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"Le premier âge du fer à la lueur des dernières découvertes en Côte d'Or" une conférence de Régis Labeaune, chercheur à l'INRAP de Dijon
A la demande des Amis du Musée Châtillonnais-Trésor de Vix, Régis Labeaune, chercheur à l'INRAP de Dijon, (et enfant de Châtillon sur Seine !), nous a présenté le 20 avril 2012, une très intéressante conférence sur les dernières découvertes archéologiques faites en Côte d'Or, concernant les habitats de la période du premier âge du fer, c'est à dire entre 500 et 450 ans avant Jésus-Christ.
Que signifie ce sigle INRAP ? L'INRAP c'est l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives . C'est un établissement public à caractère administratif de recherche français, créé par la loi du 17 janvier 2001 relative à l'archéologie préventive.
L'INRAP a pour mission d'intervenir et d'agir là où l'on détruit pour construire autre chose.
Avant que des travaux ne commencent (constructions, routes, arrachages de vignes etc...) l'INRAP établit un diagnostic pour voir si le terrain renferme des traces d'occupation humaine.
Régis Labeaune nous a présenté les fouilles qui ont lieu lieu sur le territoire de Plombières-les-Dijon, dans un lieu appelé "la Peute Combe". La Peute Combe devait en effet être le lieu du futur passage des voies de la LINO.
Sur une surface de 8000m2, les chercheurs en archéologie, géomorphologie, topographie, inventaire des fiches de terrain,carpologie, ont mis à jour un site intéressant, très bien conservé. En effet l'érosion a fait glisser la terre des pentes de la combe, protégeant les vestiges des labours et autres constructions.
Voici une vue aérienne de la Peute Combe:
Des fouilles ont permis de mettre à jour, tout au long de la combe, les fondations de bâtiments datant de l'âge du fer.
Des trous dans le sol indiquent où se trouvaient les bases des poteaux de bois qui formaient l'ossature des maisons.
En observant la place des trous, on a pu imaginer à quoi ressemblaient les charpentes des maisons...
Les murs devaient être en torchis avec armature de branchages.
Des exemples de constructions sur poteaux :
Voici donc comment devait se présenter le village de la Peute Combe. Chaque maison possédait un grenier, un silo et une fosse dépotoir.
Dans ce village on a retrouvé les traces d'une forge où l'on travaillait le fer et le bronze.
Les objets fabriqués en fer martelé, étaient surtout des fibules, sortes d'agrafes pour attacher les vêtements.
Les fibules n'avaient pas toutes la même couleur, cela dépendait du taux de chacun des éléments de métal qui la composaient.
On fabriquait aussi des parures, de l'outillage, des objets de toilette, des objets servant au transport...
On martelait aussi des clous qui ressemblent fort à ceux utilisés pour réaliser le char de la princesse de Vix...
Les clous de la forge de la Peute Combe ont-ils servi à Vix ? Pourquoi ne pas l'imaginer !
On a retrouvé sur le site de la Peute Combe de très nombreux tessons de céramiques que l'on a pu reconstituer. Elles servaient pour le stockage, la cuisson et le service de la ble.
Le textile a hélas disparu, mais on a mis au jour des objets qui indiquent que l'on tissait, comme des fusaïoles, sortes de petits poids en terre cuite .
Des greniers et des silos, conservaient des légumineuses et des céréales.
Les hommes de l'âge du fer consommaient des viandes variées, principalement des viandes de leurs élevages, mais aussi d'animaux sauvages qu'ils pouvaient capturer.
Les conditions climatiques vers 500 avant JC furent très difficiles, sur ce graphique on voit qu'il n'y eut que des rempératures inférieures à la normale, ce qui explique que les Celtes qui vivaient dans la Peute Combe migrèrent ailleurs.
Sur les cartes suivantes on voit que les sites de peuplement (points rouges) ont fortement diminué après -400 ans avant JC.
Les maisons de l'âge du fer n'étaient pas faites pour durer plus de trente ans, nous révèle Régis Labeaune. On observe donc une sorte de "stratification", c'est à dire des traces de constructions successives sur les bases des anciennes.
Beaucoup plus tard, au début du 1er siècle avant notre ère, un bâtiment agricole exista dans la Peute Combe, mais il ne subsista pas longtemps.
Depuis , plus rien ne fut bâti à cet endroit.. je suppose que le site ne devait guère être hospitalier, quand on sait ce que veut dire "peute" en patois bourguignon !! (cela veut dire vilaine pour ceux qui ne le sauraient pas !!)
Régis Labeaune avait exposé au Musée du Pays Châtillonnais- Trésor de Vix, quelques objets découverts à la Peute Combe, j'ai retrouvé la photo de la vitrine qui nous les montrait , la voici :
Des photos et des informations complémentaires sur les fouilles dans la Peute Combe, sur le site de l'INRAP :
http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Sites-archeologiques/p-8589-La-Peute-Combe.htm
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