• Les sculptures d'Eric de Laclos ont inspiré le poète Châtillonnais Michel Lagrange....

    Les sculptures d'Eric de Laclos ont inspiré Michel Lagrange....

    Ce texte « Un troublant jeu d’échos » veut traduire le travail du sculpteur Éric de Laclos, dans la cour du  Musée de Châtillon. Il a repris les deux statues mutilées trouvées auprès de la tombe de Vix, exposées au Musée, qu’il a « ressuscitées », semblables aux originaux, mais complètes, et renouvelées.

    D’abord, il interroge la pierre. Il s’agit pour lui de dégager ce qui se trouve enfoui dans le matériau. De libérer ce qui demeure emprisonné. La mémoire du sculpteur et celle de la pierre travaillent de concert.

    Il y a dans cette entreprise quelque chose de troublant. L’apparition d’une création originale et fidèle à un modèle antérieur de plusieurs siècles. C’est comme si le sculpteur repartait en amont, à la source d’une œuvre, tout en créant son propre univers, selon sa sensibilité et son propre style.

    Le résultat est fascinant. Les œuvres achevées relèvent à la fois de la copie et de l’originalité, de l’identique et du dissemblable, du mensonge et du véridique.

    Ce qui est le propre de toute création, qui puise dans la culture et dans le génie personnel de l’artiste.  

        

    UN  TROUBLANT  JEU  D’ÉCHOS

     

     Deux statues fondatrices

    Au musée de mémoire,

    Entre la vie glorieuse

    Et la mutilation mortelle.

     

    Une femme et un homme,

    Assis, exilés du pouvoir,

    Guetteurs décapités.

     

    En bas, entre l’église et le verger,

    Où la curiosité s’oriente et se prépare

    Aux visions sans coutures,

    Un sculpteur inaugure

    Un chemin de mémoire.

     

    A pris deux blocs d’un chaos primitif.

     

    Les interroge à tour de rôle :

    Te souviens-tu de cette femme

    Et de cet homme, assis dans ce musée,

    Frappés par la damnation de mémoire?

    Conduis-moi vers ces deux guetteurs. 

     

    La pierre a donné son accord.

     

    Remontant le cours de l’histoire,

    Il taille… il cisèle…il travaille

    En harmonie avec l’esprit et la main d’autrefois.

    Comme un archéologue,

    Il investit la nuit des hommes…

     

    Alors que le verger

    Sculpte ses fruitiers sans un bruit,

    Chaque coup de ciseau pénètre un courant pétrifié.

     

    Abîme et prospection.

    Quelque chose en amont cherche à me parvenir…

     

    Ce qui restait dissimulé,

    Le sculpteur le retrouve

    Et le réhabilite à ciel ouvert

    Qui est de tous les siècles... 

     

    Un chant profond,

    De l’estuaire à la source…

     

    Invention… délivrance…

    Union de la mémoire et de l’imaginaire…

    Du pareil et du dissemblable…

     

    Obscur, tellurique, ambigu,

    Hier croyait finir quand il revient

    Sur les versants de la coïncidence

    Heureuse et véridique.

     

    Une femme et un homme,

    Auxquels je rends le souffle

    Et la liberté d’exister

    Posthumes.

     

    Retour monumental à la sacralité

    Profanée volontairement

    Au temps où les statues étaient vivantes.

     

    Opération magique où le temps rebondit

    Dans l’imprévu de l’écho nouveau-né.

     

    En sont témoins les copeaux de la pierre

    Et le tremblement de mes mains

    Striées par les siècles vaincus. 

     


  • Commentaires

    1
    Alouette
    Jeudi 14 Septembre 2017 à 10:51

    Superbe poème, plein d'émotion ! yes

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