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L'histoire du lavoir de Prusly sur Ource
Sylvain Beuchot, habitant de Prusly sur Ource et historien de son village, m'a prêté plusieurs exemplaires du petit journal de la Commune de Prusly.
J'y ai découvert l'histoire du château de Crépan :
Et celle de la Vierge au Rocher :
Voici maintenant l'histoire incroyable du lavoir de Prusly. Et à cette histoire mouvementée, s'ajoutent des anecdotes amusantes sur ce qu'imaginaient les galopins du village pour ennuyer les lavandières....
Merci Sylvain Beuchot pour tous les documents que vous m'avez offerts.
Le lavoir (ou "la Fontaine" de Prusly sur Ource, comme il vous plaira) :
D’où nous vient ce bâtiment à la porte branlante et aux vitres brisées qui abrite des pierres à laver privées d’eau, mises à l’abri de la pluie par une toiture récemment rénovée ?
Documenté à souhait Pierre Chainey a éclairé notre lanterne.
Dans les années 1800, les lavandières du village lavaient leur linge dans un bâtiment fait de planches disjointes, installé sur le bief nouvellement creusé de main d’homme pour alimenter le fourneau
En l’année 1826, ces braves femmes, les mains dans l’eau glacée et le corps aéré au vent du nord déposèrent plainte en mairie. Leurs doléances furent prises en considération et la construction d’une fontaine fut projetée par la mairie.
Pour ce, un ruisseau provenant du bief fut creusé à main d’homme. Il allait se jeter dans l’Ource, tel qu’il existe encore actuellement.
Ce nouveau bâtiment était surmonté d’un étage qui logeait un pâtre. Il faut dire qu’à l’époque, la prairie était dépourvue de clôtures et les bêtes des paysans y paissaient en commun sous la surveillance d’un homme dont le nom de Bénigne Pierre fut relevé.
Mais voilà qu’en 1831, le bâtiment fut la proie d’un incendie. Sa rénovation y apporta un visage nouveau : les pierres de l’ancien lavoir y furent installées.
Mais la finition de l’ouvrage était laborieuse. La commune ne disposait pas des fonds nécessaires pour financer la toiture en tuiles du bâtiment.
Le Maire de l’époque, monsieur Chaume,s’engagea à avancer l’argent pour régler l’entrepreneur. Mais il ne put tenir ses engagements et la commune déposa plainte contre lui.
Le tribunal l’obligea à payer, chose faite, et l’année suivante, en 1832, c’était au tour de monsieur Chaume de déposer plainte contre la commune qui, ayant récupéré les fonds nécessaires, ne l’avait pas remboursé.
Il obtint satisfaction, mais les frais du tribunal lui furent imputés.
Quant à cette toiture, au fil des ans, elle fut victime d’avaries sérieuses qui nécessitèrent sa rénovation en 1997.
Celle-ci fut assurée par l’entreprise Humbert pour un montant de 21 597 francs.
Voici quelques anecdotes qui y furent vécues, au temps où les ménagères y conduisaient leurs brouettes et garnissaient parfois les deux rangées de pierre du lavoir .
-Le jeudi, les gamins lançaient des pierres sur le toit, tuiles brisées parfois et si le caillou était trop lourd pour l’atteindre, il finissait sa course sur le grillage de protection des vitres, qui, hélas, ne remplissait pas toujours son rôle, ceci à la grande frayeur des occupantes.
-Autre amusement, moins dangereux : barrer le ruisseau alimentant la fontaine pour la priver d’eau ou alors bien remuer la vase pour en troubler l’eau. Que faisaient alors les femmes ? Abandon de la lessive pour identifier les perturbateurs en attendant que l’eau s’éclaircisse.
-Il pouvait aussi y avoir le brûlage de feuilles mortes additionnées de paille humide dans le but d’enfumer le local.
-Certains galopins disposaient les carrosses (caisses en bois garnies d’un coussin où s’agenouillaient les lavandières pour frotter leur linge) dans l’eau du lavoir. Bien lestés de pierres, ils gardaient un certain temps une humidité qui n’était pas sans nuire aux genoux fragiles.
Et Pierrot d’en citer une, revenant de la fontaine avec ses lessiveuses au linge non lavé, s’arrêter auprès de ses parents pour leur narrer ses déboires, ce qui se traduisit par de sévères remontrances : privation de sortie et mise au pain sec pour la journée.
Un autre amusement : prélever dans la vase à la sortie du ruisseau, des sangsues (et il y en avait !) et les mettre dans le lavoir. Cris d’horreur des ménagères !
Et le regretté Georges Petit a complété le récit :
Pour ma part j’ajouterai que ce bâtiment n’était pas fréquenté par les seules lavandières. Hormis les gamins qui y trouvaient grand plaisir à s’y défouler (l’eau ça attire, n’est ce pas ?), j’y ai relevé des empreintes diverses en attestant le passage, ainsi que des annotations dont celle-ci : « Ici on lave le linge, on salit le monde » . Ce qui, bien sûr, n’a rien enlevé à l’utilité du lieu, ni nuit à sa fréquentation.
C’était une époque…. que n’envient sans doute pas les utilisatrices de machines à laver le linge !
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