Un musée archéologique n’est pas uniquement un espace où les objets dorment dans des vitrines… Il se transforme parfois en source d’informations scientifiques. 

Cette année, deux pièces du musée ont été analysées : le fameux torque en or de la dame de Vix et un lingot de fer de la même époque (vers 500 av. J.-C). 

Une vitrine nous a présenté le torque d'or de la princesse de Vix et des épées et lingots du premier âge du fer.

A l’occasion de la Fête de la Science et pour faire connaître les avancées de ces recherches, le Musée du Pays Châtillonnais – Trésor de Vix a invité les chercheuses, Emilie Dubreucq et Marion Berranger pour expliquer en quoi consistent ces analyses scientifiques, ce que l’on cherche et ce que l’on trouve en soumettant les objets à des manipulations physico-chimiques. 

Madame Fougère, Conservatrice du Musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix a présenté les deux conférencières (ici en train de mettre au point leurs projections) Emilie Dubreucq et Marion Berranger.

C'est Marion Berranger qui a présenté la première conférence.

Son étude s'intitule :"Identifier l'artisan forgeron derrière l'objet, étude d'un lot d'épées et de lingots du Premier âge du Fer (VIII-Vèmes siècles avant J.C.)"

L'approche de l'étude a été pluridisciplinaire par :

-L'archéologie (fouilles, typologie, tracéologie, quantification, analyse spatiale)

-L'archéométrie (échantillonnage, microscopie, analyses physico-chimiques, datation C14)

-Expérimentations (chaînes opératoires, propriétés des matériaux, circulation des produits)

Les études ont été faites sur des épées trouvées à Darcey, Magny-Lambert et Minot et sur des lingots.

Il a fallu déterminer la qualité des matériaux, en particulier la proportion d'inclusions dans le métal.

On a ainsi pu voir l'hétérogénéité fer/acier, constater que les teneurs en carbone étaient variables.

On a aussi observé la mise en forme par déformation simple d'une unique masse de métal, mais aussi celle effectuée par replis successifs.

La seconde conférence, intitulée "Du nouveau sur le torque de Vix" a été présentée par Emilie Dubreucq.

Depuis des temps très reculés, l'or a été le métal précieux par excellence: il est inaltérable et il a la couleur du soleil.

Les objets en or ont toujours fait l'objet d'un savoir-faire de haute technicité. De très beaux objets en or ont été trouvés dans des tombes princières sous tumulus:

-A Hochdorf (Baden Würtemberg, Allemagne)

Au Mont Lassois de Vix (Côte d'Or, France)

Des études ont donc été réalisées en coordination entre des laboratoires allemands et français: en archéologie, anthropologie sociale, en théorie, en analyses et en approches technologiques (projet West Hallstatt Gold)

Ont été utilisés :

-La photographie

-La radiographie

-La fluorescence X pour les analyses de surface

-La spectrométrie de masse pour les analyses en profondeur.

-Le microscope à balayage électronique.

Les premiers résultats d'analyses sur un groupe de parures , boucles d'oreilles et bracelet, provenant du tumulus de Sainte Colombe sur Seine, ont mis en évidence l'existence d'un atelier spécialisé.

L'étude West Hallstat Dorf a mis en évidence l'usage d'outils , visibles par les traces de poinçonnages , faites avec des poinçons de bois de cerfs et d'os.

Dans certaines tombes, comme celle d'Hochdorf, Apremont, Tübingen-Kilchberg, Ditzingen-Schöckingen,  on a trouvé des objets de tôle recouverts d'or, objets réalisés rapidement pour des funérailles : dessus de chaussures, épées...

Le torque de la princesse de Vix est un objet complexe et original par sa typologie. Il comporte en effet près de 66 pièces. Sa composition est de 96% d'or, 2% d'argent et 1-2% de cuivre.

Des techniques de pointe ont été utilisées pour sa fabrication : martelage, soudures, perforations pour évacuer les gaz engendrés par les soudures, filigranes avec fil simple ou fil perlé.

(un travail vraiment merveilleux que ma photo du torque de la vitrine ne rend pas vraiment !)

On a pu déterminer que des pièces avaient été réalisées à la cire perdue.

A la base des boules du torque on voit des motifs concentriques avec une pointe centrale.

Ces motifs se retrouvent dans la période du Hallstatt occidental et dans la culture des Castros en péninsule Ibérique.

Reste à savoir où ces merveilles ont été réalisées....Peut-être le saurons-nous un jour ?

Les deux conférencières ont été très applaudies pour leur travail passionnant .