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Par Christaldesaintmarc le 16 Mars 2022 à 05:55
Monseigneur Roland Minnerath qui était archevêque de Dijon depuis 2004, a atteint la limite d'âge pour un évêque, c'est à dire 75 ans.
Il a donc dû démissionner de sa fonction épiscopale.
Un hommage lui a été rendu par les paroissiens qui ont fait éditer un superbe livre contenant de très belles photos réalisées pendant son sacerdoce.
A côté des photos, on peut voir des textes de Michel Lagrange qui s'est associé à ce très bel ouvrage.
Monseigneur Minnerath était venu en 2009 concélébrer une messe avec les anciens prêtres de la paroisse, dans l'église saint-Vorles de Châtillon sur Seine qui venait d'être restaurée :
http://www.christaldesaintmarc.com/une-tres-belle-ceremonie-a-saint-vorles-a546147
Et il avait béni la nouvelle statue de saint Bernard qui se trouve sur le parvis de l'église saint Vorles :
http://www.christaldesaintmarc.com/l-inauguration-de-la-statue-de-saint-bernard-a546167
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Par Christaldesaintmarc le 9 Février 2022 à 06:00
Lors des portes ouvertes de la nouvelle médiathèque, Michel Lagrange a présenté et dédicacé son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel".
"Partir vers je ne sais quel ciel" associe la description poétique d'un voyage au Ladakh, appelé "le petit Tibet", à la réflexion que tout voyage engendre chez celui qui s'en va.
Sur place, d'abord le voyageur "émerge en désorient", perdu au milieu d'images décousues, sans profondeur ni signification.
Trop d'échecs en terre inconnue le mènent au bord de l'asphyxie physique et mentale il s'écroule, avant de se métamorphoser en un mendiant qui s'offre au monde humblement et qui peut recevoir les "leçons de la montagne" au-delà de ses souffrances et grâce à elles.
Le chemin s'ouvre enfin, prophétique et porteur de belles vérités Il est temps d'acquiescer , de devenir pèlerin de sa démarche, de pénétrer dans la beauté des choses, en communion spirituelle, tandis qu'un moine bouddhiste efface d'un revers de main un chef-d'œuvre de sable et qu'un papillon s'envole dans l'air impermanent.
Le recueil de poésies de Michel Lagrange est agrémenté de superbes photos qu'il a prises durant son voyage au Ladakh.
Durant la présentation de son nouvel ouvrage, Michel Lagrange a eu le grand plaisir de revoir ses amis Jean-Luc et Gisèle Runfola, avec qui il avait effectué ce trek au Ladakh.
Jean-Luc et Gisèle Runfola avaient présenté une conférence sur ce voyage, vous pourrez revoir l'article en cliquant sur le lien :
A noter que Michel Lagrange a fait don de ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine, on peut les consulter à la nouvelle médiathèque..
Michel Lagrange est agrégé de lettres classiques. Professeur émérite, il est l'auteur de livres de bibliophilie avec des artistes comme Pierre-Yves Trémois, Pierre Soulages, Bernard Foucher.
Auteur d'une quarantaine d'ouvrages poétiques, il est lauréat de l'Académie française.
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Par Christaldesaintmarc le 30 Août 2021 à 05:55
La visite nocturne du Musée du Pays Châtillonnais a été un enchantement pour les visiteurs qui ont découvert plusieurs œuvres du Musée sous un autre angle, mystérieux et surprenant.
La surprise a été totale, lorsque, rassemblés entre le cratère et le torque d'or de la princesse de Vix, nous avons pu écouter un superbe poème que Michel Lagrange avait composé pour l'occasion...
Beauté auditive, beauté virtuelle, ce fut une soirée inoubliable....
AUTOUR DU TORQUE
Un torque
Une légende impressionnée par un or de silence
Une mémoire autour du temps
Un petit cheval indompté
Plus fort que l’espace et le jour
Sans le mors d’Athéna
-diadème d’or dans sa bouche écumante-
Pégase aux yeux fixés sur les replis de l’eau
Que son sabot fit naître
Une source… Hippocrène…
Méduse et ses yeux maternels
Punis d’avoir semé la mort
Méduse et son cri pétrifié
Entre ses dents de sanglier brutal
Elle mourut ensanglantée pour que vive la vie
Et que l’homme à l’épée paraisse
Et le petit cheval ailé
Sa mère au pilori de sa beauté barbare
Imposée gardienne aux flancs du cratère
Sa mère entourée de reptiles
Elle avait dans le sang ce cheval de fantasme
Le visiteur qui va et vient
Entre Méduse et le petit cheval ailé
Sait-il qu’il passe à travers la légende
Et qu’il risque un regard mauvais
Ce visiteur est un passant parmi des pages légendaires
Où le bronze aux reflets marins
Ouvre un chemin pour l’aventure
Au bord d’une falaise où se brisent les vagues
Où la Chimère est aux aguets
Persée l’enfant de la pluie d’or
Vient de franchir la fin de ce couloir
Il a tranché le col de la Méduse
L’eau et le sang font déjà des merveilles
Comment ne pas rester fidèle
À la beauté qui étreint qui délivre
Et ne pas être voyagé
Par la vie par la mort
Par l’au-delà des choses
Et des êtres vivants
Comment rester profane
Entre les murs de l’athanor
Où sont réunis les mystères
Afin qu’ils se répondent
Si le visiteur croit en eux
Une partie de son regard ne lui appartient plus……
Petits sursauts du cheval d’or
Écho mythique aux chevaux du cratère
Perpétuel mouvement du torque
Au défaut de la mort il brille
Et se souvient de la peau de la sueur
De la tiède émotion des clavicules
Et de la fébrilité d’une femme
Au soleil déclinant de la cérémonie
Il se souvient du froid de la rigidité fidèle
Et de la nuit dernière
Éventrée par les torches
Il a appartenu à la terre et au ciel
Bien avant de se retrouver
Posthume entre les mains des questionneurs
La beauté lui confère un pouvoir libre
Hostile aux anecdotes
À mi-chemin du trésor et de l’invisible
(Michel Lagrange août 2021)
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Par Christaldesaintmarc le 23 Mai 2019 à 06:00
Samedi 18 mai 2019, une bien agréable cérémonie s'est déroulée salle des Conférence de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine.
Ce jour-là, Michel Lagrange faisait don de tous ses manuscrits à la bibliothèque Municipale de la ville.
François Gaillard a tenu, avec beaucoup d'émotion, à retracer la vie et l'œuvre de son ami.
Moment de convivialité, moment de partage, moment de reconnaissance, moment de gratitude, et moment de poésie que nous vous proposons de vivre en l’honneur de notre poète Châtillonnais qui se définit lui-même comme un pèlerin du quotidien aux aguets » et qui a souhaité confier la précieuse matière de sa création poétique à la Ville de Châtillon sur Seine.
Il a écrit :
A Châtillon, j’ai beaucoup donné,j’ai beaucoup reçu. J’y ai fait ma vie avec ma famille. En paix, en profit, en bonheur ».
Ces paroles nous touchent, mais ne nous abandonnons pas à un « chauvinisme béat » et posons lui simplement la question pour savoir ce qui l’a frappé, ce qui l’a inspiré en Pays Châtillonnais, lieu qui lui fut donné par le hasard, et voici sa réponse : »Quand on s’attache à un lieu, on ne peut pas rester indifférent à ce charme qui agit sans cesse. On peut parler de sublimation, peut-être ! » et il ajoute « S’il n’y avait pas eu à Châtillon la Princesse et son Trésor de Vix, j’aurais peut-être renoncé à y demeurer ! ».Etonnant comme cette réflexion avoue son évidence ! des dizaines d’années après la fondation et l’installation de la famille Lagrange en nos murs. Et d’un coup, nous comprenons que pour Michel Lagrange, « l’invisible a des pouvoirs aussi prenants que ce qui visiblement nous entoure.
Je vous propose à travers quelques brefs extraits de « Leçons d’un paysage » de suivre le « voyageur oblique » en Pays Châtillonnais qui met « sa destinée dans les pas de la vie »
Plateau forêt gibier silence…
A chaque fois le mémorial
D’écorce vive ou de blé mûr
Atteste une présence et me répond
Par les ricochets de son jeu d’échos.
Regards sur la ville :
Au milieu de la ville intacte et bombardée
La neige a blanchi ma mémoire
Où des passants inscrivent
Au noir et blanc de ma conscience
A tour de rôle et de priorité
Un culte :
Un homme ainsi porte en sa chair
Un réseau vieux comme le monde
Où les disparus sont présents.
Et ce n’est pas Saint Vorles qui
Limitera mon cœur au simple lieu
De sa présence.
Il est où on ne l’attend pas
Ici, ailleurs, aujourd’hui comme hier
Cœur enflammé secourt l’enfant.
Notre histoire
Il y a des saisons sans calendriers ni concours
Qui me font le contemporain
Des Celtes, des Gallo-Romains,
Du manteau blanc des abbayes,
Des douleurs de ceux qui labourent.
La tradition
Rituel charivari fureur
Au bruit des chaudrons que l’on tape…
Esprits de l’hiver saisis de terreur
Devant les bourgeons vernissés,
C’est le cortège haut en couleurs
De l’espoir paysan
Et de la foi superstitieuse.
Histoire contemporaine
Maquis Tabou
Maquis Montcalm,
Et maquis Valentin-Balzac…
Et tant de noms que l’on murmure
Au niveau doré du silence
Et du respect…
Les secrets des sous-bois se sont mis à saigner
Quand la Résistance a dit « NON ! »
Et les soleils de conviction n’ont jamais renoncé
Enfin, lieu mythique intemporel
Source d’abondance et d’explorations !
Leçons de la grande eau majeure !
La Douix ressemble à la divinité
Tout armée sortie du ventre terrestre.
Il y a peu de cette résurgence à la résurrection,
De la captivité à la libération,
De l’enfermement à ce qui jubile
Quelle chance pour nous tous d’avoir auprès de nous, un révélateur éclairé des forces du présent, des secrets du passé, un amplificateur des sentiments les plus purs.
La main du poète a tracé tout cela sur de modestes cahiers qui seront confiés aux bons soins des générations futures.
C’est une richesse que nous sommes tous très heureux de partager et en la circonstance, cela se traduit , non pas par des phrases verbeuses mais par un profond et sincère MERCI , merci partagé avec tous eux qui ont souhaité t’entourer en ce jour.
Michel Lagrange, très ému, a dit son affection pour la ville de Châtillon qu'il a appris à aimer et qu'il ne quitterait pour rien au monde.
Cette ville, ainsi que le Châtillonnais qu'il a découvert avec ravissement, lui ont permis de ressentir profondément des liens avec la nature, la beauté des sites, les légendes, l'air si pur... tout a été pour lui une source de réflexions profondes qui l'ont inspiré et lui ont permis de composer de superbes poèmes qui nous parlent si fort aujourd'hui.
Michel Lagrange, avant de nous lire quelques poèmes, nous a montré une photographie qu'il a prise au milieu de l'hiver.
Se rendant à Dijon, il a aperçu au bord de la route, avant le village d'Aisey sur Seine, un arbre , peut-être mort, ou peut-être défeuillé par l'hiver.
Sur ses branches des dizaines de cormorans étaient perchés. Cette présence a inspiré le poète qui a composé de retour chez lui ce magnifique poème :
L'arbre aux cormorans
Grand arbre mort debout
Armé de cormorans
Comme autant de guetteurs
Postés pour scruter le mystère
Une vingtaine instinctivement regroupés
Selon des lois venues de loin
Apportées jusqu’ici
Répétition d’oiseaux-fruits mûrs
Essentielle harmonie de formes
Orchestrant les détails d’une perfection supérieure
Cette invention de la beauté
Me pousse hors de mes regards quotidiens
Je suis dans un spectaculaire
Etranger aux hasards
L’instant banal éclate
Un temps hors du commun des jours paraît
Seul véridique
Allumant dans mes yeux
Un chandelier porteur de magies noires
Il n’y a pas de révélations secondaires
Une anecdote a les profondeurs qu’on attend
Si l’on est prêt aux aventures
Et si la beauté va plus loin
Que le calendrier des apparences.
Michel Lagrange a été sollicité par un de ses amis vivant à Téhéran, pour composer des poèmes, destinés à accompagner un recueil de photos et d'œuvres d'art iraniennes.
Curieusement, dans cet Iran merveilleux, existe une légende, celle du Simorgh, oiseau fabuleux qui fait penser au "phénix".
Le poète soufi iranien Attar a écrit l'histoire d'une bande de trente oiseaux pèlerins partant, sous la conduite de la huppe, à la recherche d'un Simorgh dans le livre La Conférence des oiseaux (en persan : منطقالطیر).
À la fin de leur quête, ils découvrent leur moi profond .
La ressemblance entre l'arbre aux cormorans d'Aisey sur Seine et la légende du Simorgh et les trente oiseaux qui le recherchent, a inspiré Michel Lagrange qui a écrit ce second superbe poème :
L'arbre aux cormorans
A l’horizon
Un dôme en perfection turquoise
Et sympathie cosmique
Une rivière appelée autre part
Vers un soleil nouveau
Un arbre mort
Greffé de cormorans guetteurs
De passage ici-bas
Dans cet arbre humilié
Le diapason des oiseaux noirs
Une trentaine
Instinctivement regroupés
Selon des lois venues de loin
Pour donner corps à la Révélation future
Aucune envie de vol
Aucune incandescence
Au bord de la rivière
Une répétition d’oiseaux-fruits mûrs
Dans un arbre mort de chagrin
Couleurs de rouille et de plâtre étoilé
Autant d’oiseaux de l’ombre
Attendant la lumière
Autant de pèlerins désorientés
Un alphabet angulaire et coufique
Au hasard dans les branches
Espérant l’unité d’un texte sacro-saint
Cet arbre obligé au silence
Attend que je réponde
Et le délivre
En orchestrant les éléments d’un rêve éparpillé
Roulis des apparences
Emanation de la Beauté
La migration de trente oiseaux
Unanimement flambant neufs
Hubert Brigand, Maire de Châtillon sur Seine, a accepté, au nom de la Ville, avec un très grand plaisir le don des manuscrits de Michel Lagrange. Ces derniers iront enrichir, pour l'instant la Bibliothèque Municipale, puis dans quelque temps la nouvelle médiathèque.
Les premiers coups de pioche pour démolir l'ancienne grande surface le Marmont, auront lieu en juillet. La démolition sera délicate car le bâtiment est amianté.
La construction de la médiathèque suivra, et les manuscrits de Michel Lagrange y auront une place d'honneur.
Voici la pile des manuscrits offerts à la Ville par Michel Lagrange :
Et quelques uns de ces manuscrits, certains superbement illustrés par l'auteur :
Hubert Brigand a ensuite remis la médaille de la Ville à Michel Lagrange.
et des fleurs à son épouse...
Ce fut un bien beau moment d'émotion pour l'écrivain-poète, partagé par ses amis venus lui rendre hommage et le féliciter.
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Par Christaldesaintmarc le 22 Février 2018 à 05:55
Au début du vernissage des tableaux d'Hellen Halftermeyer et des sculptures de Pierre Mouzat dans la Galerie d'Or et d'Art de Châtillon sur Seine, Michel Lagrange a fait une mise au point très intéressante sur la notion de beauté dans l'Art.
Son texte avait toute sa place ici.
Quelques réflexions sur la notion de BEAUTÉ, face à des œuvres comme celles qui sont exposées aujourd’hui.
Beaucoup trop de visiteurs confondent beau et joli.
Est joli ce qui plaît, ce qui est agréable, facile, flatteur, décoratif. Une jolie fleur, un joli cœur… Je me rappelle des amis à qui je montrais un dessin de Pierre-Yves Trémois représentant des hommes en train de se battre, violemment. Ils ont accueilli ces dessins avec des cris d’horreur ! Ces spectateurs étaient sensibles de façon primaire et viscérale au thème de ce combat sans pitié, insensibles à la pureté admirable du dessin.
Est beau ce qui profondément nous touche, nous interroge, nous dérange par sa force, son harmonie nouvelle, son unité supérieure aux apparences. Une œuvre dont les éléments, même s’ils ne recherchent pas les critères de la beauté classique, créent une vague d’émotion par leur perfection formelle. Est beau ce qui bouleverse, même quand les apparences sont brutales, troublantes, horribles…Pensez à Jérôme Bosch, à Grünewald, aux damnés aux enfers des Jugements Derniers, à une symphonie de Chostakovitch, à une œuvre de Bernard Buffet, à un nu de Francis Bacon ou de Lucian Freud, à une sculpture de Marc Petit…
Ces œuvres sont belles car elles constituent un acte de vérité et la recherche d’une création unique, au service d’un univers où tout se tient, où tout signifie, où tout nous parle de nous et de notre condition humaine.
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Par Christaldesaintmarc le 23 Novembre 2017 à 06:10
Michel Lagrange, toujours inspiré par la Beauté, en littérature, musique, peinture, sculpture, arts de la scène....est présent à chaque vernissage de la Galerie d'Art et d'Or de Châtillon sur Seine, tant il admire les oeuvres exposées.
Inspiré par les peintures, les sculptures présentées avec art par Patrick Dupressoir dans sa galerie, il compose des poèmes qu'il lit devant le public.
Il l'a bien sûr fait lors du vernissage des peintures de Tatsuo Jikumaru et des bronzes de Juan-Carlos Carrillo samedi 18 novembre 2017.
Comme Michel Lagrange sait que j'admire infiniment les peintures de Tatsuo Jikumaru, qui nous a accueillies mes amies et moi dans son cours de peinture à Montbard, il m'a donné le superbe poème qu'il a composé en son honneur ...Merci à lui.
LES APPARITIONS DE JIKUMARU
Affleurement
Si loin… si proche...
Au bord de l’invisible,
On sort du temps,
Des pesanteurs de la réalité, des hasards de la prose,
Et des lois de l’espace.
Un rêve… il s’agit de rêver
D’u royaume intime étrange étranger…
À mi-chemin de l’univers sensible
Et d’une image issue des profondeurs…
Au fil d’un sable bleu,
La lune
Est en apesanteur magique,
Exprès pour que la nuit, de concert avec moi,
Murmure en paix.
Espace imaginaire
Et plus vrai que réel,
Où librement se défont nos lourdeurs
Qui sont de pauvres certitudes.
Entre mes yeux qui l’interrogent
Et l’apparition d’une femme,
Il y a cette imprécision
Précieuse…
« Il-était-une-fois » des contes
Illustre ainsi les contours vaporeux
Où vit le légendaire.
Apparition de femme…
Évasive… informelle…
Ailleurs et autrement…
Elle est… elle n’est pas…
Son index tendu désigne un mystère…
En approcher, c’est convertir la vie
Au plus intime, au plus offrant
D’un nouveau contre-jour.
Frémissements…Félicités…
L’écho d’une ombre
Est un soleil pâli.
Dans la paume du ciel,
L’hiver d’un arbre
Est un sillon vital
Dont il me garantit la profondeur.
Envol silencieux du plaisir,
Une autre clarté est à l’œuvre…
On est dans le chuchotement
D’un verset sur mesure.
On passe à travers l’apparence,
On y étreint une forme incertaine
Où rien ne réduit l’horizon…
Les limbes…
Existent-ils entre la vie et l’au-delà,
Comme entre la mort et le renouveau ?
Fruit d’or de l’idéal...
Qui confond brouillard et brouillon
Ne mérite pas cet envol d’oiseau.
Aucun effacement ne peut mettre à néant
Une idée souveraine.
Il la purifie
De toute anecdote.
Accommodant sur la beauté,
C’est l’infini que je rencontre.
Une harmonie… une vue spirituelle…
À s’enflammer pour un « peut-être »,
On met le feu à du hasard,
Et le destin s’en souviendra.
Le nombre d’or du temps qui passe
Est la mise en couleurs de ces apparitions.
L’amour…
Le désir de beauté m’oblige
À changer d’envergure et de lumière intime…
Apparition… secret providentiel…
Un homme au bord de l’au-delà
Ne peut pas crier ce qu’il peint.
Il murmure en couleurs
Le jeu subtil d’un filigrane
Encore en chrysalide…
Il apprivoise un univers qui pose une auréole
Autour de la Lumière…
Apparition… vertu d’offrande…
Et je sors victorieux de mes contours d’orage.
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Par Christaldesaintmarc le 14 Septembre 2017 à 06:00
Ce texte « Un troublant jeu d’échos » veut traduire le travail du sculpteur Éric de Laclos, dans la cour du Musée de Châtillon. Il a repris les deux statues mutilées trouvées auprès de la tombe de Vix, exposées au Musée, qu’il a « ressuscitées », semblables aux originaux, mais complètes, et renouvelées.
D’abord, il interroge la pierre. Il s’agit pour lui de dégager ce qui se trouve enfoui dans le matériau. De libérer ce qui demeure emprisonné. La mémoire du sculpteur et celle de la pierre travaillent de concert.
Il y a dans cette entreprise quelque chose de troublant. L’apparition d’une création originale et fidèle à un modèle antérieur de plusieurs siècles. C’est comme si le sculpteur repartait en amont, à la source d’une œuvre, tout en créant son propre univers, selon sa sensibilité et son propre style.
Le résultat est fascinant. Les œuvres achevées relèvent à la fois de la copie et de l’originalité, de l’identique et du dissemblable, du mensonge et du véridique.
Ce qui est le propre de toute création, qui puise dans la culture et dans le génie personnel de l’artiste.
UN TROUBLANT JEU D’ÉCHOS
Deux statues fondatrices
Au musée de mémoire,
Entre la vie glorieuse
Et la mutilation mortelle.
Une femme et un homme,
Assis, exilés du pouvoir,
Guetteurs décapités.
En bas, entre l’église et le verger,
Où la curiosité s’oriente et se prépare
Aux visions sans coutures,
Un sculpteur inaugure
Un chemin de mémoire.
A pris deux blocs d’un chaos primitif.
Les interroge à tour de rôle :
Te souviens-tu de cette femme
Et de cet homme, assis dans ce musée,
Frappés par la damnation de mémoire?
Conduis-moi vers ces deux guetteurs.
La pierre a donné son accord.
Remontant le cours de l’histoire,
Il taille… il cisèle…il travaille
En harmonie avec l’esprit et la main d’autrefois.
Comme un archéologue,
Il investit la nuit des hommes…
Alors que le verger
Sculpte ses fruitiers sans un bruit,
Chaque coup de ciseau pénètre un courant pétrifié.
Abîme et prospection.
Quelque chose en amont cherche à me parvenir…
Ce qui restait dissimulé,
Le sculpteur le retrouve
Et le réhabilite à ciel ouvert
Qui est de tous les siècles...
Un chant profond,
De l’estuaire à la source…
Invention… délivrance…
Union de la mémoire et de l’imaginaire…
Du pareil et du dissemblable…
Obscur, tellurique, ambigu,
Hier croyait finir quand il revient
Sur les versants de la coïncidence
Heureuse et véridique.
Une femme et un homme,
Auxquels je rends le souffle
Et la liberté d’exister
Posthumes.
Retour monumental à la sacralité
Profanée volontairement
Au temps où les statues étaient vivantes.
Opération magique où le temps rebondit
Dans l’imprévu de l’écho nouveau-né.
En sont témoins les copeaux de la pierre
Et le tremblement de mes mains
Striées par les siècles vaincus.
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Par Christaldesaintmarc le 20 Juin 2017 à 05:55
Lors du vernissage de l'exposition de "La cave aux oiseaux", en hommage aux découvertes de Jean-François Chéreau auteur de fouilles à Chamesson, Michel Lagrange a offert à Jean-François Chéreau, et au public, un superbe hymne à l'oiseau sous terre qui renaît à la vie lorsqu'il revoit la lumière...
L’OISEAU SOUS TERRE
Énigme à demi-effacée…
Avenir d’autrefois…
Rêve d’une ombre ensevelie…
La vie attend sous terre
Une exultation qui la justifie
Et la métamorphose.
Innocence et mystère…
Une espérance,
Un frémissement se souvient…
Le temps s’est arrêté,
Le temps qui vieillit dans nos caves
Et qu’on oublie,
Jusqu’à ce qu’il se fasse entendre…
Quelques pierres… un décor… des rinceaux de couleurs…
Un oiseau s’impatiente…
Hantée de souvenirs et de pressentiments,
Ma maison a connu, certains jours, des frissons
Que l’oiseau seul expliquera, plus tard…
Quel temps fait-il continûment sous terre ?
Une nuit d’exil écrasant,
Plus bas que ciel… plus haut que terre…
Enfin, la découverte au bout de mes tâtonnements…
Le tremblement du temps qui se délivre…
Le regard d’un oiseau rattrapé par la vie…
Entre chaos et sauvegarde,
Une œuvre d’art,
L’accord silencieux de la terre et de l’esprit.
Je suis l’acteur qui fait renaître
Un oiseau des siècles des siècles...
Espérant qu’il ne succombera pas
Aux éléments d’une terre étrangère
Et d’un ciel inhospitalier,
Je fais monter l’oiseau vers la lumière.
Dans le faux jour d’une fresque inventée
Par le besoin de vivre ailleurs,
Un oiseau apparaît,
Pour la première fois, perdu et retrouvé…
Cet oiseau… quelques autres…
Entre l’absolu de l’artiste
Et la cécité du sous-sol.
Illusion des temps confondus…
L’oiseau dont je ne savais rien
Se réalise et redonne à mes yeux
La naïveté de l’enfance.
Un oiseau, contemporain de mes jours
Autant que du peintre appliqué
Au panneau sans bruit de ses fresques.
À mes questions, l’oiseau répond
À hauteur d’homme.
Un souffle issu de mon passé
Devient mon avenir,
Comme si les événements de ce lieu de ma vie
Ne se succédaient pas,
Mais demeuraient contemporains,
Simultanés, heureux que nous nous retrouvions
Ici et maintenant.
Le paradis tient tout entier
Dans l’oiseau qui regarde un homme
En train de lui redonner vie.
Un homme, à revoir l’éclat d’une étoile éteinte,
Acquiert profondeur et vertige.
Il est réinventé.
A cappella, l’oiseau qui se met à chanter
Contient les chants de toutes les époques.
Il est mémoire… oubli… résurrection.
Un nouveau temps commence…
Un oiseau, les oiseaux sans nom
Qui font d’un arbre un pays de non-lieu,
Alors que se fait oublier
La nuit pesante et sans couture.
Oiseau que l’ankylose a failli pétrifier,
Mais qui reçoit de la curiosité solaire
Une envie d’envol à nouveau…
Ainsi pactise un soleil aujourd’hui
Avec l’Antiquité d’un village en Bourgogne…
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Par Christaldesaintmarc le 13 Juin 2016 à 06:00
"L'association des Amis de Saint-Phal représentant des hommes et des femmes très attachés à ce site millénaire, remercie Michel Lagrange et lui présente toute sa gratitude d'avoir su exprimer à travers des phrases poétiques le désarroi ressenti, après la découverte de cette chapelle éventrée, lacérée, triste accouchée de dalles disparues et vouées à couvrir des sols étrangers."
En hommage et remerciements à Michel Lagrange. Philippe Fonquernie
CHAPELLE SAINT-PHAL
Écorchée vive,
Au plus obscur de la nuit des humains.
Dépouillé, ton sol n’était pas
De simples pierres.
Tes dalles font partie
Du credo de nos siècles.
Insultée sans scrupules
Et rendue à la terre,
Tu es labourée comme si
Tu pouvais donner plus de fruits
À ta colline aux arbres verts.
Tout un pan de ton histoire est parti,
Vandalisé, martyrisé,
Petite église au sommet de toi-même.
Dilapidé dallage originel…
Une apparence horizontale
En souvenir de nos gisants,
Mais à hauteur de l’espérance et de la foi…
Ainsi, le Christ fut dépouillé
De ses vêtements de blancheur,
Tourné en dérision.
Blessé au flanc.
Et nous, terre battue, et autant dévastés,
C’est d’un dallage intemporel
Que nous nous trouvons investis
Au sablier de notre temps.
C’est l’humilité de l’humus
Que ce désastre ici découvre.
Il nous rappelle un désert aux pieds nus,
Et le secret d’une prière
À contre-courant de la nuit des hommes.
Rien ne profanera le credo qui nous porte,
Et chaque dalle,
Obligée de servir, ailleurs et autrement,
Dira nos fondations vitales.
( Michel Lagrange. Lauréat de l’Académie française.)
Monsieur Fonquernie vous communique :
Un concert de musique baroque, chant et clavecin, sur le thème de la mélancolie sera donné le samedi 9 juillet à 20h30 dans la chapelle.Nous aurons le plaisir de vous y retrouver malgré les dégâts causés par des êtres sans foi ni loi.
Réservez par avance votre soirée dont les bénéfices iront à la restauration de la chapelle Saint-Phal.
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Par Christaldesaintmarc le 5 Février 2016 à 06:00
Michel Lagrange a été bouleversé par les assassinats perpétrés par des barbares, assassinats d'êtres humains, mais aussi destructions d'œuvres d'art millénaires.
Il a composé ce magnifique poème qu'il m'a autorisée à publier, merci à lui.
L’INCENDIE
L’inévitable est arrivé.
Le temps s’est corrompu.
Il a spontanément mis à feu
Et à sang nos œuvres majuscules.
Tourments des brasiers sur notre idéal
Accumulé le long des siècles,
Et dont l’écho est dans le cœur
De nos besoins de certitudes.
Ouvrant le rythme des saisons
À l’au-delà des jours,
La beauté de tant de chefs-d’œuvre
Est devenue vertu vitale
Offerte à l’air que je respire
Et qui me garantit
Mon statut d’être humain.
Ricanements des livres convulsés,
Crépitements des toiles peintes,
Éclatements des marbres purs
Promis aux décombres nocturnes...
Ces œuvres sont la proie des flammes,
Exterminées par le plaisir
Sans regard des sentences.
L’enfant qui meurt… l’œuvre d’art qui s’éteint…
Mêmes douleurs, mêmes blasphèmes,
Même effroi scandaleux
Pour le déshérité
Dont le désir est plus grand que la peur,
Et qui a faim chaque jour au désert.
J’ose espérer que ma douleur est bonne,
Et que dans l’air chauffé à blanc
L’esprit des morts s’élève au ciel
Pour ne plus retomber dans nos indignités.
Je crois au paradis des œuvres d’art,
Et des enfants martyrs.
Ce paradis tourne autour de la terre
En anneau bienfaisant…
Il donne ses couleurs aux jours festifs
Où Orphée se déplace en altitude et profondeur,
Au nom de l’idéal humain…
Ce sont les jours de l’espérance
Où l’homme en quête de repères
Attend la mort pour ne plus avoir peur
De vivre
Exclu de ses chefs-d’œuvre.
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Par Christaldesaintmarc le 22 Septembre 2015 à 06:00
Après le concert spirituel donné en l'église Saint-Pierre, anciennement Notre-Dame, par les Ambrosiniens, la Schola de Pontigny et les Dames de Pontigny, Michel Lagrange a dédicacé son nouveau livre, illustré de photos de Bernard Béros : "Le dernier jour de saint Bernard" suivi de "Clairvaux, Prison-Prière"
Michel Lagrange a dédicacé son ouvrage à de nombreux châtillonnais, en dédiant à chacun un message personnel, superbe preuve de son humanité et de sa bienveillance.
Bernard Béros y a ajouté sa signature.
Et avec chacun des lecteurs, ils ont eu un contact chaleureux...
La première partie du livre de Michel Lagrange est consacrée à saint Bernard, qui, sur son lit de mort, se remémore sa vie qui, bien que courte, fut si intense spirituellement et matériellement.
Le texte est magnifique et émouvant, on suit en effet Bernard depuis sa tendre enfance, à côté de ses parents et de ses frères et sœur, on le retrouve à Saint Vorles auprès des chanoines, à Citeaux qu'il rejoignit avec de nombreux adeptes, bien sûr à Clairvaux qu'il fonda et lors de ses nombreuses rencontres et voyages, malgré sa santé chancelante.
Bernard Béros a illustré le texte de l'auteur avec des photos qui nous montrent les lieux où le saint à vécu.
Quelques pages parmi les nombreuses qui illustrent si bien le livre :
A Châtillon sur Seine :
A Citeaux :
A Clairvaux :
La seconde partie du livre de Michel Lagrange s'intitule "Prison-Prière". Ce poème poignant lui a été inspiré par la vue des miradors de la prison de Clairvaux où les surveillants pénitentiaires regardent vers le sol ...alors que du temps de Bernard, les moines levaient les yeux vers le ciel en d'ardentes prières..
Bernard Béros a encore ici illustré l'ouvrage de Michel Lagrange de belles photos, voici deux exemples parmi de très nombreuses pages, qui nous montrent Clairvaux que d'habitude on n'a pas le droit de photographier.
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Par Christaldesaintmarc le 25 Novembre 2014 à 06:00
Michel Lagrange, poète et écrivain bien connu dans notre région, a écrit un superbe texte sur son pays d'adoption, le Châtillonnais, dont il décrit et valorise toutes les facettes.
Il a eu l'excellente idée d'offrir son manuscrit à la Ville de Châtillon sur Seine pour qu'elle le remette à la Bibliothèque Municipale.
François Gaillard a eu le grand honneur de présenter Michel Lagrange à l'assistance, lui qui l'a eu comme professeur de Français au Lycée Désiré Nisard. Il l'a fait avec beaucoup d'émotion, tellement il a apprécié cet enseignant qui sut si bien lui ouvrir les portes de la culture.
Michel Lagrange, avant la lecture de son texte "Leçon de paysage en hommage à la ville de Châtillon sur Seine", nous a conté pourquoi il est tombé amoureux de notre petit coin de Bourgogne. Nommé dans le Châtillonnais, ses camarades de Faculté le prévenaient que ce pays "lointain" était "ravitaillé par les corbeaux" !!! il n'en a eu cure, et a découvert , en compagnie de son épouse, elle aussi professeur au lycée, les immenses charmes de sa région d'adoption. Tous deux auraient pu demander leur mutation, ils n'en ont rien fait, tant ils ont été séduits par la richesse de notre territoire : nature splendide, histoire monastique très riche, découvertes datant du Halstat uniques au monde, avec la tombe de Vix et bien d'autres merveilles négligées par les dijonnais qui pensent que le Châtillonnais est un désert humain et culturel ! Qu'ils ont tort !
Michel Lagrange nous a ensuite lu sa magnifique ode au châtillonnais, un long texte passionné... et passionnant. Nous avons été suspendus à ses lèvres tant son texte était magique, évoquant la princesse de Vix "au bois dormant", la Douix, Saint Vorles, Saint Bernard, les églises, les maisons anciennes, la nature avec la Seine près de sa source, les forêts de feuillus qui abritent des espèces rares et une faune magnifique, l'histoire ancienne et contemporaine...
C'était très beau, bravo monsieur Lagrange pour ce cadeau que vous faites à la ville et à ses habitants qui pourront consulter votre si beau manuscrit.
Peu d'ouvrages littéraires ont été consacrés à la ville de Châtillon sur Seine et au Châtillonnais. Francis Carco dans "mémoires d'une autre vie" l'avait fait auparavant, mais d'une façon romanesque... sans égaler votre magnifique ouvrage qui glorifie notre région.
Le manuscrit a été ensuite remis à Hubert Brigand, Maire de Châtillon sur Seine....
qui l'a confié ensuite a Annick Gueneau la Bibliothécaire...
Mon vœu le plus cher : que ce manuscrit soit imprimé et que chaque Châtillonnais puisse l'acquérir et le transmettre plus tard à ses enfants et petits enfants, car toutes les beautés passées et présentes de notre chère région sont réunies dans le texte de Michel Lagrange.
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Par Christaldesaintmarc le 23 Avril 2014 à 06:00
Michel Lagrange s'est rendu très souvent dans l'église Saint-Nicolas de Châtillon sur Seine pour voir travailler la restauratrice Aude de Linares.
Cette dernière a, en effet, restauré les tableaux qui ornent le chœur de l'église, tableaux ternis, souillés, à qui elle a redonné vie.
Michel Lagrange l'a observée, et s'est inspiré de son travail pour écrire un merveilleux poème qu'il m'a envoyé...
Le voici, merci à lui de m'en avoir fait cadeau bien avant l'inauguration officielle :
RETOUR AUX SOURCES
Entre les yeux de l’habitude
Et la poussière,
Il y a eu des mois et des années
Qui ont rembruni le chef-d’œuvre.
Une Vierge-à-l’Enfant,
Frustrée par les brouillards
D’un temps qui ne sait que vieillir,
Aura souffert de l’érosion de nos curiosités.
L’eau vive oublie ses pentes
Et la fraîcheur des plaisirs nouveau-nés.
Nos yeux sans acuité sont des soleils éteints.
L’eau stagne
Où des noyés s’enfoncent…
Égarée dans l’anonymat,
Enfouie dans les sillons des siècles,
Une foule de personnages
Attend le retour des ferveurs…
C’est un travail contre la mort
Que ma main réalise,
Obéissant aux vœux de l’origine…
Il faut pénétrer l’œuvre d’art,
Sonder l’obscurité du ciel,
Redonner le sourire à la soie des manteaux,
Dissoudre les ténèbres,
Inaugurer nos soifs.
Sauver la Lumière en train de sombrer
Entre deux eaux,
Celle du jour qui n’en peut plus,
Celle du soir qui en profite…
Essuyer les visages,
Comme si Sainte Véronique
Animait mes pinceaux,
Rendre son vol vibré sans faute
À la Sainte Colombe,
Avec deux majuscules,
En réincarnant l’Esprit Saint,
Et la Bonne Nouvelle…
Et rendre au peintre innocenté sa liberté
De génie créateur.
En espérant que se révèle
Une île et son trésor,
Une épave, une aubaine…
Un ange attend
Pour épouser l’azur.
J’essuie les larmes des tableaux,
J’agrandis les fenêtres,
Et redonne aux constellations
Posthumes
Un regain de ferveur.
Encrassés, vigilants,
Les figurants du ciel et de la terre
Ont fait semblant de s’endormir…
Leurs propos se sont enlisés
Avec l’écho silencieux de nos murs.
Ils sont en train de sortir de l’éclipse,
Et de renaître à la clarté
Qui leur a donné l’existence.
Ils vont redevenir contemporains.
Je guéris les blessés,
Je fais refleurir le bois mort.
Je suis le soleil du compte à rebours…
Du limon, la vie recommence
À respirer.
C’est le temps qui s’inverse,
Et le ciel promis qui revient
A cappella.
De l’orage au ciel purifié,
Le vent se lève.
Il était lourd de saisons mortes.
Il reprend vie.
Du bas-relief à la hauteur,
Toute Beauté, ce sont des retrouvailles.
Un personnage …un autre… un autre…
Émergeant des erreurs du temps…
Toujours dans la dispute
À propos de l’Eucharistie…
Tous affairés par le mystère
Et retenus par l’horizon des hommes,
Alors que le soleil vainqueur
Reprend ses illuminations
Dans le cercle éternel…
La Sainte Colombe a viré ses ailes de grisaille.
Elle éblouit
Dans la blancheur
Où son cœur bat.
La vertu des anges est en vie.
Le si long mercredi des cendres
A disparu…
Les personnages sont en train
De renaître au débat confisqué par l’obscur…
L’ostensoir a repris son vol surnaturel.
Les angelots de l’Évangile
Ont aimé l’Esprit blanc qui les a libérés.
Du mensonge à la Beauté qui dit vrai,
Je rends à l’esprit son pouvoir subtil
Au cœur de la matière.
Entre la Lumière initiale
Et l’obscurité d’aujourd’hui,
Je jette un pont providentiel.
Selon Saint Luc, la Lumière est préméditée.
Quand la Beauté refait surface et profondeur,
Nous redevenons lumineux
Et nous rajeunissons
Dans un cycle nouveau.
Je lave les yeux clos du Christ.
Ils vont s’ouvrir au jour de Pâques
( Michel Lagrange, avril 2014)
( N.B. :Les belles photos qui illustrent le poème, sont de Michel Lagrange, je ne les ai pas signées de son nom pour ne pas les dénaturer)
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Par Christaldesaintmarc le 6 Octobre 2013 à 06:00
Michel Lagrange, écrivain et poète châtillonnais, et Jean-Louis Gand, compositeur dijonnais, se sont retrouvés au Musée des Beaux-Arts de Dijon, pour présenter une œuvre qu'ils ont élaborée en commun "La cantate des Pleurants".
Les voici tous les deux dans la cour de Bar du Musée avant leur conférence.
Les deux auteurs ont été présentés au public, venu nombreux (il y avait une délégation châtillonnaise !) par la Directrice du Quatuor Manfred.
Michel Lagrange nous a confié combien les pleurants des tombeaux de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur avaient marqué son enfance... En effet la tristesse de ces personnages qu'il venait très souvent admirer avec son père, lors de visites au Musée des Beaux Arts, rejoignait la sienne.. Michel Lagrange a connu, très jeune une tragédie, celle de la perte de sa mère.
Cette tristesse, cette douleur des pleurants, Michel Lagrange l'a faite sienne, car ils sont nos frères dans la souffrance ...Il nous le dit dans la préface de son livre "Deuillants, pleurants ...et fraternels" :
Ce sont des êtres humains que j'aborde, et qui m'abordent, échantillons d'humanité universels.vus de si près, ils me confient leurs émotions qui sont de tous les temps....
Avec mes sens et mon esprit, j'ai de la compassion pour eux. Leur procession de foi devient la mienne. Ils me voyagent, au-delà de leur apparence, au-delà de moi-même. Au point que je deviens l'un d'eux....
Jean-Louis Gand et Michel Lagrange sont amis depuis toujours. Et lorsque Michel a envoyé à Jean-Louis son livre ""deuillants, pleurants et...fraternels", ce dernier, ébloui par l'écriture si merveilleusement poétique de son ami, a pensé mettre le texte en musique...
Le poème de Michel Lagrange, c'est une réflexion sur la mort, mais aussi sur l'espérance..
Jean-Louis Gand a tout de suite pensé confier texte et musique au quatuor Manfred qui a immédiatement accepté. Mais il a voulu absolument qu'en plus des cordes, il y ait une voix humaine parlée et chantée, pour que les auditeurs suivent le cheminement de la pensée de Michel Lagrange.
Cette voix , c'est celle de Pierre-Yves Pruvot, baryton.
Pour que la Cantate des Pleurants soit parfaite, Jean-Louis Gand a demandé à Michel Lagrange d'écrire trois autres grands poèmes. En effet le compositeur voulait évoquer une montée qui part des pleurs, qui se poursuit par une imploration, continue par l'apparition de la lumière et se termine par l'espérance.
Il a donc écrit six pièces : trois pour le quatuor seul et trois pour quatuor et baryton.
La "cantate pour les Pleurants" est une œuvre conséquente qui, avec le texte, fait au moins quarante minutes.
Jean-Louis Gand nous a confié que ce qui l'a beaucoup intéressé c'est la conjonction du texte et de la musique.
Les auditeurs ont demandé à Michel Lagrange s'il écrivait en compagnie de musique...il a répondu que tout son travail poétique n'était que musique , puisque les mots sont comme des notes... Il s'est dit très impatient de découvrir "La Cantate des Pleurants" dans son intégralité, puisqu'il n'en avait entendu que des extraits l'après-midi lors des répétitions...
"Deuillants, pleurants", le livre de Michel Lagrange a été présenté dans cet article : :
Quelques uns de ces pleurants ont fait le tour du monde, ils sont revenus, heureusement, au pied des tombeaux des Ducs Philippe le Hardi et Jean sans Peur.. Ce sont de pures merveilles d'albâtre...
Le tombeau de Philippe le Hardi :
Le tombeau de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière :
Voici les photos de quelques pleurants, auxquels j'ajouterai des extraits du poème initial de Michel Lagrange, publié dans "deuillants, pleurants et ... fraternels" :
A l'ombre du Hardi, ces figurants
Sont les apprentis de la mort
Au b à ba de la douleur humaine.
Illuminés de l'intérieur,
Ceux qui se sont perdus dans le soleil rituel
Ont oublié leur nom.
Ils ont affaire ailleurs
Aussi vont-ils, patients,
La tête offerte à la résurrection,
Les yeux perdus dans l'au-delà.
Pour que chacun oublie les rumeurs printanières
Et que la mort ne puisse pas les reconnaître,
On a revêtu les pleurants
de lourds manteaux de deuil.
Les grains des chapelets sont le temps moissonné de l'âme,
Si lents, si lestés
Par les oraisons...
(Le livre de Michel Lagrange, "Deuillants...pleurants...et fraternels", illustré de très belles photos de Bernard Béros, est édité par A&R éditions et se trouve dans toute bonne librairie de notre région. N'hésitez-pas à vous le procurer, il est magnifique )
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Par Christaldesaintmarc le 23 Octobre 2012 à 06:00
Invité par la Bibliothèque Municipale de Châtillon sur Seine, Michel Lagrange nous a présenté son dernier ouvrage, un roman intitulé "Éclats d'enfance". C'est son deuxième roman, après "les morts de Sébastien Danger", Michel Lagrange publiant le plus souvent des oeuvres poétiques, la dernière étant "Contre-jours"..
Dans ce roman, l'auteur qui se revoit enfant, retrouve difficilement des bribes de souvenirs de son enfance dijonnaise, souvenirs souvent occultés par la "catastrophe originelle" que fut pour lui la mort de sa mère.
Il y a l'enfant, appelé Jean,.qui raconte naïvement les petits riens de sa vie, et puis il y a Michel, l'adulte, qui après chaque anecdote livre ses réflexions sur la vie, la mort, à la manière du choeur antique.
"Le petit Jean est un homme en retard. En oblique, la mort, depuis toujours a compromis sa fondation d'adulte. Elle exerce, en basse continue, son droit de préemption sur un trésor vital"
Annick et Françoise, les bibliothécaires ont lu des passages du roman , passages qui ont permis à l'auteur, ensuite, d'expliquer le sens de ces deux voix qui se succèdent: celle de l'enfant et celle de l'adulte
Michel Lagrange dit qu'il a quelquefois oublié ce qu'il a écrit...la lecture de passages de son livre l'a visiblement ému..
Certaines anecdotes racontées naïvement par Jean, font comprendre à l'adulte Michel, la force de l'inconscient : par exemple Jean qui aime beaucoup, comme une mère, la jolie boulangère de la rue François Rude la voit trancher le pain avant de le vendre..amour et mort se mêlent pense l'adulte.
De même ce kaléidoscope qui donnait tant de plaisir à Jean, par ses couleurs de vie, devient inutile et mort, lorqu'il l'a démonté.
Lorsque Jean parcourt le labyrinthe de la fête foraine, il s'amuse de son reflet dans les miroirs...Michel y voit deux pôles: comme Narcisse l'enfant s'admire, mais le miroir lui ouvre aussi l'espace, l'océan, l'aventure...le destin.
"Eclats d'enfance" est donc une oeuvre très originale, on y trouve des scènes anecdotiques sans chronologie, entrecoupées des réflexions de l'adulte, plus sereines, plus mûres.
J'avoue que je m'étais, à première lecture, surtout attachée aux souvenirs anecdotiques de l' enfant, souvenirs qui furent pratiquement les miens puisque j'ai vécu à la même époque à Dijon...Mais, à la seconde lecture j'ai apprécié les réflexions de l'adulte, et maintenant lorsque j'évoque ma propre enfance, je tente de comprendre pourquoi et comment ma vie s'est orientée vers l'adulte que je suis.
Les lecteurs ont beaucoup apprécié la présentation par Michel Lagrange de son dernier roman et lui ont demandé de le dédicacer.
Pour ma part je me suis procurée son premier roman "les morts de Sébastien Danger", et j'ai eu droit à une dédicace chaleureuse, à l'image de son auteur...
Merci à Michel Lagrange pour sa présentation de son livre, un roman qui dit-il "serait plutôt une enquête, entre l'oubli et la convocation de témoignages comme autant de résurgences inespérées.
Qu'est ce que cette résurgence ? Qu'est ce que ce temps disparu ? D'où revient-il ? Peut-on lui faire confiance ? De quels échantillons d'éternité sommes nous faits ?"
"Eclats d'enfance", un livre à lire absolument....
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Par Christaldesaintmarc le 9 Septembre 2012 à 06:00
Michel Lagrange , auteur bien connu dans le Châtillonnais pour ses beaux ouvrages poétiques, vient de publier un livre consacré à son enfance dijonnaise, intitulé "Eclats d'enfance".
Dans ce très beau texte, tout de sensibilité et de pudeur, l'auteur-enfant nous raconte sa vie dans les années qui ont précédé et suivi la mort de sa mère. Et, entrecoupant ces récits, c'est l'auteur-adulte qui nous fait part de ses réflexions sur la mémoire, sur l'analyse de ses souvenirs.
Une plongée dans une enfance qu'il croyait oubliée mais qui refait surface: il se revoit dans l'appartement de sa famille rue du Château, observant les boutiques pittoresques de la ville, allant à l'école... passant ses vacances à Blaisy-Bas, séjours qui furent sans doute, par son observation de la Nature, (avec un grand N), le ferment de son amour pour la poésie.
J'ai lu cet ouvrage avec beaucoup d'émotion et pour plusieurs raisons: sans se rencontrer, sans être parents (car nous portons le même nom), mais vivant lui, rue du Château, moi, au coin de la place Jean Macé et de la rue du Bourg, nous avons vécu à la même époque, dijonnais tous les deux.. Tous deux nous avons connu les mêmes émotions (ah ! Fernand, cassant des assiettes place Grangier !), nous avons fréquenté les mêmes endroits, jardins dijonnais, magasins, nous avons même été soignés à la clinique Sainte Marthe pour le même mal :un panaris... et nous avons fini tous les deux par habiter Châtillon sur Seine, après une vie consacrée à l'enseignement, c'est troublant, non ?....
Nous nous sommes peut-être croisés, qui sait, avant de nous connaître à Châtillon, bien plus tard !
La seule différence, et elle est de taille, c'est que moi, durant cette époque, j'avais ma maman, lui l'avait malheureusement perdue..
Je vous conseille vivement de lire "Eclats d'enfance", un bien beau livre qui nous dévoile le Dijon pendant et après la guerre, et surtout, surtout, qui nous présente un très attachant portrait d'enfant: le petit Jean, alias Michel...
A signaler qu'en octobre, Michel Lagrange viendra évoquer son enfance et dédicacer son ouvrage à la Bibliothèque Municipale, une rencontre à ne surtout pas manquer !
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Par Christaldesaintmarc le 3 Septembre 2012 à 05:55
Lors du si beau concert de Faverolles les Lucey, tandis que l'orage grondait au-dehors, une chauve-souris, cachée dans le retable de Saint Pierre qui orne magnifiquement le choeur de l'église, s'est mise à voler au-dessus des spectateurs...je ne l'ai pas vue, obnubilée par les musiciens et le chanteur que je photographiais..
Mais Michel Lagrange, lui, l'a observée, et cette vision l'a inspiré ...Il a écrit un beau poème qu'il a offert à Laurent Schembri pour le remercier de son accueil si chaleureux... et qu'il offre aussi aux lecteurs de ce blog..
Ce poème, le voici :
CONCERT À FAVEROLLES
Échappée du retable,
Affolant la lumière
À coups d’obscurité battante,
Une chauve-souris dans le chœur de l’église...
À travers les fenêtres,
On voit le ciel du soir
Soutenu par des arcs-boutants.
Architecture en simulacre,
Édifiant le reflet virtuel
En noir et blanc du chœur
Sur un versant voûté d’orage…
Une autre église en double,
Unissant dehors la pierre
Et le ciel…
Pseudo miroir
Au sacrement du hasard des éclairs.
Près du retable où Saint Pierre est en ascension,
La chauve-souris ne sait plus
À quel projet de ciel se vouer.
Dehors… dedans… trompant son vol…
Et soudain la musique !
Aucun espace en dehors du baroque,
Aucun repère à part cette beauté
Venue de loin, de haut…
Révélation d’un livre ouvert
Et converti en clavecin… théorbe…
Et voix d’homme en exubérance.
Efforts de la lune en plein ciel
Entre deux cumulus…
La lumière au couchant s’attarde
En vibrations-rumeurs.
Musique au flanc de la nuit redoublante…
Il fait de mieux en mieux soleil
Dans le chœur de l’église.
Il pleut dehors.
Tremblements du ciel noir
Sur floraison mouillée du sol
Effaçant le chant des oiseaux,
La tiédeur poussiéreuse
Et le parfum de prose
Épuisée par son propre poids.
Succession des accents de lune
Aux loteries du ciel.
Nuit originelle et musique
Ont chacune un privilège à sauver.
Afin de nous porter plus haut que nous,
La beauté nous prend pour ce que nous sommes,
Impatients, désireux, complices...
On peut pleurer de joie quand la beauté
Renverse un à un nos raisonnements.
C’en est fini de nos pensums de vivre
Et de nos restrictions !
Le jour revient, danseur, chanteur,
Humain comme jamais.
La chauve-souris s’est éteinte, ayant pris peur
D’avoir frôlé tant de beauté ce soir.
(Michel Lagrange, le 29 août 2012)
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Par Christaldesaintmarc le 8 Octobre 2011 à 06:35
Michel Lagrange, notre poète Châtillonnais, vient de publier un superbe ouvrage,illustré de somptueuses photographies de Bernard Béros., un ouvrage où me dit-il :"Face à la Mort, les sentiments, les gestes ont une force humaine intemporelle..."
J'ai retrouvé dans les poésies de Michel Lagrange toute cette admiration que j'avais eue, enfant, devant les pleurants qui se trouvent autour du tombeau de Philippe le Hardi , au Musée de Dijon.
Ces pleurants d'albâtre, au visage découvert ou caché, si petits, mais si expressifs, m'ont toujours fascinée ..Ils sont tous différents, ces magnifiques "deuillants" comme les nomme Michel Lagrange.
Vous en verrez de nombreux dans son ouvrage, dont j'ai scanné quelques pages..
Quant aux poésies, elles sont sublimes...comme d'habitude...
(cliquer pour mieux lire)
Quelques informations sur le tombeau de Philippe le Hardi et ses pleurants :
Le tombeau de Philippe le Hardi au Musée des Beaux-Arts de Dijon
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Par Christaldesaintmarc le 3 Septembre 2010 à 06:30
Michel Lagrange,grand poète Châtillonnais, m'a fait l'honneur de me confier un des poèmes qu'il a écrit , inspiré par la vue du très beau sépulcre de l'église Saint Vorles...
Voici ce qu'il nous dit de l'inspiration qui l'a saisi devant cette magnifique mise au tombeau..
Ce texte, écrit en face de la mise au tombeau de l’église de Saint-Vorles, à Châtillon, est une méditation poétique sur le « Grand Mystère » de la mort et de la résurrection.
Même si une corde sépare les visiteurs des statues, il s’agit de la franchir, de passer outre, et de rejoindre ces statues, ce qu’elles incarnent…
D’abord, c’est l’angoisse, celle de ne pas être à la hauteur, de voir dénoncées ses propres ombres, ses manques, ses fautes… Le scandale est la mort du Christ, qu’il faut comprendre, et accepter, au-delà des réactions passionnelles, humaines, trop humaines…
La description de certains détails, loin de nuire à la portée du message, est chargée de les éclairer, faisant partie de la révélation.
Peu à peu, la communion s’établit entre le spectateur et les témoins directs de la mort scandaleuse du Christ. Il se fraie un passage, il adhère, il participe. Il est de plain-pied avec le silence et le message. Il est passé au-delà des apparences, au-delà du temps dont le spectacle est la mise au tombeau. Dans une éternité nouvelle.
Voici le très beau texte de Michel Lagrange,que j'ai scindé pour y intercaler des photos des personnages de cette mise au tombeau (avec sa permission)
MISE AU TOMBEAU
Mise au tombeau.
Une corde arc-en-ciel
Entre les vivants et les morts.
Je suis venu mécontent de ma vie.
Insuffisant. Au niveau courant de ma pente
Et curieux de toucher du doigt
Les plaies représentées par l’écho d’ici-bas.
Il faut passer par le tragique
Où la vie se déploie.
Partager la souffrance avec
Celle de Dieu qui est
Parmi les hommes,
Et les oblige
À des sublimations
Sans précédent.
Je suis comme un nomade affrontant des statues.
Comme un chevreuil qui voit venir quelqu’un…
Je voudrais me cacher.
En moi, l’angoisse.
Un tremblement profond. De qui se sent fautif
Et responsable.
Au-dessus de l’abîme, un corps
Est allongé,
Qui n’aurait jamais dû mourir.
Mais qui est mort,
Dans l’innocence,
Exprès pour sanctifier la mort
Et passer outre.
Un gisant pèse lourd.
Du poids de nos douleurs
Et de sa défection.
Il est impénétrable
Et divorcé de nous.
Sa bouche à demi close
Est un autel désaffecté.
Tous les morts ont des traits communs.
Ils font bloc dans l’absence
Et dans le froid qui les durcit.
Nous qui restons sur notre rive
Avons du mal
À ne pas nous sentir de trop.
Dans cette mort, le Christ est en exil.
Le temps méchant se fait prioritaire.
En attendant…
On est encore en cet instant
Sur le versant mortel de la crucifixion,
Dans le temps suspendu.
Alors que se profile
Un rendez-vous posthume
Avec la réconciliation glorieuse.
Absenté par la mort,
Le Christ a laissé porte close,
Avec la clé dans la serrure.
Un mystère à retardement – trois jours –
Va éclater.
Madeleine en sera témoin
Avant les autres.
Dans la douleur des survivants,
Les contemporains du Christ
Sont perdus.
Figés, comme le Christ,
Dans l’apparence
Où se complaît l’histoire.
Entre la rigidité du cadavre
Et la résurrection promise.
Leur désarroi n’est qu’une hésitation
Au carrefour du temps,
Où la mort du Christ a eu lieu.
Elle est coincée dans leur esprit
Comme un squelette
En travers de la vie confiante.
Tête à bout de patience,
Regard mi-clos,
Comme si fermer à demi les yeux
Diminuait l’éclat du scandale.
Ils ont la bouche entrebâillée
Afin d’évacuer les relents
De la mort dont les mots fermentent
Sur la paroi du sarcophage,
On voit les douze,
Habillés à l’antique.
Ils cherchent la parole et le mot guérisseurs.
Le bras posé de saint Jean sur Marie
Jette un pont de chaleur humaine,
En dépit de l’éclair de nuit
Qui a rompu la pierre.
Depuis que le flambeau a disparu,
La nuit n’a rien multiplié.
L’incandescence a des pouvoirs
Qui ne dépendent pas de nous.
L’épée brandie
N’existe plus,
Même si le bras du soldat
Pourfend le vide et joue les matamores.
Les donateurs sont plus petits
Que les contemporains du Christ,
Auxquels ils ont laissé
La priorité du geste officiel.
Ils sont agenouillés
Pour être à la hauteur
De l’affliction priante humaine.
Ils n’ont que l’âge en eux
De leurs mains réunies
Sur les mots silencieux de l’âme.
La femme est mutilée.
Ne souffre pas, n’interrompt pas pour autant
Sa prière.
Retrouvera ses mains
Au détour du chemin de la résurrection,
Déposées bien en vue,
Sur un bord de fenêtre,
Comme deux gants oubliés là…
Ces donateurs sont au courant
De ce qui aura lieu
À la fin du troisième jour.
Ils n’ont gardé que l’espérance
En écoutant le flux de la prière
Ouvrir en eux des sillons de fraîcheur paisible.
Au cimetière, à côté de Saint-Vorles,
Les morts sont enfermés
Dans un jardin de gravillons
Scrupuleux et balayés par le vent.
Trois jours et des poussières,
À l’ombre d’un château ruiné…
Le temps ne passe pas.
Se décompose un peu,
Plus lentement que la mémoire…
Ces morts sont en souffrance.
Oublieraient-ils que le Maître a péri
Avant eux, et qu’il a reparu avant eux,
Pour qu’il y ait résurrection de tous ?
Je vais je viens d’une émotion à l’autre.
Et me réconcilie avec le Christ
Au point de mire universel.
Il y a tant de mains ici
Que je ne sais laquelle apprivoiser.
Tenir entre les miennes.
Il y a tant d’humanité ici
Que l’homme est dépassé.
Et que le vide a disparu,
Et que le manque est bienvenu
Pour accueillir le Grand Mystère.
Le silence est habité par la grâce.
Il est ici chez lui.
Elle est ici chez nous.
Mon passage au milieu de l’unanimité
Tient du miracle.
Et ne fait ni remous ni confusion.
De près, je vois que ce n’est pas
Le goût de la mort qui s’impose
Entre les lèvres.
Je me mêle aux statues.
C’est comme si nous partagions
Une mission connue par cœur,
Et, bien avant de naître,
Initiatique.
C’est comme si j’étais le premier à leur dire :
« Attendez trois jours ! Revenez ! »
Clairvoyance intuitive !
Irradiation du sens au-delà du non-sens !
Je fais partie de la famille.
C’est la mise au tombeau du temps.
Merci, Monsieur Lagrange, de ce merveilleux poème dont vous avez fait cadeau à mes lecteurs et à moi-même..
NB: les dessins de la tête du Christ et de Marie Madeleine sont tirés du manuscrit de Michel Lagrange.
(Des commentaires sur le thème de l'article seront les bienvenus, ils me montreront que ce blog vous intéresse et ils me donneront envie de continuer.
Merci.)
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Par Christaldesaintmarc le 8 Janvier 2010 à 06:30Depuis de nombreuses années,Michel Lagrange compose pour les fêtes des Châtillonnais, un conte, publié dans notre journal local..
Cette année ,c'est près de la mare de Darbois qu'il a fait vagabonder son imagination, cette si jolie mare que m'a fait découvrir Monsieur de Pougnadoresse.(voir le chapitre "Châtillonnais":la mare de Darbois)
Trouvant le texte de Michel Lagrange si poétique,je lui ai demandé l'autorisation de le publier , ce qu'il m'a accordé avec sa gentillesse coutumière...
Merci à lui !
La mare de Darbois
Depuis huit jours,début décembre,j’étais resté enfermé dans mon bureau à cause d’une sorte de grippe qui ne disait pas son nom.
Un gros rhume plutôt.Qui à coups de grogs et d’aspirine, avait bientôt disparu.Le temps s’était mis à la neige qui affolait les gens et paralysait le pays. j’enrageais parce que j’aurais dû aller à Dijon pour une réunion de bureau, puis une assemblée générale.Mais la prudence était de me faire porter pâle ; blanc comme neige plutôt ! Je pestais contre les éléments et contre mon impuissance.
Nous étions lundi 21 décembre.La neige était figée sur les trottoirs, de moins en moins déblayés.J’en avais assez de ce mélange de verglas et de boue sale. Le soleil s’était levé, le ciel était dégagé, et rien ne paraissait plus beau que cet azur en suspension qui allumait la neige. Beau temps d’hiver !
Je voulus sortir de la ville, de ce tohu-bohu festif des derniers achats, d’une agitation plus que profane, toute matérialiste.Je pris ma voiture, sans vraiment savoir où j’irais.Les chemins étaient mal dégagés ou pas du tout, dès que l’on s’écartait des grandes voies.
Ma voiture me conduisit où je n’aurais pas pensé me rendre.On fait parfois des choses sans le vouloir, parce que la volonté de l’homme n’est pas ce qui le gouverne le mieux ! Peut-être que le monde va mal depuis que l’homme s’est limité à sa raison raisonnante !
Toujours est-il que j’arrivai à la petite route qui, de Buncey, s’engage à travers le val Thibaut.La route était juste marquée par des pneus de voiture.Mais le vallon était superbe de silence, de blancheur, de paix.Ce que je recherchais.Le panneau indiquant la mare de Darbois était toiletté de neige,mais visible.
J’aimais bien ce coin serein, paisible , et généreux. Il avait été remarquablement réhabilité.j’étais venu lire, ou écrire, quelquefois en été au bord de cette petite mare pavée, alimentée par les eaux de pluie.J’y aimais la dimension humaine du décor, le parfum des roses, l’histoire de cette mare créée au XVIIIème siècle.
Il n’était pas question en ce jour d’hiver enneigé d’y sentir le parfum des roses, d’y entendre le chant flûté du crapaud, d’y percevoir le vol bleuté des libellules.Le site était un reposoir de blancheur silencieuse, un autel à la paix rurale.Ce que je recherchais aussi.
Ma surprise fut grande lorsque je vis, tracée dans la neige immaculée, une empreinte de pas régulière, délicate, élégante.L’empreinte de souliers féminins, petit triangle de la semelle et petit trou d’un talon haut.Aussitôt , je remarquai que ses pas étaient à sens unique.Ils semblaient se diriger vers le château Darbois.Et puis, dans l’air, flottait comme un parfum de roses…
J’allais suivre l’empreinte, lorsque je me dis que j’en savais assez long, et qu’il ne fallait pas chercher plus avant à comprendre quoi que ce fût, au risque de la déception.Un cadeau m’était donné : cette empreinte énigmatique.Il m’appartenait d’emporter chez moi ce beau mystère, de vivre avec,enrichi par cet aperçu de la beauté des choses, et le mystère de ce qui nous entoure, un peu plus amoureux de la vie.Cela valait bien le virtuel où les gens cherchaient du refuge, au lieu de percevoir les merveilles qui les entourent, à chaque instant.
Je rentrai donc chez moi, heureux comme un convalescent qui respire à nouveau la santé revenue ! Ma santé, à laquelle contribuent ce charme d’une empreinte et le parfum des roses, un 21 décembre !
Bonnes fêtes de Noël,amis lecteurs ! Et soyez assez fous pour croire en ces merveilles dont notre vie est pleine !
Et que la paix soit en vos coeurs !
(Michel Lagrange)
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