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Le Maréchal Joffre a été à l'honneur le 6 septembre 2014, dans la ville de Châtillon sur Seine....
COMMÉMORATION DU CENTENAIRE
DE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE A CHÂTILLON SUR SEINE
Depuis la mobilisation générale en France et en Allemagne, le 2 août 1914, et la déclaration de guerre le 3, les troupes allemandes, passant par la Belgique et le Luxembourg, pénètrent en France. C’est alors la retraite menée par les français et les britanniques, mais en bon ordre. Profitant d’une erreur tactique de l’aile droite allemande, qui évite Paris, le généralissime Joffre donne l’ordre d’une offensive générale, depuis son G.Q.G de Bar-sur-Aube. S’étant transporté le 5 septembre en soirée à Châtillon sur Seine, c’est de là qu’il signa, le 6, l’ordre du jour n° 3948, à destination des troupes :
« Au moment où s’engage une bataille dont dépend le sort du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière ; tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte, garder le terrain conquis et se faire tuer plutôt que de reculer.
Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée ».
Pour fêter ce mémorable anniversaire, la Municipalité de Châtillon sur Seine a décidé de faire ériger un bas-relief en haut de l'avenue Joffre.
Voici le monument encore caché aux yeux du public, veillé par les drapeaux.
François Gaillard a été l'animateur de cette belle journée : il a présenté les événements qui allaient se dérouler durant la matinée du 6 septembre 2014.
Avant le dévoilement du bas-relief, il a demandé à Michel Lagrange, professeur honoraire au lycée Désiré Nisard, poète renommé et apprécié, de nous lire une de ses créations, un poème très émouvant "A Verdun, même les rosiers ont fleuri sur les morts".
Michel Lagrange a, tout d'abord, expliqué la genèse de son poème...
UN SOUVENIR DE FRANCE
Une amie prénommée France (c’est vrai !) m’a confié un jour que son père lui avait dit que les rosiers fleurissaient aussi à Verdun. Sans doute pour lui remonter le moral... De là le choc de deux mots, apparemment antagonistes : Roses (beauté) et Verdun (mort)
D’où ce texte, cette réflexion, un hommage à l’histoire et à son dépassement. De l’atroce boucherie (mon père) à la résurrection de la Beauté.
Ni Déroulède, ni Jean Richepin, ni Aragon…
Mort, où est ta victoire !
Un mot difficile peut-être, l’adjectif « rudéral » : il désigne une plante qui pousse sur les décombres, sur les ruines…
Michel Lagrange a eu l'extrême gentillesse de me confier son si beau poème, que je publie ci-dessous, merci à lui !
À Verdun même les rosiers
Ont fleuri
Sur les morts.
Les cris sont retombés sur les gerbes du mal.
Les éclats d’obus font semblant
D’avoir ouvert des livres d’or
Délirant de mémoire.
Le temps des branches mortes
A renoncé.
Longtemps interrompues,
Les forêts finissent leurs phrases.
Le temps ne compte pas sur les tombeaux
Pour se couvrir de rudérales,
Et garder le deuil d’un amour
Fané.
Le dernier mot ne revient pas
À la poitrine ouverte
Au milieu d’un chemin,
Mais à la sève obstinée qui remonte
À travers les gisants.
Chemin des Dames
Ou coteaux du Mort-Homme…
Il est des fleurs qui n’existeraient pas
Sans leur souffrance.
Un rosier connaît la couleur du sang,
Et le rôle épineux des cris
Dans le couloir des sables.
Enfoui dans le livre des morts,
Un amour fusillé en vol
Est devenu ce rosier rouge,
Issu de tous les courants disparus.
Ce rosier fleurit sur l’autel
D’un trépassé sans funérailles.
Il fait la paix
Sur le versant des cris
Que le soleil convoite….
Un désinvolte estimera
Que cette rose est de courte mémoire.
Je sais qu’elle a grandi
Sur des gisants
Qui l’ont encouragée.
Résurgente et fidèle
Aux derniers regards des ensevelis,
Offrant le mémorable aux rescapés,
La rose a raison d’être.
Une enfant se souvient du Père.
Elle a choisi dans la rose des vents
Au-delà de quelques pétales
Une rose absolue
Marquée au coin de sa fidélité.
Regain d’amour,
Nécessité de la Beauté sur la douleur.
Fragile en apparence,
Exprès pour dérouter la mort,
La rose émeut l’amour intemporel.
Toute Beauté, ce sont des retrouvailles.
Hubert Brigand , Maire de Châtillon sur Seine, a ensuite invité une habitante de la cité Joffre, à venir dévoiler, avec lui, le bas-relief.
Ce bas-relief est l'œuvre d'Arno Mercier, sculpteur Châtillonnais. Il est réalisé en pierre châtillonnaise.
La Lyre Châtillonnaise a interprété ensuite un air patriotique composé durant le conflit de 1914-1918 : "Le joyeux musicien".
Voici le magnifique monument que les habitants auront à cœur de préserver.
A noter qu'en écho au beau poème de Michel Lagrange, des rosiers rouges seront plantés au pied du monument.
Les participants à la cérémonie d'anniversaire du lancement de l'ordre de la première bataille de la Marne, le 6 septembre 1914 par Joffre, (alors encore Général), se sont ensuite rendus au rond-point Joffre où se dresse le premier monument, érigé par les Châtillonnais, après le conflit.
Une minute de silence fut demandée en mémoire des nombreux morts de la première guerre mondiale.
Puis ce fut le dépôt de gerbes suivi par la Marseillaise, interprétée par la Lyre.
Dominique Masson, Président des Amis du Châtillonnais, relata les événements qui eurent lieu depuis l'assassinat de l'Archiduc François Ferdinand d'Autriche, jusqu'à la bataille de la Marne.
Il lut ensuite le texte glaçant de l'ordre que lança Joffre, depuis le Couvent des Cordeliers où était basé son Q.G.
Ses mots ont été gravés dans la pierre du monument.
A la fin de cette cérémonie émouvante, la Lyre interpréta un air de circonstance : La Madelon.
Voici le sculpteur Arno Mercier qui a réalisé le si beau bas-relief de l'avenue Joffre.
La matinée s'est poursuivie par une autre cérémonie, qui a eu lieu au château Marmont.
C'est au château Marmont que logea le général Joffre pendant son séjour à Châtillon sur Seine. Une exposition nous y attendait, préparée par Dominique Masson.
L'article paraîtra demain.
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Commentaires
1BIBILundi 8 Septembre 2014 à 07:35merci quelle belle cérémonie et des photos magnifique
car nous étions pas la .quelle dommage
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Un bel et émouvant hommage au général Joffre et à cette historique journée du 6 septembre 1914. Un devoir de mémoire remarquablement interprété par le sculpteur Arno Mercier, par le poète Michel Lagrange, par l'historien Dominique Masson. Un remerciement particulier à François Gaillard, qui a trouvé les mots justes pour animer avec ferveur cette commémoration.