•  Voici aujourd'hui un notule de Dominique Masson  sur  un sujet peu courant :

    Les tombes des maires de Châtillon-sur-Seine qui sont inhumés au cimetière Saint-Vorles, merci à l'auteur pour ses recherches !

     

    LES MAIRES ENTERRÉS AU CIMETIÈRE SAINT-VORLES DE CHÂTILLON

    Le cimetière Saint-Vorles est le plus ancien cimetière de Châtillon, installé peu à peu dans les ruines du château, détruit en 1598. Quand il fut agrandi en 1843, beaucoup de places, surtout le long du mur, furent occupées par des sépultures des anciens maires.

    Actuellement, on compte dans le cimetière 10 tombes de ces anciens maires.

    La première tombe est celle d’Hector Joseph de Bruère de Vaurois.

    Sa famille possédait la seigneurie de Rocheprise, Brémur et Vaurois et possédait le château de Rocheprise.

    Son père, Pierre Hilaire Joseph, avocat au Parlement et trésorier de France, avait été sous l’Ancien Régime lieutenant général du bailliage de la Montagne et maire de Châtillon de janvier à novembre 1790, puis président de la commission municipale du canton, d’octobre 1795 à décembre 1797.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 1 : Blason de la famille de Bruère : d'or, à la rose de gueules, tigée et feuillée de sinople

     Né le 27 novembre 1769, à Châtillon, il fut avocat au Parlement de Dijon.

    Il fut d’abord maire de 1813 à mars 1815 puis, après les Cent Jours, retrouva la mairie de juillet 1815 à mai 1819, date à laquelle il fut destitué par le préfet, sous le ministère libéral de Decaze.

    Car Hector Joseph, légitimiste, faisait partie des ultras et fut élu aux élections du 22 août 1815 à la Chambre des députés, surnommée par Louis XVIII la « Chambre introuvable » ; il y siégera jusqu’aux élections du 20 septembre 1817.

    Il fut aussi membre du Conseil d’arrondissement, de 1811 à 1815 et de 1818 à 1823, date à laquelle il est nommé Conseiller général (il y restera jusqu’en 1830).

    Il était officier de la Légion d’honneur.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 2 : Plaque sur la tombe de la famille de Bruère

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 3 : Tombe de la famille de Bruère section A 06-tombe 131

    Lui succéda Jean-Baptiste Honoré Bourée.

    Né à Flavigny le 15 mai 1777, il fut médecin dans cette ville mais, ayant épousé Jeanne Mélanie Joly de Châtillon, il se fixa là.

    Nommé membre du Conseil municipal en 1815, il fut deux ans après choisi comme adjoint et remplit les fonctions de maire provisoire, de mai à juin 1819.

    Mais, faute de temps, il dut donner sa démission.

    Néanmoins, en 1823, il rentra au Conseil municipal où il continua à siéger jusque dans les dernières années de sa vie, et fit partie, de juillet 1828 à novembre 1830, du Conseil d'arrondissement.

    Mais surtout, c’était un savant érudit, aimant les sciences, les lettres, les arts, la poésie, etc.

    Bibliophile, il devint bibliothécaire bénévole de la bibliothèque de Châtillon.

    Outre sa passion pour les livres, il eut l'idée de créer un petit musée d'histoire naturelle et réalisa un riche herbier.

    Il fut aussi membre fondateur du Comité d’agriculture.

    Ses nombreuses activités et son dévouement lui valurent d’être fait chevalier dans l’ordre de la Légion d'honneur le 10 janvier 1845.

    Il décéda à Châtillon, le 4 janvier 1852. 

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 4 : plaque sur la tombe de la famille Bourée section G 01-tombes 010,011,012

    C’est Eusèbe Alexandre Marie Lapérouse qui lui succéda à la mairie, nommé par arrêté du préfet du 17 juin 1819 ; il y restera jusqu’en 1843.

    Avocat et bâtonnier de l’ordre, président du tribunal civil, il sera élu au Conseil d’arrondissement en novembre 1833 et le restera jusqu’en août 1863.

    Le 22 octobre 1827, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur.

    Né le 10 septembre 1787, il décède le 26 mai 1866.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 5 : Tombe Lapérouse; section A 05-tombe 113

    Félix-Alphonse Mariotte, fils de Odard Louis Cosmar, qui avait été maire de 1790 à 1792, fut élu maire en mars 1848 mais, malade, il démissionna le 10 novembre 1867.

    Né le 26 juillet 1800, il fut aussi membre du Conseil d’administration, de juillet 1857 à octobre 1874.

    Il est décédé à Châtillon, le 12 novembre 1875.

    Le 24 août 1860, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 6 : Tombe Mariotte; section H 01-tombes 021/022

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 7 : inscriptions sur la tombe Mariotte

     Jean Baptiste Edouard Achille Maître succéda comme maire, en mars 1870, à Charles François Couvreux, démissionnaire.

    Né le 4 novembre 1818 à Giey-sur-Aujon, en Haute Marne, il fut associé-gérant à la société Bazile-Louis Maître et Cie et affecté à la direction des forges de Sainte Colombe.

    L’achat du domaine Marmont par son père, Jean-Baptiste Bernard, en 1842, lui permit de développer des activités agricoles de pointe, comme l’élevage des moutons mérinos ou l’introduction de la race bovine Schwyz (race brune des Alpes) ; il publia plusieurs ouvrages, dont « le libre-échange et l’agriculture » ou « un projet de constitution d’un syndicat pour la vente des laines du Châtillonnais ».

    Il eut la lourde tâche de diriger la commune lors de l’invasion de 1870-1871.

    Il siégera au Conseil d’arrondissement d’octobre 1874 à juillet 1877.

    Il mourut le 29 mars 1905, en laissant un patrimoine de 1780 hectares.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 8 : Tombe Maître, section C 02-tombe 007

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 9 : Inscription sur la tombe Maître

    La tombe de Nicolas Emile Maurage, en calcaire, est décorée de guirlande, de cuir découpé, de pavots, fleurs du souvenir, de couronne d’épines et couronné d’une croix.

    Ce notaire, né à Lamargelle le 8 septembre 1836, fut maire de Châtillon de  1878 à 1884 et membre du Conseil d’arrondissement d’août 1880 à février 1884.

    Il est décédé le 1er février 1884.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 10 : Tombe Maurage : section I 01-Tombes 014/015

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 11 : Médaillon central

    Xavier Tardy, marchand quincailler, né le 19 août 1816, fut maire en 1884, mais il décéda le 20 février 1886, en plein mandat.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 12 : Tombe Tardy section H 01-tombe 031

    Léon Jean-Baptiste Japiot, agriculteur, né à Châtillon le 21 février 1846, fut président de la Société d’agriculture et de viticulture de l’arrondissement de Châtillon et rendit d’importants services à la cause agricole, ce qui lui valut  d’être commandeur du Mérite agricole en 1906.

    Il fut maire de 1912 à 1919 et membre du Conseil d’arrondissement  d’août 1895 à juillet 1925.

    C’est le ministre de l’agriculture, venu à Semur, qui lui remit, le 28 août 1921, la Légion d’honneur.

    Il est décédé le 5 juillet 1931.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 13 : Chapelle funéraire de Léon Japiot section J 01-tombe 026

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 14 : Intérieur de la chapelle  et plaque

    C’est René Converset qui lui succéda; négociant épicier, il fut conseiller municipal  en 1904, puis maire de 1919 à 1936.

    Né le 8 juillet 1874 à Châtillon, il fut officier de l’Instruction publique et chevalier de la Légion d’honneur en mars 1936.

    Il est décédé le 22 juin 1936.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 15 : Tombe Converset section J 01-tombed 038/039

    Michel Sordel est né à Aubepierre (Haute Marne) le 11 novembre 1920.

    Il fut agriculteur et œuvra à la relance de l'agriculture de la Côte d'Or: il va occuper pendant plusieurs années la présidence de la chambre départementale d'agriculture de la Côte d'Or et la vice-présidence de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture.

    De 1970 à 1971, il siège également au sein du Conseil économique et social.

    Membre de l’Académie d’agriculture en 1972, il en sera le président pour l’année 1992.

    Maire de Châtillon du 22 janvier 1966 à mars 1989, il siégera comme Conseiller régional de janvier 1974 à mars 1986 et comme sénateur du 26 septembre 1971 au 1er octobre 1989.

    Chevalier de la Légion d'honneur et officier du Mérite agricole, il est décédé le 23 février 1994.

    La plupart des maires de Châtillon-sur-Seine sont enterrés au cimetière Saint-Vorles

    Figure 16 : Tombe Sordel section A 02-tombe 028

     Si certaines tombes sont bien entretenues, d’autres auraient besoin d’être restaurées.

    Peut-être, dans un devoir de mémoire envers les anciens maires, la municipalité pourrait les réparer.

     Dominique Masson

    (Remerciements à Michel Massé)


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  • Notule d’histoire :

    La chapelle de la commanderie d’Épailly

    Le domaine d’Épailly est aujourd’hui un grand domaine agricole, c’est un groupement foncier agricole spécialisé dans le secteur d’activité de la culture des céréales et des graines et la gérante est madame Elisabeth Freifrau Hiller von Gaertringen.

    Epailly

    Figure 1 : le domaine d'Epailly vu d'avion (© Jean Ponsignon)

    Épailly se trouve sur la commune de Courban, mais c’était autrefois une commanderie templière, attestée dès 1200.

    Très vite, les dons affluèrent et lesTempliers acquirent des terres adjacentes.

    De l’époque du Temple, subsistent la chapelle et une cave à usage de cellier.

    Ce dernier est formé de deux vaisseaux de trois travées sur croisée d'ogives retombant sur des piliers cylindriques sans chapiteaux.

    Selon monsieur le professeur Demurger, Épailly est un remarquable exemple de ce qu’étaient une maison et un domaine de l’arrière templier.

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 2 :La chapelle Saint-Georges (©Jean Ponsignon)

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 3 :Le cellier vers 1990 (© D.Masson)

    Après l’arrestation des Templiers et la disparition de cet Ordre en 1312, les biens de la commanderie furent dévolus à l’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem (appelé après 1530 l’Ordre de Malte) et cette commanderie devint rapidement et durablement une chambre prieurale du grand prieur de Champagne, c’est-à-dire qu’elle fut attachée à la dignité du grand-prieur, résidant à Voulaines.

    Isolée, le duc de Bourgogne Philippe de Rouvres accorda l’autorisation de fortifier la commanderie en 1360.

    Il reste ainsi de l’époque des Hospitaliers une tour de défense et des traces d’une courtine dans la haute cour ; en outre subsistent une grange à la charpente imposante et un colombier.

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 4 : la tour de défense, construite par les Hospitaliers; état vers 1990. A remarquer les fenêtres bouchées de la chapelle (©D.Masson)

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    Figure 5 : le pigeonnier, état actuel (© D.Masson)

     Vendu à la Révolution comme bien national et devenu depuis exploitation agricole et ferme, le domaine subit de nombreuses transformations.

    Plusieurs bâtiments disparaissent dans la basse-cour et font place à des écuries et des étables.

    Dans la haute-cour, le châtelet disparaît, le logis du prieur est transformé en 1847 en maison d’habitation, les fossés sont remblayés, la chapelle est adaptée à son nouvel usage agricole, ses baies sont occultées et un passage charretier est ouvert au nord.

     

     

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figures 6 et 7 :Epailly en tant que ferme au début du XXème siècle (cartes postales collection Jean Millot)

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

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    Figure 8 : Nesle Eugène : album pittoresque de l'arrondissement de Châtillon sur Seine 1855

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 9 : l'intérieur de la chapelle vers 1910 (collection D.Masson)

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    Figure 10 : La cour de la ferme d'Epailly vers 1960 (carte postale collection Jean Millot)

    C’est en 1938 que la famille de madame Hiller von Gaertringen acquit le domaine d’Épailly.

    Madame Elisabeth Hiller von Gaertringen, l’actuelle propriétaire, a eu à cœur de sauver les bâtiments des Templiers et, en particulier, la chapelle, en créant une association, en 2000, les amis de la commanderie d’Épailly.

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 11 : Madame Hiller von Gaertringen (© D.Masson)

     La chapelle est, en effet, unique dans son genre.

    Connue sous le vocable de Saint Georges, elle frappe d’abord par ses dimensions, car elle fait 32 mètres de longueur sur 10 m. de large, avec une hauteur sous clef de voûte de 10,50 m, et ensuite par la qualité de son exécution.

    C’est un édifice caractéristique du premier art gothique bourguignon, présentant une unité de construction parfaite, car elle date dans son ensemble du début du XIIIe siècle.

    Elle faillit disparaître une première fois après 1768, lorsque le régisseur de l’Ordre de Malte ne souhaita plus en conserver le chœur, mais il ne fut heureusement pas suivi.

    En 1884, le propriétaire de l’époque émit l’intention d’en faire une carrière, mais la chapelle fut cette fois sauvée par la Commission des Antiquités de la Côte d’Or et inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1925. 

     Au cours du XIXe siècle, la chapelle servit pour entreposer la paille et ranger le matériel agricole.

    Au XXe siècle, des silos à grain furent érigés à l’intérieur de la chapelle, tandis que le sol était bétonné et rehaussé d’un mètre, car une partie des voûtes s’était effondrée (puis, à la suite de la grande sécheresse de 2003, les voûtes de la dernière travée se sont aussi effondrées en 2004).

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    Figure 12 : La charpente  de la chapelle vers 1990 avec les silos à grain et l'absence de voûtes (collection D.Masson)

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 13 : les restes des voûtes d'ogive, déposées au fond de la chapelle (© D.Masson)

    Aujourd’hui, la chapelle, orientée, se présente comme un édifice à nef unique, sans transept ni clocher subsistant (une chapelle sur plan barlong  de deux travées, dite Tour Saint Jean, lui a été accolée en façade sud).

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 14 : la chapelle Saint-Georges, côté nord (©D.Masson)

     

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 15 : Plan de la chapelle Saint-Georges avant la restauration des voûtes (au sud la tour Saint-Jean)

    La façade a subi plusieurs transformations ; le portail, en plein cintre, est caractéristique du gothique bourguignon ; au-dessus, le mur pignon est percé de trois baies surmontées, au niveau des combles, d’une lucarne ; des modillons bourguignons courent sous la toiture.

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 16 : la façade de la chapelle (©D.Masson)

    A l’intérieur, la nef comporte trois travées doubles ; les voûtes d’ogive sexpartites reposent alternativement sur trois colonnettes jumelles engagées et sur des colonnettes simples, correspondant aux supports forts et faibles.

    Les unes et les autres retombent sur des chapiteaux à crochets (avec un décor de feuillages et des restes de polychromie) et des culots présentant des motifs géométriques simples ou des têtes, les culots s’arrêtant sur un bandeau horizontal à miétage.

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 17 : Un chapiteau avec restes de polychromie (© D.Masson)

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 18 : une tête sculptée (©D.Masson)

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 19 : les nouvelles voûtes de la chapelle (©D.Masson)

    La nef est nettement séparée du chœur par un arc doubleau reposant sur deux colonnes qui, contrairement à celles de la nef qui s'arrêtent à mi-hauteur des murs, se prolongent jusqu'au sol.

    Ce chœur est formé d'une demi-travée et d'un chevet à cinq pans dont la clé de voûte est sculptée d'une double rosace dont le bord occidental présente un visage, probablement d’un templier, regardant vers le portail.

    Trois enfeus abritaient les tombes des prieurs de Champagne et commandeurs d’Épailly.Dans les parties hautes du chœur comme de la nef, des baies élancées éclairaient le vaisseau.

    Selon M. Jean-Bernard de Vaivre, la chapelle comportait trois espaces liturgiques : tout d'abord le chœur où était célébrée la messe quotidienne ; la nef ensuite, où les frères entendaient les offices et où se tenait, au temps des Hospitaliers, la réunion du chapitre hebdomadaire ; et enfin la salle capitulaire, à la hauteur de la troisième travée de la nef. C’est ce qui explique la longueur tout à fait exceptionnelle de la nef pour une chapelle de cet ordre.

    Depuis 2003, l’association a œuvré pour rendre à la chapelle son lustre d’antan.

    En 2010, la chapelle a été classée et d’autres parties inscrites

    Le samedi 14 juin 2013, le père Paul Houdart, alors curé de Châtillon, consacrait de nouveau la chapelle et bénissait la croix dominant le chœur ; l‘office était animé par le groupe vocal Le Laostic.

    Le samedi 2 septembre 2023, une nouvelle étape était franchie, avec la bénédiction des voûtes reconstruites.

    Cette opération fut menée à bien par M. Pierre Bortolussi, architecte en Chef des Monuments historiques, avec l’assistance de son associé, M. Antoine Chapuis.

    C’est ce dernier qui expliqua d’abord comment fut réalisée cette reconstruction.

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 20 : Monsieur Antoine Chapuis, lors de sa conférence (©D.Masson)

    Puis le père Hubert de Raynal, curé de Châtillon, bénit les voûtes, avant de concélébrer une messe, avec deux prêtres haut-marnais. Un chevalier de l’Ordre de Malte était également présent.

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 21 : la bénédiction des voûtes par le Père de Raynal (©D.Masson)

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 22 : L'enfant de chœur, le chevalier de Malte et les trois prêtres allant célébrer la messe (© D.Masson)

    La messe fut animée par l’ensemble vocal les Ambrosiniens, sous la direction de M. L’abbé Marc Robin et de M. Jean-Christophe Garandeau. 

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 23 : L'abbé Marc Robin, fondateur des Ambrosiniens (©D.Masson)

    "La chapelle de la commanderie d'Epailly",un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 24 : la partie sommitale du colombier (© D.Masson)

     Bibliographie sommaire :

    - de Vaivre Jean-Bernard : un établissement méconnu des ordres militaires en Bourgogne ; Compte-rendu des séances de l’année 2003, Académie des inscriptions et belles-lettres ; année 2003, volume 147

    - Pallot Eric (architecte en chef des Monuments historiques) : la restauration de l’ancienne commanderie templière d’Épailly en bourgogne-étude et travaux ; La Sauvegarde de l’Art français.

    Dominique Masson


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  • Dominique Masson nous propose un notule sur le château de Gurgy la Ville, qu'il en soit remercié.

    Notule d’histoire :

    le château de Gurgy-la-Ville

      Le « château des hirondelles », tel est le « surnom » donné au château de Gurgy-la-Ville par ses actuels propriétaires.

    S’il n’avait pas été racheté en 2005 par M. Jean-Philippe Guerra et sa femme, Eliane, un entrepreneur en maçonnerie-taille de pierre spécialisée dans la restauration du patrimoine et ancien compagnon du devoir, le château allait s’écrouler dans les mois à venir.

    Pour ce sauvetage, ils ont obtenu en 2014 dans la catégorie « patrimoine bâti parcs et jardins » un premier prix régional du patrimoine pour ce sauvetage.

    A son départ en retraite, les ouvriers de son entreprise lui ont offert une truelle géante, qu’il a mise comme enseigne sur l’une des tours ; le château aurait pu aussi bien être surnommé « à l’enseigne de la truelle ».

    "Le château de Gurgy la Ville", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 1 :La truelle géante fichée dans le mur de l'une de ses tours.

    Peu de distance sépare « Gurgeium Villa » de « Gurgeium Castrum », mais ces deux villages, tous deux dans la province de Champagne avant la Révolution et du bailliage de Langres, ont une histoire bien différente.

    "Le château de Gurgy la Ville", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 2 : Carte du duché de Bourgogne par Delisle début XVIIIème siècle. Gurgy-la-Ville et Gurgy-le-Château se trouvent en Champagne, mais entre Châtillon et Arc en Barrois qui sont à l'époque en Bourgogne.

    Gurgy-le-Château (ou Gurgy-le-Châtel) apparaît dans les textes en 1106, tandis que Gurgy-la-Ville apparaît un peu plus tard, en 1185.

    En 1199, l’abbé de Clairvaux, Guy, intervient dans une dispute entre l’abbaye d’Auberive et celle de Longuay, concernant l’étendue de leurs pacages respectifs ; à l’avenir, la première disposera pour elle seule de tous ceux de Buxerolles, Gurgy-le-Château et Faverolles, sans outrepasser du côté de Longuay la voie antique conduisant de Gurgy-le-Château à La Chaume ; et la seconde disposera de tous ceux de Gurgy-la-Ville, Lucey et La Chaume, sans dépasser cette voie du côté de la grange de Val-Serveux et Faverolles

    [i]. En 1231, Henri de Nogent reconnaît avoir cédé à l’évêque de Langres, pour 30 livres, la moitié des dîmes de Gurgy-la-Ville et sa part dans celles de Gurgy-le-Château ; car les cures de chacun des villages sont à la collation de l’évêque de Langres

    [ii]. Ce sont tous les deux des seigneuries, mais avec des seigneurs différents et il n’est pas évident de savoir quel seigneur est de l’un ou l’autre village.

    Cependant, en 1270, la seigneurie de Gurgy-le-Château est vendue à l’évêque de Langres, avec le château, et sera alors une seigneurie ecclésiastique, alors que la seigneurie de Gurgy-la-Ville restera toujours une seigneurie laïque.

    En 1236, Simon, seigneur de Châteauvillain, atteste que Guillaume de Gurgy a rendu hommage à l’évêque de Langres

    [iii], mais il est difficile d’en savoir plus sur les seigneurs de Gurgy au moyen-âge. Certains citent Robert de Gurgy en 1201 et Jean de Gurgy en 1340

    [iv]. Un peu avant 1400, eut lieu le partage de la seigneurie de Gurgy ; Simone de Saint-Balo avait deux filles. L’une, Simone de Chauffour, épousa Oudot de Senailly et eut la maison forte et la moitié de la justice ; l’autre fille, Jeanne de Chauffour (ou Jeannette), épouse d’Arnoult (Arnould) de Dampierre, écuyer, eut « les basses maisons de la maison forte » et probablement l’autre moitié de la justice du lieu

    [v].Pour la branche « Dampierre », on trouve ensuite Pierre Pignard, marchand, seigneur de Dampierre et de Gurgy en partie, procureur à Langres de 1487 à 1491, mort en 1518 (fils de Guyot, seigneur de Dampierre, il fut marié à Catherine Girault) ; son fils, Guy, seigneur de Gurgy en partie, fut bailli à Langres en 1520, puis secrétaire du roi (mort avant 1541, il était marié à Raimonde Ribotteau).

    Puis c’est la branche « Gurgy » de la famille Legoux. Guillaume Legouz, écuyer, seigneur de Vellepesle, est aussi seigneur de Gurgy et La Villeneuve, conseiller du roi en ses conseils d’état et son premier avocat général au parlement en 1586.

    On voit alors que Gurgy est plus du côté bourguignon que champenois.

    Il avait épousé Renée Levallois, dont il eut Bernard Legoux, écuyer, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi en 1618 ; de son mariage, en 1623, avec Anne Morin, il eut une fille, Odette, qui épousa Henry François Garnier et lui apporta Gurgy.

    Leur fils, Georges, écuyer, seigneur de Gurgy en partie, né vers 1666, épousa Anne Febvre, née vers 1658, fille de Richard Febvre et Claude Becquet.

     [i]Archives de Haute Marne-ADHM ; 1 H 36 ; cité dans : « Benoît Chauvin : le Val-Serveux et l’abbaye d’Auberive » ; Les Cahiers Haut-Marnais ; n° 307, 2023/2

    [ii]Roserot Alphonse :

    [iii] ADHM ; G 303

    [iv]Nicolle Adolphe : « monographie de la commune de Gurgy-la-Ville, 1888 » (Cahiers du Châtillonnais, n° 70) ; l’abbé Jacques Denizot parle de Euvrard, écuyer, et son frère, Huo, qui sont seigneurs en 1183 (Bibliothèque de Dijon, Ms 1727-1732) ; certains parlent également de Jobert de Gurgy en 1185

    [v] ADHM ; G 303

    "Le château de Gurgy la Ville", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 3 : Armorial général par d'Hozier 1696

    Puis leur fils, Henry François, seigneur de Gurgy en partie, eut une fille, Jeanne, qui épousa à Germaines, le 25 juillet 1690, Simon Fornier de Germaines, écuyer, ancien garde du corps, lieutenant des chasses et plaisirs de S.M au bailliage de Langres.

     Suivre l’autre partie de la seigneurie, dont faisait partie le château, est plus difficile.

    En 1440, le fils de Simone et Oudot de Senailly, Jean, donne son dénombrement, notamment pour la maison forte.

    C’est lui qui va subir les désastres de la guerre entre les Bourguignons et les Français.

    Le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, était en guerre avec le roi de France, Louis XI.

    Les troupes royales, mêlées à beaucoup de Liégeois révoltés contre le duc, se jetèrent, au commencement de 1472, sur la Bourgogne ; Gurgy-le-Haut (le Château) et Gurgy-le-Bas (la Ville), furent brûlés ; mais le duc reprit l’offensive et chassa les troupes royales.

    En 1473, Jean de Senailly, en considération des désastres des dernières années, où en particulier le château fut brûlé, accorde une taille abonnée aux habitants du lieu pour qu’ils reviennent y demeurer[i]

    C’est probablement lui, ou son fils, qui va reconstruire le château tel qu’il est aujourd’hui, dans ses grandes lignes.

     (i]« Vidimus de 1485 », ADHM, G 303 ; cité par Mouillebouche Hervé : « les maisons-fortes en Bourgogne du nord du XIIIe au XVe siècle »; Dijon, 2002

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    Figure 4 : La façade externe du château avec les traces du pont-levis

    Le château, ou plutôt la maison forte, s'organise aujourd’hui sur une plate-forme carrée, fermée à l'est par un corps de logis à un étage carré sous toit à croupe, au nord par une grange, au sud par un bâtiment de courtine au droit du côté du logis et par un simple mur à l'ouest.

    Le corps de logis principal à l’est est composé d’un rez-de-chaussée, d’un étage carré et d’un étage de comble couvert d’un toit à croupe, avec trois lucarnes en œil-de-bœuf ; ce logis était percé à l’est d'une porte charretière plein-cintre accostée d'une porte piétonne à gauche, avec trois rainures de flèches de pont-levis; à l'aplomb de la porte charretière, se trouvent trois blasons bûchés et une fenêtre haute.

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    Figure 5 : Les rainures des flèches du pont-levis, au-dessus les restes des blasons

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    Figure 6 : La cheminée de la "salle des gardes" derrière le pont-levis

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    Figure 7 : Une salle au rez de chaussée

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    Figure 8 : Une cheminée, dessin de Louis Victor Petitot (album de dessins autour de la Haute Vallée de l'Ource 1999)

    La plate-forme est garnie de deux tours rondes, du côté sud. Au sud-est, la tour est attenante au logis principal ; au sud-ouest, c’est une tour ronde isolée, reliée au logis par la courtine et flanquée d’une échauguette à cheval sur la courtine.

    Ces tours sont percées de canonnières à ébrasement externe oblong.

    De ce côté sud, il reste une trace du fossé.

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    Figure 9 : La tour sud-est, avec des canonnières au raz du toit et au raz du sol

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    Figure 10 : la tour du sud-ouest

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    Figure 11 : Les deux tours et le fossé en eau

    Après le rattachement de la Bourgogne à la France, en 1477, le fils de Jean, Antoine, rend hommage au roi le 18 août 1481, pour Colombey et La Villeuve aux Fresnes, à lui échus par décès de son père ; en 1491, c’est l’aveu et le dénombrement donnés par Antoine de Senailly, seigneur de Rimaucourt, Colombey-les-Deux-Eglises et Gurgy[i].

    On trouve ensuite Pierre Ier de Senailly (marié à Orceline de Thuillières), baron de Rimaucourt, seigneur de Gurgy en partie, de Laneuvelle et de Ravennefontaine, décédé vers 1548[ii].

    Puis son fils, Théodore de Senailly, seigneur de Gurgy en partie et de Rimaucourt ; il fut gouverneur du château de Joinville et mourut vers 1592 (il se maria avec Claude d’Anglure).

    On trouve, au début du XVIIe siècle, Philiberte Garnier dame de Gurgy, qui épouse de Jean Girault, seigneur de Fresnoy[iii].    

    Au XVIIIe siècle, les Febvre vont réunir les deux parties de la seigneurie de Gurgy.

    Ce sont peut-être eux qui vont aménager un parc à l’arrière du château, avec un nymphée, du côté où se trouvait autrefois l’entrée du château.

    En 1737, le dénombrement est fait par Antoine Febvre (né vers 1680/1690 et décédé entre 1732 et 1756), écuyer, gendarme de la garde du Roi, et Jeanne Garnier, sa femme ; il va être seigneur de la totalité, savoir pour un quart par acquisition faite le 18 janvier 1725 du sieur Fournier de Germaines (époux de Jeanne, fille d’Henri François Legoux)  et, pour le surplus, à cause de ladite Jeanne, comme héritière de François Garnier, écuyer, son père[iv].

    [i]ADHM, G 303

    [ii] Pierre de Senailly apparaît lors de la convocation du ban du bailliage de Sens (duché de Langres) ; il est taxé de40 livres, pour un revenu de sa seigneurie de 193 livres 5 sols, lors d’une montre le 15 juillet 1545 (« le ban et l’arrière ban du bailliage de Sens, publié par Maurice Roy ; Sens, 1885)

    [iii] Les Choiseul furent seigneurs de Senailly et aussi seigneurs de Fresnoy

    [iv]ADHM ; G 303

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    Figure 12 : le nymphée, dessin de Louis Victor Petitot (album de dessins autour de la Haute-Vallée de l'Ource 1999)

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    Figure 13 : Le nymphée aujourd'hui (la statue a été retaillée par le propriétaire, de même que les autres bustes)

    Son fils, Richard Febvre, né en 1718, maître de camp de cavalerie, va, en 1756, acheter la seigneurie de Mauvilly et vendre Gurgy au duc de Penthièvre, pour 190 000 livres, tout en gardant le nom (marié à 1738 à Cécile Rougeot, son fils, officier de cavalerie, s’appellera Richard Febvre de Gurgy).   

     Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, est né le 16 novembre 1725.

    C’est le fils unique de Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, fils légitimé de Louis XIV et madame de Montespan.

    En 1693, celui-ci achète le marquisat d’Arc-en-Barrois et, en 1703, Louis XIV érigea le comté de Châteauvillain en duché-pairie pour lui et ses descendants.

    Son fils, Louis Jean Marie, l’une des plus grosses fortunes du royaume, fut gouverneur et lieutenant général de Bretagne et amiral.

    Pour compléter le duché de Châteauvillain, il acheta la seigneurie de Gurgy.

    Avec celle-ci, il fut aussi en possession du haut-fourneau et de la forge, construits probablement vers le milieu du XVIIIe siècle (ce qui entraîna son association avec Aubepierre) ; en 1772, il y était produit 200 000 livres de fer par an.

    Le duc de Penthièvre mourut en Normandie, le 4 mars 1793 ; il avait légué tous ses biens à sa fille, Adélaïde, mais tous ses biens furent alors confisqués.

    Le coup d’État de 1797 va contraindre celle-ci à s’exiler en Espagne.

    Elle revint en France en 1814 et une partie de ses biens lui fut rendus, en particulier les bois (Arc fut restitué en 1814) ; en 1820, les bois de Gurgy étaient gérés par les gardes du duché de Châteauvillain.

    Mais le château avait dû être vendu et acheté par des bourgeois, tandis que fourneau et forge se retrouveront en possession de Jean-Baptiste Edouard Bougueret, maître de forges (né à Gurgy en 1809) qui apportera en 1845 ces usines à la société en commandite Bougueret-Martenot [i].

    On ne sait quand le château perdit ses autres tours. Au XIXe siècle, le château apparaît composé de deux côtés, sans grange adventive.

     [i]Cette société deviendra en 1860 la Société des Forges de Châtillon et Commentry ; mais, en 1860, Bougueret demande de ne pas être imposé à la contribution foncière, le fourneau étant « dans un état de délabrement qui ne permet plus de l’employer à sa destination d’usine ».

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    Figure 14 : Gurgy-la-Ville, cadastre napoléonien

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    Figure 15 : Gravure d'Eugène Nesle 1858 (album pittoresque de l'arrondissement de Châtillon sur Seine 1858)

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    Figure 16 : Dessin de Louis Victor Petitot (album de dessins autour de la Haute Vallée de l'Ource 1999). On distingue les rainures des flèches du pont-levis et on voit la souche d'une cheminée.

     Plus tardivement, furent ajoutés au nord des écuries et une chambre à four.

    Au XXe siècle, le château fut la propriété de familles d’agriculteurs, les derniers étant la famille Défaut, puis la famille Sullerot.

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    Figure 17 : La grange rajoutée côté nord, accolée au corps de logis.

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    Figure 18 : Le château. Carte postale vers 1900, Bogureau éditeur

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     Figure 19 : le cadastre actuel

     Les bâtiments n’étant pas inscrits aux Monuments Historiques, le propriétaire a pu restaurer selon son goût certaines parties, tout en conservant une unité pour l’ensemble du château.

    Ainsi, il a, au-dessus du nymphée, construit une petite "Folie" ; elle n'est pas terminée car il doit encore lui construire un fond et une voûte qu'il a l'intention de décorer d'une fresque.

    "Le château de Gurgy la Ville", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 20 : La "Folie", devant le bassin supérieur

     De même, pour fermer la cour du côté ouest, contre le mur séparant de la rue, il a construit une "Fabrique de jardin" à l'aide de pierres de pays alternant avec des pierres percées trouvées dans la région.

    A l'intérieur, un banc est surmonté de deux têtes sculptées en pierre.

    "Le château de Gurgy la Ville", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 21 : A droite les écuries et la chambre à four. Au fond la "Fabrique de jardin"

    "Le château de Gurgy la Ville", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 22 : La courtine reliant les deux tours.

     Il en est de même pour la courtine reliant les deux tours, qui a été reconstruite ; la fenêtre n’est pas d’origine, mais l’archère est bien en place ; on peut remarquer qu’elle permettait de tirer sur l’ennemi qui pouvait avoir pénétré dans la cour du château.

    Depuis 2005, la famille œuvre pour restaurer, pérenniser, transmettre ce patrimoine bâti chargé d'histoires. C’est une entreprise «« gurgygantesque » comme aime à le rappeler Jean-Philippe Guerra et, afin d’aider à continuer la restauration du château, il est possible de dormir au château pour des « nuits insolites ».

    ( Dominique Masson )


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  • Dominique Masson nous offre un notule sur l'enfance de Lacordaire, merci à lui !

    Notule d’histoire

    Le curieux précepteur du jeune Henri Lacordaire

    La famille Lacordaire a ses origines en Haute Marne, à Bussières-lès-Belmont  (intégré aujourd’hui à  la commune nouvelle de Champsevraine )

    "Le curieux précepteur du jeune Henri Lacordaire", un notule d'histoire de Dominique Masson

    figure 1 : la maison de la famille Lacordaire à Bussières (Haute Marne libérée du 16/01/1968)

    Jean-Baptiste Lacordaire (1686-1751) avait épousé Geneviève (1689-1757), fille d’André Clerget, intendant des salines royales à Salins, et de Magdeleine Charlot.

    Lui-même est chirurgien et il y aura une lignée de médecins ou de chirurgiens à Bussières; ce sera d’abord son fils, François (1717-1781), puis ses deux fils à lui, Jean François, qui reprit la succession de son père à Bussières, et Nicolas Alexandre (1760-1806) qui fut d’abord médecin de marine et participa à la guerre d’indépendance des Etats-Unis, puis continua ses études à Paris. 

     Ce dernier revint ensuite s’installer non loin de sa famille; il subit l’examen de maître-chirurgien à Châtillon en mars 1787 et acheta, à Recey, la maison du notaire royal.

    L’année suivante, il épousait le 7 avril 1788, à Voulaines, Jeanne Pétot, fille du notaire royal.

    Il était acquis aux idées libérales et fut le premier maire de Recey, du 15 février 1790 au 19 novembre 1791.

    Le 24 septembre 1791, il acquit, avec le notaire de Recey Claude Buretey et le laboureur Joseph-Valère Buzenet de Coulmiers-le-Bas, la maison conventuelle de Lugny, mais ils la revendirent le 26 octobre suivant au maître de forges à Bézouotte, M. Lagnier l’aîné; entre temps, ils firent déplacer vers l’église de Recey l’autel en marbre de la chapelle de Lugny et quelques tableaux.

    Ami du curé réfractaire de Recey, l’abbé Magnier, il le cacha lorsque celui-ci, revenu de Rome, tentait de revenir dans son ancienne paroisse; là, il put dire la messe secrètement pendant plusieurs mois.

    De son père Henri Lacordaire dira que sa conversation était agréable, pleine d'esprit et d'entrain, et la maison aux six fenêtres de façade et deux portes fenêtres, recevait souvent des amis de choix.

    Il se souvenait aussi de ce cercle autour de son père qui intéressait, passionnait par ses vues profondes, ses aperçus inattendus.

    Le docteur Nicolas Lacordaire était simple médecin du village de Recey-sur-Ource; sa famille l'avait vivement pressé de s'établir à la ville, où il n'aurait pas manqué de prendre, grâce à son mérite, un rang distingué ; mais il préférait par goût la vie des champs.

     Veuf de Jeanne Pétot en 1796, il se remarie quatre ans plus tard, le 21 mars 1800, à Recey, avec Anne Marie Dugied, dont le père avait été avocat au Parlement de Bourgogne.

    Un premier enfant naquit, le Ier février 1801, prénommé Théodore, puis ce fut, le 12 mai 1802, la naissance de Jean Baptiste Henri, le futur père Lacordaire, baptisé le lendemain (à Lucey ou à Recey, car l’acte, rédigé après coup, est sur une feuille volante.

    Lacordaire a toujours dit qu’il avait été baptisé à Recey) :

    Je suis né le 12 mai 1802 à Recey, dira-t-il, petit bourg des montagnes de la Bourgogne, assis sur le penchant d’une colline, au bord d’une rivière appelée l’Ource, qui est un des affluents de la Seine.

    De vastes forêts entourent ce village d’une ombre épaisse et en font une solitude sérieuse.

    L’abbaye du Val-des-Choux, la chartreuse de Lugny, un prieuré de Malte, le magnifique château de Grancey, étaient les plus proches voisins de mon lieu natal et lui donnaient le caractère d’une habitation plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui…

    "Le curieux précepteur du jeune Henri Lacordaire", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 2 : Henri Lacordaire, avocat, dominicain, député, académicien (carte postale)

    Le jeune Henri fut mis alors en nourrice près d’une femme de Recey, Colette Marquet, et eut un frère de lait.

    Le couple accueillit un troisième garçon, le 15 mai 1803, baptisé Léon.

    Mais, au plein de l'hiver 1806, Nicolas prit un refroidissement qui augmenta sa maladie de poitrine, incurable à l'époque (ou une maladie d’estomac, elle aussi incurable); il alla prendre les eaux à Bourbonne, en Haute Marne, mais, sentant sa fin arriver, il s’en alla à Bussières, près de son frère, Jean François.

    Sa famille vint le rejoindre et le petit Henri fut repris à sa nourrice.

    C’est là que Nicolas mourut, le 3 août 1806.

    Sa femme accoucha, 8 jours après, d’un fils posthume, Télèphe (né le 11 août 1806).                                                                   

    Je n’ai conservé aucune mémoire de mon père; il mourut en 1800, après six années de mariage, laissant à sa veuve quatre enfants mâles et une situation de fortune qui n’était ni l’aisance ni la pauvreté, mais tout juste le strict et honnête nécessaire.

    Ma mère vendit la maison où j’étais né et retourna immédiatement à Dijon, où étaient ses parents et les amis de sa jeunesse.

    "Le curieux précepteur du jeune Henri Lacordaire", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 3 : la maison natale d'Henri Lacordaire à Recey sur Ource, occupée autrefois par une communauté religieuse (carte postale)

    La jeune veuve (elle n’avait que 31 ans et quatre enfants) dut prendre rapidement plusieurs décisions.

    Elle resta onze mois chez son beau-frère puis décida de repartir à Dijon et s’installa rue Jeannin, probablement grâce à la vente de la maison de Recey qui eut lieu en août 1807.

    Elle choisit d’emmener avec elle, en juillet 1807, ses deux plus jeunes fils; elle confia Théodore, âgé de cinq ans, à un prêtre qui tenait une petite école.

    Quant à Henri, il fut décidé qu’il resterait à Bussières, chez son oncle Jean François et sa tante, Geneviève, bonne et croyante.

    Sa mère lui rendait visite régulièrement et toute la famille se retrouvait là durant les vacances:

    C’est le seul lieu de mon enfance dont le souvenir ne m’apparaît jamais sans délices

    dira plus tard le père Lacordaire.

    A six ans, il se rend à l'école de Belmont, distante de trois kilomètres de Bussières, pour quelques leçons de latin.

    Celui qui l’accueille, c’est un parent éloigné, Pierre Liebaux.

    Celui-ci est né le 6 juin 1767 à Sionnes, dans les Vosges.

    Ordonné prêtre le 18 juin 1791 par monseigneur Wandelaincourt, évêque constitutionnel de la Haute Marne, il exerce pendant quelques semaines les fonctions de vicaire à la paroisse Saint-Martin de Langres puis est nommé à Bussières comme prêtre assermenté et devient le curé intrus, remplaçant l’ancien prêtre en place.

    Mais, le 6 avril 1794, il va déclarer cesser ses fonctions et se retire à Langres puis revient à Bussières pour se marier, le 11 septembre, à Marie-Anne Collin, âgée de 18 ans, fille de Gengoulph Collin, ex-seigneur de Pierrefaites-Montesson, et de Catherine Moris; c’est par elle que la famille Liebaux est apparentée à la famille Lacordaire.

    Le couple va demeurer longtemps à Belmont, dans une partie de l’ancien couvent des Bernardines qu’il a acheté.

    "Le curieux précepteur du jeune Henri Lacordaire", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure4 : Lien de parenté entre Lacordaire et Liebaux

    C’est là que le jeune Henri va recevoir ses premières leçons de latin, pendant environ dix mois.

    Mais, en 1809, madame Lacordaire rapatrie son fils à Dijon:

    ma mère m’introduisit alors dans une petite école pour y commencer mes études classiques.                                         

    Quant à Pierre Liebaux, il quittera Belmont pour Arc-en-Barrois, où il sera nommé maire en 1819 puis, après sa démission en 1824, juge de paix du canton d’Arc en 1830.

    Il eut huit enfants.

    Il décédera en 1847, confessé et administré, et sera inhumé au cimetière d’Arc.

    Le père Lacordaire regrettera la vente de la maison de Bussières, en 1858.Dans un de ses derniers voyages, il fit un assez long détour pour aller à Recey, s'agenouiller sur la tombe de son père.

    Il voulut revoir encore une fois la maison paternelle.

    Tous ces souvenirs d'alors lui revinrent.

    A cinquante ans d'intervalle, rien n'était changé. Il se retrouvait chez lui. C'était le même arrangement, les mêmes tapisseries aux murs. Il s'en étonnait auprès du propriétaire actuel:

    Ah  ! Mon Père ! Lui fut-il répondu, cette maison est sans prix à mes yeux à cause du nom qu'elle rappelle; tant que je vivrai, je ne permettrai pas de toucher à aucun de ces souvenirs !

    "Le curieux précepteur du jeune Henri Lacordaire", un notule d'histoire de Dominique Masson

    Figure 5 : l'intérieur de la maison Lacordaire vers 1900 (carte postale)

    (Dominique Masson)

      Bibliographie :

    - Fourtier Gilles: les tribulations d’un abbé révolutionnaire; Les Cahiers Haut-Marnais; n° 295, 2019/4

    -Villard Henri: correspondance inédite du père Lacordaire –lettres à sa famille et à ses amis; Paris, Bruxelles, 1876

    - Chocarne B.R.P: le R.P.H Lacordairede l’ordre des frères prêcheurs, sa vie intime et religieuse ; Paris, 1866

    - Marteau de Langle de Cary Marie et Monneret Jean-Guy : prophète en son pays, Lacordaire; Paris, 1961

    -Philibert Anne: Henri Lacordaire; Editions du Cerf, Paris, 2016

    - Perrenet Pierre: Lugny; Dijon, 1971


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  • Dominique Masson nous présente une notule d'histoire passionnante :

    Un voyage dans le Châtillonnais au XVIe siècle: le récit de l’ambassadeur vénitien Jérôme Lippomano

    Jérôme (Girolamo en italien) Lippomano appartient à une famille patricienne de Venise (Lippomano, Lipomani ou Lippoman), originaire de Negroponte (île grecque d’Eubée), et fut agrégée à la noblesse vénitienne à la suite des services offerts par l’un de ses ancêtres.

    Né en 1538, il est issu d’une famille de banquiers; il sera considéré comme l’un des plus habiles politiciens de sa région et se fera nommer ambassadeur auprès de plusieurs cours européennes tout au long de sa carrière.

    En 1577, il fut nommé ambassadeur de Venise auprès du royaume de France.

    "Un voyage dans le Châtillonnais au XVIème siècle", une notule d'Histoire  passionnante de Dominique Masson

    (Figure 1 : Armes des Lippoman : de gueules à une bande d'argent avec deux têtes de lions arrachées de même, posées en pal)

     Avec sa suite, il se rendit,par voie terrestre,auprès du roi de France Henri II.

    Son secrétaire fit la relation de ce voyage, assez mouvementé car, à cette époque, la France était en proie à une guerre civile entre catholiques et protestants, guerre commencée en 1562.

    L’ambassadeur fait donc son voyage en traversant un pays où alternent guerres et périodes de paix relative, mais où circulent de nombreuses bandes armées.                                                                                                                             Ce récit, Voyage de Jérôme Lippomano, ambassadeur en France en 1577, par son secrétaire, fut traduit, avec d’autres, en français, en 1838 [i].

    Mais M. Charles Rouhier, docteur à Grancey-le-Château et originaire de Recey, historien et archéologue, en avait aussi demandé une traduction, en 1863, à un autre historien local, M. Gaveau, de Magny-Lambert [ii].

    "Un voyage dans le Châtillonnais au XVIème siècle", une notule d'Histoire dde Dominique Masson

    (Figure 2 : relations des ambassadeurs vénitiens par M.Tommaseo Paris 1838)

    Parti de Venise le 4 février 1577, l’ambassadeur passe à Lodi, Alexandrie, Asti, Moncaliero, Turin, puis arrive à Suze, un pays renommé par les bons vins qu’on y fait et qui s’exportent en grande quantité, par toute la Savoie.

    Avant de traverser le Montcenis, il couche dans un petit village dont il dit:

    C’est un pays tout à fait stérile, ne produisant ni grain, ni vin. Aussi, les pauvres habitants mourraient-ils de faim, sans la foule innombrable de voyageurs qui y passent chaque jour, pour aller en Italie, en France, dans la Flandre, en Angleterre, et même en Espagne.

     Le 15 avril, Lippomano se trouve au Montcenis :

    La neige, en certains lieux, était si peu résistante, que les chevaux et les mulets s’enfonçaient jusqu’au poitrail et qu’on avait peine à les dégager.

    A Lunebourg [i], c’est un miracle de trouver quelque chose, puisque, disent les paysans eux-mêmes, le soleil n’y paraît guère que trois mois de l’année.

    La contrée est réellement misérable, comme presque toute la Savoie, principalement jusqu’à St Jean de Maurienne.                                                                  Après avoir vu Chambéry et Aix les Bains, Lippomano entre à Belley le 23 avril.

    Tandis que nous discourions sur ce qu’il y avait de plus sûr, ou de prendre la grande route de Bourgogne, pour éviter La Charité, ou d’aller à Roanne pour nous embarquer sur la Loire, nous apprîmes que des Provençaux, gens nés pour mal faire, postés entre Tarare et Roanne, nous attendaient sur le chemin, demandant aux voyageurs s’ils ne nous avaient pas rencontrés.

    Par ce motif, M. l’ambassadeur, craignant aussi de ne pouvoir éviter les détachements de l’armée qui s’était déjà débandée après le siège de La Charité, prise en ce moment-là, résolut de se diriger vers la Bourgogne [ii]

    Il passe la Saône sur un bateau et s’arrête à Mâcon, où il trouve le logement confortable, mais d’un prix trop élevé.

    Le 28, il s’embarque sur la Saône et, deux jours après, arrive à Chalon, dont on construisait la citadelle; il vante la position avantageuse et le mouvement commercial de cette ville :

    Chalon est une belle, grande et forte ville, ornée d’un riche hôpital, de belles églises, de beaux édifices, de deux ponts superbes.

    Le pays est riche en vins et en blés.

    Entre Chalon et Beaune, il y a des bois très peu sûrs et la route est dangereuse.

    Le 30, les voyageurs arrivent à Antigny et se rendent à Beaune, dont ils admirent l’hôpital.

    L’hôpital de Beaune est peut-être le plus riche de France ; il y a des appartements pour loger le roi, la reine et les princes de sang.

    Nous logeâmes dans les faubourgs, à l’hôtel St Nicolas, où nous fûmes assez convenablement ; le maître d’hôtel et sa femme furent très raisonnables.

    Entre Beaune et Dijon, où nous entrâmes le Ier mai, on remarque deux châteaux avec deux terres qui en dépendent, terres ruinées peu auparavant par les Reîtres; il s’agit de Nuits et Arzili [iii]  ; ces châteaux furent saccagés et détruits, comme presque tout le pays voisin, à l’exception de la ville et des grosses terres murées, par les Reîtres, il y a deux ans.                                                               

    Dijon est la capitale de la Bourgogne; c’est là que sont jugées toutes les causes du pays, ou d’après la volonté des parties, ou bien en dernier ressort.

    On y construit en ce moment un édifice pour le Parlement; ce bâtiment sera superbe par son architecture noble et sévère, par la richesse des ornements et la beauté de ses statues.

    Elle renferme de nombreuses, grandes, riches et belles églises; la cathédrale, en particulier, est regardée comme une des plus belles de France, sinon des plus grandes; elle a une des 3 saintes chapelles de France, laquelle est bâtie avec luxe, plus une collégiale, dont les chanoines, gouvernés par un doyen, sont indépendants de l’évêque du lieu…

    Cette ville a 4 portes et 33 tours, aujourd’hui pleines de terre…

    A côté, passe un ruisseau qui va se jeter dans la Saône; les gens du pays l’appellent Saluzze [iv].

    Le premier magistrat de la ville de Dijon (car je ne compte pas ici le parlement) s’appelle maire, comme dans toutes les villes de la Bourgogne et dans plusieurs provinces de France.

    Il est élu chaque année par ses concitoyens, dans la classe des nobles ou des bourgeois; il a une garde de hallebardiers et son autorité n’est pas sans importance.

    Etant allé chez lui, comme je le fais partout où je passe, je le priai très poliment de me donner, avec les certificats ordinaires de santé, un passeport qui, émanant de la capitale de la Bourgogne, pût me servir pour les autres localités, afin que personne ne mit obstacle au voyage de M. l’ambassadeur; je lui donnai à entendre qu’il ferait ainsi une chose agréable à sa majesté.

    Le bon homme (pour ne pas l’appeler autrement), fit des difficultés, doutant réellement que ce fût l’ambassadeur de Venise, et ajouta: c’est sans doute quelque particulier qui prend ce titre.

    Comme je lui montrais en pure perte les lettres patentes de la seigneurie sérénissime, de son excellence Mgr le gouverneur de Milan, du duc de Savoie et du très puissant seigneur le gouverneur de Lyon, il finit par me dire: comment ce gentilhomme peut-il être ambassadeur de Venise, s’il est vrai que tout le monde y est mort de la peste l’an dernier et qu’il n’en est pas resté un seul vivant ?

    Je lui représentai que le fait était inexact et qu’il n’était guère mort dans cette ville que 40 à 50 mille personnes tout au plus [v].

    Eh! bien, n’ai-je donc raison?reprit-il; je me figure précisément qu’il doit être resté très peu de monde.

    Je me vis obligé de lui répondre que la mort de milliers de personnes à Venise laissait moins de vide que des dizaines à Dijon.

    Il demeura déconcerté de cette réponse et, comme je témoignais le désir de partir, disant qu’après tout, je ne me souciais plus guère de son passeport (et que j’en informerais le roi), il m’en fit délivrer un en bonne et due forme.

    Le soir du 2 mai, nous arrivâmes à Saint-Seine, abbaye et pays entouré de murs, bien que peu important, à 5 lieues de Dijon, cheminant toujours au milieu des vallées et des collines, comme l’on fait presque continuellement jusqu’en Champagne.

    La route toutefois n’est pas bien fatigante ni dangereuse; elle est même bonne et presque toute en plaine, offrant de 2 lieues en 2 lieues des villages qui, ruinés ces années dernières par les Reîtres, se garnissent maintenant d’une enceinte de murailles et de fossés, aux frais des communes et du consentement du roi.

    St Seine a une église dont on a fait en quelque sorte une forteresse, mais peu considérable parce qu’elle est enfoncée dans la vallée.

    Cependant les gens du pays y placent, comme en lieu sûr, ce qu’ils ont de plus précieux.

    Ils ont à craindre, non seulement les dépravations des Reîtres, quand il en passe, mais aussi les gens d’armes qui s’établissent souvent à discrétion, tout catholiques qu’ils sont, comme l’avaient fait la veille 6 enseignes d’infanterie et 6 de cavalerie, conduits par le fils du gouverneur de Metz et qui allaient rejoindre Mgr d’Alençon, frère de sa majesté très Chrétienne, lequel se dirigeait du côté de l’Auvergne, après la prise de La Charité.

    Cette nuit-là, nous logeâmes à l’enseigne des Sceaux, assez bien eu égard à la localité et, le 3, laissant d’abord Chanceaux, village ouvert, puis Baigneux, terre nouvellement fortifiée, le Ier à deux lieues, le second à 4 lieues de Saint Seine, nous arrivâmes le même soir à un petit château appelé Saint-Marc, que nous eûmes de la peine à atteindre de jour, à cause des détours du chemin qui se perd dans les bois plus épais qu’étendus.

    C’est ce qui fit que notre troupe, s’étant égarée, les uns d’un côté, les autres de l’autre, nous fûmes aperçus par des voleurs qui nous suivirent pendant plusieurs jours, comme je le dirai plus loin.

    Cette partie de la Bourgogne est fort stérile car, de Dijon à Saint Marc, on voit peu d’arbres, excepté près des villages; les vignes y sont également très rares.

    Cette nuit-là, nous logeâmes à l’hôtel St Georges, où nous fûmes assez mal.    

    Le lendemain matin 4, nous partîmes, et chevauchant toujours près de la Seine, au milieu de vallées très agréables, nous arrivâmes à Aisey le Duc, laissant d’abord Brémur, tous deux châteaux fortifiés et peu éloignés.

    Non loin de là, on trouve un grand mur, large de plus de 3 pas et long d’au moins 25 qui, barrant l’extrémité de la vallée, interrompt le cours de la Seine, obligée de passer à travers de faibles coupures, pour former de l’autre côté du mur de petits ruisseaux fort agréables: les fontaines amoureuses.

                                                                                                                      Ce même soir, nous arrivâmes à Châtillon-sur-Seine, à 4 lieues de Saint Marc.

    Châtillon, ville assez importante, n’est pas fortifiée ; le peu de murailles qu’elle avait fût jeté à terre par l’amiral Coligny, quand il la prit [vi] ; le château, situé sur la hauteur et dont les ruines attestent une ancienneté plus reculée, ne se compose que de tours très élevées, avec de grosses murailles, toutes d’excellente pierre.

    Ces ruines indiquent une habitation tout-à-fait royale et somptueuse.

    Au pied du rocher, jaillit une source qui, à 5 ou 6 pas de distance, devient (chose presque incroyable !) un ruisseau assez abondant pour faire marcher 4 grandes roues de moulin.

    Néanmoins, la Seine n’est pas navigable, bien qu’elle s’élargisse un peu.                                                                                                                     Nous fûmes très heureux de ne pas continuer notre route ce jour-là; sans cela, nous étions morts, ou au moins dévalisés, comme je le rapporterai tout à l’heure.

    Nous nous arrêtâmes donc pour voir la ville, qui est assez belle et assez grande et fut jadis la résidence des ducs de Bourgogne; ce fût même par un effet de la miséricorde divine, qui nous délivra d’un grand péril.

    Car, tandis que nous étions à table, dinant à l’hôtel du Lion d’or, maison confortable où les prix sont modérés, arriva un voyageur à pied qui avait fait la même route que nous.

    En entendant quelques-uns de notre compagnie parler italien, il comprit qui nous étions et dit:

    «Si, comme je le pense, vous êtes vénitiens, je vais vous apprendre une agréable nouvelle.

    En passant aujourd’hui près d’Aisey le Duc, près des Fontaines amoureuses, 4 cavaliers m’ont demandé si j’avais vu 5 mulets avec la couverture rouge d’un ambassadeur vénitien ».

    Comme je leur répondis négativement, ils se dirent: «certainement ils se sont égarés, mais nous les retrouverons vers Mussy-l’Èvêque [vii] »; et, s’éloignant de moi, ils se jetèrent dans un bois voisin.

    Peu après, arriva aussi à l’hôtel un laquais du grand écuyer du roi, que son maître envoyait de Villars le Poitiers [viii] à Dijon, lequel, apprenant que M. l’ambassadeur y était logé, nous raconta qu’à une lieue et demie de Châtillon, il avait vu une troupe d’environ 25 cavaliers passer la Seine à gué; l’un d’eux, armé et bien monté, s’étant approché de lui, lui avait demandé s’il avait rencontré plusieurs mulets avec des housses rouges; ce laquais le regardait comme l’espion d’une bande de voleurs (car les français nomment ainsi certains gentilshommes pauvres qui battent les grands chemins et se retirent ensuite dans leurs maisons ou châteaux).

    Averti de ce danger, j’allai, d’après l’ordre de M. l’ambassadeur, en conférer avec le lieutenant du roi, dont l’autorité est supérieure à celle du maire, et je le priai de vouloir bien, en se conformant aux ordres de sa majesté, nous donner une escorte de gens de pied et de cavaliers, pour nous conduire en sûreté jusqu’à Bar-sur-Seine.

    «J’ai été averti, me dit-il, que ces brigands ont passé le rivière à gué, qu’ils ont logé cette nuit dans un village à une lieue d’ici et qu’ils sont postés pour vous attendre au passage.

    Je vous conseille, ajouta-t-il, d’attendre un ou deux jours; le duc de Mercœur, cousin du roi, doit passer avec deux cents chevaux [ix]; on l’attend aujourd’hui à Châtillon.

    M. l’ambassadeur pourra aller de compagnie avec lui, ou bien attendre qu’il ait passé, car il balaiera le chemin ».

    Le duc arriva mais, changeant d’avis, au lieu d’aller à Paris, il prit à gauche pour aller rejoindre le frère du roi, qui s’était retiré en Auvergne avec son armée, après avoir pris La Charité.

    Ainsi, force nous fut, le 7 du mois, de prendre une escorte de douze cavaliers et de vingt-quatre arquebusiers, qui nous menèrent sains et saufs à Bar-sur-Seine…

    De Châtillon, nous arrivâmes à Courcelles, puis à Villars le Poitiers[x], château situé à une lieue et demie de distance; et nous eûmes de plus fraiches nouvelles de nos voleurs que, du haut de la muraille, on avait vu passer dans le voisinage.

    Nous continuâmes sans défiance notre route jusqu’à Mussy-l’Èvêque, où nous dinâmes.

    C’est une petite ville assez belle et fortifiée, avec de beaux jardins, des étangs et un superbe bâtiment pour le logement de l’évêque; bien qu’elle soit encore en Bourgogne, elle dépend de la Champagne pour la juridiction.

    Nous passâmes ensuite à Courteron, Giey sur Seine, Neuville, tous gros villages nouvellement fermés de murs par leurs habitants… Enfin, nous arrivâmes sans accident à Bar sur Seine.

    Là, ils prendront une nouvelle escorte de cavaliers et arquebusiers, avec le prévôt de Troyes en tête.

    Puis ils arrivèrent le 22 mai à Amboise, où l’ambassadeur fut reçu le 24 en audience publique; il put présenter ses lettres de créance et fit la révérence au roi.

    Lippomano et sa suite restèrent ensuite, depuis le mois de juin, pendant trois mois, à Poitiers [xi], où se trouvait la cour, car le roi voulait être au plus près des troupes qui assiégeaient Brouage.

    Après l’édit de Poitiers, le roi et la cour regagnèrent Paris et Lippomano les suivit.

    Dans ses rapports adressés à Venise, l’ambassadeur, après avoir évoqué les questions diplomatiques, donna un témoignage amusant du goût des Français, et plus particulièrement des Parisiens, pour la nourriture.

    Deux fois par semaine, les mercredis et samedis, la capitale était ravitaillée par un cortège de plus de deux cents chevaux qui traînaient des charrettes pleines de victuailles: céréales, légumes, viandes, poissons et autres bêtes vivantes.

    Le tout aurait été vendu en moins de deux heures.

    L’ambassadeur note que le veau n’était guère plus cher que le mouton, tant il y en a.

    Le porc, moins recherché, était la viande du pauvre.

    Le chevreuil aurait eu la préférence sur tous les gibiers et l’ambassadeur semble surpris que le lièvre et le marcassin passent avant la perdrix ou le faisan.

    Il est fasciné par l’abondance du poisson qu’il juge toutefois de moins bonne qualité qu’en Italie.

    Foisonnent la sole, l’esturgeon, le turbot et les huîtres qu’on trouve presque toute l’année.

    Car les Parisiens préféraient les poissons de mer, surtout l’hiver lorsque le transport le permettait.

    Parmi les poissons de rivière, il cite le brochet, la grosse lamproie et le saumon que l’on pêche aux embouchures de la Loire et de la Seine.

    Quant à la carpe, elle n’aurait été consommée qu’en pâté.

    Il remarque que les Parisiens n’ont guère de goût pour les légumes, sauf pour les pois verts, ni pour les fruits.

    La fin de vie de Jérôme Lippomano sera tragique.

    Alors qu’il était ambassadeur à Constantinople, en 1591, il est accusé par le Conseil des Dix de Venise d’avoir fourni à la cour d’Espagne de Philippe II des secrets sur les techniques de construction des navires.

    Selon la version officielle, il se serait jeté dans la mer depuis le bateau qui le ramenait pour le juger.

    "Un voyage dans le Châtillonnais au XVIème siècle", une notule d'Histoire dde Dominique Masson

    (Figure 3 : carte de Bourgogne de Joan Blaeu (1596-1773) néerlandais, indiquant "Villers-les-Potier" pour Villers-Patras)

    [i] Probablement Lans le Bourg

    [ii] L’édit de Beaulieu avait été promulgué le 6 mai 1576 ; mais, en décembre 1576, commence la sixième guerre de Religion. Le parti catholique reprit La-Charité-sur-Loire, place de sûreté protestante, point stratégique pour le franchissement de la Loire. Finalement, ce fut la paix de Bergerac, en septembre 1577, confirmée par l’édit de Poitiers, qui mit fin momentanément à cette guerre.

    [iii] Arzilles ?

    [iv] Ce doit être le Suzon qui se jette dans l’Ouche, laquelle rivière amène ses eaux à la Saône

    [v] Selon Muratori, cette peste de 1576 emporta 22 000 hommes, 37 000 femmes et 11 000 enfants

    [vi] En 1562, la guerre éclata entre le parti catholique et le parti protestant ; l’amiral de Coligny s’engagea auprès du prince de Condé, qui tenait pour le protestantisme. Le prince, avec Jean-Casimir du Palatinat, passa avec ses troupes près de Châtillon en 1576, mais il ne prit pas la ville. C’est au contraire l’époque où, à partir de 1571, de grands travaux de fortification y furent entrepris. Quant à Coligny, il avait pris, en 1570, La Charité sur Loire, qui devint l’une des quatre places fortes du protestantisme

    [vii] Mussy-sur-Seine (Aube)

    [viii] Villers-Patras

    [ix] Philippe Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur et de Penthièvre, devint beau-frère du roi Henri III, lorsque celui-ci épousa sa sœur ainée, Louise de Vaudémont, en 1575

    [x]Villers-Patras

    [xi] L’édit de Poitiers fut signé le 17 septembre 1577, mettant fin à la sixième guerre de religion

     

    [ii] Archives départementales de Côte d’Or : 201 J, article1

     


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  • Dominique Masson nous offre aujourd'hui une étude sur les toits et les pigeonniers d'Ampilly le Sec (mais cette étude recouvre aussi les toitures que l'on peut voir dans tout le Châtillonnais)

    A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly-le-Sec

     Quand on passe à Ampilly-le-Sec, on peut voir, au bord de la route départementale, un groupe de maisons, aux toitures différentes.

    Mais le village d’Ampilly, si l’on parcoure ses rues à pied, offre un grand échantillonnage de toits variés.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

     Autrefois, les toitures étaient en chaume, mais présentaient beaucoup de risques d‘incendies. La lauze, ou la « lave », dans le Châtillonnais, évitait ce genre d’inconvénient. Il reste aujourd’hui peu de toits en lave dans le Châtillonnais et la confection d’un toit en pierre était laissée aux maîtres laviers.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    La tuile, en argile, depuis l’époque romaine, était fort employée. Des tuileries existaient, depuis le moyen-âge et peut-être même avant, dans le Châtillonnais, fournissant, en particulier, les châteaux ducaux.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    La tuile plate peut présenter plusieurs aspects ; si la plus courante se présente sous forme de rectangles, on trouve aussi des tuiles de forme écaille ou queue de castor.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    Ces tuiles peuvent également être vernissées.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    En 1840, les frères Gilardoni d’Altkirch (Haut Rhin), inventèrent la tuile à emboîtement en terre cuite. Le principe consiste à gagner de la surface utile en remplaçant le recouvrement important des éléments entre eux, nécessaire à l’étanchéité des tuiles plates, par un jeu de chicanes emboîtées. C’est ce que l’on rencontre essentiellement aujourd’hui.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    Mais il existe plusieurs formes de ces tuiles.

    On trouve couramment la tuile losangée.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    Par contre, la tuile violon est plus rare ; quelques exemplaires de toitures avec ces tuiles se trouvent aussi à Montigny-sur-Aube ou à Lucey.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    La pierre ou l’argile ne sont pas les seuls matériaux pouvant servir sur une toiture. Au XIXe siècle, il y eut une mode, souvent pour marquer l’aisance ou la richesse, ou pour honorer Dieu : c’est l’ardoise, venue par le train d’autres régions françaises. En plus, le poids était beaucoup moins important sur les charpentes.

    Là aussi, les ardoises peuvent n’être que des rectangles, maintenus par des crochets de fer au lattis sous-jacent.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

     Mais il peut y avoir un peu plus de fantaisie.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    Et il ne faut pas oublier les abouts de rive.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

     Les pigeonniers offrent une autre forme architecturale, en rond ou en carré, avec un rebord en pierre pour que les oiseaux puissent arriver ou s’envoler, voire un cercle entier afin que des prédateurs ne puissent entrer.

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

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    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    Mais il y a encore d’autres richesses à voir à Ampilly…

    "A la découverte des toits et des pigeonniers à Ampilly le Sec", un notule de Dominique Masson

    (Photographies Dominique Masson)


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