• Des académies aux associations culturelles d'aujourd'hui : trois siècles de sociabilité savante

    Des académies aux associations culturelles d'aujourd'hui : trois siècles de sociabilité savante

    Robert Fries, Président des Amis du Musée, a présenté au public, Jean-Pierre Chaline, professeur émérite (Paris IV la Sorbonne) qui a été son professeur lors de ses études historiques.

    Il garde de son enseignement un souvenir magnifique.

    Des académies aux associations culturelles d'aujourd'hui : trois siècles de sociabilité savante

    Le professeur Jean-Pierre Chaline s'est intéressé particulièrement aux sociétés savantes françaises au cours des siècles, et aux Académies européennes au XIX ème et XXème siècles.

    Des académies aux associations culturelles d'aujourd'hui : trois siècles de sociabilité savante

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    Des académies aux associations culturelles d'aujourd'hui : trois siècles de sociabilité savante

    Monsieur Chaline nous révèle qu'il existe en France 1 300 000 associations, et que 16 000 000 de bénévoles en font partie.

    16 à 18 % de ces associations sont des associations culturelles.

    L'évolution des sociétés savantes et leur rôle dans la vie culturelle

    La première académie, en 1540,  fut celle de Padoue, un de ses membres éminents fut Galilée. D'autres virent le jour à Florence, au Vatican.

    L'Académie Française fut créée en 1635 par Richelieu. Mais auparavant, en Savoie, François de Sales avait fondé un centre nommé "Alberge" regroupant artistes, scientifiques, pour y enseigner « tous les arts et toutes les sciences, les lettres et les langues »

    Ces académies regroupaient une élite instruite qui avait le désir de la culture ancienne, c'étaient des foyers de culture rayonnants.

    D'autres pays créeront, à leur tour, des Académies à Londres, Berlin, Saint Petersbourg.

    En France, des Académies de province virent aussi le jour , les premières furent celles d'Arles, Soissons, Villefranche sur Saône. La condition indispensable à leur ouverture était de posséder des "lettres patentes".

    Ces Académies organisaient des concours poétiques, celle de Rouen vit récompenser la sœur de Blaise Pascal. A Toulouse les Jeux Floraux permettaient de remporter la Rose d'Or...L'Académie de Dijon proposa en 1725 un concours littéraire . En 1750, Jean-Jacques Rousseau en fut lauréat avec son "Discours sur les Sciences et les Arts"... !

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    Sur cette carte on voit que certaines régions françaises étaient plus riches en Académies que d'autres . Le centre de la France était bien mal loti, tandis que des villes portuaires (riches en élites de la Marine)  où celles où siègeait  un parlement en possèdaient davantage.Une soixantaine d'Académies virent ainsi le jour en France, elles créèrent des bibliothèques des jardins botaniques etc...

    Malheureusement la Révolution Française les balaiera, en supprimant également l'enseignement secondaire et les Universités...

    Napoléon Ier reconstitua les Académies. On vit alors la multiplication des Associations, deux cents en 1830, le double au milieu du XIXème siècle.

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    Désormais les sociétés se diversifieront, certaines prendront leur essor comme les sociétés archéologiques (ou appelées autrefois d'antiquaires), certaines apparaitront, comme celles dédiées à la géographie, la gastronomie , ou astronomiques comme la société astronomique de France, créée par Camille Flammarion.

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    La cotisation, payée par chaque adhérent, était autrefois de cinquante francs or, elle devint plus abordable (dix francs or).

    A la fin du second Empire on dénombra 500 associations, 800 en 1900.

    Voici, en 1931, la carte recensant les associations françaises. on s'aperçoit que certaines régions sont privilégiées :par exemple dans le nord-ouest où certaines villes ont parfois quinze sociétés savantes.

    Certaines régions sont "maigrichonnes" comme la Bretagne, le Massif Central, les Alpes. La Bourgogne est dans la moyenne, Dijon comptait à l'époque dix sociétés savantes.

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    Assez tardivement, en 1834,  Dijon se dota d'une société d'agriculture, pourtant la culture de la vigne était présente dans la Côte d'Or depuis des siècles !

    D'autres sociétés savantes virent le jour en Côte d'Or : à Dijon en 1842, la Société Historique et Naturelle . A Semur en Auxois, en 1900, une société comptait 84 membres. A Beaune, en 1851, on vit naître une société de littérature...et en 1880 ce fut la création de la SAHC , Société archéologique et Historique du Châtillonnais qui comptait à l'origine  70 membres ! En 1910, Montbard se dota d'une société archéologique et géographique.

    Qui étaient donc les  adhérents de ces sociétés savantes ?

    C'étaient des fonctionnaires, des membres de professions libérales, quelques membres du clergé... C'était pour eux l'occasion d'entretenir leur vie intellectuelle en se réunissant, et en trouvant des occasions de se cultiver (recherches érudites sur l'histoire locale, la flore, la géographie, le patrimoine archéologique etc...). Les membres de ces sociétés étaient très respectés, ils publiaient des bulletins, créaient des bibliothèques, des collections.

    François Guizot, qui fonda le CTHS (Comité des Travaux Historiques et Scientifiques ), en 1834, permit aux sociétés savantes , en supprimant le timbrage des envois, de faire des échanges entre des sociétés en France, mais aussi avec celles de l'étranger.

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    La Société des Antiquaires de Picardie put même créer un musée.

    Une souscription qu'elle lança, permit de construire ce musée Napoléon :

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    D'autres sociétés créèrent des observatoires (Juvisy sur Orge), des jardins botaniques. On vit apparaître ce que Monsieur Jean-Pierre Chaline appelle la "statuomanie", c'est à dire l'érection de statues qui glorifient les grands hommes ...On baptisa les rues de noms de gloires oubliées, on vulgarisa le savoir, on organisa des concours dotés de prix, de médailles...

    Bien sûr certains s'en amusèrent comme le dessinateur Christophe auteur du Sapeur Camembert, il appelait ces sociétés des académies mortifères  !

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    Mais c'est tout de même grâce à ces sociétés savantes que sont nées les notions de  Préhistoire, d'Ethnographie (parler et usages locaux).

    La féminisation des sociétés se fit à la fin du XIXème siècle, souvent il y avait une ou deux femmes dans les sociétés, la veuve du Président, ou sa fille... mais très vite on va admettre les femmes, il y avait environ 1/4 de femmes en 1900 dans ces associations.

    On voit la différence des effectifs féminins en regardant ces photos :

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    Les facteurs de déclin des sociétés savantes au XXème siècle :

    Les deux guerres mondiales n'ont pas arrêté les sociétés savantes, mais elles les ont freinées dans leurs réalisations, l'argent a manqué, il n'y a donc plus eu de publications, et leurs membres ont vieilli.

    Les jeunes des "30 glorieuses" ont considéré que ces sociétés faisaient partie de la "France d'hier", avec les images de "vieilles barbes" qui la composaient.

    Les MJC ont concurrencé les associations vieillissantes, en 1958 il n'en restait plus qu'une centaine.

    Mais dans les années  1970, apparut un facteur favorable aux associations : l'arrivée des retraités, des pré-retraités, qui ont du temps libre et qui sont dynamiques. Ces nouveaux membres ont renouvelé les associations, des voyages ont été organisés, des conférences ont été proposées. Le grand public a été convié à adhérer, le montant des cotisations étant peu élevé.

    Des publications ont été faites :

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    Les congrès de grandes Académies, comme celle de Bordeaux, ont repris.

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    Les Journées du Patrimoine ont été l'occasion de publier des ouvrages intéressants, la fin du XXème siècle a donc été favorable aux associations.

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    Mais il ne faut pas rêver...

    Les associations  ne peuvent plus comme autrefois s'occuper des Sciences, le CNRS s'en charge, les fouilles archéologiques sont interdites aux particuliers. La crise rend les subventions de l'Etat et des communautés aléatoires : sans argent pas de publications,

    Les bénévoles et les animateurs se font rares car c'est un lourd travail que de gérer une association !

    Quelques solutions :

    -Les associations pourraient se regrouper, en gardant leur autonomie

    -Elles devraient publier des choses intéressantes et renouveler les thèmes

    -Il serait judicieux de créer des sites sur internet, on sait que les sites existants sont très consultés

    -Il faudrait que les associations se rapprochent des enseignants, des conservateurs de Musée, des chercheurs.

    (A la SAHC, c'est déjà le cas puisque nous avons un Président chercheur au CNRS)

    En conclusion, Jean-Pierre Chaline nous assure que les associations ont encore un avenir, mais il faudra éviter tout de même la concurrence.

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    Monsieur Chaline a ensuite répondu aux questions des spectateurs avec beaucoup d'amabilité et de compétence.

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    Robert Fries a tenu à lui offrir quelques présents qui lui rappelleront notre châtillonnais: crémant, livre et anis de Flavigny !

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    Dans le hall du CSCL où avait lieu la conférence, des panneaux nous présentaient trois associations châtillonnaises très connues .

    Les Amis du Châtillonnais :

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    La Société Archéologique et Historique du Châtillonnais :

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    Les Amis du Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix :

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    Et il y en a encore bien d'autres !


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