-
Par Christaldesaintmarc le 5 Mai 2020 à 06:00
Lorsque j'étais lycéenne à Dijon, je rendais souvent visite à une de mes amies qui demeurait rue Félix Trutat.
Le nom sur la plaque de rue indiquait seulement "peintre né en 1824, décédé en 1848 à Dijon". Je n'ai jamais cherché à savoir qui était ce peintre mort à seulement 24 ans.
Ce n'est que peu de temps avant le confinement, lorsque je me suis rendue au Musée des Beaux Arts rénové de Dijon, que j'ai découvert avec admiration certaines œuvres de ce peintre.
Notamment ce portrait romantique de 1845, qui m'a attirée par la finesse du teint du personnage et par son regard...
Il s'agit du portrait du peintre Pierre-Paul Hamon avec lequel Félix Trutat s'était lié d'amitié dans l'atelier de Cogniet à Paris où ils se formaient tous les deux.
Pierre-Paul Hamon et sa femme logeaient Félix Trutat chez eux, rue des Batignolles, où il peignit leur portrait à tous deux.
Le portrait suivant est celui de madame Hamon, épouse du peintre Pierre-Paul Hamon.
L'artiste a peint un portrait touchant de la jeune femme avec son chat. C'est le second portrait connu qu'il a réalisé de son amie.
J'ai été frappée, en regardant le portrait qui suit, par la modernité du personnage : il a tout à fait l'allure d'un adolescent d'aujourd'hui avec son vêtement à capuche et son air gouailleur !
Félix Trutat a réalisé ici le portrait de son ami Joseph Carré qui lui était très cher. Il l'a peint d'ailleurs trois fois, à différentes étapes de sa vie.
Quelques extraits de la biographie de Félix Trutat :
Né à Dijon, Félix Trutat fut reçu à l’âge de treize ans à l'école des beaux-arts de Dijon, dirigée par Anatole Devosge.
Après l'obtention d'une bourse, il partit à Paris et devint élève dans l'atelier du peintre Léon Cogniet puis de Pierre-Paul Hamon à l'École des beaux-arts de Paris.
Il subit l'influence des peintres vénitiens, qu'il a copiés au musée du Louvre.
Il a notamment été remarqué par Théophile Gauthier lors du salon de 1846 pour son "autoportrait avec sa mère", son œuvre eu enfin une certaine reconnaissance et reçu les éloges des critiques d'art.
Exposé au salon de 1848, ce double portrait connut en effet un grand succès.
A cette date, Félix Trutat vivait à Paris, loin de sa ville natale.
Le visage mélancolique de sa mère préfigura presque la triste fin de l'artiste, qui, atteint de tuberculose, mourra deux ans plus tard.
(le tableau était exposé à la lumière, il a été difficile à photographier, excusez donc sa mauvaise qualité)
Félix Trutat laissa principalement des portraits et des nus, par lesquels il se rapprochait de Gustave Courbet dans une veine réaliste.
Femme nue (1844)
Tête d'homme endormi :
Ce peintre prometteur doté d'une maturité précoce tout autant que d'une santé très fragile, mourut à Dijon le 7 mars 1848 d'une tuberculose pulmonaire (phtisie) sans laisser de descendants.
Quel dommage que son grand talent ne se soit pas plus exprimé, car c'était manifestement un peintre exceptionnel qui aurait sans doute connu un grand succès s'il avait vécu plus longtemps.
Un peintre oublié que j'ai voulu mettre en valeur, il le mérite bien...
2 commentaires
-
Par Christaldesaintmarc le 9 Avril 2020 à 06:00
Le sculpteur François Rude (Dijon 1784-Paris 1855) et son épouse Sophie Frémiet, peintre (Dijon 1797-Paris 1867),formèrent un couple artistique majeur du XIXème siècle.
Après s'être nourris du néo-classissisme durant leur formation à Dijon, ils s'engagèrent à Paris dans la voie du Romantisme.
Suite au succès du "Petit pêcheur napolitain" au naturalisme novateur, François obtint des commandes prestigieuses tel le décor de l'Arc de Triomphe : l'ensemble d'esquisses du "Départ des Volontaires" témoigne de son exaltation patriotique, de son sens du détail et de sa puissance d'expression.
Sophie explora d'abord la peinture d'histoire, mythologique et religieuse, pour finalement se consacrer exclusivement à la figure humaine, peignant d'émouvants portraits familiaux tout en répondant avec talent à la commande bourgeoise du second empire.
Avant la rénovation du Musée des Beaux-Arts de Dijon, on pouvait admirer, dans plusieurs salles, quelques œuvres sculpturales de François Rude, côtoyant celles d'autres sculpteurs bourguignons.
Les peintures de son épouse, Sophie Frémiet, se trouvaient autrefois, dans l'ancienne présentation du Musée des Beaux-Arts, aux côtés de celles d'autres peintres de son époque.
http://www.christaldesaintmarc.com/sophie-rude-nee-fremiet-fut-un-peintre-de-grand-talent-a114765920
Lors de la rénovation, les concepteurs du nouveau Musée des Beaux-Arts ont eu l'excellente idée de réunir quelques œuvres des époux Rude.
Plusieurs peintures de Sophie côtoient maintenant quelques sculptures de François. J'ai trouvé cette présentation qui réunit ces deux artistes au delà de la mort, très émouvante quand on sait que ce couple fut très uni, face à l'adversité (ils perdirent leur unique enfant Amédée Rude, âgé de huit ans, en 1830).
Les œuvres de Sophie
exposées dans la nouvelle salle dédiée à leur couple:
Autoportrait
(1841, huile sur toile )
Soucieuse de réaliser des portraits authentiques, Sophie Rude répondit à ceux qui trouvaient son autoportrait trop sérieux que se trouvant dotée d'une "laide et vieille figure", elle ne se peindrait jamais en train de "se sourire toute la journée".
Ariane abandonnée dans l'île de Naxos
(1825, huile sur toile)
Hommage à Jacques-Louis David, dont Sophie Rude, exilée à Bruxelles fréquenta l'atelier, cette œuvre s'inspire d'une esquisse du maître.
Elle transcrit la sensualité de la princesse séduite, puis abandonnée par Thésée, après qu'elle l'ait aidé à sortir du labyrinthe.
Portrait de François Rude
(1842, huile sur toile)
Le sculpteur, représenté par Sophie Rude, à la manière d'un patriarche, a le regard vif que tous les contemporains s'accordèrent à dire très ressemblant.
L'expression douce du sculpteur atteste d'une proximité affective entre le peintre et son modèle.
Portrait de Victorine Van Der Haert, sœur de l'artiste
(1818, huile sur toile)
Cette œuvre de jeunesse reflète les leçons apprises auprès de David. Sophie Rude attachait un grand soin au traitement des étoffes et des accessoires.
Les portraits en pied sont rares chez l'artiste. Ils étaient à la mode à Bruxelles dans les années 1820.
Portrait de madame Van Der Haert, née Victorine Frémiet
(1827, huile sur toile)
Ce second portrait, dédié à la sœur de l'artiste, se distingue du précédent par son attitude altière. C'est un portrait d'apparat.
Le cadrage à mi-corps est courant chez l'artiste, car plus enclin à focaliser l'attention sur l'expression psychologique du visage.
Portrait d'Amédée Rude
(vers 1827-1828 huile sur toile)
C'est dans l'intimité familiale que Sophie Rude trouvait ses modèles.
Ici le fils unique du couple, décédé prématurément à l'âge de huit ans en 1830, montre un visage de chérubin.
Le fond neutre et dépouillé rattache ce portrait à l'inspiration davidienne.
Portrait de Louis Frémiet, père de l'artiste
(vers 1821-1825 huile sur toile)
C'est l'exil de Louis Frémiet, pour ses idéaux révolutionnaires, qui entraîna celui de François et de Sophie Rude à Bruxelles.
L'artiste puisa une nouvelle fois son inspiration chez David en faisant poser son père sur un fond neutre et dépouillé.
Ce dernier portrait pourrait être celui de Catherine Frémiet, grand-tante paternelle de Sophie.
Œuvres de François Rude exposées dans la nouvelle salle dédiée à leur couple :
Génie de la Liberté
(1833-1836, plâtre)
Il s'agit du modèle au tiers de la grandeur d'exécution de la tête de la figure féminine hurlante et ailée du "Départ des Volontaires en 1792", qui a donné son surnom à l'œuvre "La Marseillaise".
C'est Sophie Rude, peintre et épouse de l'artiste qui a posé pour la tête du Génie.
Eurydice mordue par le serpent
(1830, bronze, fonte Delafontaine)
Cette statue a été réalisée en pendant de l'Aristée.
La pose et l'attitude de la jeune femme lui répondent symétriquement.
Dans le mythe antique, Eurydice meurt, mordue par le serpent, et son amant Orphée tentera de venir la libérer en descendant aux Enfers.
Aristée déplorant la perte de ses abeilles
(1830, bronze, fonte Delafontaine, deuxième version)
C'est avec Aristée que François Rude obtint le Grand Prix de Rome en 1812, seulement connue après cette seconde version.
Les modèles antiques maîtrisés que l'on devine dans la pose (l'Apollino des Offices et l'Antinoüs du Belvédère) sont la preuve d'une réelle érudition.
Mercure rattachant ses talonnières après avoir tranché la tête d'Argus
(1858, d'après le modèle en plâtre de 1837. bronze, fonte Eyck et Durand)
Cette sculpture incarne les débuts néoclassiques de Rude.
Il a en effet puisé son inspiration chez le "Mercure volant" de Jean de Bologne (XVIème siècle)
Cette référence aux maîtres anciens contenta l'Académie, la sculpture obtint un franc succès.
Petit pêcheur napolitain jouant avec une tortue
(Fonte d'après le modèle en plâtre du Salon de 1831, bronze)
Les détails pittoresques (amulette, bonnet phrygien,filet de pêche...) inscrivent l'œuvre dans le courant romantique en modernisant le thème ancien de l'enfant jouant.
Le sourire sera repris par l'élève de Rude, Carpeaux, dans son "Pêcheur à la coquille".
Tête de guerrier, dit "le guerrier gaulois"
(1836, bronze)
Il s'agit du modèle au tiers de la grandeur d'exécution de la tête du guerrier du relief du "Départ des Volontaires en 1792".
Projet préparatoire, fondu ensuite en bronze, les cheveux libres et la barbe abondante, il devint l'icône du guerrier gaulois.
Louis XIII enfant
(1878, d'après le modèle en argent de 1843, bronze)
C'est pour son château de Dampierre (Yvelines) que le duc Honoré de Luynes commanda à Rude une statue de Louis XIII.
Pour représenter le Roi, le sculpteur s'est inspiré d'une gravure de 1618, le représentant lors d'une leçon d'équitation, richement paré.
Un autre musée, le Musée François Rude, est depuis longtemps entièrement consacré au génial sculpteur du "Départ des Volontaires en 1792" situé sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile à Paris.
Ce Musée Rude est situé dans une partie de l'ancienne église Saint-Etienne .
http://www.christaldesaintmarc.com/francois-rude-sculpteur-dijonnais-a114234962
2 commentaires
-
Par Christaldesaintmarc le 2 Avril 2020 à 06:00
J'avais admiré les statues de François Pompon au Musée des Beaux-Arts de Dijon, bien avant la rénovation des salles d'art contemporain.
http://www.christaldesaintmarc.com/francois-pompon-sculpteur-bourguignon-a114646400
J'adore les œuvres de ce sculpteur génial, qui me rappellent mon enfance lorsque je me rendais au jardin Darcy avec mes parents pour admirer son "ours" blanc...
Les sculptures de cet extraordinaire artiste, né à Saulieu en 1855, n'étaient autrefois, pas très bien mises en valeur au Musée des Beaux-Arts de Dijon, car logées dans une très petite salle, pas très bien éclairée, et sans perspectives sur les œuvres, comme vous le voyez sur cette ancienne photo.
A présent la présentation est superbe, jugez-en :
Voici quelques sculptures de François Pompon, parmi bien d'autres, que vous pourrez admirer, maintenant très bien mises en valeur au Musée des Beaux-Arts de Dijon.
Le pélican, bronze, patine verte.
Cette fonte date de 1931 (alors que l'original a été créé en 1924). Elle a été réalisée pour être présentée à l'Exposition Coloniale qui eut lieu la même année à Paris.
Le grand taureau, 1932, plâtre.
Ce taureau est une des dernières œuvres à laquelle Pompon se consacra, à partir de 1930, ici dans une version semi-grandeur.
Il est devenu l'emblème de Saulieu sa ville natale, où une réplique en bronze, grandeur nature, commandée par la ville, fut installée en 1948.
Le grand duc, 1927-1930, bronze
Il existe de cette très belle œuvre des versions en plâtre, marbre et pierre.
A l'instar de de nombre de ses sculptures animalières, Pompon a choisi de mettre en valeur un élément caractéristique du sujet représenté, ici les grands yeux du hibou, dont les orbites creusées fixent le spectateur.
Grue couronnée au repos, 1927, bronze patine verte.
Le choix du matériau et des proportions entre le socle et l'animal mettent en valeur son élégance naturelle et la finesse de ses membres.
Sa patte recourbée rappelle la forme ronde de sa crête et contraste avec la verticalité du reste de la sculpture.
Ara, 1930, plâtre
Comme il le fait parfois pour ses œuvres mettant en scène des oiseaux, François Pompon a choisi de placer le perroquet sur un perchoir qui sert également de socle à la sculpture.
Juché sur son piédestal, son regard amusé défie celui du visiteur.
De nombreuses vitrines rassemblent beaucoup de petits formats des sculptures de François Pompon, un régal pour les yeux...
Malheureusement la brillance des vitres ne permet pas de bien les photographier, aussi dès que le confinement prendra fin, allez donc au Musée des Beaux-Arts admirer les œuvres de ce génial sculpteur ..."pour de vrai" !
Le Musée des Beaux-Arts de Dijon, est un des plus beaux musées de France, et son entrée est gratuite ! ne vous en privez donc pas....
En visitant le Musée des Beaux-Arts de Dijon, rénové, j'ai aussi beaucoup apprécié la salle dédiée à François Rude et à son épouse Sophie Frémiet.
Auparavant leurs œuvres étaient dans des salles séparées, elle peintre, lui sculpteur.
A présent elles se côtoient dans une salle qui leur est réservée, j'ai trouvé cette façon de les présenter ensemble bien émouvante, car dans la vie ce couple était très uni.
Un article sur cette présentation, bientôt.
3 commentaires
-
Par Christaldesaintmarc le 28 Mars 2015 à 06:00
La famille Rude a compté en son sein de nombreux très grands artistes, comme François Rude, Sophie Rude, Paul Cabet et Emmanuel Frémiet.
Emmanuel Frémiet n'est pas bourguignon, mais parisien.
Emmanuel Frémiet
Emmanuel Fremiet, est né à Paris le 24 décembre 1824 et mort à Paris le 10 septembre 1910.
Par sa tante Sophie Frémiet, il est le neveu et l'élève du sculpteur François Rude, dont Louis Frémiet, père de Sophie, fut le maître.
On le rattache également à l'école réaliste. Il est célèbre pour sa statue de Jeanne d'Arc à Paris et le monument à Ferdinand de Lesseps à Suez. Il était le beau-père de Gabriel Fauré. Il fut enterré à Paris, au cimetière de Passy, (15e division).
Il se consacra surtout à la sculpture animalière et aux statues équestres en armure.
En 1853, Frémiet, « le plus grand sculpteur animalier de son temps » exposa des sculptures de bronze représentant des bassets de Napoléon III au Salon de Paris. De 1855 à 1859, il fut chargé d'une série de statuettes militaires pour l'empereur. Il réalisa la statue équestre de Napoléon Ier en 1868 et de Louis d'Orléans en 1869, au château de Pierrefonds, et en 1874 la première statue équestre de Jeanne d'Arc, érigée place des Pyramides à Paris, qu'il remplaça ensuite par une autre version plus achevée en 1889.
Dans cette période, Frémiet réalisa encore la statue de l'archange Saint Michel pour la flèche de l'abbatiale du Mont Saint-Michel et la statue équestre de Velázquez pour le Jardin de l'Infante au Louvre. Il fut élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1892 et succéda à Antoine-Louis Barye comme professeur de dessin animalier au Muséum d'histoire naturelle.
Quelques œuvres notables:
La Statue équestre de Jeanne d'Arc en bronze doré, place des Pyramides à Paris, érigée en 1874 est l'une de ses plus célèbres réalisations fondue en de nombreux exemplaires.
La statue équestre de Jeanne d'Arc à la Nouvelle-Orléans, Louisiane, est la copie exacte de la statue de la place des Pyramides à Paris, et a été envoyée en 1958, comme cadeau de la France à la ville. Celle-ci n'ayant pas les moyens financiers de l'ériger (35 000 $), la statue a été stockée pendant 8 ans. Dès 1960, Charles de Gaulle commença à chercher des financements privés, cependant, son installation n'a pu se réaliser qu'en 1972. La statue a été dorée en 1985, puis déplacée en 1999, Place de la France, située près de la rue Decatur à côté du Marché français, où elle se trouve actuellement, et symbolise l'héritage français de la Nouvelle-Orléans.
Saint Michel terrassant le Dragon, bronze doré au sommet de la flèche de l'abbatiale du Mont Saint-Michel est installé en 1897.
De nombreux animaux plus petits sont exposés dans des musées de province et au musée d'Orsay. Un grand nombre de tirages en fonte de bronze ont été réalisées.
Au Musée des Beaux-Arts de Dijon, on peut admirer :
"Marabout tenant un caïman entre ses pattes", (vers 1850)
Lévriers :
Chatte et ses petits :
Chèvre et ses petits :
Ane du Caire :
Le buste de sa fille Marie Frémiet qui épousa le grand compositeur Gabriel Fauré :
votre commentaire
-
Par Christaldesaintmarc le 24 Mars 2015 à 06:00
Les Côte d'Oriens connaissent forcément des œuvres de François Jouffroy, mais ils ne savent sans doute pas les lui attribuer...ce qui était mon cas ...
François Jouffroy, né le 1er février 1806 à Dijon et mort le 25 juin 1882 à Laval, est un sculpteur français.
François Jouffroy vit le jour rue Saint Jean à Dijon. Son père, André Jouffroy, était boulanger. Il fut admis à l'École des beaux-arts de Paris en 1824. Il obtint le prix de Rome en 1832 pour son "Canapée foudroyé sous les murs de Thèbes". Il fut élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1857. Il devint professeur à l'École des beaux-arts de Paris où il dispensa un enseignement académique à de nombreux sculpteurs de la fin du XIXe siècle.
Trois œuvres de François Jouffroy en Côte d'Or :
La nymphe se trouvant dans le bassin des sources de la Seine :
La statue de Saint Bernard prêchant la Croisade à Vézelay :
Le buste d'Henry Darcy sur le réservoir du jardin du même nom à Dijon :
1 commentaire
-
Par Christaldesaintmarc le 22 Mars 2015 à 06:00
Un sculpteur dijonnais de grande valeur, Henri Bouchard :
Henri Bouchard, né le 13 décembre 1875 à Dijon et mort le 30 novembre 1960 à Paris, est un sculpteur et graveur médailleur français.
Fils d'un menuisier dijonnais, Henri Bouchard entra comme apprenti chez un décorateur ornemaniste où il apprit les rudiments de la sculpture. En 1889, il suivit dans le même temps, les cours de l'École des beaux-arts de sa ville natale, où il y fut l'élève du sculpteur dijonnais François Dameron. Il s'inscrivit à l'Académie Julian et entra à l'École nationale supérieure des arts décoratifs, 1889 à 1894. Il entra ensuite à l'École nationale supérieure des beaux-arts dans l'atelier du sculpteur Louis-Ernest Barrias de 1895 à 1901.
En 1901 il remporta le grand prix de Rome pour son œuvre intitulée "Exil d'Œdipe et d'Antigone chassés de Thèbes".
De 1902 à 1906, il fut pensionnaire à la villa Médicis à Rome, d'où il envoya des œuvres comme "le Faucheur", "Débardeur du Port de Naples", "Fillette à la cruche" ou "Jeune danseuse romaine". Il envisagea un temps de dédier un monument au travail et aux travailleurs.
Outre l'Italie, il visita la Tunisie , le Maroc et la Grèce . Ces années aiguisèrent son goût pour la vie quotidienne et le labeur des petites gens.
Le Musée des Beaux-Arts de Dijon possède de nombreuses œuvres d'Henri Bouchard, dons de la famille Granville comme ce chameau avec ânier en marche :
et ce Chameau agenouillé :
De retour en France, il vécut et travailla dans le quartier Montparnasse à Paris où il développa son approche naturaliste du monde des travailleurs. De 1910 à 1917, il fut nommé professeur à l'Académie Julian. Son art devint plus stylisé, rythmé, plus décoratif aussi. Il créa de petites pièces décoratives et reçut de nombreuses commandes d'œuvres monumentales et de reliefs.
Sur cette table plusieurs bronzes d'Henri Bouchard :
Nicolas Rollin, chancelier de Philippe le Bon :
Guigone de Salins, épouse de Nicolas Rollin :
Philippe le Hardi :
Auguste Rodin :
Tête de Victoire :
Jeune fille au lévrier :
Jeanne d'Arc :
En 1913, il épousa l'artiste peintre Suzanne Schneller dont il modela le buste. Il élèvera avec elle trois enfants. En 1911, il effectua un voyage en Allemagne, où il réalisa un portrait de Claus Sluter.
Cette statue se trouve dans la cour du Musée des Beaux-Arts de Dijon , au pied de la tour de Bar :
Pour répondre aux nombreuses commandes qui lui furent passées, il se fit construire en 1924 un atelier à Paris. Nommé professeur à l'École nationale supérieure des arts décoratifs il devint ensuite professeur et chef d'atelier à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.
En 1933, il devint membre de l'Académie des Beaux-Arts de Paris puis fut nommé membre associé de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles et de 1940 à 1945, il fut président du Salon des artistes français.
Il fit partie du voyage en Allemagne en 1941 sur l'invitation de l'occupant allemand, avec onze autres artistes Il signa un article sur ce voyage dans la revue L'Illustration.
Henri Bouchard mourut à Paris en 1960, laissant un atelier garni de nombreuses esquisses, plâtres et sculptures.
Il est inhumé au cimetière d'Aiserey (Côte d'Or) au côté de son épouse Suzanne Schneller.
votre commentaire
-
Par Christaldesaintmarc le 13 Mars 2015 à 06:00
Jean Dubois (1625-1694) est un sculpteur, architecte et décorateur dijonnais.
(Portrait de Jean Dubois par Gabriel Revel, Musée des Beaux Arts de Dijon)
Jean Dubois a probablement effectué son apprentissage dans l'atelier de son père, maître menuisier. Son style laisse supposer qu'il a séjourné à Rome à partir de 1645.
En 1651, il reprend l'atelier familial, il est reçu maître en 1655. Bientôt assisté de son fils Guillaume (1654 - 1740), la production de son atelier est riche et variée.
En 1679, il est considéré par le Mercure Galant comme « l'un des plus habiles sculpteurs de son siècle ».
Jean Dubois réalise la décoration de plusieurs hôtels particuliers, comme les cheminées des salons de l'Hôtel de Vogüé, et d'édifices religieux.
Maquettes de décor pour les cheminées du logis du Roi :
Jean Dubois est aussi un maître de la sculpture religieuse et funéraire.
La production pour la décoration d'églises et d'abbayes est importante.
Ses riches commanditaires lui confient également la réalisation de monuments funéraires, tels le Président du Parlement de Bourgogne Georges Joly de Blaisy
ou l'Intendant de Bourgogne Claude Bouchu.
En 1679, François Bailly, conseiller au parlement, lui commande un monument, pour son épouse, qui s'inspire de la sculpture du Bernin pour le monument de la Bienheureuse Louise Albertoni (Rome, 1674).
Buste de François-Claude Jehannin de Chamblanc, célèbre avocat du Parlement de Bourgogne :
(buste de Louis XIV, prêté au château de Bussy-Rabutin)
Dans la cathédrale Saint-Bénigne on peut voir les bustes des apôtres sur les piliers, en voici trois :
Et cette statue de saint Médard :
Jean Dubois est enterré dans l'église Saint-Philibert de Dijon.
1 commentaire
-
Par Christaldesaintmarc le 5 Mars 2015 à 06:00
Encore un membre de la famille Rude !
Paul Cabet
Paul Cabet, né à Nuits-Saint-Georges le 1er février 1815, mort à Paris le 23 octobre 1876, est un sculpteur français.
Le père de Paul Cabet, Antoine François Cabet, était tonnelier à Nuits-Saint-Georges.
Après un premier apprentissage à l’École des beaux-arts de Dijon en 1834, sous la direction du peintre Jean-Claude Naigeon et du sculpteur Pierre-Paul Darbois, Paul Cabet entre l’année suivante à l’École de l’Académie des beaux-arts à Paris où il est l'élève des deux plus grands noms de la sculpture romantique, Pierre-Jean David d’Angers et François Rude.
Il débute au Salon de 1835 avec un Buste du poète Julien Paillet.
Rapidement acquis aux idées révolutionnaires, il est arrêté le 3 juin 1836 pour délit politique dans la tentative d’évasion d’Auguste Blanqui.
Élève favori de Rude, Paul Cabet collabore pendant plus de dix ans à plusieurs commandes de son maître et prend même la responsabilité de son atelier quand François Rude effectue un séjour en Italie, pour raisons de santé, en 1843.
Portrait de François Rude par Paul Cabet :
Républicain convaincu, il n’hésite pas à afficher son hostilité au roi Louis-Philippe et juge plus prudent, en 1846, de s’exiler en Russie où il effectue plusieurs ouvrages dont des bas-reliefs pour la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg, ou une fontaine monumentale à Odessa.
À son retour, en décembre 1852, il s’installe au voisinage de la famille Rude. Leurs liens d’affection se resserrent au point que Rude propose à Cabet d’épouser sa nièce Martine Henriette Victorine Vanderhaert, fille de Victorine Frémiet, sœur de madame François Rude, née Sophie Fremiet. Le mariage est célébré le 6 novembre 1853 en l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas.
Portrait de Martine Cabet par François Rude :
À l’Exposition universelle de 1855, Paul Cabet obtint une médaille de seconde classe et une médaille de première classe au Salon de 1861.
Par décret du 12 aout 1868, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur
Une histoire incroyable, celle de la statue de la Résistance de Paul Cabet qui se trouve place du 30 octobre à Dijon :
Le 30 octobre 1870, la ville de Dijon fut le théâtre d’événements tragiques et la municipalité décida de commémorer ce fait en érigeant un monument place de Gray (devenue place du Trente-Octobre) .
Sa conception fut confiée à l’architecte Félix Vionnois et Paul Cabet fut chargé de réaliser la statue sommitale : il représenta la ville de Dijon sous la forme d’une allégorie féminine coiffée d’une couronne crénelée, ce qui fut accepté par le jury et le préfet.
Mais Cabet ayant ajouté un bonnet phrygien affleurant au-dessus de la couronne, cette statue à la posture héroïque fut jugée trop véhémente par le préfet qui donna l’ordre de sa destruction à quelques jours de son inauguration prévue le 30 octobre 1875.
C’est l’armée qui fut chargée de cet ouvrage, aucun entrepreneur local n’ayant voulu se prêter à cette tache. La statue fut brisée !
En mai 1878, la municipalité vota un crédit pour le rétablissement de l’œuvre de Cabet, mais celui-ci étant mort entre temps, une réplique en marbre d'Henri-Léon Gréber fut inaugurée le 30 octobre 1880.
Martine Cabet décéda avant son époux. Celui-ci créa un bas-relief pour orner le tombeau de son épouse, on peut en voir la réplique au musée des Beaux-Arts de Dijon :
"Femme voilée", ornant le tombeau de son épouse au cimetière du Montparnasse à Paris :
Paul Cabet mourut chez lui, rue des Feuillantines à Paris, le 23 octobre 1876, et fut inhumé au cimetière du Montparnasse à Paris.
Une rue de Dijon porte son nom, ainsi qu'à Nuits-Saint-Georges, où son buste est accolé à la façade du beffroi.
votre commentaire
-
Par Christaldesaintmarc le 25 Février 2015 à 06:00
Dans la famille Rude, il n'y eut pas que le génial sculpteur François Rude, dijonnais, auteur du "départ des Volontaires" de l'Arc de Triomphe de l'Etoile, et de bien autres œuvres montrées ici :
http://www.christaldesaintmarc.com/francois-rude-sculpteur-dijonnais-a114234962
Son épouse, Sophie Frémiet, fut, elle aussi, une artiste d'un grand talent, mais dans le domaine pictural.
Buste de Sophie Rude par son neveu Paul Cabet :
Sophie Frémiet naquit rue des Forges à Dijon le 16 juin 1797. Son père Louis Frémiet était contrôleur des impôts, sa mère, Sophie Monnier, était issue d'une famille d'artistes. D'ailleurs le grand-père maternel de Sophie, le graveur Louis-Gabriel Monnier, fut le premier conservateur du musée des Beaux-Arts de Dijon.
La jeune fille reçut des cours d' Anatole Devosge, fondateur de l'école de dessin de Dijon. Anatole était un ancien élève de Jacques-Louis David, dont il transmit à Sophie le style néoclassique .
Louis Frémiet prit sous sa protection un jeune inconnu, François Rude, élève de François Devosge.
Après la chute du Premier Empire et le retour des Bourbon en 1815, la famille Frémiet, comme nombre de bonapartistes, quitta la France pour s'installer à Bruxelles, du Royaume uni des Pays-Bas nouvellement créé. Sophie poursuivit ses études artistiques sous la férule d'un autre exilé, maître de son premier professeur, Jacques-Louis David. Elle exécuta notamment des copies d'après le maître tout en exposant ses propres œuvres à Bruxelles en 1818 et Anvers.
Le 25 juillet 1821, Sophie épousa l'ancien protégé de son père, le sculpteur François Rude.
Portrait de François Rude par son épouse Sophie :
Le couple n'eut qu'un seul enfant, Amédée, mort en bas âge.
Sophie était à cette époque très appréciée, elle obtenait de nombreuses commandes, notamment pour l'ancien palais royal de Tervueren. Elle travaillait dans un style néo-classique, tirant principalement ses sujets de la mythologie, même si elle produisait également un petit nombre d'œuvres d'inspiration religieuse et des portraits.
"Ariane abandonnée sur l'île de Naxos" :
Ce portrait présumé de Catherine Frémiet pourrait être celui de la grand-tante paternelle de l'artiste.
"Portrait de Paul-Emile Villeneuve", alors étudiant en médecine. Il deviendra le directeur de l'asile d'aliénés de Dijon.
En 1826, la famille Rude vint s'installer à Paris et tous deux ouvrirent un atelier rue d’Enfer pour enseigner leur art respectif.
Sophie entama une nouvelle carrière de peintre historique.
"La Duchesse de Bourgogne arrêtée aux portes de Bruges", vers 1840, présenté au salon de 1841 et acquis par le musée de Dijon en 1849 :
Elle servit de modèle à son époux, notamment pour la célèbre statue la Marseillaise sur un des quatre piédroits de l'Arc de triomphe de l'Étoile.
Après la mort de son mari en 1855, Sophie se consacra à exposer et faire connaître l'œuvre de celui-ci.
En 1839 le couple adopta Martine, nièce orpheline de Sophie, qui posa pour plusieurs de leurs œuvres, elle fut la future épouse de leur neveu Paul Cabet.
Sophie Rude décéda à Paris le 4 décembre 1867.
(Les peintures proviennent du Musée des Beaux Arts de Dijon, la copie de "la Marseillaise" se trouve au musée Rude de Dijon)
Une très belle exposition réunissant les œuvres de François et de Sophie Rude a eu lieu à Dijon en 2012-2013, cliquer sur ce lien pour en voir les détails :
Exposition François et Sophie Rude
2 commentaires
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique