• Isabelle Tristan-Coudrot a exposé des toiles originales et très émouvantes à la médiathèque de Bar sur Seine

     Isabelle Tristan-Coudrot a exposé dernièrement à la médiathèque de Bar sur Seine une série de sept diptyques qu'elle a intitulée IBIDEM, l'éternel recommencement.

    La plasticienne, horrifiée par les guerres et leurs conséquences dramatiques, nous explique la genèse et le sens de ses créations :

    IBIDEM, l’éternel recommencement

    Depuis mon enfance, interpellée par la cruauté humaine et par l’indifférence générale, je conserve des articles, des photographies du présent et passé proche, découpés dans des journaux et des revues : désespoir des victimes, frayeurs, blessures du corps et de l’âme, gestes innommables, inconcevables et pourtant si ordinaires, du plus ignoble des prédateurs.

    Souvent j’ai ouvert la boîte, regardé ces photographies avec le désir de les utiliser pour dire mon indignation face à la violence, son éternel recommencement et le fait que beaucoup finissent par s’y habituer : « rien ne vaut une bonne guerre pour relancer l’économie » qui n’a pas entendu cette parole ignoble et irresponsable au moins une fois dans sa vie ?

    Petit à petit, sont venues en écho d’autres images : tableaux et dessins de maîtres des siècles passés : mêmes corps humiliés, torturés, mêmes victimes impuissantes, mêmes bourreaux immondes, mêmes gestes de cruauté.

    Mais au fil de cette manipulation d’images,  j’ai pris conscience que la banalisation de l’horreur se faisait de deux manières :

    -Par la sublimation de scènes violentes dans les œuvres d’art : scènes cruelles, sublimées, enjolivées par les artistes à des fins diverses, études anatomiques superbes, morceaux de bravoure, commandes pour glorifier le martyre d’un saint ou d’une sainte ou l’exploit d’un héros militaire. Il y a un rendu pudique de l’horreur chez certains peintres qui nous laissent admiratifs devant la beauté du travail de l’artiste et nous fait oublier la scène elle-même.

    -Par la surabondance actuelle des photos de reportages : scènes identiques dans toute la cruauté insupportable de leur proximité  (puissance de la photo), mais qui deviennent familières, ordinaires, banales par leur surabondance. Elles sont diffusées sur tous les médias, en boucle et nous ne pouvons y échapper. Nous nous y habituons….tous !

    -Entre sublimation et surabondance, l’image porte en elle sa part de manipulation et de mensonge qui nous habitue aux représentations de la cruauté et de la souffrance, éloignées dans l’espace et dans le temps, et nous rend peu à peu indifférents, émousse nos indignations.

    Des paroles pleines d’émotion, gommées par l’oubli « c’est la der des ders », « Plus jamais cela », « il ne faut plus que cela recommence », « faisons la paix ! » font apparaître toute l’absurdité du fonctionnement humain.

    Ainsi est née la série « IBIDEM 2008-2014 »

    Sur le petit tableau est convoquée une photographie recadrée, pixellisée et colorisée d’une couleur banale, couleur du quotidien.

    Sur la toile peinte est convoqué un détail d’un tableau d’un maître du passé qui fait écho par son sujet et sa forme à la photographie du petit tableau. Il est dessiné à l’encre de chine puis couvert de la même couleur que la photographie, légère sur l’élément commun recadré, plus pesante alentour, la copie du tableau de maître n’étant pas une fin en soi.

    Sur les deux tableaux, le mot PAIX dans différentes langues est écrit par-dessus l’évocation de l’œuvre du maître du passé et en dessous de la photographie du petit tableau.

    L’absurdité du fonctionnement humain

    Dessus, dessous, avant, après, cette paix l’humanité la souhaite ardemment, mais le rapport de force, la violence et la cruauté prennent toujours le pas sur la négociation. Les gestes, les scènes sont toujours les mêmes, toujours recommencés.

    Pourtant nous sommes des êtres de parole…alors POURQUOI ?

    Sur cette table, les photographies qui l'ont inspirée...

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Cette exposition avait lieu dans une ancienne chapelle qui jouxte la médiathèque de Bar sur Seine. Les dyptiques d'Isabelle Tristan-Coudrot ressortaient magnifiquement sur les murs blancs de l'édifice.

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Pogrom Ukraine 1942 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Irak 2003 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Halabja Irak 1988 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Rwanda 1994 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Sabra et Chatila Liban 1982 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    La Grande Guerre Verdun 1916

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Algérie 1991-2002 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Abou Graïb Irak 2003 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Rwanda 1994 :

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine

    Voici l'extérieur de la chapelle où avait lieu l'exposition, on ne peut y pénétrer que par l'intérieur de la Médiathèque.

    Isabelle Tristan-Coudrot a exposé à la médiathèque de Bar sur Seine


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