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"Le chant du poilu", une très émouvante conférence musicale, proposée par la Bibliothèque Municipale de Châtillon sur Seine
La ville de Châtillon sur Seine, organise depuis septembre 2014, de nombreuses manifestations commémorant le début de la Grande Guerre.
Des animations ont déjà eu lieu, Hubert Brigand nous les a rappelées, d'autres suivront.
Elles figurent sur le dépliant que l'on peut se procurer en Mairie ou à l'Office du Tourisme :
Le vendredi 7 novembre, c'est la Bibliothèque Municipale qui a proposé une conférence musicale "Le chant du poilu", animée par Jacques Perciot.
Annick Gueneau, bibliothécaire, nous a présenté le conférencier Jacques Perciot.
Jacques Perciot est un grand spécialiste de la chanson ancienne et contemporaine. Longtemps animateur de radio, il a écrit de nombreux livres sur les artistes prestigieux qu'il a connus.
Pour cette conférence sur les chansons de l'époque 14-18, il a réuni de nombreux extraits, illustrés de photos d'époque, qu'il nous a fait entendre, mais il a chanté aussi a capella, d'une voix magnifique, certaines œuvres moins connues.
Jacques Perciot nous a tout d'abord rappelé que des chansons patriotiques ont existé de tout temps, mais que certaines de celles-ci, fustigeant les Allemands (à cette époque les Prussiens) ont vu le jour après la défaite de Sedan. Comme ce "clairon" qui date de 1875 :
Le Clairon
L'air est pur, la route est large,
Le Clairon sonne la charge,
Les Zouaves vont chantant,
Et là-haut sur la colline,
Dans la forêt qui domine,
Le Prussien les attend .Le Clairon est un vieux brave,
Et lorsque la lutte est grave,
C'est un rude compagnon ;
Il a vu mainte bataille
Et porte plus d'une entaille,
Depuis les pieds jusqu'au front.
C'est lui qui guide la fête
Jamais sa fière trompette
N'eut un accent plus vainqueur;
Et de son souffle de flamme,
L'espérance vient à l'âme,
Le courage monte au cœur.On grimpe, on court, on arrive,
Et la fusillade est vive,
Et les Prussiens sont adroits.
Quand enfin le cri se jette:
" En marche! A la baïonnette !"
Et l'on entre sous le bois.A la première décharge,
Le Clairon sonnant la charge
Tombe frappé sans recours;
Mais, par un effort suprême,
Menant le combat quand même,
Le Clairon sonne toujours.
Et cependant le sang coule,
Mais sa main, qui le refoule,
Suspend un instant la mort,
Et de sa note affolée
Précipitant la mêlée,
Le vieux Clairon sonne encor.
Il est là, couché sur l'herbe,
Dédaignant, blessé superbe,
Tout espoir et tout secours;
Et sur sa lèvre sanglante,
Gardant sa trompette ardente,
Il sonne, il sonne toujours.Puis, dans la forêt pressée,
Voyant la charge lancée,
Et les Zouaves bondir,
Alors le clairon s'arrête,
Sa dernière tâche est faite,
Il achève de mourir.Au début du conflit de 14-18, le genre patriotique renaît. A ce moment on emploie des mots destinés à disqualifier l'ennemi, on le traite de boche, de vautour, de porc, de rat. Dans une chanson de Vincent Scotto on peut entendre ceci "les boches c'est comme les rats, plus on en tue, plus il y en a".
Ce chant, "Cocorico ! ou "L'aigle et le coq", dont les paroles sont de Bertal-Maubon et la musique de Léo Daniderf, date de 1918.
Cocorico
Il était un aigle puissant
Qui faisait des rêves de sang
Et qui voulait tenir le monde
Entre ses deux griffes immondes
Il roulait vers le coq gaulois
Ses gros yeux fourbes et sournois
Et l'entourait diplomatique
D'ambassadeurs trop pacifiques
Mais le jour où l'on a compris
Qu'il fallait prendre les fusils
Cocorico ! Le coq a chanté
Notre marseillaise immortelle
Et quand il a battu les ailes
Au soleil de la liberté
L'aigle a compris dans un long sursaut
Que devant ses vaines menaces
Le coq lançait vibrant d'audace
Un appel a tous les échos
Debout les gars !
Debout les gars !
Cocorico !
Désormais l'aigle est dépouillé
Et le sol qu'il avait souillé
Porte la fière cicatrice
De tout l'immense sacrifice
Ce n'est pas pour rien que les gars
Bravement sont tombés là-bas
Leur sang sèche sur le monde
La sève est déjà plus féconde
Pour saluer cet avenir
Et tout ceux qui surent mourir
Cocorico le coq a chanté
Notre marseillaise immortelle
Et quand il a battu les ailes
Au soleil de la liberté
Les gars, chantez ! Le coq plus beau
Et toujours plus grand que la veille
Sait encore faire une merveille
Quand il lance à tout les échos
Cocorico !
Cocorico !
Cocorico !Ces chansons sont chantées dans les "caf'conc", puis enregistrées sur des cylindres et des disques, mais peu de gens possèdent des tourne disques, la radio, la télé n'existent pas. Les chansons sont imprimées sur ce qu'on appelle des "petits formats", et on les chante entre amis. Il faut savoir qu'à cette époque on chante beaucoup en famille , dans les réunions, les mariages...
Les textes de ces chansons et leurs mélodies sont très soignées et émouvantes , comme cette prière des ruines.
La prière des ruines
La nuit couvre la ville où passa ma bataille
Plus de clochers, des toits brûlés
La lune se répand sur des pans de muraille
Grands fantômes démantelés
Sur l'étrange décor qui dans le soir sommeille
Soudain s'élève une rumeur
Est-ce la voix du vent qui tout à coup s'éveille ?
Non... C'est tout un chant de grandeurRefrain :
La prière des ruines
Monte du fond des nuits
Au dessus des collines
Parle au passant et dit
D'une ville prospère
Près des riants coteaux
Regardez la misère
Qu'ont fait mes bourreauxAuprès d'un carrefour où le canon fit rage
Abattant et nivelant tout
Comme par miracle en ce désert sauvage
Un calvaire est resté debout
Le Christ au front penché plein de pitié regarde
Le chaos triste et dévasté
On dirait qu'obstiné le rédempteur s'attarde
A prêcher la fraternitéRefrain:
La prière des ruines
Nous dit du fond des nuits
Par cette voix divine
Frères soyez unis
Tout est noir et stérile
Où le bonheur vivait
Ah! de mon évangile
Hommes qu'avez vous fait ?Mais à chaque printemps qui fleurit la nature
Les ruines ont des nids d'oiseaux
Cité tu vas renaître et panser tes blessures
regardant vers les temps nouveaux
Bientôt tout ce qui chante et tout ce qui travaille
Entre tes murs va revenir
Et déjà monte au bruit de la vie qui tressaille
L'hymne d'espoir et d'avenirRefrain:
La prière des ruines
Nous dit dans le soleil
Les lointains s'illuminent
Demain c'est le réveil
C'est la joie qui va suivre
La fin des jours mauvais
Les hommes veulent vivre
Et travailler en paixUn auteur très connu de l'époque, Louis Bousquet, avait composé une chanson cocardière en 1913, intitulée "Quand Madelon". Chantée par Bach, elle n'avait eu aucun succès ! Or, dès la déclaration de guerre la chanson renaît, elle aura un succès phénoménal, tel qu'on la chante encore aujourd'hui !
Quand Madelon
Pour le repos, le plaisir du militaire
Il est là-bas à deux pas de la forêt
Une maison aux murs tout couverts de lierre
"Aux tourlourous", c'est le nom du cabaret
La servante est jeune et gentille
Légère comme un papillon
Comme son vin, son oeil pétille
Nous l'appelons la Madelon
Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour,
Ce n'est que Madelon, mais pour nous c'est l'amour.Refrain:
Quand Madelon vient nous servir à boire
Sous la tonnelle, on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon
La Madelon pour nous n'est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton
Elle rit, c'est tout le mal qu'elle sait faire
Madelon, Madelon, Madelon !Nous avons tous au pays une payse
Qui nous attend et que l'on épousera
Mais elle est loin, bien trop loin pour qu'on lui dise
Ce qu'on fera quand la classe rentrera.
En comptant les jours, on soupire
Et quand le temps nous semble long
Tout ce qu'on ne peut pas lui dire
On va le dire à Madelon.
On l'embrass' dans les coins, elle dit : "Veux-tu finir ..."
On s'figure que c'est l'autr', ça nous fait bien plaisirRefrain
Un caporal, en képi de fantaisie
S'en fut trouver Madelon un beau matin
Et, fou d'amour, lui dit qu'elle était jolie
Et qu'il venait pour lui demander sa main
La Madelon, pas bête en somme
Lui répondit en souriant :
"Et pourquoi prendrais-je un seul homme
Quand j'aime tout un régiment?
Tes amis vont venir, tu n'auras pas ma main
J'en ai bien trop besoin pour leur verser du vin !Refrain
Durant la première guerre mondiale, Georges Montéhus s'est fait le chantre de l'Union Sacrée et a composé et chanté des chansons engagées comme la Butte Rouge, que nous avons pu entendre, interprétée par Marc Ogeret, un châtillonnais très connu.
Cette chanson écrite par Montehus et G. Krier, a été reprise par Marc Ogeret sur son album "Chansons de Révolte et d'Espoir" en 1974.
La butte rouge
Sur cette butte là y'avait pas d'gigolettes
Pas de marlous ni de beaux muscadins.
Ah c'était loin du Moulin d'la Galette,
Et de Paname qu'est le roi des patelins.
C'qu'elle en a bu du bon sang cette terre,
Sang d'ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents !La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin,
Qui boira d'ce vin là, boira l'sang des copains.Sur cette butte là on n'y f'sait pas la noce
Comme à Montmartre où l'champagne coule à flots,
Mais les pauvr's gars qu'avaient laissé des gosses
Y f'saient entendre de terribles sanglots ...
C'qu'elle en a bu des larmes cette terre,
Larmes d'ouvriers et larmes de paysans
Car les bandits qui sont cause des guerres
Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans !La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin,
Qui boit de ce vin là, boit les larmes des copains.Sur cette butte là, on y r'fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons :
Filles et gars doucement qui échangent
Des mots d'amour qui donnent le frisson.
Peuvent-ils songer, dans leurs folles étreintes,
Qu'à cet endroit où s'échangent leurs baisers,
J'ai entendu la nuit monter des plaintes
Et j'y ai vu des gars au crâne brisé !La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin.
Mais moi j'y vois des croix portant l'nom des copains ...Pour les poilus la vie est dure, on attend le quart de vin que l'on appelle le pinard, qui redonnera un peu de courage, et l'on chante :
Le pinard
Sur les chemins de France et de Navarre
Le soldat chante en portant son bazar
Une chanson authentique et bizarre
Dont le refrain est "Vive le pinard !"
{Refrain:}
Un ! deux !
Le pinard c'est de la vinasse
Ça réchauffe là oùsque ça passe
Vas-y, Bidasse, remplis mon quart
Vive le pinard, vive le pinard !
Aimer sa sœur, sa tante, sa marraine
Jusqu'à la mort, aimer son étendard,
Aimer son frère, aimer son capitaine,
Ça n'empêche pas d'adorer le pinard
{au Refrain}
Fier inventeur de la pomme de terre
On a donné ton nom à des esquarres
Mais dis-nous donc alors, que faut-il faire
Pour honorer l'inventeur du pinard ?
{au Refrain}
Jeune marmot, bois le lait de ta mère
C'est ton devoir, mais songe que plus tard
Cette boisson te paraîtra z'amère,
Un vrai poilu ne boit que du pinard
{au Refrain}
Le vieux garçon, on s'éloigne à sa vue,
Le vieux laid'ron, on le met z'au rencard,
La vieille bouteille est toujours bienvenue,
Plus il est vieux, plus on aime le pinard
{au Refrain}
Cèpe des bois, nourriture bien digne
De parfumer le repas d'un Boyard,
Tu ne vaudras jamais le cep de la vigne,
Vu que c'est lui qui donne le pinard.
{au Refrain}
Dans le désert, on dit qu'le dromadaire
N'a jamais soif, mais c'est des racontars,
S'il ne boit pas, c'est qu'il n'a que d'l'eau claire,
Il boirait bien s'il avait du pinard
{au Refrain}
On tue les poux avec l'insecticide,
On tue les puces avecque du coaltar,
On tue les rats avecque des acides
Et le cafard en buvant du pinard
{au Refrain}
On tend l'jarret pour avoir de l'allure,
On tend des pièges pour prendre le renard,
On tend son arc pour avoir la main sûre,
Moi j'tends mon quart pour avoir du pinard
{au Refrain}
Si vous avez compris ma chansonnette
Je vous en prie, ne soyez pas flemmards,
Prouvez-moi-le en chantant z'à tue-tête
Le gai refrain de "Vive le pinard !"Le temps est long dans les tranchées, on s'occupe entre deux attaques à confectionner des objets avec du laiton, on parle des poux, on fustige les "mercredis", c'est à dire des commerçants qui profitent des poilus, on évoque avec tendresse l'épouse ou la marraine de guerre...
On attend aussi la "roulante" qui apporte le rata...
La chanson qui suit m'a beaucoup émue, car mon grand-père qui était cuisinier (il avait travaillé avec Escoffier à Londres) était tout naturellement responsable de la "roulante" de son régiment à Koritza en Albanie. C'est en emportant la roulante à ses poilus qu'il fut tué par un obus en juin 1917...Mon père fut de ce fait pupille de la Nation, je suis sûre qu'il aurait eu les larmes aux yeux en écoutant "A la roulante"...
A La roulante
Les nouveaux riches dînent chez Fayard
Les profiteurs ils ont un bar
Mais le poilu lui se sustente
A la roulanteY'a du peuple le lundi, l'mardi
Les autr's jours, ben y'en a aussi
Et ça r'commence la semaine suivante
A la roulanteQuand elle passe dans un pat'lin
Les vaches la prenant pour un train
Font un sourire d'un mètre cinquante
A la roulanteSouvent il vient des députés
Qui d'mandent aux poilus épatés
- La bectance est elle suffisante ?
A la roulanteEt les poilus d'un air moqueur
Ils répondent la bouche en coeur
Oh ! monsieur elle est épatante !
A la roulanteLes types s'en vont sur leurs autos
Et on imprime dans les journaux
Ils ont tous une mine épatante
A la roulanteEh ! ben y'a du vrai dans c'bobard
Mais c'qui leur donne cet air flambard
C'est pas l'menu qu'on leur présente
A la roulanteNon... C'est une chose, un je n'sais quoi
Qu'on sent flotter autour de soi
Dans la vapeur qui monte et chante
A la roulanteC'est le souv'nir d'la Somme et d'Verdun
L'idée enfin qu'on est quelqu'un
Comme qui dirait d'la gloire vivante
A la roulanteLes poilus, fatigués de cette guerre interminable et si meurtrière composèrent des textes contestataires sur des airs connus. Ces chansons étaient interceptées par la censure, on se cachait donc pour les chanter. La chanson de Lorette, par exemple, évoque les mutineries qui éclatèrent dans l'armée, mutineries sauvagement réprimées par les supérieurs militaires.
La chanson de Lorette, publiée par Paul Vaillant-Couturier en 1919, s'intitule aussi Chanson de Craonne (du nom de la commune de Craonne). C'est une chanson de tradition orale, chantée par des soldats entre 1915 et 1917et interdite par le commandement.
La chanson de Craonne
Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête
- Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes
- RefrainC'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu d'se cacher tous ces embusqués
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien
Nous autres les pauv' purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr' les biens de ces messieurs là
- Refrain :
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau.Une multitude de chansons a existé durant la Grande Guerre, mais le genre s'est perpétué plus tard, même de nos jours ! Barbara, Maxime le Forestier ont évoqué le conflit..Le poète Louis Aragon a composé un très beau texte que Léo Ferré a mis en musique...
Si beau, que tous les auditeurs châtillonnais ont applaudi à tout rompre après sa diffusion..
Léo Ferré chante "Tu n’en reviendras" pas de Louis Aragon
Tu n’en reviendras pas toi qui courais les filles
Jeune homme dont j’ai vu battre le cœur à nu
Quand j’ai déchiré ta chemise et toi non plus
Tu n’en reviendras pas vieux joueur de manilleQu’un obus a coupé par le travers en deux
Pour une fois qu’il avait un jeu du tonnerre
Et toi le tatoué l’ancien légionnaire
Tu survivras longtemps sans visage sans yeuxOn part Dieu sait pour où ça tient du mauvais rêve
On glissera le long de la ligne de feu
Quelque part ça commence à n’être plus du jeu
Les bonshommes là-bas attendent la relèveRoule au loin roule train des dernières lueurs
Les soldats assoupis que ta danse secouent
Laissent pencher leur front et fléchissent le cou
Cela sent le tabac l’haleine la sueurComment vous regarder sans voir vos destinées
Fiancés de la terre et promis des douleurs
La veilleuse vous fait de la couleur des pleurs
Vous bougez vaguement vos jambes condamnéesDéjà la pierre pense où votre nom s’inscrit
Déjà vous n’êtes plus qu’un mot d’or sur nos places
Déjà le souvenir de vos amours s’efface
Déjà vous n’êtes plus que pour avoir périMerci à Jacques Perciot pour sa conférence magistrale, émouvante au possible.
Voici son site : http://jacques-perciot.monsite-orange.fr/
S'il passe chez vous, allez l'écouter, vous ne le regretterez pas !
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Commentaires
1JenryMardi 11 Novembre 2014 à 08:52Même en temps de guerre, la chanson est dans les cœurs: patriotique, satirique, amoureuse, réaliste. Merci à Jacques Perciot de nous avoir rappeler avec passion, humour et émotion cette petite histoire de la chanson française pendant la Grande Guerre.
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Auriez vous les paroles chantées : les vieux poilus de Marcel Dambrine. ?
Pour la chanter pour le 11 Novembre. Merci