• L'Académie Française, une conférence de Jean-François Gallice

    L'Académie Française, une conférence de  Gallice

    Jean-François Gallice, personnalité châtillonnaise bien connue, nous a présenté lundi 12 décembre 2011, une passionnante conférence sur l'Académie Française, de ses origines à nos jours

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Quelques mots sur cette vénérable institution qu'est l'Académie Française ..L'Académie Française , fondée en 1635, sous le règne de Louis XIII, par le cardinal de Richelieu, est une institution de France dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs. Intégrée à l'Institut de France lors de sa création, elle est la première de ses cinq académies.

    La mission qui lui est assignée dès l’origine est de fixer la langue française, de lui donner des règles, de la rendre pure et compréhensible par tous. Elle doit dans cet esprit commencer par composer un dictionnaire : la première édition du Dictionnaire de l'Académie française est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d'élaboration.

    L'Académie française rassemble des personnalités marquantes de la vie littéraire (poètes, romanciers, hommes de théâtre, critiques) mais aussi des philosophes, des historiens et des hommes de science qui ont illustré la langue française, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Jean-François Gallice, après nous avoir relaté l' histoire très détaillée de la naissance de l'Académie Française, nous cita quelques académiciens et  illustra sa conférence avec  leurs traits d'humour (volontaires ou...involontaires) que je reproduis ci-après. J'avoue que nous avons souri et même ri à l'énoncé de certaines phrases !

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Fontenelle (1), courageux refusa de voter l'exclusion de l'abbé de Saint Pierre qui avait dénoncé "l'esprit de conquête et les folles dépenses qui faisaient tant de mal à la France". C'est à Fontenelle , à qui on venait d'annoncer la mort de mademoiselle Duchau de la petite vérole, se mit à dire "Elle est bien modeste". Vous savez que Fontenelle est mort presque centenaire, or il répondit à quelqu'un de son entourage qui lui demandait "comment ça va ?" "ça s'en va"...

    Racine (2) fut abandonné par la Champmeslé qui préféra les avances du comte de Clermont-Tonnerre, aussi dit-on :"le tonnerre l'a déracinée". Madame de Sévigné eut un mot malheureux lorsqu'elle dit: "Racine passera comme le café", il n'en est rien malgré un coup de patte de Malraux :"je viens de relire le prétendu chef d'oeuvre de Racine "Phèdre"..que d'effets ratés, que de faiblesse". Bon critique d'art, mauvais critique littéraire.

    Corneille (3) qu'il est difficile de séparer de Racine, eut du mal avec Richelieu à cause du Cid, mais des déboires avec une actrice, la Duparc, dépité il écrivit :

    "Marquise si mon visage

    A quelques traits un peu vieux

    Souvenez-vous qu'à mon âge

    Vous ne vaudrez guère mieux.

    Deux cent cinquante ans après, Tristan Bernard imagina la réponse :

    "Il se peut qu'un jour je sois vieille

    C'est entendu, mais cependant

    J'ai vingt-huit ans mon vieux Corneille

    Et je t'emmerde en attendant"

    Piron (4) , dijonnais, fut élu, mais Louis XIV refusa son admission à cause de l'Ode à Priape qui défraya les salons de l'époque.Il donna une définition du pucelage: "un oiseau qui s'envole lorsque la queue lui vient" et bien sûr son épitaphe "Ci-gît Piron qui ne fut rien, pas même académicien".Dépité de ne pas en être il dit :"Ils sont quarante, ils ont de l'esprit comme quatre"

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Crébillon (1) lui aussi dijonnais, ne s'entendait pas très bien avec son fils Claude.Or, devant lui,un ami lui demandait quel était son meilleur ouvrage, réponse : "mon meilleur , je ne sais pas trop, mais voici mon plus mauvais" en désignant son fils ."Pas tant d'orgueil, répliqua le fils, il faudrait être sûr que toutes vos oeuvres sont bien de vous "

    Florian (2) élu en 1788, est l'auteur des Fables, mais aussi d'une ariette pour clavecin "plaisir d'amour ne dure qu'un moment, chagrin d'amour dure toute la vie", et de "chacun son métier et les vaches seront bien gardées", Pour vivre heureux, vivons caché", "rira bien qui rira le dernier". Il a dit aussi :"En fait de mensonge on a tout dit, mais heureusement on peut varier encore sur la manière de mentir".

    Legouvé Gabriel (3) élu en 1803, est célèbre pour "le Mérite des femmes", où il y a "Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois la vie".Son fils Ernest , élu en 1855 fut l'auteur avec Scribe d'Adrienne Lecouvreur,jouée par Rachel.

    Philippe Néricault, dit Destouches (4), fut élu en 1723, ami du Régent, méconnu de nos jours, il est l'auteur du "Glorieux" et de quelques vers célèbres: "la critique est aisée, mais l'art est difficile", "chassez le naturel, il revient au galop", "Les absents ont toujours tort"

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Le Maréchal de Richelieu (1) élu en 1720, avait commencé très jeune sa vie amoureuse, en mettant sa main à quatorze ans sous les jupes de la dauphine. Lors d'un dîner, une femme envahissante lui dit : "Maréchal, je me damne pour vous" et lui de répondre :"et moi je me sauve" en regagnant son carosse. Enfermé à la Bastille pour ne pas avoir avoir assez eu de flamme pour sa femme Marie-Anne de Noailles, il refusa de la recevoir dans la forteresse pour réparer ses torts, disant qu'il ne faisait pas l'amour sur un lit de justice. Ayant surpris, plus tard sa femme avec son écuyer, il lui dit" songez Madame, à l'embarras où vous seriez trouvée si tout autre que moi fut entré"

    D'Alembert (2) Avait de nombreux admirateurs, mais il était réputé impuissant, aussi Chamfort, devant un de ses supporteurs qui disait "D'Alembert est un Dieu", répliqua "Si c'était un Dieu, il se serait déjà fait homme".

    D'Argenson (3) 1718, garde des Sceaux avait comme adjoint le comte de Seburg, amant de sa femme. A celui-ci qui demandait une place, il répondit "Je n'ai de libre que la Bastille ou les Invalides.Si je vous donne la Bastille on va dire que je ne suis pas content de vous et si je vous donne les Invalides, on va dire que c'est ma femme qui est insatisfaite"

    Condillac (4) 1768 "Il est peu d'enfants qui résistent au cataclysme scolaire" et "Ne plus se souvenir, c'est avoir mal appris"

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Chateaubriand (1) élu en 1811, avec l'appui de l'Empereur, présenta le remerciement aux académiciens qui le trouvèrent dangereux, ils soumirent le texte à l'Empereur qui, furieux, déclara que si ce discours avait été prononcé, il aurait fait murer les portes de l'institut et jeter monsieur de Chateaubriand dans un cul de basse fosse. L'auteur d'Atala montra une certaine désinvolture pour ses visites protocolaires, il ne descendait de son cheval que pour visiter ceux qui étaient censés voter pour lui, sinon il se contentait de déposer une carte cornée, ce qui fit mettre sur un bulletin "au cheval de monsieur de Chateaubriand"

    Bernardin de Saint Pierre (2) nommé en 1803, célèbre pour son Paul et Virginie, avançait des doctrines finalistes comme "le melon a des côtes pour être mangé en famille" et aussi "les marées viennent de la fonte des neiges du pôle Nord" , aussi Napoléon, irrité, lui conseilla de lire des livres très sérieux de physique et de chimie pour se desherber l'entendement.

    De Bonald (3) 1816 "ce ne sont pas les riches qui oppriment le peuple, mais ceux qui veulent le devenir" "il n'est pas de malade qui résiste à trop de médecins"

    Guizot (4) 1836."Les partis politiques ne se laissent sauver que lorsqu'ils se croient perdus" et encore "la politique est l'art de faire l'impossible"

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Désiré Nisard (1) 1850, notre héros châtillonnais.Emile Faguet disait :" Ouvrez au hasard un livre de Nisard, lisez une page et vous ne refermerez plus le livre". Il a été le précepteur des enfants Rothschild.

    Monseigneur Dupanloup ( 2), célèbre dans la chanson estudiantine, était un membre très sérieux, il donna sa démission à cause de l'entrée de Littré. A ceux qui parlaient de Madame Bovary, il disait "Un chef d'oeuvre, oui, un chef d'oeuvre pour ceux qui ont confessé en province"

    Littré (3) 1871. En dehors de l'hostilité de Dupanloup, relatons un épisode de sa vie familiale : sa femme le trouve au lit avec sa domestique, elle s'insurge en disant : "Monsieur je suis surprise de voir cela" et lui, grammairien, de répondre "Non, madame, vous êtes étonnée, ce sont nous qui sommes surpris"

    Renan (4) 1878 à De Lesseps à propos de Suez :"un seul Bosphore avait suffi jusqu'ici aux embarras du monde, vous en avez créé un second et vous avez ainsi marqué la place des batailles de l'avenir". C'est encore lui qui, recevant Pailleron, l'auteur du "Monde où l'on s'ennuie" qui venait faire sa visite protocolaire, lui proposa une chaise pour s'asseoir et l'autre répondit avec humour "c'est un fauteuil que je viens vous demander".

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Taine (1), un peu misogyne, disait "on s'étudie 3 semaines, on s'aime 3 mois, on se dispute 3 ans, on se tolère 30 ans et les enfants recommencent"

    Le Duc d'Aumale (2) , fils de Louis Philippe, partageait avec Georges Clémenceau et aussi Gambetta, une demi-mondaine Léonide Leblanc que le duc entretenait richement dans un hôtel particulier.Un matin, elle se trouvait dans sa salle de bain en compagnie du Tigre, on annonce Monseigneur. Clémenceau s'enfuit par une porte dérobée, mais laisse son chapeau que , rapidement, Léonide met dans sa baignoire en s'asseyant dessus.Le duc entre dans la pièce, au bout de quelque temps, le chapeau remonte à la surface. Sans se démonter, la belle Léonide dit "Monseigneur, on dit que l'eau est filtrée et regardez ce qui arrive".

    Claude Bernard (3) lave-bouteille dans une pharmacie de Vaise près de Lyon, avait touché un peu à la littérature, sans succès. Montrant ses textes à Saint-Marc Girardin, celui-ci lui dit "vous n'avez aucun don dramatique, vous êtes dans une pharmacie, faites de la médecine"..Belle réussite d'orientation professionnelle !

    Thiers (4) Les boulevards qui portent son nom sont légions en province, mais pas à Paris, à cause de la Commune.De lui "Dans l'ensemble le pays est sage, mais les partis ne le sont pas" et encore "La France doit redouter également les hommes qui ne sont capables de rien, et les hommes qui sont capables de tout".

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Paul Claudel (1) était très malade, un admirateur d'Ecosse lui téléphone, ne doutant pas de son influence aupès de Saint Pierre, voulant ainsi préparer sa venue, Claudel fit répondre "d'accord, je ferai un noeud à mon linceul"

    Maurice Barrès (2) à un détracteur de Napoléon, disait "Peut-être n'est-il pas aussi facile d'écrire avec une plume d'aigle, qu'avec une plume d'oie".C'est lui qui inventa le mot "midinette" en 1890, en voyant des cousettes déjeuner sur un banc faisant la dinette à midi. Méconnu aujourd'hui, citiqué à l'époque pae sa position dans l'affaire Dreyfus, suspect dans ses relations avec Anna de Noailles, il inspira et fut reconnu d'Aragon,de Montherlant , de Breton, mais aussi de Drieu la Rochelle, Cocteau, Malraux, Camus, même Gide, et enfin de De Gaulle,  sensible à son style et à son nationalisme lorrain.

    Le professeur Mondor (3) lors d'une discussion à l'Académie dit à l'Amiral Lacaze "Amiral, Amiral, prenez garde à vos vaisseaux", le lendemain, il mourait d'une hémorragie cérébrale.Assez porté sur la chose, il était surnommé "Ratisbonne"

    De Victorien Sardou (4), l'auteur de "Madame Sans gêne" :"on s'enlace, puis un jour on s'en lasse, c'est l'amour"

    LES ACADÉMICIENNES:

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Marguerite Yourcenar( 1) en tout premier élue en 1980, doit son élection à Jean d'Ormesson, certains membres y étaient hostiles. Malgré son grand talent, quelques critiques justifiées : elle refusa l'habit traditionnel que les autres femmes portent très élegamment, elle ne revint jamais à l'Académie, elle vivait à Monts-éserts une île du maine aux USA, elle légua tous ses documents et sa bibliothèque (8000 volumes) aux USA, merci madame ...

    Jacqueline de Romilly (2), une surdouée née en 1913, élue en 1988, première à étudier le grec en 4ème, première lauréate au concours général, agrégée de Lettres en 1936, première femme professeur au Collège de France. Son oeuvre la plus remarquable est la traduction de la guerre du Péloponèse de Thucyclide, et bien d'autres livres.Malheureusement elle finit sa vie presque totalement aveugle.Je me permets de signaler qu'elle a entretenu une correspondance écrite avec notre célèbre poète Michel Lagrange (sa modestie en patisse)

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Hélène Carrère d'Encausse (1), élue en 1990, née Zourabichvili, née en 1929, très connue par son "Empire éclaté" en 1978, elle est maintenant la secrétaire de l'Académie, lourde tâche, succédant à Maurice Druon

    Florence Delay (2), élue en 2000, a incarné Jeanne d'Arc en 1962 dans le film de Robert Bresson, mais est surtout agrégée d'espagnol et la fille de Jean Delay, médecin psychiatre, écrivain et académicien (1907-1987)

    Simone Veil(3), née en 1927, fut la dernière académicienne élue en 2008.Rescapée de la Shoah elle entre dans la magistrature comme haut fonctionnaire jusqu'à sa nomination comme ministre de la santé en mai 1974. À ce poste, elle fait notamment adopter la "loi  Veil", promulguée le 17 janvier 1975, qui dépénalise le recours par une femme à l'interruption volontaire de grossesse.

     De 1979 à 1982, elle est la première femme à présider le Parlement européen élu au suffrage universel. Ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Édouard Balladur, elle siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007.

     Des Académiciens nés, ou ayant vécu en haute Côte d'Or :

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Boisrobert (1) qui fut curé de Châtillon sur Seine, Buffon (2), Désiré Nisard (3) et Claude Lévi-Strauss (4)

    Reflexions aigrelettes sur l'Académie Française :

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Alfred de Musset (1) dans Namouna :

    "Hassan était donc nu, mais nu comme la main

    Nu comme un plat d'argent,nu comme un mur d'église

    Nu comme le discours d'un académicien."

    Edmond About (2) : "La froideur des 40 est un bain glacé où les faibles prennent des pleurésies mais où se retrempent les forts"

    Georges Duhamel (3) à Léon-Paul Fargue: "Il s'agit de vivre ou de devenir une momie; nous avons au bout du Pont des Arts, une belle exposition de momies, tant pis pour ceux qui n'ont d'autre souci que d'en augmenter le nombre".

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Henri Bordeaux (1) "Une fois entré à l'académie, on a plus de talent, c'est déjà beau quand on en a avant"

    Georges Clémenceau (2) "L'Académie est une forteresse barricadée de toute part où s'enferment quelques hommes qui, de leur propre autorité, se déclarent l'élite, s'arrogent le privilège d'une sélection autoritaire dans les champs infinis de la pensée"

    Voltaire (3) "Un corps où l'on reçoit des gens titrés, des hommes en place, des prélats, des gens de robe, des médecins, des géomètres et même..des gens de lettres"

    CEUX QUI NE FURENT PAS ACADÉMICIENS :

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    L'Académie Française, une conférence de  Jean-François Gallice

    Balzac (1), Stendhal (2), Flaubert (3), Maupassant (4), Baudelaire (5), Verlaine (6),  Mallarmé (7), Gide (8), Proust (9) et Rimbaud (10)

    Merci à Monsieur Gallice pour nous avoir  si bien transmis ses grandes connaissances sur l'Académie Française, accompagnées de traits d'humour dont il a le secret !


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :