• "Deux châteaux-forts de l'Auxois, Thil et Montigny-Montfort" , un notule d'histoire de Dominique Masson

     Dominique Masson, historien, m'envoie son étude sur deux châteaux de Haute Côte d'Or, Thil et Montigny-Montfort. Merci à lui pour ses notules toujours très intéressants.

     Deux châteaux forts de l’Auxois, Thil et Montigny-Montfort

     Le château de Thil


     
    Selon une légende, le baron de Thil avait pour cousins ou alliés les seigneurs de Pisy et de Montfort, dont les châteaux couronnent les collines qui entourent cette partie de l’Auxois ; de l’un de ces châteaux, on a vue sur l’autre. Ainsi, tous les soirs, à une heure fixe, les trois cousins montaient à la haute tourelle et élevaient en même temps une lumière au dessus d’eux. Les seigneurs se souhaitaient ainsi le bonsoir et se disaient que tout allait bien au manoir.
    Le château de Pisy, dans l’Yonne, construit à partir de 1235, est, selon l’historien Ernest Petit, « après la forteresse féodale de Semur, l'édifice le plus important qui soit resté dans nos contrées », représentant pour lui « un ensemble architectural militaire remarquable ». Il est actuellement en cours de restauration.
    Mais, dans l’Auxois, Montigny et Thil avaient ouverts leurs portes, l’un le 10, l’autre les 10 et 11 août.  
    Le château de Thil a été érigé sur une butte de près de 500 m. d’altitude. Surnommée l’Espionne de l’Auxois, elle fut considérée par André Malraux comme l’une des plus anciennes forteresses de France. Ce lieu, d’abord choisi pour y installer une fortification romaine, apparaît ensuite en 886  dans un diplôme de l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre. Les premiers seigneurs de Thil sont inconnus ; le premier signalé est Mille de Thil qui, en 1005, fonde le prieuré de Précy-sousThil et, en 1016, la présence d’un castellum y est attestée. Le château actuel se présente sous la forme d’une enceinte ovoïde, divisée en deux parties distinctes.

     

    "Deux châteaux-forts de l'Auxois, Thil et Montfort" , un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 1 : une partie de la muraille arrondie

     Au sud se trouvait la porte principale, mais le fossé a été comblé et le pont-levis a disparu. A droite de l’entrée était une tour carrée, présentant encore aujourd’hui une élévation d’une vingtaine de mètres, pouvant dater du XIIIe siècle. On pénétrait alors dans la basse-cour. Une muraille faisait la séparation avec la partie seigneuriale. Dès le XIe siècle, Thil fut une vicomté. En 1310, il sera érigé en comté, relevant du duché de Bourgogne. Le plus illustre de la maison de Thil fut Jean II, qui sera nommé par le duc de Bourgogne, Eudes IV, connétable de Bourgogne. C’est lui qui fondera, en 1340, la collégiale de l’autre côté de la butte, non loin du château.

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    figure 2 : sceau de Jean II (Vic-sous-Thil, Jean-Charles Prudhon)

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    figure 3 : le cellier XIIIème siècle

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    figure 4 : une des clés de voûte du cellier

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    figure 5 : la tour carrée dominant le site

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    figure 6 : vue des murailles

    À la fin du XIVe siècle, après l’attaque des écorcheurs, la construction d'une tour-résidence et d'un bâtiment d'habitation redéfinit l'espace en dessinant ce qu'on appelle le réduit seigneurial. Cette configuration s'affirme au XVe puis au XVIe siècle avec la construction d'un nouveau bâtiment et le remaniement de l'enceinte.                                                                                                        La terre de Thil passa ensuite à la famille de Châteauvillain. Le dernier possesseur du fief fut Jacques-François de Damas.

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     figure 7 : le donjon

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    figure 8 : le donjon

    Propriété aujourd’hui de M. Glenn Verdon (dit Perceval), ce dernier veut animer ces lieux, en proposant de la magie, en organisant des fêtes médiévales (c’était, les 10 et 11 août 2019, la onzième fête médiévale) et en restituant, autant que possible, leur aspect d’antan (à ce titre, il a reçu, en 2012, l’insigne des Arts et des Lettres).

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    figure 9 : reconstitution d'un campement viking, lors des fêtes médiévales

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    figure 10 : la fête médiévale

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    figure 11 : reconstitution d'un bourd, échafaudage fait de planches, en encorbellement au sommet d'une tour ou d'une muraille

    Le château de Montigny-Montfort

    Le château de Montigny-Montfort se dresse sur un piton rocheux, à l’extrémité nord d’un plateau dominant le point d’intersection de trois petites vallées ; par celle du ruisseau du Dandarge, passe la route reliant Montbard à Semur. Ce château surveillait la frontière entre le Tonnerrois et la Bourgogne ducale. Bernard de Montfort aurait fait édifier le château vers 1075. En 1265, Marguerite de Montfort, épouse de Hugues de Thil, dut céder au duc de Bourgogne ses droits sur le village de Villiers, entre Montbard et Semur. A la fin du XIIIe siècle, le château fit reconstruit, au moins partiellement, par Géraud de Maulmont, conseiller du roi de France Philippe IV le Bel. Ce sont les ruines de ce château que nous voyons aujourd’hui.                                                                On rencontre d’abord, au sud, la basse-cour, avec pigeonnier, protégée par des fortifications et un fossé.

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    figure 12 : fossé et rempart de la basse-cour

     Il fallait ensuite passer sur un pont-levis pour entrer dans le château ; la façade nord est protégée par trois tours semi-octogonales s’avançant sur le fossé.                                                          Intérieurement, il n’y avait pas de donjon, mais une imposante salle des gardes surmontée par la salle seigneuriale (10 m. de large sur 24 m. de long) communiquant, à l’est, à la chapelle.

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    figure 13 :l'entrée du château

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    figure 14 : le fossé, taillé dans le calcaire, formant un éperon barré

    Dans la cour intérieure, autour d’une cour pavée, avec un puits de 28 m. de profondeur, se trouvaient plusieurs bâtiments.

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    figure 15 : salle des gardes et salle seigneuriale , au dessus à droite la tour Amélie

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    figure  16 : piliers soutenant la salle seigneuriale

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    figure 17 : ancienne clef de voûte de la chapelle : sainte Dorothée tient d'un côté une fleur, de l'autre une palme de martyre.

    Selon Courtépée et Maillard de Chambure, ce serait Jeanne de Vergy, en épousant en 1340  Geoffroy Ier de Charny, qui aurait apporté en dot les châteaux de Montfort, Savoisy et Lirey, en Champagne. Jeanne de Vergy était aussi en possession du linceul de Turin, rapporté de Constantinople en France, lors du pillage de 1204,  par l’un de ses ancêtres, Othon Ier de la Roche. Ce linceul sera finalement cédé au duc de Savoie en 1452. La seigneurie sera possédée ensuite, par mariages, à Guillaume Ier, comte de Nassau, prince d’Orange, protestant, au service de l’empereur Charles Quint, mais qui réussit, par la diplomatie, à se faire restituer ses biens en France. En 1627, sa dernière fille, Emilia ou Amélie, reprit le château et entreprit d’importants travaux de réhabilitation. Vendu en 1817 par les derniers seigneurs, seules les terres seront exploitées et le château servira de carrière de pierres.                   Racheté en 1985 par Jean-Marie Fériés et son épouse, le château sera confié à l’association Mons Forti en 1996 ; depuis, celle-ci essaye de le sauvegarder et de faire connaître l’édifice. Aujourd’hui, le château est propriété de la commune de Montigny-Montfort.

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    figure 18 : carreau avec décor animalier

    La chapelle Saint-Denis est située dans le hameau de Montfort, sous le château. Elle est le seul vestige d'un ancien prieuré fondé en 1228 et qui dépendait de l'abbaye bénédictine du Puits d’Orbe (commune de Verdonnet).

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                                                                                                                              (Dominique Masson)

     Bibliographie :

    -Renée et Michel Paquet : la seigneurie de Montfort en Auxois au fil des siècles ; Mons Forti ; 2004

    -Jean-Charles Prudhon : Vic-sous-Thil, la collégiale et le château de Thil ; Châtillon ; 1879 


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