• La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

     Un grand merci à Dominique Masson pour la relation d'un "miracle" de saint Bernard évoqué en...Allemagne !

    LA REPRÉSENTATION D’UN « MIRACLE » DE SAINT BERNARD À L’ABBAYE DE BEBENHAUSEN EN ALLEMAGNE

     Tübingen est une ville universitaire allemande située à 40 km au sud de Stuttgart, traversée par le Neckar. Au centre du Land de Bade-Wurtemberg, elle est le chef-lieu du district du même nom.

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (Photos 1 et 2 : vues de Tübingen)

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (Vue de Tübingen)

    L'abbaye de Bebenhausen est située administrativement dans la commune universitaire de Tübingen. Cependant, elle est assez loin du centre, au cœur du petit hameau éponyme, situé au nord de la ville, dans la vallée creusée par le Goldersbach.

     En 1183, Frédéric VI, duc de Souabe, confie aux prémontrés la construction d'une abbaye sur son fief, à Bebenhausen. Mais, le 1er juin 1187, pour des raisons inconnues, les Prémontrés préfèrent quitter le lieu. Ils laissèrent une première église, romane, non voûtée

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (entrée de l'abbaye)

    En 1189, le duc demande aux cisterciens, alors en plein essor, notamment dans les pays germaniques, de reprendre l'établissement. Ceux-ci arrivent de la maison-mère de Schönau le 29 octobre 1190. Le pape Innocent III confirme les chartes de fondation de l'abbaye en 1204.

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (plan de l'abbaye au Moyen-Âge)

    L’église a été construite de 1187 à 1227 et la plus grande partie des bâtiments abbatiaux date de la fin du XIIe siècle.

    L'église abbatiale, de style gothique, est consacrée en 1228, mais sa plus grande  particularité architecturale est sa flèche gothique, érigée entre 1407 et 1409 par le frère convers Georg de Salem.

    L'abbaye va se développer jusqu'à devenir l'un des plus prospères établissements de la région. Au XIIIe siècle, elle compte 80 moines et cent trente convers. La construction de l'aile des moines (aile orientale) se prolonge en conséquence de l'affluence monastique jusqu'en 1250.

    La Réforme induit de grands changements à l'abbaye. Dès la mort de l'abbé en décembre 1534, la moitié des trente-six moines choisit de rester catholique, l'autre moitié se tournant vers le protestantisme. Dès le 17 novembre 1535, les quatorze derniers moines catholiques quittent l'abbaye. Le 9 janvier 1556, l'ancienne abbaye est érigée en monastère-école luthérien, équivalent protestant d'un séminaire.

    Après la Première Guerre mondiale l'abbaye est transformée en résidence pour le quatrième et dernier roi de Wurtemberg, Guillaume.

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (Le lavabo vu du cloître)

    A l’intérieur de la salle capitulaire, les arcs des voûtes reposent, comme dans les monuments bourguignons, sur des colonnes tronquées que supportent des culots. Cependant, on peut remarquer un peu plus d’exubérance dans le traitement des chapiteaux.

    Exemples de chapiteaux :

    Le souvenir d'un miracle de saint Bernard à Bebenhausen, une étude de Dominique Masson

    Le souvenir d'un miracle de saint Bernard à Bebenhausen, une étude de Dominique Masson

    Le cloître gothique date du XIVe siècle. Sa principale caractéristique est d'être doté d'un petit bâtiment faisant saillie sur le côté intérieur sud ; c'est le lavabo, une fontaine, située en face du réfectoire, et qui permettait aux moines de se laver les mains avant d'entrer dans ce dernier.

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (Le lavabo vu du cloître)

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (la voûte du cloître)

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (Le lavabo vu de l'intérieur)

    Dans le trésor de l’abbaye se trouve une crosse d’abbé représentant, dans sa partie supérieure, le « miracle du Christ prenant dans ses bras saint Bernard ».

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    (la partie supérieure de la crosse d'un abbé, représentant le "miracle", trésor de l'abbaye)

    Les Châtillonnais connaissent le « miracle de la lactation », vision du jeune Bernard voyant la Vierge Marie mettre quelques gouttes de son lait sur ses lèvres.

    Il existe une autre « vision » arrivée à l’abbé de Clairvaux, rapportée dans le Grand Exorde de Cîteaux, ou Récit des débuts de l'ordre cistercien, écrit par le cistercien Conrad d'Eberbach dans les dix premières années du XIIIe siècle : c’est le Christ pressant dans ses bras Saint Bernard.

    « Dom Ménard, abbé de Mores, monastère voisin de Clairvaux, homme religieux, a rapporté à ses amis, comme étant arrivée à un autre, une chose merveilleuse, qui, croyons-nous, est arrivée à lui-même. Voici comment il s'exprimait: « Je connais un moine, qui a trouvé un jour le bienheureux abbé Bernard priant seul dans une église. Il était prosterné devant l'autel, et il lui semblait voir une croix avec le crucifix sur le pavé de l'église, placée devant lui, et que le bienheureux abbé adorait et baisait avec la plus grande dévotion. Or, il semblait que la majesté divine, détachant ses bras de ceux de la croix, embrassait le serviteur de Dieu, et le pressait contre lui. Ce que le moine ayant considéré pendant quelque temps il se trouva comme pétrifié sur place dans l'excès de son admiration, et comme transporté hors de lui. A la fin, craignant d'offenser ce saint abbé s'il le voyait si près de lui, et appréhendant qu'il le regardât comme un espion de ses secrets, il se retira en silence, comprenant assez et sachant au sujet de ce saint homme, que toute sa prière et toute sa vie étaient, bien au-dessus de l'homme ».

    Antonio Montanari, dans la « Collectanea Cisterciensia », (« Le Crucifié embrassant saint Bernard : une relecture de la scène » ; 2004)  a analysé les circonstances de ce miracle.                          

    Pour lui, dans les églises cisterciennes du XIIe siècle, toute représentation sculptée était interdite ; cependant l’unique ornement admis était la croix, mais faite seulement de « bois peint », c’est-à-dire qu’il y avait l’image peinte du Crucifié. Il s’agissait là d’une nouveauté, car l’image du Crucifié ne se généralisera que plus tard. D’autre part, selon M.Montanari, Bernard était « prosterné devant le maître-autel » ; il n’était donc pas debout, comme on le représentera par la suite, mais à genoux, et la croix « était avec le crucifix sur le pavé de l’église ». Pour lui, cet événement s’est passé lors de la liturgie du Vendredi saint. Après le chant de la Passion, suivi des oraisons solennelles, le sacristain devait étendre sur le dallage du presbytère, devant le Maître-autel, un drap grossier, sur lequel on posait la croix, pour l’adorer. Alors l’abbé, et après lui l’ensemble des moines, se prosternaient pour adorer et embrasser la croix. Puis celle-ci était ensuite remise à sa place sur l’autel.

    La représentation d'un" miracle" de saint Bernard à l'abbaye de Bebenhausen (Allemagne), une étude de Dominique Masson

    Plus tard, le peintre espagnol Francisco Ribalta, en 1620, peindra « le Christ prenant saint Bernard dans ses bras », saint Bernard étant représenté debout (toile conservée au musée du Prado).

                      Dominique Masson (texte et photographies)

     


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