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Une belle balade gourmande a réuni de nombreux adeptes de la marche autour de Montigny sur Aube
Luc Lefray, un des organisateurs de la "balade gourmande" de 2018, m'envoie un résumé de la promenade, des photos et des notes très intéressantes sur les lieux visités, merci à lui !
Il faisait un temps relativement maussade pour accueillir nos marcheurs : 130 inscrits pour la petite balade et 90 pour la grande.
Un café d’accueil a été servi avec des viennoiseries.
Les marcheurs se sont reconnus, se sont salués, se sont orientés pour s’inscrire et ne pas oublier leur tickets.
Le départ de la grande balade a été donné à 8h30 pour 18kms. A 9h00 la petite balade est partie pour 13 kms.
Le temps s’est amélioré.
Il était prévu de suivre la vallée de l’Aube et de visiter Gevrolles.
Un commentaire a été donné à l’entrée du village sur le château, qui a appartenu longtemps à la famille Du SOUZY, puis est devenu une colonie de vacances d’un organisme parisien : la SITA.
Devenu propriété privée, il offre en partie des chambres d’hôtes.
Nous avons été accueillis à la pause « brioche » par M. le Maire Henri MAITREHENRY qui a retracé l’histoire du village.
Puis une présentation de la bergerie royale puis impériale qui pendant quelques années produisit une sous-race de mérinos.
Un commentaire sur l’église de style « troubadour » et nous avons continué notre route vers la forge sur la route d’Ormoy.
Une explication « sidérurgique » du site, nous a été donnée, détaillée avec l’évolution en fabrique de rivets, mors et brides pour chevaux et plus tard un moulin.
Le chemin s'est poursuivi en direction du domaine de Villiers les Convers, ancienne grange cistercienne, où nous avons été accueillis par la propriétaire des lieux qui nous a présenté le site pendant que les marcheurs prenaient l’apéritif.
Poursuite par le château et la ferme de Beauregard et retour à la salle cantonale de Montigny pour le repas frugale.
L’après-midi, le temps étant redevenu maussade, les marcheurs ont décidé de plier les « bâtons » et de se donner rendez-vous en 2019.
Quelques notes sur les lieux visités :
LE CHATEAU DE GEVROLLES
Celui-ci date de 1850, style renaissance, il est bâti sur pilotis. La superficie du parc est de 11 ha. Il a été rénové en 1885 par M. ROLLE. M Jules du SOUZY, le propriétaire (qui possédait en autre beaucoup de fermes : Val de Nuits sur Riel, etc.) arrive à Gevrolles en 1894. Il est originaire de Quincié en Beaujolais. La moitié de l’année les Du SOUZY réside à Gevrolles. Après Jules, son fils Guy lui succéda. Ces nobles étaient de fervents pratiquants de chasse à courre. Leur meute de 80 chiens et leur équipage de 16 chevaux règnent sur 50 000 ha de forêts de Beaumont, Arc et Gevrolles. Toute la noblesse voisine chevauchait les bois : les d’HARCOURT de Belan , de GAIL de Veuxhaulles, de TREIL de PARDHAILLAN d’Autricourt, de BROISSIA, de Voulaines, De BROTONNE de Vanvey, etc. L’équipage fut démonté en 1931.Un siècle plus tard, le château fut géré par un organisme de colonie de vacances la SITA.
LA BERGERIE DE GEVROLLES
La bergerie impériale 1846 à 1864 :
La bergerie royale puis impériale de Gevrolles fut fondée en 1846 (bail de 18ans), sous la volonté du ministre de l’agriculture M. CUNIN-DIGRAINE. La constitution du troupeau se fit à partir de plusieurs souches différentes : de la bergerie d’état vosgienne de Lahayraux, le mérinos soyeux de Mauchamps, la race de Rambouillet, pour obtenir la race « de Gevrolles ».
Il y eut jusqu’à 800 bêtes dont 200 mère brebis et 50 béliers. Il y avait 3 bergers Celle-ci fut supprimée en 1869.
La concurrence féroce du mérinos châtillonnais et la dette de M. BOUCHU fit que la bergerie fut vendue en « parcelles ».
Les continuateurs de la race du mérinos châtillonnais furent Louis JAPIOT, ferme de la Grange Emery, René NORMIER (1882-1948) agriculteur émérite de la ferme de la Pidance qui constituera son troupeau en 1875, et éleveur réputé de Châtillon, puis E. BERTRAND à Baigneux les Juifs, DUMONT à Fontaines en Duesmois.
Les éleveurs de l’époque chercheront toujours à améliorer la race pour maintenir une qualité de laine soyeuse « haut de gamme ». Dans le journal « l’agriculture moderne » de 1923 : le mouton mérinos châtillonnais, dont la laine fine et soyeuse est la meilleure du monde, est primitivement un animal peu précoce, pourvu d’un squelette grossier et qui produisait une viande peu abondante.
La bergerie, en ruines, fut reprise par la famille MASSART le 1e Novembre 1969. Elle avait fait le pari de restaurer cette ferme pour qu’elle retrouve son cachet d’antan.
L’EGLISE DE GEVROLLES
Le terrain de 50 ares fut acheté par la commune en 1841 aux propriétaires de l’époque de la ferme POTHENET. Le prix fut fixé à 7400 francs.
L’église de Gevrolles sous le vocable de St Pierre es Liens (comme Veuxhaulles) fut construite en 1864 et 1866. L’architecte étant Henri MONNIOT. Elle est de style « troubadour » c’est-à-dire un atmosphère idéalisée au Moyen-Age.
Elle a une particularité : orientation nord-sud. 2 cloches de 800 et 1450 kgs. Une offerte en 1913 par M. Du SOUZY, le châtelain.
L’Abbé Jean-Baptiste LASSALAS
Jean LASSALAS est né en 1855 à Olby, commune du Puy de Dôme. Ecole au séminaire de Clermont-Ferrand. Il est nommé curé en 1887. Il dessert diverses paroisses, mais est aussi passionné de photographies. En 1889, il arrive en Côte d’Or à Villargoix, canton de Saulieu, puis La Roche en Brenil en 1891 jusqu’en 1906. Il signe ses premières « cartes-photos.
Il arrive en Novembre 1907 à Riel les Eaux, puis Février 1909 à Bissey la Côte avant de passer à Gevrolles de 1911 à Septembre 1915.
La personnalité de ce brave curé était difficile à cerner, tant cet homme dissimulait de multiples facettes. Il était jovial, facétieux, attaché à ses racines auvergnates et bon vivant.
Il aimait « tenir salon » et plaisantait :
Ses paroles sonnent toujours comme par exemple :
« le ventre d’un curé est le cimetière des poulets » ou encore :
« pour passer une bonne journée, il faut tuer un poulet
pour une bonne semaine, tuer le cochon
pour une bonne année, se marier
pour passer une belle vie : se faire curé !! »
A MÉDITER !
LA FORGE DE GEVROLLES
Il y eut à Gevrolles des fours à puddler et à réchauffer, marteau à cingler, martinets, tréfilerie, fabrique de chaînes, puis de rivets, mors et brides pour animaux. Dans cette forge, en 1826 prit naissance le mode de fabrication des fers martelés à la houille, connu, sous le nom de méthode champenoise.
1830 une fabrique de chaînes, mors et brides, rivets, accessoires pour attelage de chevaux très consommateurs à cette époque de ces pièces détachées.
En 1842 : tréfilerie et pointerie employait une cinquantaine de personnes. Elles cessèrent leur activité en 1853.
On employait la fonte des fourneaux de Montigny, Dinteville et Veuxhaulles.
1842 : Le propriétaire de l’époque M. ROULOT avait acheté les bâtiments de l’ ancienne tréfilerie et pointerie appartenant à la Sté BELGRAND-BOUCHU , société en déficit qui a cessé de fonctionné en 1852. Ces maîtres de forges se regrouperont, créeront d’autres stés …. Châtillon Commentry
1856 : construction d’un moulin qui brûla en 1878. A ce jour, propriété DE LAPORTE. Le chalet date d’environ 1938. Il fut acheté EN KIT sur un coup de cœur par M. DE BEAUMONT à l’exposition universelle de Paris en 1937 sur le stand d’un pays nordique. « norvégien » et fut installé à Gevrolles.
VILLIERS LES CONVERS :
La ferme de Villiers les Convers est sur le territoire de la commune de Latrecey-Ormoy, en Grand-Est (Ex Champagne)
Les frères convers étaient les manouvriers de l’époque. Ils sont issus de familles pauvres et pieuses, n’ont pas un niveau d’étude qui leur permette d’accéder aux ordres sacrés. Leur vie étaient orientée vers les tâches matérielles de la vie communautaire, plutôt tournée à l’époque vers le défrichage, l’agriculture, l’élevage, etc. Ils ne sont pas tenus aux règles monastiques, ni de participer aux offices de la communauté et sont considérés comme laïcs.
Les convers à l’apogée de Citeaux (abbaye cistercienne) étaient environ 500 pour 300 moines en 1150 environ.
Les bâtiments que l’on aperçoit aujourd’hui correspondent aux bâtiments existants sur le plan napoléonien (1807-1812). Ce plan distingue 2 corps de ferme : Royer et Les Courbes. Elle provient d’une donation consentie en 1177 à Isabelle d’Ormoy, épouse Roland, seigneur d’Essey par l’abbaye de Molesme . Elle arriva ensuite en don à l’abbaye de Longuay (Aubepierre sur Aube) et le restera pendant 6 siècles jusqu’à la révolution. Longuay possédait 6 granges et était rattachée à l’abbaye de Cîteaux. En dot, Longuay lui cédera la grange de Valverset sur Leuglay. . Molesme détiendra le moulin sur la rivière Aube.
La chartreuse de Lugny détenait certains droits sur Villiers.
Nous sommes exactement à la frontière de 2 abbayes : Clairvaux et Cîteaux
La ferme fut vendue aux enchères le 21 Juillet 1791. François Roland de Cirey en fut l’acquéreur, agissant aux noms de Thimothée d’Essey et François Mongin d’Aizanville. Pour 102800 livres. (la mise à prix était de 60 000 livres : la vente comprenait 600 journaux (1/2 hectare avec un cheval) de terres labourables, 48 de friches, 78fauchées de prés (500m2 = 5ares), 48 de pâtis, 308 arpents de bois (1/4 ha). Et 41 fauchées sur Gevrolles. Un muid de vin = 270 litres.
Au 19ème siècle, elle fut propriété de la famille Bordet, puis ses descendants.
Elle fut une seconde fois revendue aux enchères en 1905 (voir affiche). Elle fut acquise par André MARTIN, ingénieur industriel, soyeux de Lyon qui possédait également le château de Montigny. Elle y restera en succession jusqu’en 1994, date de rachat des derniers propriétaires qui nous accueillent aujourd’hui.
Les fermiers du 20ème siècle : la famille Becker, d’origine luxembourgeoise jusqu’en 1935. (rejoindra Epailly). Puis la famille PERANI en 1939, qui cultivait auparavant la ferme de Valfond à Lanty.
Une source et l’étang en contrebas.
LA FERME ET LE CHATEAU DE BEAUREGARD
qui passa sur le territoire de Montigny M. Albert TERRASSON, né en 1846 en Haute Loire, entrepreneur de TP fit passer la propriété sur la commune de Montigny en 1905 afin de devenir le maire du chef lieu, puis pour poursuivre une carrière politique et acquérir le poste de conseiller général ce qui fut le cas de 1898 à Juillet 1910. . A cette époque le domaine représentait 90 ha de terre labourables, 25 ha de prés 1 ha de bois et 40 vaches « brunes ». + bergerie de 250 moutons. Albert TERRASSON était aussi propriétaire de l’ancienne commanderie d’Epailly. Celui-ci était fils de notaire, entrepreneur de TP d’abord en Hte Marne à Chalindrey, où le travail ne manque pas (nœud ferroviaire), canaux. Il s’y marie en 1878. Il meurt à Beauregard le 4 Février 1916. Les 4 enfants, Louis, Pierre, Jean et Camille vendirent le château en 1919 à Pierre GICQUEL, sellier à Châlons sur Saône, sa veuve le revend en 1957 SCI (Gilbert FRANCOIS) puis famille TILQUIN.
En 1886 sur Gevrolles : fermier : LECURIOT Daniel
En 1921 à 1931: GILLIER Camille et ses 7 enfants
Les fermiers famille RADEL Emile en 1936 avec son beau-frère DEFER Pierre en 1936.
MARECHAL père, MARECHAL Michel jusqu’en 1965. Famille BARDET , puis OSAER.
L’ancien site des fours à chaux de GUSMINI (15 employés).
L’ancienne gendarmerie (1920) ensuite au château vers le fourneau.
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Commentaires
À partir de 1832, les encouragements officiels fuient prodigués à M. Graux. Dans l’espace de vingt-cinq ans, il a reçu au moins 120,000 francs. En 1840, vingt brebis et trois béliers furent achetés à M. Graux pour les bergeries de l’État- On en transporta une partie à Alfort et l’autre à Lahayevaux, dans les Vosges. Par des croisements aveu des sujets anglais, on parvint à produire des moutons très-recherchés maintenant dans les environs de Paris. Ils produisent une laine plus fine et meilleure que les moutons anglais, et ont en outre les qualités recherchées pour la boucherie. La bergerie de Lahayevaux ayant été transportée à Gevrolles, dans la Côted’Or, on s’y occupa avec un grand succès de l’amélioration de la race du Mauchamp. On y a fait notamment un croisement du inauchainp avec le rambouillet, qui a parfaitement réussi. Les éleveurs d’Australie et du Cap savent parfaitement apprécier cette race, car ils viennent tous les ans en acheter à Gevrolles et dans les troupeaux du Châtillonnais qui ont été améliorés par les béliers que les éleveurs de ce pays ont pris à Gevrolles.