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"La journée de l'écrit" sur le conflit 14-18 organisée par la Bibliothèque Municipale au Musée du Pays Châtillonnais
La Bibliothèque Municipale de Châtillon sur Seine a invité pour "la journée de l'Ecrit" quatre auteurs qui, chacun à leur manière : livre, BD, pièce de théâtre, diaporama, ont évoqué la Grande Guerre, dont on fête actuellement le centenaire.
Annick Gueneau, la Bibliothécaire...
et Jean-Michel Baudoin, directeur du Théâtre Gaston Bernard, ont présenté ces quatre talentueux écrivains et leurs écrits.
Le thème historique de la Grande Guerre est très lourd et forcément plein de contraintes pour les auteurs, comment arrivez vous à vous en affranchir ?
Régis Hautière est auteur de scénarios pour bandes dessinées, il est venu à Châtillon présenter les deux premiers tomes (1914 et 1915) de sa quadrilogie "la guerre des Lulus".
Il suit les événements de la Grande Guerre à peu près comme le font les historiens. La France a été occupée plus durement qu'en 39-45. L'ennemi se venge sur les civils, des familles sont envoyées en Suisse puis se retrouvent ensuite en Savoie. Les Procès verbaux en parlent, certains seront détruits par les Allemands en 39-45, d'autres seront retrouvés dans les préfectures.
Dans les BD de Régis Hautière on trouve des villages qui n'existent pas, mais entourés de véritables agglomérations.
Régis Hautière a aussi participé à l'ouvrage collectif "Cicatrices de guerre".
Pierre Mari a écrit un magnifique roman "les grands jours", inspiré de l'attaque sanglante de l'armée allemande sur Verdun. Sous un déluge d'obus aussi meurtriers pour les soldats français qu'allemands, ce fut une bataille inhumaine où les participants subirent un véritable enfer.
Pierre Mari s'est intéressé au sujet de Verdun depuis 2011, sans forcément avoir pensé aux commémorations du Centenaire. Dans un tel roman on ne peut raconter n'importe quoi, il faut forcément avoir une base réelle. Pierre Mari s'est servi de deux personnages réels, très connus à l'époque : le colonel Driant et l'écrivain marginal Marc Stéphane qui ne se sont jamais rencontrés dans la vraie vie...Mais pour Pierre Mari, la contrainte peut se comparer à un filet...on peut y échapper par ses trous ! et Le Colonel Driant et Marc Stéphane se sont connus dans "les grands jours" !
Michel Bellier, comédien mais aussi auteur de théâtre a composé une magnifique pièce "les filles aux mains jaunes" (présentée la veille au cours du vernissage de l'exposition "Femmes et Familles du Pays Châtillonnais en temps de guerre", et qu'il présenta le soir du samedi de la journée de l'Ecrit au Musée du Pays Châtillonnais)
Xavier-Laurent Petit, qui réside très souvent à Brion sur Ource, est auteur de romans pour adolescents très ancrés dans la réalité. Il a réalisé un beau diaporama à partir de carnets de guerre d'un soldat .
(Je le présenterai demain)
La matinée s'est poursuivie par un entretien avec Régis Hautière
La guerre des Lulus
Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig sont quatre des pensionnaires de l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt en Picardie. Tout le monde les surnomme les Lulus. En cet été 1914, lorsque l’instituteur est appelé comme tant d’autres sous les drapeaux, personne n’imagine que c’est pour très longtemps. Et les Lulus ne se figurent évidemment pas une seconde que la guerre va déferler sur le monde finalement rassurant qu’ils connaissent. Bientôt, le fracas de l’artillerie résonne dans le ciel d’été. Il faut partir, vite. Mais lorsque la troupe évacue l’abbaye manu militari,les Lulus, qui ont une fois de plus fait le mur, manquent à l’appel. Sans l’avoir voulu, ils se retrouvent soudain à l’arrière des lignes allemandes.
Régis Hautière (scénario), Hardoc (dessin, couleur), David François (couleur), Casterman, 56 p. (ISBN 978-2-20306-397-6)
Régis Hautière nous a confié qu'il vivait en Picardie, région très touchée par le conflit 14-18.
Il a répondu aux questions de mesdames Gueneau et Reddé.
Cette BD est-elle une commande ? non, car Régis Hautière s'intéressait au conflit, bien avant l'organisation de la commémoration du centenaire de la Grande Guerre.
Comment expliquer l'existence d'un soldat allemand qui devient un père de substitution pour les enfants ? Pour l'auteur, ce personnage permettait aux enfants de survivre dans des conditions difficiles, en BD on peut inventer des personnages à contre courant de l'Histoire, et puis c'était peut-être pour l'écrivain l'idée des prémices d'une réconciliation future...
En BD, on peut manipuler les personnages, ainsi la coiffure d'une petite fille dessinée ne lui plaisait pas, il a imaginé qu'elle était attaquée par des poux, et donc a pensé raser la tête de l'enfant !
Le vocabulaire employé par les enfants vous a-t-il posé problème ? non, Régis Hautière s'est inspiré du langage de ses propres enfants, pas tellement différent de celui employé à l'époque.
L'auteur est-il tenté par la réalisation d'un film tiré de sa BD ? non, d'ailleurs très peu de BD ont réussi une carrière cinématographique.
Les Lulus vont ils grandir ?, oui bien sûr, puisqu'il reste deux tomes à paraître, en 4 ans les enfants vont devenir des adolescents, cette évolution sera intéressante, ainsi que les rapports qui se noueront entre filles et garçons...
Régis Hautière a ensuite lu quelques passages de sa BD pour le grand plaisir des auditeurs...
Et il a réalisé de magnifiques dédicaces avec une très grande gentillesse.
Plus tard, au début de l'après-midi, c'est à un entretien avec Pierre Mari que nous avons assisté.
LES GRANDS JOURS
En février 1916, plus d’un millier de soldats cantonnent dans le bois des Caures, au nord de Verdun, presque laissés à eux-mêmes par un état-major convaincu que l’offensive allemande aura lieu ailleurs. Pourtant, dans les tranchées mal entretenues, l’instinct des uns s’associe à l’expérience des autres pour deviner que «quelque chose se prépare». La rumeur évoque un déluge d’acier, un bombardement de cent heures, que certains prononcent «centaure». Comme en prévision de ce choc effroyable, les hommes se découvrent mille raisons de vivre, et s’aperçoivent qu’ils ont bien d’autres choses à faire que la guerre, au moment précis où celle-ci va prendre des proportions que nul n’aurait pu imaginer.
Récit d’un épisode héroïque de la Première Guerre mondiale entré dans l’histoire sous le nom d’ "offensive du bois des Caures", "Les grands jours" raconte surtout un autre combat, celui qu’on mène pour rester humain dans un environnement qui ne l’est plus.
Annick Gueneau et Jean-Michel Baudoin ont posé des questions à Pierre Mari sur la composition de son ouvrage.
Quelle est la part de fiction dans votre roman "les grands jours" ?
J'ai utilisé différents personnages, certains qui ont réellement existé, mais ils n'ont jamais pu se rencontrer dans la réalité ! Par exemple le colonel Driant, écrivain sous le pseudonyme de Danrit, qui a fait une deuxième carrière officielle en étant député de Nancy. Et le personnage de Marc Stéphane, un anarchiste qui se révèle être un chef écouté, que les soldats appellent grand-père...
D'autres personnages ont été inventés comme celui de Victor Lerigueur, Ploncard et bien d'autres.
Comment l'Art est-il entré dans le roman ? J'ai imaginé qu'un soldat avait sculpté en glaise une tête de femme représentant la République dans la tranchée, le colonel a décidé que ce sculpteur réaliserait une immense statue destinée à un futur mémorial...une pure invention bien sûr.
Annick Gueneau nous a révélé qu'elle avait lu plusieurs fois "les grands jours", à chaque fois elle a découvert plus d'humanité, de respect de l'autre. De plus la langue utilisée est magnifique
Chloé Deborde nous a lu quelques passages de l'ouvrage qui nous ont laissés éblouis.
Un magnifique livre à découvrir par tous...
(La suite de la "Journée de l'écrit" demain )
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Commentaires
formidable rétrospective de cette journée. Merci