• Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    NOTULE D’HISTOIRE

    Deux châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, en 1870 :                                

      Eugène Riu et Louis Blairet

    L’un est militaire, l’autre journaliste, l’un est devenu Châtillonnais par mariage, l’autre est né à Laignes, mais tous deux ont combattu aux côtés de Garibaldi, en Côte d’Or,lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871.

    Le premier est Eugène Marie Joseph Daniel Clélia Riu, né à Montpellier le 15 juillet 1832.

    Apprenti-sculpteur, il s’engage à 19 ans, en 1851, comme soldat au 10erégiment d’infanterie.

    Le 6 février 1866, il se marie avec Anne Léonille Beau, à Chamesson.

    Le 15 octobre 1869, il est promu capitaine.

    Il quitte Paris avec son régiment, le17 juillet 1870, pour gagner Metz, avant même la déclaration de guerre avec la Prusse, le 19.

    Mais la ville capitule le 27 octobre.              

    Le capitaine Riu n’a pas l’intention de se laisser emmener en Allemagne et, avec quelques autres officiers et revêtus d’habits civils, il arrive finalement à Chaumont, le 5 novembre, non sans avoir été arrêté dans son périple par les prussiens et les français, mais il pût à chaque fois se libérer.

    Le 6, le préfet de Haute Marne l’envoie, avec des francs-tireurs à peine organisés, pour s’opposer à la marche des prussiens à Provenchères (Haute Marne) ; il y recevra une blessure à l’arcade sourcilière et c’est sa femme, en parcourant le champ de bataille avec une religieuse, qui le retrouvera parmi les blessés.

    Le 8 novembre, la retraite de Chaumont sur Langres est décidée et Riu est chargé, avec les francs-tireurs du Tarn, de la couvrir contre les attaques de la cavalerie prussienne.

    Le même jour, il est nommé chef de bataillon (commandant).

    On veut le retenir à Langres, mais il préfère rejoindre Ricciotti Garibaldi et les francs-tireurs du Tarn qui s’étaient déjà réunis à lui.

    Par Recey (où il laissa son cheval), Aignay et Semur, il arrive à Avallon le 14 novembre, avec son ordonnance Guizard et 4 autres évadés de Metz.Là, il se mit au service de Ricciotti Garibaldi, tout en étant officier de l’armée française.  

       Il fut nommé chef d’état-major et se fit appeler d’Houdetot[i].

    Deux Châtillonnais

    figure 1 :Photographie du colonel Riu en mars 1871 (Militaria)

    [i] Grenest : l’armée de l’Est ; « Ricciotti, nous dit l’historien Mignard, avait pour chef d’état-major un capitaine d’infanterie évadé de Metz, nommé Rieusse (Riu) de Chamesson, qui se faisait appeler d’Houdetot, et qui était un excellent militaire ».

     

    Un de nos vaillants soldats, sorti du rang, un échappé de Metz, toujours actif malgré sa blessure, le capitaine Riu, de Chamesson, offrit ses services. Il était du pays ; il fut écouté. De Saint-Dizier, Joinville, Chaumont, Châteauvillain, Châtillon, Nuits, Tonnerre, stations importantes de cette ligne, il montra au général(Ricciotti) que Châtillon, avec son nœud de cinq routes et son embranchement de voies ferrées, était le point le plus solidement occupé et aussi le plus important. Châtillon fut choisi comme objectif[i].                                                                                                     L’attaque eut lieu le matin du 19 novembre, par la rue de Chaumont (l’actuelle rue Docteur Robert), et la route de Montbard (l’actuelle avenue Maréchal Joffre) : Les Vosgiens du capitaine Welcker avaient couru droit à l’ancienne poste aux chevaux. Loguiot, notre guide, ancien chasseur d’Afrique, savait qu’il y avait là presque toute la cavalerie de l’escadron[ii]. La cavalerie, composée de hussards, était répandue dans la rue de Chaumont., principalement à l’ancien hôtel de la Poste aux chevaux, à cause des écuries [iii]. Les hussards se cachent sous les auges, ou dans les coffres d’avoine, ou dans la paille. Vite, on empoigne tout et, en sortant, on se casse le nez sur les camarades qui revenaient. Eclat de rire formidable. Jésus, mein Gott ! Ils n’eurent qu’à emboîter le pas, menant eux-mêmes leurs chevaux par la bride [iv].                                                                                                                           Ricciotti Garibaldi confirme cette prise [v]:

     Et Welker, commandant les Francs-Tireurs des Vosges, ancien négociant en chevaux, qui disparut à mes yeux au début de l’assaut de Châtillon, et lorsque je le vis reparaître, il menait les quatre -vingt-deux chevaux d’un escadron prussien. Cette prise avait été son unique préoccupation, et comme il n’avait pas assez de francs-tireurs pour conduire tous ces chevaux, il les fit amener à la main par les hussards prussiens eux-mêmes, qu’on avait fait prisonniers.

     

    [i] Dormoy P.A : Souvenirs d’avant-garde ; volume II ; Paris, 1887

    [ii] Dormoy, op.cit.

    [iii] Siebecker Edouard : le marchand d’œufs ; le Châtillonnais et l’Auxois, 5 juillet 1886

    [iv] Dormoy, op.cit.

    [v] Garibaldi Ricciotti : Souvenirs de la campagne de France 1870-71 ; traduction de Philippe Casimir ; Nice, 1899

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Figure 2 : Au retour de la "surprise de Châtillon' vers Ampilly le Sec (Grenest, l'armée de l'Est, relation anecdotique de la campagne de 1870-1871 Paris 1895)

    Quand l’armée des Vosges se créa, on ne trouvait que 43 hommes du 7e chasseurs à cheval, avec le commandant de Batsalle[i] ; à la création de la 4e brigade de Ricciotti Garibaldi, il n’y avait seulement que quelques cavaliers éclaireurs, commandés par le lieutenant Radowitz[ii].

    La « surprise de Châtillon » permit, non seulement de faire des prisonniers et de prendre la caisse du régiment, mais aussi de prendre 82 chevaux dressés avec leur harnachement.

    Dans un premier temps, en revenant à Coulmiers, la cavalerie fermait la marche…

    On avait hissé sur les chevaux les hommes blessés ou fatigués qui ne pouvaient suivre la colonne[iii].

    Après une nuit réparatrice à Coulmiers, la 4e brigade quitta le village pour Montbard : La matinée du 21 fut consacrée à l’essai de cavaliers volontaires, destinés à monter les chevaux pris à l’ennemi.

    On commençait la formation d’un escadron d’éclaireurs pour la brigade[iv]

    Cet escadron, appelé escadron de Châtillon ou escadron des guides de Châtillon ou cavaliers volontaires de Châtillon, compta 70 hommes au Ier janvier 1871 et fut définitivement attaché à la quatrième brigade (celle commandée par Ricciotti), par l’ordre du jour n° 134, du 27 janvier 1871[v].

     

    [i] Blairet Louis : L’armée des Vosges et les Garibaldiens ; Fécamp, 1891

    [ii] Thiébault Edmond : Ricciotti Garibaldi et la 4e brigade ; Paris, 1872

    [iii]Thiébault:op.cit.

    [iv]Thiébault: op.cit.

    [v] Bordone (général) : Garibaldi et l’armée des Vosges ; Paris, 1871

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    Figure 3 : Les forces de Garibaldi dont les cavaliers volontaires de Châtillon "La guerre franco-allemande de 1870-1871, rédigée par la section historique du grand Etat-Major prussien"tome IV

    Le commandant des Uhlans, le major von Alvensleben, logé en haut de la rue du Bourg-à-Mont, dans la propriété Barrachin, refusant de se rendre, avait cherché à s’enfuir par une porte de jardin, comptant sur la vitesse de son cheval.

    Mais il fut tué par un jeune franc-tireur de la Savoie, le sergent Guillet.

    Le casque argenté du major fut emmené comme un trophée, mais Riu conserva le cheval du major[i].

    Ce cheval, né à Auch chez le comte des Cars, avait fait ensuite partie des écuries de Napoléon III ; il avait été vendu aux Allemands après la bataille de Sedan.

    Riu le renomma Châtillon le Uhlan, le garda pendant toute la guerre et le fit courir ensuite sur le champ de courses du sud-est.           

    Après la « surprise de Châtillon », le colonel Riu se rendit à Tours, où il est nommé chef de bataillon ; là, il va être engagé au service de renseignements.

    Le colonel Riu retrouvera Ricciotti Garibaldi à Avallon, en janvier 1871[ii].

    Nommé lieutenant-colonel hors cadre, attaché au ministère de la Guerre, il prend le commandement d’un corps de tirailleurs, le 18 janvier 1871[iii].                                           

    Il deviendra, après-guerre, général, puis sera élu député du Loir et Cher, de 1893 à 1895.

    [i] « Au cours du corps à corps, Riu transperce l’officier allemand d’un coup de sabre, mais celui-ci, en tombant sur un tas de fumier, l’entraîne dans sa chute et le mourant le saisit à la gorge et serre pour l’étrangler. Il y serait sans doute arrivé, si des soldats français venant à la rescousse ne l’avaient achevé en lui brisant le crâne à coups de crosse. Riu conservera au cou la trace bien visible des cinq doigts d’une main de l’officier allemand » (le général Eugène Riu ; Ponsignon Jean, Cahiers du Châtillonnais, n° 225 ; réédition : Général Riu, un général hors normes ; Feuillage, Illustrated édition, 2020).                                                                                                                  

    Si Riu n’a pas tué le major, il peut s’agir d’une ordonnance qui l’accompagnait. Riu, en tant qu’officier, avait laissé son cheval à Recey et donc n’en avait plus. Plus tard, en 1881, en marge d’un procès, le colonel Riu déclara qu’ils avaient faits prisonnier un officier allemand, qui lui remit son cheval et son épée, lui demandant de la garder jusqu’à la fin des hostilités ; mais Riu le fit fusiller.

    En 1874, La Chronique Béarnaise écrivit que « c’est à Châtillon que le colonel Van-der-Hop fut tué par un officier français » et que le cheval fut surnommé ainsi.

    [ii] Selon ses états de service, il fut blessé d’un coup de pistolet à la jambe gauche, le 27 janvier 1871, à l’affaire de Bricon, en Haute Marne (armée de l’Est)

    [iii] Le 28 janvier 1871, il sera nommé colonel ; la veille, à l’affaire de Bricon (Haute Marne), il avait été blessé par un coup de pistolet à la jambe gauche

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Figure4 : caricature du colonel Riu parue dans la revue "les hommes d'aujourd'hui"

    Décédé à Paris le 24 janvier 1895, ses cendres seront ramenées à Chamesson.                            

    A Montpellier, sa ville natale, une rue porte son nom.   

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Figure 5 : La chapelle de la famille Riu-Ponsignon, cimetière de Chamesson. cliché D.Masson

    Le deuxième personnage est Louis Blairet, né à Laignes le 10 janvier 1843.

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    Figure 6 : Acte de naissance de Louis Blairet, état-civil de Laignes

    La famille, après quelques hésitations, lui permit d’aller à Paris ; après quelques années passées comme employé de banque, intéressé par la politique, il va devenir publiciste.

    Il travailla, en 1866, au Figaro[i], et se spécialisa dans les affaires espagnoles.

    En 1869, il publie « Espagne et Cuba, situation politique, financière, industrielle et commerciale ».

    A cette occasion, il devint homme de confiance de Juan Prim, général espagnol qui fut l'un des leaders de la révolution de 1868, qui renversa la reine d'Espagne Isabelle II et qui sera nommé régent en 1869.

    Il publiera aussi un livre sur lui[ii].

    En 1869, il fonde à Paris « La convention américaine » et « La correspondance générale d’Espagne ».

    En 1870, il part pour Montévidéo, en Uruguay.                                                                                                    Depuis le début du XIXe siècle, l’Uruguay avait connu une grande émigration ; les 2/3 de ses habitants étaient d’origine étrangère et la moitié d’entre eux, soit une personne sur trois, était un français, le plus souvent né dans le bassin de l’Adour ou dans une vallée pyrénéenne.

    Lors de la « Guerra Grande », qui opposa, de 1838 à 1852, le parti « rouge » au parti « blanc » (le dictateur argentin Rosas, soutenu par les anglais), les français et les italiens de Montévidéo furent les premiers à vouloir s’organiser pour défendre leurs familles et lutter par leurs propres moyens contre la menace des assiégeants.

    Une légion française fut créée, comprenant 2500 légionnaires français, mais aussi 500 émigrés argentins, 800 gardes nationaux uruguayens, 1800 noirs émancipés pour l’occasion et 500 légionnaires italiens commandés par Giuseppe Garibaldi, qui avait réorganisé ces troupes et les avait habillées d’une tunique rouge.

    C’est aussi à Montévidéo que se marièrent Guiseppe et Anita et que naquirent Rosita, Teresita et, en 1847, Ricciotti.

    Mais, en juin 1848, apprenant les bouleversements qui ont lieu en Italie, le couple y revint et Garibaldi se mit au service du roi de Piémont-Sardaigne afin d’aider à la réalisation de l’unité italienne.   

     En octobre 1870, Garibaldi offrit ses services à la France et c’est tout naturellement que, lorsque la nouvelle de la guerre franco-prussienne parvint à Montévidéo, nombre de français voulurent aller secourir leur ancienne patrie.

    Louis Blairet était à Montévidéo lorsque arriva la nouvelle des désastres en France et il décida de partir combattre en France.

    Le 31 octobre 1870, Louis Blairet partait de Montévidéo :

      La légion franco-montevidéenne, qui m’avait élu capitaine-commandant à l’unanimité, prit passage à bord de l’Amazone, se rendant à Bordeaux…

    Il y avait avec nous des volontaires de Buenos-Aires, de Santa-Fé, de Rio-de-Janeiro et de Pernambuco, parmi lesquels notre consul de cette dernière ville.                       

    Ce départ de volontaires avait été précédé par celui des Francs-Tireurs de Montévidéo, sur le paquebot La Gironde, commandés par le capitaine de Fries[iii].

     

    [i] Il est aussi correspondant spécial du journal « le Châtillonnais et l’Auxois » ; il publie également, dans « le Panthéon biographique », en 1866, une « notice biographique du général Adrian Woll, premier aide de camp de l’empereur Maximilien Ier »

    [ii] « Documents pour servir à l’histoire contemporaine. Juan Prim, peint par lui-même, lettres inédites du général Prim, révélations sur les hommes de la Révolution de septembre 1868 » ; Paris, 1869.

    [iii] Selon J.B Dumas, « la guerre sur les communications allemandes en 1870 » (Paris, 1891), l’effectif, formé le 26 octobre 1870, comptait 5 officiers et 87 francs-tireurs

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Figures 7et 8 : Poignard offert par de Fries à Riu "au brave colonel Riu souvenir du commandant de Fries, des Francs-Tireurs de Montévidéo"  collection Jean Ponsignon

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Depuis le début du XIXe siècle, l’Uruguay avait connu une grande émigration ; les 2/3 de ses habitants étaient d’origine étrangère et la moitié d’entre eux, soit une personne sur trois, était un français, le plus souvent né dans le bassin de l’Adour ou dans une vallée pyrénéenne.

    Lors de la « Guerra Grande », qui opposa, de 1838 à 1852, le parti « rouge » au parti « blanc » (le dictateur argentin Rosas, soutenu par les anglais), les français et les italiens de Montévidéo furent les premiers à vouloir s’organiser pour défendre leurs familles et lutter par leurs propres moyens contre la menace des assiégeants.

    Une légion française fut créée, comprenant 2500 légionnaires français, mais aussi 500 émigrés argentins, 800 gardes nationaux uruguayens, 1800 noirs émancipés pour l’occasion et 500 légionnaires italiens commandés par Giuseppe Garibaldi, qui avait réorganisé ces troupes et les avait habillées d’une tunique rouge.

    C’est aussi à Montévidéo que se marièrent Guiseppe et Anita et que naquirent Rosita, Teresita et, en 1847, Ricciotti.

    Mais, en juin 1848, apprenant les bouleversements qui ont lieu en Italie, le couple y revint et Garibaldi se mit au service du roi de Piémont-Sardaigne afin d’aider à la réalisation de l’unité italienne.                                                                                

    En octobre 1870, Garibaldi offrit ses services à la France et c’est tout naturellement que, lorsque la nouvelle de la guerre franco-prussienne parvint à Montévidéo, nombre de français voulurent aller secourir leur ancienne patrie.

    Louis Blairet était à Montévidéo lorsque arriva la nouvelle des désastres en France :                                                                                                                             Je n’hésitai pas à sacrifier tout ce que je possédais, et je fis appel au patriotisme de mes compatriotes, dans des conférences tenues au théâtre Solis.

    De nombreux volontaires se firent inscrire chez moi ; on organisa des souscriptions destinées à payer le passage…

    Les dames de Montévidéo nous avaient confectionné un drapeau sur lequel étaient inscrits ces mots : « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, LÉGION FRANCO-MONTÉVIDÉENNE » …

    Les volontaires français de l’Amérique du Sud, avant leur embarquement opéré par les soins de la Commission d’organisation, d’accord avec le consul français, avaient chacun reçu leur certificat d’admission, identique à celui qui m’était particulier, conçu ainsi au recto :

    RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

    LÉGION FRANCO-MONTÉVIDÉENNE

    Certificat d’admission

    La commission organisatrice dudit corps, après présentation des pièces justifiant la nationalité et l’identité du citoyen James-Louis Blairet, natif de Laignes (Côte d’Or), âgé de vingt-huit ans, a accepté son engagement comme volontaire dans le corps de la Légion franco-montévidéenne.

    Ledit volontaire s’engage à servir avec honneur et fidélité, à se soumettre à la direction de ses chefs avec l’obéissance et le respect les plus complets pendant toute la durée de la guerre contre la Prusse ; il renonce, en outre, à toute idée de jamais se séparer volontairement de ses compagnons d’armes pendant toute la durée de ladite guerre, et à se conformer strictement aux règlements inscrits au verso du présent certificat d’admission.

    Fait à Montévidéo (République orientale), le 26 octobre 1870.

    Le trésorier,                                         le Président                                  Le secrétaire                                  D. Gouynouilhou fils, ainé                       V. Sabé                                  Raoul Legout

    Enregistré sous le n° matricule n° 1

    (au verso : chaque engagé volontaire ne sera admis que sur la présentation de pièces prouvant son identité et sa MORALITÉ.

    Pour la discipline et l’ordre : les fautes seront punies comme l’indique le Code de justice militaire de l’armée française)

    Au débarquement, nous eûmes beaucoup à souffrir du froid auquel nous n’étions plus habitués, et plusieurs de nos compagnons moururent des suites d’une bronchite aiguë… 

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Figure 9 : "L'armée des Vosges et les Garibaldiens" publié par Louis Blairet. Fécamp, réédition de 1891

    Mais Blairet avait trouvé que la Légion franco-montévidéenne était un peu trop indisciplinée et il se fit nommer, à la date du 14 décembre, chef d’un corps franc espagnol réuni à Lyon à destination d’Autun, destiné à l’armée des Vosges, sous le général Garibaldi, et la Légion fut confiée au lieutenant Jacques Collin[i].

    Blairet se retrouve alors, avec un Espagnol du nom d’Artigala, à la tête d’une compagnie composée de 4 sous-officiers et de 44 volontaires espagnols[ii].

    A la bataille de Dijon, le 21 janvier 1871, le bataillon franco-espagnol perdit le quart de son effectif. 

    Cependant, le 23 février, ce fut la signature d’un armistice entre la France et la Prusse, mais les départements du Doubs, du Jura et de la Côte d’Or en étaient exclus.

    Ordre fut alors donné à Garibaldi d’évacuer Dijon.

    Elu député en février 1871, le général partit à Bordeaux et confie le commandement de ses troupes au général Menotti.

    Mais, après une cabale contre lui, Guiseppe démissionna de son poste, ainsi que du commandement de l’armée des Vosges et s’embarqua à Marseille pour retourner en Italie.

    A l’armistice, je fus, par ordre de Garibaldi, envoyé à Bayonne, pour veiller au rapatriement des Espagnols volontaires de l’armée des Vosges…

    Ce n’est qu’au mois de février 1872, plus d’un an après l’armistice, que je reçus la solde qui m’était due… 

    Cependant, Blairet avait essayé de se faire élire en Côte d’Or, en remplacement de Garibaldi, mais c’est Henri Frédéric Lévêque qui fut élu.

    Et il redevint journaliste et écrivain[iii].

    Il fut directeur politique de "La dépêche de Toulouse" de 1879 à 1882, puis, le 5 août 1889, il devint le directeur gérant du« Mémorial cauchois », journal républicain de Fécamp, en Seine-Maritime, journal qu’il dirigea jusqu’à son décès, le 28 avril 1897.

    Il était officier d’Académie et chevalier du Mérite agricole[iv].

    [i]Cette compagnie, formée le 16 décembre 1870, comptait 1 officier et 37 francs-tireurs (Dumas, op.cit.)

    [ii]Parmi les très nombreux corps étrangers qui finissent par former l’armée des Vosges, on trouve quatre corps désignés comme espagnols : la Légion espagnole, la Légion garibaldienne espagnole, la Guérilla franco-espagnole et la Compagnie espagnole.

    On laisse à penser qu’un même contingent d’Espagnols a été divisé en deux corps.

    On n’en sait guère plus sur ce corps, si ce n’est le récit qu’en fait Blairet dans son livre ; « Ayudemosa Francia : les volontaires espagnols dans la guerre franco-allemande de 1870-1871 », Alexandre Dupont, Mélanges de la Casa de Velázquez.

    [iii]Il publia, entre autres, « Contes et nouvelles », « Fausse route », « Hommes et choses », De Paris au Cap Horn », « Péchés de jeunesse », « Pour encourager les petits-enfants qui seront plus tard des grands agriculteurs », « Les questions agricoles devant la Chambre », « Le Salvador », Vive la République », « Silhouettes Fécampoises », « Pensées et maximes au jour le jour », etc.

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Figure 10 : Lettre adressée par Blairet aux habitants de la Côte d'Or, pour se faire élire député (AMC,4H11)

    Deux Châtillonnais sous les ordres de Garibaldi, un notule de Dominique Masson

    Figure 11 : Portrait de Louis Blairet

    (Dominique Masson)


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