L'association des Anciens Elèves du Lycée Désiré Nisard et du collège Fontaine des Ducs a demandé à Pierre Potherat de présenter une conférence sur le séisme qui s'est produit en Chine en 2008.

Jacques Streer, au nom de l' AAELDNCFD a présenté Pierre Potherat qui fut chef du groupe Risques rocheux et mouvements de sol au CETE de Lyon.

Pierre Potherat, s'est rendu avec des collègues géologues en 2009, au Sichuan pour pouvoir observer les suites meurtrières du séisme de 2008, il a pris de nombreuses photos qu'il nous a commentées.

Le 12 mai 2008, un séisme de magnitude 8,3 sur l'échelle de Richter a touché la bordure ouest du bassin de Chengdu , dans la province du Sichuan.

Il y eut 87 500 morts, 270 000 blessés et 10 millions de personnes relogées.

La province du Sichuan est située au centre de la Chine, en bordure est du plateau du Tibet.

Chengdu en est la capitale avec 12 millions d'habitants en 2009.

Elle est dotée de plusieurs universités, parmi lesquelles une université technologique qui compte 25 000 étudiants dont 3 000 géologues/géotechniciens.

La Chine est un pays qui se situe à la frontière des plaques indienne et asiatique. La plaque indienne effectue une pression sur la plaque asiatique en la poussant vers le nord à une vitesse de 5 centimètres par an.

A cause de cette importante pression, la structure de la croûte asiatique a été modifiée et brisée selon une multitude de failles, qui ont engendré notamment l'Himalaya et le plateau tibétain. Cette pression qu’effectue la plaque indienne a entraîné le déplacement de nombreux morceaux du plateau tibétain qui recouvrent désormais le bassin du Sichuan.

Le 12 mai 2008, "l'est du plateau tibétain a glissé brusquement de plus de 5 mètres, chevauchant un peu plus le bassin du Sichuan. La rupture s'est produite à une dizaine de kilomètres de profondeur sur la faille de Beichuan, au niveau des Longmen Mountain. Elle s'est ensuite propagée vers le nord sur environ 400 kilomètres"

Les effets du séisme du Sichuan :

Lors de ce séisme de magnitude 8,3, des déplacements ont été observés sur le terrain : 6m vertical, 3m horizontal.

La longueur de la zone touchée a été de près de 400 km, la largeur de cette zone a été de 60/80 km.

8 000 km de routes ont été coupées, 600 ponts détruits, 24 tunnels dégradés et un barrage hydroélectrique endommagé.

effets sur le barrage de Zipingdu :

Les effets sur les mouvements de terrain  ont été des glissements de terrain et chutes de blocs.

En fonction de la nature des matériaux mis en cause on peut parler de glissements de terrain pour des matériaux très fracturés, des matériaux granulaires grossiers ou des alternances marno-calcaires avec plans de glissement prédéfinis.

Et aussi d'écroulement ou de chutes de blocs pour des matériaux fracturés à dominante rocheuse.

Lorsque la masse déplacée est importante, le glissement peut, outre les routes barrer le cours d'eau en fond de vallée et créer un barrage naturel.

Les terres et les installations situées en amont vont être noyées et celles situées en aval seront sous la menace d'une rupture brutale du barrage par surverse (ou par renardage) qui peut se manifester plusieurs semaines, mois, années après sa création.

Les coulées de débris ou laves torrentielles correspondent à de grands volumes de matériaux rendus mobilisables sur les versants par l'action des secousses sismiques et qui peuvent être emportés par les torrents plusieurs mois après le séisme, à la suite de très fortes pluies.

La gestion de la catastrophe :

Il a fallu évoluer les dégâts par des appels téléphoniques (dans les deux sens), des visites sur le terrain, des survols d'hélicoptères.

Mais de nombreuses lignes téléphoniques avaient été coupées, les déplacements ont été rendus difficiles à cause des routes coupées, les survols en hélicoptères ont été gênés les premiers jours par des pluies incessantes.

Des mesures conservatoires ont été mises en place : évacuation des personnes en danger, accès interdit aux zones dangereuses, déblaiement des voies de circulation quand c'était possible, mise en service de moyens de transport alternatifs, purge des mouvements de terrain résiduels dans les cas les plus urgents.

La ville martyre de Beichuan

Beichuan est une petite ville située à 80 km au nord de Chengdu, située sur le tracé de la faille de Xingxiu/Beichuan, peuplée d'environ 30 000 habitants avant le séisme. 23 000 d'entre eux périrent et le bâti a été détruit en quasi totalité ou fortement endommagé.

Plusieurs phénomènes liés au séisme sont à l'origine de  cet état de fait : le jeu de la faille de Beichuan, un glissement de terrain, un effondrement rocheux, et des laves torrentielles.

Voici deux photos de la ville de Beichuan avant le séisme :

Avant :

Après :

Des photos très impressionnantes...

Un lieu de recueillement a été érigé à la mémoire des disparus :

La Chine a une nouvelle fois payé un lourd tribu à l'activité sismique.

Elle compte trois des séismes les plus meurtriers de l'histoire avec par ordre décroissant les séismes de

-Shaanxi (1556 : 800 000 morts)

-Tangshan (1976 : 242 400 morts)

-Haiyuan (1920 :  234 000 morts)

Le contexte sismo-tectonique local est extrêmement favorable à des catastrophes de ce genre au regard de sa position en limite est du plateau tibétain et du nombre important de failles à fort potentiel sismique.

L'emplacement de localités très peuplées en fond de vallées, rend celles-ci extrêmement vulnérables car situées sur le passage de failles potentiellement actives.

Cette vulnérabilité est accrue par la présence de versants instables et des risques de glissements de terrain, d'éboulements et laves torrentielles associés.

A Beichuan, on peut estimer que les mouvements de terrain ont été plus meurtriers que la secousse elle-même.

Les autorités chinoises ont dû faire face avec efficacité aux problèmes post sismiques.

Elles ont également tiré profit des enseignements du séisme de 2008 en améliorant les règles de construction et en évitant de construire au droit de zones à risque de mouvements de terrain.

Malgré tout de nombreuses interrogations demeurent, notamment sur le nombre élevé d'écoles (7 000) s'étant effondrées sur les élèves. Le chiffre officiel de 5 335 enfants tués, publié un an après la catastrophe apparaît nettement sous évalué.

Pierre Potherat a été très applaudi.

Il a répondu ensuite à de nombreuses questions en particulier sur la tectonique des plaques et le volcanisme.