mais dans des huttes faites de branchages et recouvertes d'écorces.
Plusieurs familles habitaient ces huttes.
Les Français s'installèrent donc sur ce territoire, des trappeurs, des religieux, des soldats de petite noblesse, de simples soldats comme le capitaine Bossu originaire de Baigneux les Juifs . Ils devinrent très amis avec les Quapaws, apprirent leur langue, des relations intimes se nouèrent entre eux : des français épousèrent des squaws Quapaws , des enfants naquirent de ces unions ,ce qui explique, qu'aujourd'hui encore, des américains d'origine indienne portent un nom français.
Le territoire français s'étendit peu à peu comme on le voit sur cette carte (en jaune), sans jamais léser les populations indiennes. Ceci est à bien remarquer, quand on sait ce que leur feront subir plus tard les américains en leur achetant leurs terres à vil prix et les parquant dans des "réserves", une autre façon de les exterminer.
Les excellentes relations établies entre Français et Quapaws portaient sur le commerce : nourritures, viandes, peaux etc..., mais les Quapaws aidaient aussi les Français en surveillant le territoire.
Français et Indiens avaient besoin les uns des autres.
Les Quapaws appréciaient les Français, la preuve, ils fumaient ensemble le calumet, pratique qui est une façon d'échanger sa parenté et de parler avec les esprits...
En haut de cette gravure on voit les Français, les Quapaws arrivent vers eux en effectuant la "marche du calumet" :
Cette amitié extraordinaire entre deux peuples que tout aurait dû opposer, on en voit la trace sur cette cape indienne, autour du soleil ...
Ici les Quapaws et leurs huttes au toit bombé :
Et tout près, les maisons des Français :
Hélas, le fort Arkansas ne fut plus guère défendu, les Espagnols s'en emparèrent, puis les Anglais, et enfin Napoléon vendit la Louisiane.
Aussitôt les Américains voulurent acheter les terres des Quapaws, en les spoliant bien entendu ! pour 20 millions d'acres on leur donna seulement 4000 dollars qui ne seront d'ailleurs payés qu'en partie. On les déplaça plusieurs fois..
Les Quapaws avaient tout de même gardé quelques terres où l'on découvrira plus tard des mines de plomb et de zinc, l'exploitation de ces mines leur permettra d'avoir des revenus, de retrouver un peu de dignité et de renouer des liens avec les autres Quapaws qui avaient été "déportés" dans les réserves.
Ils décideront même de s'organiser pour fonder une "nation" indienne dans l'état d'Oklahoma, "nation" qu'ils appelleront O-GAH-PAH, leur capitale est Miami (Oklahoma)
Ils ont actuellement un gouverneur :
Un drapeau (c'est celui que Claude-Albert Martel avait apporté le jour de la conférence)
Les mines de plomb et de cuivre se sont épuisées dans les années 50, mais les Quapaws ont trouvé une autre source de financement, ils ont ouvert des casinos et ça marche !
Les Quapaws d'O-GAH-PAH ont déposé depuis peu une plainte devant les USA pour malversation, et spoliation puisqu'ils n'ont jamais touché la totalité des 4000 dollars qu'on leur avait promis pour la vente de la surface énorme de 20 millions d'acres.
Claude-Albert Martel est allé en O-GAH-PAH, il sait que certains Quapaws, ceux qui ont un patronyme français, veulent retrouver la langue de leurs ancêtres Français et Quapaws à la fois.
"Leur histoire est notre histoire", fut la belle conclusion du conférencier...
Ce fut un bien beau récit que nous a conté là, Claude-Albert Martel , récit que j'ai résumé au strict minimum, ses anecdotes étant très nombreuses et passionnantes.
Et, cerise sur le gâteau, avant que commence la conférence nous avons entendu des airs de danses Quapaws, la danse du calumet par exemple, que les Quapaws interprêtent lors de fêtes qu'ils appellent des powwows.
Merci à Claude-Albert Martel pour cette conférence qui a véritablement subjugué les auditeurs, preuve en est le nombre important de questions auxquelles il a répondu très aimablement, avec beaucoup de compétence, on voit que le sujet le passionne.
A consulter, les précisions de Claude-Albert Martel :
http://www.flfa.fr/dotclear/index.php?post/2011/10/24/O-GAH-PAH-ceux-qui-ont-descendu-le-courant
(Des commentaires sur le thème de l'article seront les bienvenus, ils me montreront que ce blog vous intéresse et ils me donneront envie de continuer à l'alimenter .
Merci.)
2 commentaires -
Par Christaldesaintmarc le 30 Septembre 2012 à 09:41
Durant sa conférence passionnante, Bernard Pharisien a évoqué pour nous la belle Gabrielle, dont le portrait grand format, sur les murs de sa maison, ravit les visiteurs d'Essoyes :
A l'issue de sa conférence, Bernard Pharisien, natif d'Essoyes, et petit neveu de Gabrielle, le plus illustre des modèles de Pierre Auguste Renoir, nous a présenté certains de ses ouvrages et les a dédicacés.
Le compte-rendu de cette remarquable conférence a été publié dans le chapitre "sur les pas de Renoir", vous pourrez le retrouver en cliquant ici :
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Par Christaldesaintmarc le 19 Avril 2012 à 06:30
Monsieur Bruno ANTONINI, professeur de philosophie à Paris, et docteur en philosophie, est venu nous présenter, dans le cadre de l'Association Culturelle Châtillonnaise, une conférence sur un aspect méconnu de la vision politique de Jean Jaurès, celui qui mêle la philosophie et son idée de la république.
Bruno Antonini cultive la mémoire de Jaurès: à l'Ecole Normale d'Albi, la lecture de l'ouvrage de Jaurès "de la réalité du monde sensible" l'a enthousiasmé, la rencontre de personnes lui racontant avec ferveur que leur grand père avait serré la main de Jaurès et que ce geste avait "illuminé leur vie " a marqué son esprit. C'est sans doute cette admiration pour Jaurès qui a décidé de sa vocation de philosophe.
Car Jean Jaurès, avant d'être le tribun que l'on connaît, fut agrégé, puis docteur en philosophie...
Quelques notions sur la vie de Jaurès :
Jean Jaurès, naquit à Castres en 1859 dans une famille de la petite bourgeoisie du Tarn.
Le cousin germain de son père, Benjamin Jaurès, fut amiral et ministre de la marine en 1889.C 'est lui qui rapporta l'obélisque de Louksor à Paris.
Son père, Jules Jaurès (1819-1882), négociant, dirigeait une petite exploitation agricole de six hectares dans laquelle son fils passa son enfance et son adolescence.
Sa mère, Adélaïde, s'occupait de l'éducation des deux enfants du couple : Jean l'aîné, et Louis (1860-1937) qui devint amiral et député républicain-socialiste. Elle était très pieuse et même mystique, c'est sans doute le mysticisme de sa mère qui donnera à son fils aîné, Jean, une sorte de révélation, le sentiment de l'infini.
Bruno Antonini nous révèle que Jaurès s'adonnait au spiritisme (il faisait tourner les tables) et qu'il avait peut-être aussi un pouvoir de guérison.
Brillant élève, Jean Jaurès fit ses études au lycée Louis-le-Grand. En 1878, il fut reçu premier à l'École normale supérieure en philosophie, devant Henri Bergson. En 1881, il termina troisième à l'agrégation de philosophie.
Devenu professeur, Jaurès enseigna tout d'abord au lycée Lapérouse d'Albi, puis rejoignit Toulouse en 1882 pour exercer comme maître de conférences à la faculté des lettres. Il donna également un cours de psychologie au lycée de jeunes filles de cette même ville.
Jean Jaurès, à 25 ans se présenta comme candidat républicain aux élections législatives de 1885. Il fut élu et siégea à l'assemblée nationale parmi les républicains où il soutint le plus souvent Jules Ferry. En 1889, Jean Jaurès ne fut pas réélu.
Privé de son mandat de député en 1889, Jean Jaurès reprit son enseignement à la faculté de Toulouse. Il fut reçu docteur en philosophie en 1892 avec sa thèse principale De la réalité du monde sensible et sa thèse secondaire en latin, Des origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte, et Hegel.
Jean Jaurès continua également sa vie politique. À partir de 1887, il collabora au journal la Dépêche du Midi (alors appelée Dépêche de Toulouse) de tendance radicale. Il devint conseiller municipal sur les listes radicales-socialistes, puis maire adjoint à l'instruction publique de Toulouse (1890-1893. Ses travaux intellectuels, son expérience d'élu local, sa découverte des milieux ouvriers et des militants socialistes, l'orientèrent vers le socialisme. Cette évolution s'acheva avec la grève des mineurs de Carmaux.
Le but de la thèse de doctorat de philosophie de Bruno Antonini "Philosophie et politique chez Jean Jaurès, le rôle de l'Etat dans la transmutation de la République en socialisme" , fut de montrer en quoi ses conceptions politiques et économiques de la société socialiste à venir sont la traduction de ses vues métaphysiques.
Dans la thèse de Jaurès "De la réalité du monde sensible"l'accent est mis sur la notion d'être "l'être est une réalité idéale", une vision panthéiste unissant Dieu et le monde en un rapport d'immanence.
Pour Jaurès, la Révolution Française "contient le socialisme tout entier", la République , d'origine révolutionnaire, doit conduire au socialisme, car elle est le socialisme en puissance .
Le prolétariat doit donc agir sur la société pour la transformer par l'instance étatique.
L'instance étatique a pour corollaires des modes de représentations et d'actions de la classe ouvrière que sont les syndicats, le parti socialiste , les coopératives ouvrières, les Bourses du Travail.
Dans la vision politique de Jaurès, si l'être est l'humanité, , le mouvement est l'Etat, mouvement en tant que passage de la puissance à l'acte(de la République au Socialisme) qui est impulsé par le prolétariat.
"L'Etat est l'expression d'une démocratie bourgeoise où la puissance du prolétariat grandit."
L'Etat ne doit pas disparaître, mais plutôt se métamorphoser, car Jaurès définit d'abord l'Etat comme ce à quoi le prolétariat réalisera son émancipation sociale, l'Etat opérant par là-même un progressif dépérissement du capitalisme.
A la fin de sa conférence passionnante, Bruno Antonini répondit aux questions des auditeurs.
Les parties en bleu de cet article, sont tirées des "Cahiers Jaurès, Droit Social 1901-1939" où il expose en grandes lignes , le contenu de sa thèse..
A lire, le discours de Jean Jaurès à l'Assemblée nationale sur le Socialisme :(cliquer sur le lien)
Discours de Jean Jaurès à l'Assemblée Nationale, sur le Socialisme
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Par Christaldesaintmarc le 16 Avril 2012 à 06:25
Cette très intéressante conférence nous a été présentée par Julien Taisne, écologue, chargé de mission en biodiversité au Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement de la Vallée de la Somme.
Voici les diapositives commentées par Julien Taisne et les indications complémentaires que j'ai pu noter...
Les pollutions chimiques sont celles provoquées par des marées noires, des produits chimiques agricoles etc..
les polutions biologiques le sont par la prolifération des algues, des virus, ou par l'introduction d' espèces envahissantes comme la renouée du Japon ou l'écrevisse américaine.
La pollution physique peut être provoquée par des nuisances sonores, ou par l'eau chauffée dans les centrales nucléaires et rejetées dans les cours d'eau
Mais il existe une autre source de pollution , dont on ne se rend pas bien compte, c'est la pollution lumineuse qui peut affecter les êtres vivants, l'homme n'étant pas exclu.(allez donc dormir lorsqu'un lampadaire voisin de votre maison, éclaire violemment la chambre !)
Les espèces de mammifères concernées par la pollution lumineuse : blaireau, hérisson, fouine, pipistrelle, mulot, renard.
Les oiseaux concernés par la pollution lumineuse: rossignol, chevalier gambette, moyen-duc, effraie, canard, caille des blés, butor, chouette hulotte.
Les insectes concernés par la pollution lumineuse :carabe, moustique, ver luisant, papillon de nuit, sphynx de la vigne.
Les amphibiens concernés par la pollution lumineuse :crapaud, grenouille rousse, grenouille verte, tritons, salamandre.
Quelles différences entre ces deux photographies de la planètre prises par sattellite en 1970 et en 2000 !
La pollution lumineuse est devenue intense et doit l'être encore plus maintenant, en 2012.
Savez vous, nous dit Julien Taisne, que la lumière émise par une ampoule électrique peut être vue à plusieurs kms de distance ..
En France on a pu compter, une nuit, plus de neuf millions de points lumineux , points lumineux qui peuvent donc avoir un effet néfaste sur la faune.
La pollution lumineuse est encore plus forte par temps brumeux.
Certains animaux profitent de l'éclairage: les pipistrelles et les sérotines chassent près des points lumineux, les insectes sont attirés par la lumière, et sont une proie facile. L'effraie et la hulotte bénéficient aussi de l'éclairage, elles peuvent mieux voir leurs proies au sol, le rhinolophe par contre ne supporte pas la lumière.
Les vers-luisants sont gênés par l'éclairage: les mâles ne trouvent plus leurs femelles brillantes ..une bougie équivaut à la luminence de...6000 femelles, alors un lampadaire !!
Les mâles de la reinette chantent moins, donc attirent mal les femelles..
Si l'on braque une lumière sur le nid de l'oedicnème criard, les parents abandonnent leur nid et les petits périssent.
Pour les jeunes macareux et fulmars qui doivent, pour leur premier vol, se diriger vers la mer, la pollution lumineuse les en détourne et ils se dirigent vers la côte où ils s'écrasent au sol
L'impact de la pollution lumineuse est énorme sur les vols migratoires : les oiseaux s'orientent avec les étoiles, la lumière artificielle les fait disparaître, donc les oiseaux s'égarent , ou tournent en rond comme ceux qui l'ont fait par milliers au dessus des lumières du World Trade Center.
La lumière artificielle peut avoir des effets de répulsion ou d'attraction sur les animaux
Ici une photo-sattellite prise la nuit, au dessus de la région d'Amiens, la lumière est indiquée par des cercles verts. Où vont bien pouvoir passer les oiseaux en migration pour éviter les zones lumineuses ?
On estime que la pollution lumineuse tue par an, dans le monde entier, un à six millions d'êtres vivants.
Par exemple, au pied de la tour CN (Canada) on a compté 3000 oiseaux morts, le lendemain de son inauguration...
Au pied d'une éolienne américaine, on en a compté 30 000 ...
La pollution lumineuse peut affecter les comportements : les pinsons et les mésanges se mettent à chanter la nuit !
Soyons donc raisonnables: éteindre l'éclairage durant la nuit, dans un jardin par exemple, fermer les volets pour éviter que des insectes viennent s'écraser contre les vitres, limiter aux premières heures de la soirée les décorations lumineuses de Noël etc...
Au niveau des communes, préférer les lampadaires qui éclairent le sol, les plus mauvais éclairages sont les lampadaires-boules qui diffusent la lumière vers le ciel.
L'éclairage monochromatique , à gauche , est préférable. Julien Taisne, qui étudie les chauve-souris, en voit, le soir, autour des lampadaires monochromes, aucune autour des lampadaires jaunes.
Les décrets d'application vont bientôt être promulgués et c'est tant mieux, lorsque l'on sait que la pollution lumineuse accélère la disparition de nombreuses espèces animales.
Avant la conférence, j'avais photographié le conférencier pris dans le faisceau lumineux du projecteur, la chouette effraie se dessinant sur son pull..un petit clin d'oeil à ce passionné de la cause animale , qui nous a, lui aussi, passionnés !
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Par Christaldesaintmarc le 28 Mars 2012 à 06:30
Le compte-rendu de cette conférence se trouve dans le chapitre au temps des grands ducs de Bourgogne" dans la section Dijon du blog
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Par Christaldesaintmarc le 9 Février 2012 à 06:30
Cette conférence :"Le Champagne, plus de trois siècles d'histoire", nous a été présentée par Mme Claire DESBOIS-THIBAULT.
Mme Claire DESBOIS-THIBAULT, titulaire d'un doctorat en Histoire, s'attache à valoriser le patrimoine culturel vitivinicole champenois, par diverses actions comme la rédaction du projet scientifique et culturel du Musée du Champagne d'Epernay. Elle anime notamment le centre d'Etudes de la Vigne et du Vin en Champagne au sein de l'institut international des vins de Champagne - Villa Bissinger.
Voici la première partie de la conférence de Madame Desbois-Thibault :
Des origines antiques aux temps modernes :
La vigne champenoise est très ancienne, elle date de l'époque Gallo-Romaine, du II et IIIème siècle après J.C. Le premier témoignage en est une sculpture représentant un pressoir, située sur la porte de Mars à Reims.
Les vignes champenoises sont, comme chez nous en Côte d'Or, situées sur des coteaux, elles reçoivent ainsi un bon ensoleillement.
Les premières vignes sont attestées par l'évêque Saint Louis, au nord de Reims.
Cette sculpture de la cathédrale de Reims, nous montre le miracle de Saint Rémi qui remplit miraculeusement un tonneau .
D'autres sculptures nous montrent des vendangeurs, ou des pieds de vignes.
Au Moyen-Âge, on trouvait en Champagne de grands domaines viticoles tenus par des religieux, mais aussi des parcelles possédées par des propriétaires privés. On ne sait pas quels cépages étaient plantés, mais on sait que le vin produit était du vin rouge, assez ordinaire, destiné à une consommation courante, appelé "vin gris".
Le problème essentiel de la vinification en ce temps-là en Champagne était très important: en effet les automnes étant assez frais, la fermentation n'avait pas le temps de se faire complètement ...elle reprenait au printemps et rendait le vin imbuvable, piquant, effesvescent...une vraie piquette !
Il fallut , pour arriver à commercialiser le vin champenois, trouver le moyen de le rendre de meilleure qualité.Ce fut tout le travail qu'accomplit Dom Pérignon.
Près d'Aÿ, on eut l'idée de produire du vin blanc à partir des raisins noirs habituels . Il fallut alors pressurer délicatement les raisins pour que la peau ne colore pas le jus . On s'aperçut d'ailleurs que les vins blancs provenant de raisins noirs étaient de meilleure qualité que ceux provenant de raisins blancs.
Tout le monde connaît le moine Dom Pérignon, qui fonda la viticulture Champenoise, mais contrairement à la légende, nous révèle la conférencière, Dom Pérignon n'a jamais fait de vin effervescent.
Il améliora les cépages, les règles de cueillette, il comprit l'intérêt des "assemblages", il fut véritablement le père spirituel de la Champagne.
Mais qui donc a inventé le "champagne " , celui que nous connaissons aujourd'hui ??? eh bien ce sont ...les anglais !!
En effet , en France, l'effervescence était connue, mais combattue. Par contre les anglais lui trouvèrent un aspect bien plaisant, un côté festif et joyeux quand sautait le bouchon. Ce sont d'ailleurs aussi les britanniques qui améliorèrent les bouteilles, le vin, avant eux, n'existait en majorité qu'en barriques que l'on débondait pour le tirer....
En 1662, le Docteur Christopher Merrett, fit part à la Royal Society de Londres, de ses observations sur l'effervescence dans un document appelé "Observations concerning the ordering of wines".
"L'addition de divers ingrédients : épices,cannelle, clous de girofle, sucre, mélasse et même fiente de pigeon ou alun, aux vins de Champagne livrés en fûts, les rend vifs et pétillants, augmente leur teneur en alcool et en améliore le goût".
Il faut tout de même reconnaître que ces mélanges, qui donnaient des bulles , avaient, à part leur côté festif, peu de qualités gustatives !!
La mode arriva en France, et sont les propriétaires, souvent des religieux, comme le père Oudard, qui vont faite du défaut de la reprise de fermentation ...une qualité.
Ce fut très difficile d'arriver à de bons résultats, beaucoup de cuvées furent jetées, les bouteilles n'étaient pas assez solides , il y avait des dépôts..
Mais peu à peu, les viticulteurs firent des recherches qualitatives et le "Champagne" prit son essor !
Deux tableaux témoignent de l'engouement pour cette nouvelle boisson dans la société des privilégiés.
Le repas de jambon :
Le repas d'huîtres :
Dans la deuxième partie de son exposé la conférencière nous présenta :
De la Révolution à l'invasion du phylloxéra
La Révolution industrielle accéléra l'essor du champagne. De grandes maisons de négociants se créèrent à la fin du XVIIIème siècle, des maisons françaises : Perrier, Veuve Clicquot,Moët, Pommery, Ruinart etc...
Beaucoup d'étrangers, particulièrement des allemands, vont s'intéresser à cette nouvelle boisson, c'est pourquoi beaucoup de champagnes portent des noms germaniques...Il faut dire que l'Allemagne avait une tradition importante viticole au-delà du Rhin. C'est le cas de Bollinger et d'Heidsieck....
Des "représentants" de ces négociants en champagne vont parcourir de nombreux pays pour proposer cette nouvelle boisson, l'initiative sera payante, l'Europe entière va s'enticher du champagne !
Cette courbe des expéditions en témoigne !
L'arrivée des chemins de fer accélèrera encore l'expansion du champagne (ci-dessous l'inauguration de la gare de Reims)
On construisit des caves pour entreposer les bouteilles, pour "manipuler" le vin..Il faut trois ans pour obtenir un champagne de très bonne qualité, seuls les grands négociants avaient les moyens d'attendre tout ce temps pour commercialiser leur champagne. Les vignerons privés vendaient leurs raisins aux négociants mais ne le manipulaient pas.
Les négociants s'enrichirent... En témoignent ces "châteaux" comme celui du domaine Pommery sur la butte Saint Nicaise de Reims
Ou le château Perrier à Epernay...
Les étiquettes simples du début...
firent place à des étiquettes raffinées...
Entre 1870 et 1881, la maison Mercier fit réaliser un "foudre" géant (le plus grand tonneau du monde) construit à partir de 150 chênes et d'une contenance de 1 600 hectolitres. Ce tonneau fut exposé à Paris lors de l'Exposition Universelle de 1889. La sculpture est l'œuvre de Gustave Navlet, qui a aussi réalisé des bas-reliefs dans les caves.
On dût , nous dit Claire Desbois-Thibault, démolir quelques maisons dans les villages où passa le foudre, tiré par des boeufs !!
On fit déguster du champagne en montgolfière !
Napoléon fut reçu par le Maire de Reims, monsieur Moët...
Mais, alors que la viticulture était en pleine expansion...
arriva une catastrophe épouvantable : le phylloxéra, venu des Etats-Unis, ravagea toutes les vignes françaises...celles de Champagne aussi bien évidemment.
La vigne connaissait déjà des maladies : l'oïdium, le mildiou, mais on les combattait. Rien n'éradiqua cet insecte ravageur, il fallut alors se procurer des porte-greffes d'origine américaine.
Des syndicats se formèrent pour aider les vignerons: 23 maisons s'associèrent en une Association Viticole qui donna des formations sur le greffage, le palissage etc...
La troisième partie de la conférence s'intitula :
Du déséquilibre au consensus
Un peu avant la première guerre mondiale, c'étaient les négociants qui fixaient le cours du raisin, en l'achetant aux petits vignerons qui ne pouvaient pas élaborer le champagne, ce vin qui demande énormément de manipulations.
Certains négociants peu scrupuleux se mirent à acheter des vins d'autres régions, les "champagnisèrent" et vendirent du champagne sous une étiquette authentique.
Les vignerons furieux de cette fraude, se soulevèrent en 1911, et provoquèrent des émeutes. Un décret anti-fraude fut heureusement promulgué.
Il fallut donc donc déterminer des zones géographiques, possédant l'appellation "champagne" AOC.
La guerre de 14-18 bouleversa la Champagne, en 1919, tout fut à refaire, certaines vignes furent abandonnées.
Puis des crises mondiales arrivèrent (1929), le marché régressa, bien que les récoltes soient bonnes.
Les vignerons décidèrent alors de se prendre en main et de réaliser eux-mêmes leurs productions, individuellement où par l'intermédiaire de coopératives
La modernisation , la motorisation (le premier tracteur enjambeur fut créé en Champagne), les nouvelles méthodes d'embouteillage, l'utilisation de cuves en inox etc...ont permis aux vignerons de gagner un marché autrefois uniquement dévolu aux grands négociants.
Le champagne se porte bien, en témoignent ces courbes !
Le champagne c'est le vin que l'on déguste dans les grandes occasions...
Le champagne a évolué: par les assemblages savants on a pu conserver à chaque maison de champagne son goût spécifique (chaque maison a le sien, un champagne Mercier n'est pas semblable à un champagne Veuve Clicquot !), mais on a su aussi créer des champagnes de "force" différente (brut, sec, mi-sec) qui permettent de le boire , non seulement au dessert, mais pendant tout le repas.
Madame Desbois-Thibault a été fort applaudie et a répondu avec une grande amabilité aux questions de ses auditeurs.
Le voyage que nous ferons à Reims avec l'ACC, nous permettra d'acquérir encore d'autres connaissances sur le champagne, puisque nous visiterons à Aÿ, la Villa Bissinger qui est l'école des vins de Champagne.
Je vous ferai part sur le blog, de ce que nous avons appris , après ce voyage qui s'annonce vraiment très prometteur...
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