• "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    Notule d’histoire

     

    Les « fosses » du Châtillonnais

     

    Ce patrimoine-là représente une illustration des astuces et de l’ingéniosité des personnes qui nous ont précédées pour rechercher de l’eau. Et ces ouvrages-là sont aussi un moyen pour nous donner des idées, ou nous faire comprendre l’importance de ces sujets d’environnement 

     ainsi s’exprime Dominique Jouffroy, architecte du patrimoine.                                                                       

    C’est que, sur les plateaux calcaires du châtillonnais, l’eau est rare, comme le rappelle l’adjectif accolé au nom de certains villages : Fontaine-les-Sèches, Coulmier-le-Sec ou Ampilly-le-Sec.

    Aussi, de tout temps, l’homme, pour pouvoir vivre là, a dû chercher par tous les moyens à retenir l’eau, au moyen de citernes recueillant l’eau de ruissellement ou celle de sources intermittentes.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    A Coulmier, au point le plus élevé du territoire, au lieu-dit le Haut des Roches, mais dans un creux du plateau, à 1400 mètres du village, les hommes ont aménagé un bassin, de 9,80 m de diamètre et de 4,50 m de profondeur.

    Il est soigneusement appareillé, la partie supérieure du mur étant couverte par des chaperons en forme de chapeau de gendarme, bien travaillés et appareillés.                                 

    On y descend par un escalier tournant de vingt marches mais, arrivé au bas, on trouve un palier et une nouvelle envolée de marches plus larges entrant directement dans l’eau de la fosse.          

    Selon les recherches faites par mademoiselle Françoise Vignier, ancienne directrice des Archives de la Côte d’Or, cette fosse a été construite vers 1730, à l’initiative des habitants du lieu ; l’adjudicataire des travaux était Antoine Febvre, marchand à Chemin d’Aisey, fils du maître de forges de Chamesson, mais possédant des terres à Coulmier.

    En 1734, Nicolas Verniquet, arpenteur royal et architecte, accompagné d’Edmé Magnien, habitant, formule dans un procès-verbal son avis sur l’exécution de la fosse et du puits. 

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    L’alimentation en eau s’effectue par une source intermittente, selon la pluviométrie.

    Si le niveau aujourd’hui est peu important, il n’en était pas de même autrefois ; en août 1734, peu de jours après la visite des experts, une femme s’y noya et les anciens du village se rappelaient avoir vu de l’eau jusqu’en haut des marches.

    Certaines pierres de couvrement des murs sont percées de trous, suggérant un système de puisage de l’eau.                                                                                                 Au cours des décennies suivantes, furent installées autour de la fosse jusqu’à une quinzaine de lavoirs individuels, en pierre, monolithes, que les habitants souhaitèrent, en 1788, voir abrités sous une halle ; ceci n’eut, semble-t-il, pas de suite.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

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     Cette fosse a suscité beaucoup d’interrogations.

    C’était un lieu pour la lessive, mais aussi pour abreuver les troupeaux de moutons.

    On a pu penser aussi que c’était un rouissoir à chanvre. Mais le mystère reste encore grand.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    A côté de cette fosse, on trouve également un puits, à sec, abrité sous un élégant édicule circulaire, coiffé d’une voûte en pierres savamment taillées.

    Il est peu profond et sa destination reste également mystérieuse.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    Fosse et puits ont été inscrits, au titre des monuments historiques, le 14 novembre 2017.

    Une autre « fosse » se trouve à Nesle.

    Celle-ci est située en dehors du village, sur le plateau, à 301 mètres d’altitude, le long d’un chemin blanc (elle est indiquée comme mare sur la carte IGN).

    De forme également ronde, elle a un diamètre équivalent à la fosse de Coulmier, mais semble moins profonde.

    Cette fosse n’a pas été restaurée. La partie supérieure des murs était couverte par des dalles plates, taillées en courbe pour épouser la forme de la fosse.

    Des marches, droites, permettaient d’accéder à l’eau. Elle serait d’origine plus récente, selon mademoiselle Vignier.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

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    Un autre creux, moins profond, existait non loin, à l’intersection de l’ancien chemin de Nesle à Etais et de la route de Nesle à Puits ; il reste encore un peu d’eau au fond.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    D’autres formes de « fosses », plus réduites, existent également.

    Le château de Bon-Espoir, sur la commune d’Aisey-le-Duc,  a été construit au XVIIIe siècle.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    Devant l’allée d’arbres qui mène au château, se trouve une petite « fosse », construite de la même façon que celle de Coulmier, en plus petit, avec un fond empierré.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

    Il n’y a pas de margelle et un plan incliné, en pierre, mène vers l’eau. Cette fosse devait servir pour le bétail ou les chevaux (pédiluve).

    Elle doit être alimentée par les eaux de ruissellement.

     Une autre façon de recueillir l’eau de ruissellement se voit à la mare de la ferme Darbois, sur la commune de Buncey (277 mètres).

    C’est une cuvette, concave, formée d’énormes pierres, parfaitement assemblées et jointoyées.

    Elle servait pour abreuver les ovins de la ferme de Bellevue et les bovins de la ferme Darbois.

    Elle a  été restaurée en 2006.

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

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    (Dominique Masson)

    Un grand merci à Dominique Masson, dont les notules intéressent les lecteurs du Châtillonnais...mais aussi de nombreux lecteurs beaucoup plus éloignés....

    "Les "fosses" du Châtillonnais", un notule d'Histoire de Dominique Masson

     

     


  • Commentaires

    1
    Luc LEFRAY
    Lundi 6 Avril 2020 à 13:40
    Bonjour à vous. Bravo pour le reportage sur les fosses. Et merci christal. Continuez. Cordialement
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