• J'ai fait dernièrement la connaissance d'un historien érudit, qui vit dans le Châtillonnais: il s'agit de Monsieur Robert Fries qui, outre l'écriture de livres historiques, propose souvent des conférences fort intéressantes.

    Nous avons, tous deux, abordé la question du rôle qu'ont joué Garibaldi et ses fils pendant la guerre de 1870.

    J'avais décrit succintement  sur le blog (chapitre : la guerre de 1870), la fameuse attaque contre les Prussiens basés à Châtillon sur Seine, menée par Ricciotti Garibaldi et ses francs-tireurs, attaque qui avait fait subir aux habitants de la ville de lourds préjudices.

    Les Châtillonnais ne portent évidemment pas le nom de Garibaldi dans leur coeur, on peut les comprendre..

    Mais, comme le dit fort justement Robert Fries:

     Au cours du terrible hiver 1870-71, Garibaldi mit son épée et celle de ses deux fils au service de la République et conduisit avec succès, contre les troupes prussiennes, quelques opérations de retardement à Dijon et dans la région de Châtillon sur Seine et de Montbard.  Des monuments portent témoignage de ce courageux engagement aux côtés du peuple français dans la détresse.

    Monsieur Fries a proposé de me transmettre le texte de la conférence sur Garibaldi qu'il a présentée à Auxerre, elle est passionnante, et je suis sûre qu'elle vous intéressera.

    Et elle nous montre une autre facette de ce héros : un Garibaldi romantique, plus séduisant que je ne l'imaginais !

    Pour lire le texte de cette conférence,il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous :

     

    GARIBALDI, condottiere de la liberté, une conférence de Robert FRIES

    Une autre bataille,  menée par les Garibaldi, eut lieu dans le Nord de la Côte d'Or, à Crépand près de Montbard, un monument a été élevé en son souvenir.

    Le voici autrefois :

    -Des champignons Châtillonnais vus par Jean-Pierre Gurga

    Et le voici aujourd'hui, photographié par Robert Fries, que je remercie infiniment pour l'envoi de tous ces documents.

    -Des champignons Châtillonnais vus par Jean-Pierre Gurga

    Monsieur Fries donnera  deux conférences dans le cadre de l'Association Culturelle Châtillonnaise en 2011 :

    -le 24 janvier 2011: La Marquise de Sévigné, témoin de son temps

    -le 28 mars 2011:La Bourgogne et les Iles Britanniques

    Ne les manquez pas !


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  • -Les Lauriers du Sport

    Une passionnante conférence sur "la Marquise de Sévigné, témoin de son temps " par l'historien Robert Fries, nous a été proposée par l'Association Culturelle Châtillonnaise lundi 24 Janvier.

    -Les Lauriers du Sport

    Monsieur Robert Fries a eu l'extrême  gentillesse de m'envoyer le texte intégral de sa conférence, je le mettrai en lien cliquable à la fin de l'article.

    J'ai extrait de son texte quelques passages significatifs (en bleu), que j'illustrerai de quelques gravures, comme il l'a fait lui même pour son auditoire.

    Le texte entier de la conférence est bien plus riche et fourmille de détails sur la divine Marquise de Sévigné, ne manquez pas de le lire..

    Marie de Rabutin Chantal est née le 5 février 1626, place Royale à Paris.  Par son père, Celse de Rabutin Chantal, elle appartient à une famille ancienne et réputée de Bourgogne. 

     

    -Les Lauriers du Sport

    (La place Royale, actuellement Place des Vosges)

     Ses ancêtres se sont distingués par leur hardiesse au combat et leur esprit en société. 

    Sa grand-mère paternelle Jeanne Frémyot, baronne de Chantal, sera canonisée au XVIIIème siècle, comme fondatrice des Visitandines.  

    -Les Lauriers du Sport

    Son grand-père était Celse Bénigne de Rabutin, un bretteur ..

    -Les Lauriers du Sport

    -Les Lauriers du Sport

     C’est sa correspondance qui a immortalisé la Marquise de Sévigné.

      Celle-ci, telle que nous la connaissons aujourd’hui, comporte 1120 lettres écrites entre 1648 et 1796, année de sa mort.  Donc presque un demi-siècle couvrant les quelque 64 années du règne personnel de Louis XIV. 

    De ces 1120 lettres 764 sont adressées à sa fille Mme de Grignan pour qui elle avait une passion, 126 à son cousin Bussy-Rabutin avec lequel elle entretenait une relation d’amitié amoureuse et 220 destinées à 29 autres destinataires appartenant tous à la société lettrée de Paris.

     

     

    -Les Lauriers du Sport

    Durant la conférence de Monsieur Fries, Madame Fries, son épouse nous lut plusieurs lettres de la Marquise de Sévigné

     

    -Les Lauriers du Sport

    La lettre que je vais reproduire est celle qui annonce le futur mariage du Duc de  Lauzun et de la Grande  Mademoiselle (qui n'eut finalement pas lieu, Louis XIV ayant eu peur que la fortune immense de sa cousine aille au Duc de Lauzin).

    Monsieur Fries, malicieusement, nous montre une Madame de Sévigné en avance sur son temps..cette lettre ne déparerait pas nos journaux "people" d'aujourd'hui !!

    Je m'en vais vous mander  la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus secrète jusqu'aujourd'hui, la plus brillante, la plus digne d'envie : enfin une chose dont on ne trouve qu'un exemple dans nos siècles passés, encore cet exemple n'est - il pas juste ; une chose que l'on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon ?) ; une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie Madame de Rohan et Madame d'Hauterive  ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire ; devinez-la :je vous le donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui, je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Mme de Coulanges dit : " Voilà qui est bien difficile à deviner ; c'est Mme de la Vallière. - Point du tout, Madame. - C'est donc Mlle de Retz ? - Point du tout, vous êtes bien provinciale.- Vraiment, nous sommes bien bêtes, dites-vous, c'est Mlle Colbert. - Encore moins. - C'est assurément Mlle de Créquy. - Vous n'y êtes pas. Il faut donc à la fin vous le dire : il épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du Roi, Mademoiselle de…, Mademoiselle…, devinez le nom : il épouse Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi jurée ! Mademoiselle , la grande mademoiselle ; Mademoiselle, fille de feu Monsieur  ; petite-fille d'Henri IV ; Mlle Eu, Mlle de Dombes, Mlle de Montpensier, Mlle d'Orléans, mademoiselle, cousine germaine du Roi ; Mademoiselle, destinée au trône ; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur ."

    Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous-même, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux, qu'on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer  ; si enfin vous nous dites des injures : nous trouverons que vous avez raison ; nous en avons fait autant que vous.

    Adieu : les lettres qui sont portées par cet ordinaire  vous feront voir si nous disons vrai ou non.

     

    -Les Lauriers du Sport

    (La Grande Mademoiselle)

     

    -Les Lauriers du Sport

    (Le Duc de Lauzun)

    L'Enfance et la vie de famille

    La jeune Marie de Rabutin-Chantal a reçu une éducation soignée.  Elle sait l’Espagnol, l’Italien – très bien semble-t-il – et un peu le latin qui sert de sésame pour entrer dans la monde des lettrés .  Cette éducation s’est faite à la maison.  La conversation, à table ou au salon, a dû jouer un grand rôle, les Coulanges étant gens cultivés, accueillant les meilleurs esprits de Paris.

    Bien qu’orpheline à 7 ans, Marie de Rabutin-Chantal eût une enfance heureuse, entourée de l’affection de ses grands-parents puis de son oncle et de sa tante.  Mère puis grand-mère, elle entoura ses enfants – surtout sa fille – et ses petits enfants, notamment sa petite fille Pauline, future comtesse de Simiane, d’un amour envahissant. 

    En 1644, Marie a 18 ans ; un jeune homme de bonne famille, un peu plus âgé se présente.  Le baron Henri de Sévigné.  Il ne manque pas de charme ; du reste le cousin Roger Bussy Rabutin est un de ses amis.  Il dispose d’une belle propriété près de Vitré : le château des Rochers.  Mais c’est un noceur – il connait bien Ninon de Lenclos

     

    -Les Lauriers du Sport

    (le château des Rochers)

    Madame de Sévigné , en sept ans de mariage (son mari mourut lorqu'elle avait 25 ans..) eut deux enfants :

    Françoise de Sévigné , comtesse de Grignan à qui elle voua une véritable passion..

    -Les Lauriers du Sport

    Et Charles de Sévigné qui n'eut pas de postérité et qui finit en dévot janséniste..

    -Les Lauriers du Sport

    La Viduité ou état de veuve

    Pour les dames de milieux aisés, la perte du conjoint est un événement public.  Il leur faut verser beaucoup de larmes parfois de crocodile.  Pour l’Eglise, le remariage est un pis-aller, valable surtout pour les femmes jeunes.  Le mieux est de se retirer dans un couvent et de consacrer sa vie au Seigneur.  Elles doivent faire la guerre à leur corps, « le réduire en servitude ».  Mais les réalités sont là : 14% seulement des veuves ne se remarient pas.  Pour certaines, c’est une aubaine ; tel est le cas de la fille de Bussy, Mme de Coligny.  Enfin, elles ne sont plus sous la tutelle de quiconque.  La veuve, après une année de « viduité » est légalement libre, sous réserve d’être majeure, c'est-à-dire d’avoir 25 ans.  .  Tel est le cas de notre marquise qui se garde bien de ne pas retomber dans les fers du mariage, d’autant que l’abstinence ne semble pas lui poser de problèmes particuliers. 

    La Marquise de Sévigné vécut à l'Hôtel Carnavalet, Aux Rochers et à Grignan..

    -Les Lauriers du Sport

    (Hôtel Carnavalet)

    -Les Lauriers du Sport

    (le château de Grignan)

    Une passion pour sa fille

     Nombre de femmes du XVIIème siècle qui ont laissé un nom ont eu une vie agitée et des amours tumultueuses.  Après des années de passion, elles se sont tournées vers le Créateur.  (Mlle de La Vallière (1644-1710, Françoise Athénaïs de Rochechouart, marquise de Montespan (1641-1707), Anne Geneviève de Longueville, (1619-1679))

     Madame de Sévigné n’échappe pas à la règle.  Mais chez elle c’est la passion qu’elle éprouve pour sa fille qui risque toujours de surpasser l’amour total que, selon ses confesseurs jansénistes, elle doit à Dieu.  Cette passion revêt des formes qui évoluent:

    • D'abord sans doute une certaine indifférence: les jeunes époux sont pris par la vie mondaine.  La mère n'a pas pour sa fille les tendres émerveillements qu'elle éprouvera plus tard pour sa petite fille 
    • Ensuite, pour Françoise de Sévigné, ce sont les années de couvent ; la marquise les regrettera.  Quand la jeune Françoise devient une personne qui lit et avec qui l'échange peut se faire; l'attachement prend forme.
    • D'autant que Françoise est la plus jolie fille de France.  Mais est-elle aussi séduisante que sa mère?  Sans doute non et la fille sent son infériorité vis à vis de la brillante marquise.
    • Puis vient le mariage de Françoise.  La jeune épouse s'entend bien avec son mari.  La marquise est jalouse et se montre plus exigeante en matière de signes d'affection.  Après quelque vingt ans de relations souvent difficiles, la marquise se rend compte que son comportement inhibe sa fille et qu'en demandant moins, elle recevra plus.  « Je me suis corrigée de cette sotte vivacité ».  Mme de Grignan a besoin d'être rassurée.  La conversion au jansénisme joue son rôle.  « Je demande pardon à Dieu de tant de faiblesses.  C'est pour lui qu'il faudrait être ainsi.  « La profonde conviction que tout est entre les mains de la Providence, à défaut d'aboutir à un détachement total, introduit du moins entre Mme de Sévigné et les mouvements de son cœur une sorte de distance critique qui, par souci de perfection en freine les élans et en modère les excès  ».  Mme de Grignan apparaît comme la femme forte des Ecritures; elle applique la troisième maxime de Descartes: « Vous tâcherez de ne pas mettre votre félicité à ce qui ne dépend pas de vous ».

     

     

     Le Temps de Madame de Sévigné

    Le siècle des Saints ou la contre-réforme victorieuse.

     Des personnalités exceptionnelles se consacrent à la vie religieuse : c’est le siècle des Saints (Vincent de Paul, François de Sales, François Xavier, Jeanne de Chantal, Charles Borromée, Louise de Marillac Jean-Eudes.  La religion imprègne la vie de tous les jours ; elle n’est que l’antichambre de la vie éternelle.

    -Les Lauriers du Sport

    (Saint François de Sales)

    Le siècle de fer:les hommes sont à la guerre

    Au XVIIème siècle, la guerre est pratiquement constante en Europe.  Seules les années 1669 et 1670 font exception à la règle ; durant ces deux années, il n’y a aucun conflit armé entre deux Etats européens.  En moyenne, les Etats européens connaissent la guerre deux années sur trois.  Durant les 70 années de son existence, la marquise a connu son pays en guerre pendant 43 ans.

    Trois conséquences:

    • Les maris partis servir le roi, leurs épouses doivent gérer les affaires et notamment les propriétés.  Les femmes accèdent ainsi à une compétence et acquièrent un pouvoir économique important. 
    • La guerre est un jeu dangereux; beaucoup y meurent.  On estime que 25% des hommes en âge de porter les armes meurent à la guerre.  Autant de veuves qui accèdent à l'indépendance ou qui se remarient dans des conditions où leur choix peut mieux se manifester. 
    • Les guerres coûtent cher.  Il faut lever des impôts ; les contribuables – en fait les classes les plus pauvres – renâclent et se révoltent.

     

    -Les Lauriers du Sport

    Le progrès scientifique

    Le XVIIème siècle a vu naître la science moderne. 

    • Galilée (1564-1662) ouvre la voie en donnant la première expression mathématique de la loi de la chute des corps et des oscillations du pendule.  Les mathématiques deviennent indissociables de la physique
    • Au plan de la méthode, Descartes (1596-1650), sur les pas de Francis Bacon (1561-1626), fait table rase des théories du passé.  Je ne recevrai « jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ».  Je diviserai « chacune des difficultés que j’examine en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre » 
    • On commence à multiplier les expériences et à observer la réalité.  C’est la science expérimentale.  On découvre l’anatomie.  Pensons au tableau de Rembrandt.  Harvey découvre la circulation du sang. Des instruments permettent d’avoir accès au très petit : le microscope fait son apparition dans le cabinet du biologiste à la suite d’Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723).  Cela permet deux découvertes capitales pour la compréhension de la reproduction : les ovules et les spermatozoïdes.  Il faut attendre les années 1880 pour que l’on comprenne qu’ovules et spermatozoïdes doivent se rencontrer.

    -Les Lauriers du Sport

    L'image des femmes

    Les femmes sont la victime d'une mauvaise image qui résulte des affirmations et prescriptions de la Bible, de connaissances scientifiques encore balbutiantes et d'une tradition patriarcale.  Mais la situation évolue.

    • Dans la Bible, on trouve deux visions des femmes : une vision égalitaire où la femme ne se distingue pas de l’homme et parfois joue un rôle particulier, mais aussi une vision négative fondée sur le péché originel et une infériorité répétée.  C’est cette image qui prévaut chez nombre de clercs au XVIIème siècle qui souhaitent maintenir les femmes dans une situation de soumission et d’ignorance.  Dans la famille, il appartient au père de diffuser la bonne parole ; mais les hommes ont la fâcheuse tendance à démissionner de leur mission pédagogique.  Alors, il faut se retourner vers les femmes pour qu’elles assurent dans leur famille le relais du prêtre.  Elles sont portées à la religion et facilement respectueuse des règles.  Saint Augustin l’avait observé en parlant du « sexe dévot ».  Encore faut-il qu’elles soient formées.  François de Sales l’a bien compris en encourageant Jeanne de Chantal à créer l’ordre des Visitandines.  On s’aperçoit alors que l’Eglise, en voulant étendre son magistère sur la famille, donne aux femmes accès aux Ecritures et ainsi à une réflexion individuelle.  La porte était ouverte pour une émancipation de la pensée.
    • L’anatomie et encore plus la physiologie féminines sont encore entourées de mystères.  Mais l’obstétrique devient un sujet scientifique : les matrones, leurs habitudes ancestrales et leurs « superstitieuses maximes » cèdent lentement le pas à des accoucheurs, certes encore très ignorants, mais qui observent, qui écrivent des traités, qui échangent des expériences.  L’obstétrique est en marche.
    • Le droit, en fait le droit romain, qui inspire les juristes du sud du royaume, et les coutumes du nord, un peu plus libérales font de la femme un sujet sous tutelle.  Jeune fille, elle se trouve sous l’autorité parentale, épouse, sous celle de son mari ; seule la veuve dispose d’une certaine liberté, en matière de gestion de ses biens notamment. 

    Mais, les femmes ont en France et à Paris particulièrement des espaces de liberté, notamment des lieux où elles peuvent rencontrer des hommes « honnêtement » : les ruelles et les salons.  La science traditionnelle de lettrés, fondée sur des écrits latins voire grecs, s’y trouve dévaluée au profit d'une culture plus accessible à ceux qui n'ont pas reçu cette formation classique donnée dans les collèges, les femmes et les « cavaliers » en particulier.  Pour le maître à penser, c’est un public nouveau, souvent proche du pouvoir, qu’il faut séduire sans offusquer – être galant – qu’il faut instruire sans ennuyer – en honnête homme - .

    -Les Lauriers du Sport

    (Madame de Rambouillet, dans le salon de laquelle se rendait la Marquise de Sévigné)

    L'Education des filles

    Mme de Sévigné plaça sa fille chez les visitandines en 1656.  C’était alors une nouveauté pour une congrégation d’accepter des pensionnaires qui ne se destinaient pas à la vie religieuse.  A la différence des collèges de garçons, l’enseignement n’était pas organisé en classes de même niveau.  On se bornait à enseigner à lire, écrire, compter, manier l’aiguille, devenir une bonne chrétienne et une bonne mère de famille.  Port Royal et plus tard Saint-Cyr ne faisaient pas exception ; l’objectif était de préparer des jeunes filles à leur vie de chrétiennes – ce qui impliquait la capacité à diffuser un message chrétien - , parfaitement maîtresses d’elles-mêmes et prêtes à s’adapter aux rapports sociaux – d’où l’enseignement des arts d’agrément, dans chant musique - et à la vie conjugale.

    Les conseils d'une grand-mère

    Vingt ans plus tard, le même problème se pose pour l’ainée des petites filles de la marquise que sa mère, avant un long séjour à Paris, décide de confier aux visitandines d’Aix.  Mme de Sévigné trouve alors barbare de se séparer d’une enfant de 5 ans. En 1688, Mme de Grignan est déçue par le niveau de sa plus jeune fille Pauline qui a 13 ans, après un séjour de plusieurs années aux bernardines d’Aubenas.  Elle se propose de la mettre aux visitandines.  Mme de Sévigné l’en dissuade : « Ne croyez pas que qu’un couvent puisse redresser une éducation ni sur le sujet de la religion, que nos sœurs ne savent guère, ni sur les autres choses ».  C’est une critique de l’enseignement donné dans les couvents : comment des religieuses retirées du monde pourraient-elles préparer des jeunes filles à une vie qu’elles ne connaissent pas et enseigner des matières qu’elles n’ont jamais apprises ?  Et la marquise de proposer la solution : « Vous ferez bien mieux à Grignan, quand vous aurez le temps de vous appliquer. … Vous causerez avec elle. … Je suis persuadé que cela vaut mieux qu’un couvent».  La grand-mère revient souvent sur ce point : « Entreprenez donc de lui parler raison et sans colère, sans la gronder, sans l’humilier, car cela révolte » ; « L’envie de vous plaire fera plus que toutes les gronderies ».  En plus de la conversation, la lecture est indispensable, « Vous lui ferez lire de bons livres, l’Abbadie même puisqu’elle a de l’esprit ». 

    Une fin édifiante

     La marquise meurt à Grignan, dans la spiritualité de Port Royal.  5 jours avant de rendre l'âme elle demande les derniers sacrements.  Elle s'est totalement « convertie », c'est à  dire tournée vers Dieu à l'exclusion de tous les attachements humains.  Parlant d'un ami de Port Royal, mort en 1688: « c'est une chose délicieuse que de voir une mort où il n'est uniquement question que de Dieu, où les affaires temporelles et même les remèdes et l'espérance de guérir n'ont point de part ».

     Et voici la conclusion de Robert Fries au sujet de cette femme en avance sur son temps: la Marquise de Sévigné:

    La chance d’être femme

     Si l’on s’en tient aux commentaires des Précieuses dont les valeurs ne sont pas si éloignées des nôtres et pour lesquelles Molière n’a pas été tendre, l’asservissement social et sexuel des femmes au XVIIème siècle est incompatible avec le bonheur.  Pour Mlle de Scudéry, « On se marie pour haïr.  C’est pour cela qu’il ne faut jamais qu’un véritable amant parle de mariage, parce qu’être amant c’est vouloir être aimé, et vouloir être mari, c’est vouloir être haï ».  L’abbé de Pure met dans la bouche d’un de ses personnages : « Je fus une innocente victime sacrifiée à des motifs inconnus et à des obscurs intérêts de maison, mais sacrifiée comme l’esclave, liée, garrotée, … On m’enterre, ou plutôt on m’ensevelit toute vive dans le lit du fils d’Evandre ».  Quant à la maternité, cette « hydropisie amoureuse », les Précieuses pour l’éviter, ont proposé que le mariage fût rompu d’office à la naissance du premier enfant, celui-ci étant laissé à la garde du père qui donnerait à la mère une prime en espèce. 

    Peut-on alors parler de « la chance d’être femme » ?  Mme de Sévigné a eu la chance d’être riche, instruite, séduisante, d’appartenir à l’élite sociale et intellectuelle et de se trouver veuve, donc libre à vingt-cinq ans. 

    Madame de Sévigné a eu bien de la chance.

     

    -Les Lauriers du Sport

    Voici maintenant le texte intégral de la conférence de Robert Fries , à ne pas manquer, cliquez sur le lien.

     

    Madame de Sévigné, témoin de son temps.Une conférence de Robert Fries.

     

     

    (Des commentaires sur le thème de l'article seraient les bienvenus, ils me montreraient que ce blog vous intéresse et ils me donneraient envie de continuer à  l'alimenter .

    Merci.)

     


     

     


    5 commentaires
  • Une conférence de Robert Fries sur la Marquise de Sévigné à la Bibliothèque Municipale de Châtillon sur Seine..

    Une conférence de Robert Fries sur la Marquise de Sévigné à la Bibliothèque Municipale de Châtillon sur Seine..

    Une conférence de Robert Fries sur la Marquise de Sévigné à la Bibliothèque Municipale de Châtillon sur Seine..


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  • Robert Fries, historien qui réside en Châtillonnais, a présenté le 16 janvier 2012, devant un public très intéressé, celui de l'Association Culturelle Châtillonnaise, son livre relatant  les mémoires de Sir Edward Blount, mémoires traduites de l'anglais et annotées par ses soins.

    Un livre extrêmement intéressant qu'on ne lâche pas avant d'avoir parcouru la dernière page...En effet ces mémoires écrites par Edward Blount, lorsqu'il était âgé de plus de 90 ans, nous offrent une vision passionnante de l'Angleterre du XIXème siècle, de la construction des premiers chemins de fer en France, de l'évolution de la Banque en Angleterre et en France, et surtout des réflexions de l'auteur sur la révolution de 1848 et de la Commune de Paris qu'il a vécues lors de ses séjours à Paris.

    On trouve également dans le récit de la vie d'Edward Blount, de beaux portraits pleins de finesse de personnages célèbres tant anglais que français.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Robert Fries nous a fait découvrir les mémoires de Sir Edward Blount, à l'aide d'une promenade dans le temps (de 1830 à 1900), dans l'espace (en Angleterre, en France, en Italie).

    Une promenade qu'il faut absolument compléter par la lecture de son ouvrage. Les mémoires si vivantes d'Edward Blount sont en effet annotées par Robert Fries, avec un luxe de détails historiques passionnants.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Le conférencier a complété son exposé avec la lecture de passages des mémoires d'Edward Blount...(j'indiquerai ces passages par leur foliotage)

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Voici le portrait d'Edward Blount qui naquit en 1809 à Rugely, dans le Staffordshire, dans une famille catholique , qui pratiquait donc "l'ancienne religion", puisque l'Angleterre est surtout anglicane. Edward milita d'ailleurs pour "l'émancipation" , c'est à dire le droit pour les catholiques d'accéder aux mêmes fonctions que les anglicans

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Edward Blount fit ses études à Oscott, université catholique, où la vie était très dure, ses descriptions de la vie des élèves et de leur alimentation font froid dans le dos ! (p.90)

    Sortant d'Oscott, il fit des "stages" à la banque irlandaise, au Home Office, à l'Ambassade de Paris et au Consulat à Rome. Il fréquenta les Salons où il rencontra des femmes de grand entregent, comme Lady Granville, Lady Holland et la Reine Hortense , mère de Napoléon III.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (Lady Holland)

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (La Reine Hortense)

    La vie d'Edward Blount fut bien remplie, il fit carrière dans la Banque, les chemins de fer, l'industrie et la Chambre de Commerce.

    Il participa par exemple à la construction de la ligne de chemin de fer Paris-Rouen, première ligne française à grande distance.(p.103) Il s'agissait alors de rattraper le retard de la France sur l'Angleterre au sujet du rail.

    Ci-dessous les deux tracés envisagés, c'est le second, qui suivait la vallée de la Seine qui fut retenu car il desservait de nombreuses villes.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Le financement de cette ligne fut celui-ci :

    1/3 de capitaux anglais

    1/3 de capitaux français

    1/3 fournis par l'Etat Français.

    C'est son ami Joseph Locke, ingénieur en chef , qui dirigea les travaux , il fit travailler dix mille ouvriers , des "navvies".(p.109 à 110)

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (Joseph Locke)

    Ci-dessous une locomotive Buddicom.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    L'aventure du chemin de fer ne fut pas sans risques, un accident terrible, suivi d'un incendie, se produisit à Meudon le 8 mai 1842  , accident qui vit périr cinquante cinq personnes dont, entre autres,  l'explorateur Jules Dumont d'Urville et sa famille ..Les wagons étaient à l'époque en bois et fermés ..de l'extérieur !

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (L'accident ferroviaire de Meudon)

    Les écrivains et les peintres , comme ci-dessous  Monet,célébrèrent ce nouveau moyen de transport: Victor Hugo fut enthousiaste, Alfred de Vigny..un peu moins.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (La gare Saint-Lazare par Monet)

    On baptisait les locomotives, comme ici au départ de l'inauguration de la ligne Paris-Le Hâvre, c'était, nous dit malicieusement Robert Fries, la réunion du piston et du goupillon !

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Edward Blount fut aussi banquier.

    Dans la banque de l'époque il y eut des visionnaires comme les frères Pereire, mais aussi des spéculateurs comme des Rothschild.

    La "Haute Banque" était celle du négoce international, son activité consistait en traites,escompte, change, gestion de fortune, placement des emprunts d'Etat (bons du Trésor), investissements.

    Les principaux banquiers de l'époque furent Hottinguer, Mallet, Sellières, Laffitte, Rothschild.

    Dans les banques de dépôts on utilisait l'épargne publique pour financer le commerce (exemple: le CNEP) ou financer des investissements (exemple: le Crédit Mobilier) ou les deux (exemples: le Crédit Lyonnais, le CIC, la Société Générale)

    Mais les faillites furent fréquentes.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (les frères Pereire)

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (Charles Laffitte)

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    La carrière de Sir Edward Blount commença par "la petite porte", sa famille n'étant pas fortunée.(p.95 et 96) Il créa sa première banque avec son père, puis sa deuxième avec Charles Laffitte pour Paris-Rouen, banque  qui fit faillite en 1848, puis sa troisième avec des associés anglais. Cette dernière fusionnera d'ailleurs plus tard avec la Société Générale.

    La Révolution de 1848 fut caractérisée par l'aveuglement des politiques français, tel Guizot qui ne vit rien venir.(p.163)

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    (Guizot)

    Notre héros, Edward, assista aux scènes d'horreur du 23 février 1848 (p.167), puis aux combats devant le Louvre. Les 23-26 juin, l'insurrection fut matée.

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    (la nuit du 23 février 1848)

    Vingt deux ans plus tard, en 1870,  Edward Blount fut encore présent lors du siège de Paris, où il eut vraiment peur de la "populace".(p.233) Flourens avait  envahi l'Hôtel de Ville, on ne pouvait plus communiquer avec l'extérieur, sauf par envoi de courrier en ballon, ou par pigeons voyageurs souvent abattus par l'ennemi.

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    Le ravitaillement était aussi problématique, le menu ci-dessous montre que les convives mangeaient les animaux du zoo du Jardin des Plantes: éléphant, kangourou etc....Les plus humbles se contentaient de rats ...

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    A Paris , lors du siège de la ville  et de la Commune , de nombreux britanniques , comme par exemple des "nurses", se trouvèrent pris au piège , le consulat de Grande Bretagne les aida , ainsi que Richard Wallace , qui soulagea leur misère.

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    (Richard Wallace)

    Edward Blount possédait de nombreux réseaux , il se rendait à des "cercles" comme le Jockey-Club, le Cercle des Chemins de Fer, le Reform-Club, le Cercle de la Rue Royale.

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    (Le Cercle de la Rue Royale)

    Edward fréquentait  le Haut Clergé Catholique, mais il aimait aussi les travailleurs. Il conduisit lui-même une locomotive pour se rendre compte des dangers qu'encouraient les employés du Chemin de Fer.

    De nombreux avantages furent donnés aux cheminots tant leur métier était à risques, c'est incroyable de  voir, pour l'époque, la générosité qui exista à leur endroit ( p.138)

    Il se lia avec Thomas Brassey, un entrepreneur en Travaux Publics, un homme honnête, travailleur, humain.(p.147 et 151)

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    (Thomas Brassey)

    Il eut une relation mondaine avec le général  Marquis de Gallifet, qui était le gendre de son associé Charles Laffitte, un homme de cheval (Edward adorait les courses de chevaux), un homme du monde, un soldat courageux dit-il.

    Gallifet fut néanmoins surnommé "le bourreau de la Commune", ministre de la guerre en 1899, il participa à la révision du procès d'Alfred Dreyfus.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    (le général Gallifet)

    Sir Edward Blount avait des valeurs victoriennes, il eut des aléas dans sa carrière de banquier, mais il avait l'art de côtoyer les grands tout en s'intéressant aux pauvres, il pratiquait l'indifférence devant la mauvaise foi, c'était un homme tolérant.

    C'est pourquoi la lecture de ses mémoires est si intéressante..

    Alors pour en savoir plus, procurez vous le livre de Robert Fries !

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Roberty Fries nous a dédicacé son ouvrage.

    Il nous a précisé que deux exemplaires de "Des chemins de fer à la haute banque" sont présents à la Bibliothèque Municipale de Châtillon sur Seine, où vous pourrez les consulter.

    "Les mémoires de Sir Edward Blount" une conférence de Robert Fries..

    Pour le plaisir , le texte du si beau poème de Ruydard Kipling "If" présenté par Robert Fries en anglais, et traduit par nos deux britanniques châtillonnais..texte qui correspond si bien à la personnalité de Sir Edward..

    Je le publie en français !

    Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
    Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
    Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
    Sans un geste et sans un soupir ;

    Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
    Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
    Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
    Pourtant lutter et te défendre

    Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
    Travesties par des gueux pour exciter des sots,
    Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
    Sans mentir toi-même d’un mot

    Si tu peux rester digne en étant populaire,
    Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
    Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
    Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi

    Si tu sais méditer, observer et connaître,
    Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
    Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
    Penser sans n’être qu’un penseur

    Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
    Si tu peux être brave et jamais imprudent,
    Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
    Sans être moral ni pédant

    Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
    Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
    Si tu peux conserver ton courage et ta tête
    Quand tous les autres les perdront

    Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
    Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
    Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
    Tu seras un homme, mon fils.


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  •  "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    Robert Fries a présenté , dans le cadre de l'Association Culturelle Châtillonnaise, une très intéressante conférence sur les Grands Ducs d'Occident, c'est à dire les Ducs de Bourgogne.

    "Les Grands Ducs de Bourgogne et leur cour" , un extraordinaire panorama de 1364 à 1477, aussi bien consacré aux  Ducs eux-même, que sur ce qui se passait en France à cette époque.(la guerre de cent ans, entr'autres)

    Voici les quatre grands Ducs qui régnèrent sur la Bourgogne au XIVème et au XVème siècle:

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    Leur rêve :

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    Leurs acquisitions au cours des temps :

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    Philippe le Hardi, fils de Jean le Bon, reçut la Bourgogne dont les anciens ducs étaient morts sans postérité.

    A la bataille de Poitiers c'est lui qui disait à son père "Père gardez-vous à droite, Père, gardez-vous à gauche..."

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

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    Philippe le Hardi (1342-1404) est le fils cadet du roi Jean le Bon.  Il a gagné son surnom à la bataille de Poitiers.  Il est le premier duc Valois de Bourgogne.  C’est un homme intelligent qui voit loin.  Trois aspects marquants dans sa politique

    • C’est un prince français.  Il aide son frère Charles V dans sa lutte contre les Anglais pour effacer les traces du traité de Brétigny.  Plus tard, il est le premier au conseil du jeune Charles VI.  Il lui trouve une épouse, Isabeau de Bavière.
    • Après avoir maté la rébellion des villes de Flandre, il se montre un prince compréhensif et veille à maintenir des relations apaisées avec l’Angleterre qui conditionnent la prospérité de ces villes.
    • Il amorce une politique matrimoniale qui fera de ses descendants les héritiers des principautés de la vallée du Rhin.

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    Jean sans Peur (1371-1419) doit son surnom à la bravoure dont il fit preuve lors du siège malheureux de Nicopolis (1396), à l’occasion d’une croisade contre les Ottomans.  Sensible à la bonne gestion, il s’oppose à la prodigalité de la cour sous l’influence de Louis d’Orléans le jeune frère du roi fou Charles VI, qu’il fait assassiner en 1407.  C’est le début de la guerre civile Armagnacs contre Bourguignons.  Il louvoie entre Anglais et Français et se fait assassiner par un partisan armagnac en 1419. 

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

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    Philippe le Bon (1396-1467) est le grand prince de la dynastie.  Après le meurtre de son père, il se tourne vers les Anglais et se désintéresse, un temps, des affaires de France.  Déçu par l’alliance anglaise, il renoue avec Charles VII et signe la paix d’Arras (1435) qui marque la fin de la guerre civile.  Charles VII a les mains libres pour achever la reconquête de son royaume.  Sous son principat les héritages potentiels imaginés par son grand-père se réalisent.  Il essaie de conquérir la Lorraine mais sans succès.  Sans succès également, il essaie de transformer tout ou partie de ses possessions en royaume afin de se faire élire Roi des Romains, c'est-à-dire héritier de l’Empire.  Son principat est marqué par un accroissement territorial considérable et par une vie de cour fastueuse.  C’est un prince peu travailleur mais ouvert au compromis, que les événements ont servi (les héritages successifs) et qui a su se faire servir (Nicolas Rolin son chancelier par exemple).

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    Charles le Téméraire (1432-1477) réussit par les armes à conquérir la Lorraine (provisoirement), la Gueldre, l’Alsace et une partie de la rive droite du Rhin.  Les possessions du duc sont alors d’un seul tenant.  Mais cette puissance nouvelle coalise ses adversaires au sein de la Ligue de Constance où se retrouvent notamment les Cantons Suisses et le jeune duc de Lorraine.  Louis XI devient son ennemi principal qui finance sans prendre part à la guerre.  Charles épuise ses forces dans deux campagnes malheureuses contre les Cantons Suisses puis meurt dans une tentative hasardeuse de reconquête de la Lorraine. 

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

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    • Philippe le Hardi épouse Marguerite de Flandre (1350-1405).  Elle a 8 enfants, qui permettent une politique matrimoniale qui servira de modèle à ses descendants.  Marguerite de Flandre, avait épousé en première noce son cousin Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne.  Marguerite, veuve à 11 ans, épousa en 1369 Philippe le Hardi.  On lui doit le château de Germolles (près de Beaune), une de ses résidences favorites qui fut décoré par Sluter et Jean de Beaumetz.  Son emblème était le chardon.
    • Jean sans Peur épouse Marguerite de Bavière (1363-1423).  Elle eut un fils et sept filles. 
    • Philippe le Bon se maria trois fois avec :
      • Michelle de France (1395-1422), fille de Charles VI, fiancée à 7 ans et mariée à 14 ans (1409).  Ils eurent une fille morte en bas âge.
      • Bonne d’Artois (…-1425)  dont il n’eut pas d’enfant.  En première noce, elle avait épousé Philippe comte de Rethel, frère cadet de Jean sans Peur.  Elle était donc la tante de son second mari !
      • Isabelle de Portugal (1397-1471) épousée en 1430 dont il eut trois enfants dont un seul survécut, Charles le Téméraire.  Femme intelligente et raffinée, elle eut un rôle politique en représentant son mari et en rassemblant des artistes autour d’elle.  Sa mère Philippa de Lancastre était une sœur d’Henri IV d’Angleterre.  Le prince portugais Henri le Navigateur était un de ses frères.
    • Charles le Téméraire s’est marié trois fois avec :
      • Catherine de France (1428-1446), fille de Charles VII.  Elle a 12 ans quand elle se marie et son époux en a 7.  Elle meurt à 17 ou 18 ans.
      • Isabelle de Bourbon (1437-1465), cousine germaine de Charles le Téméraire.  Elle se maria en 1454 et eut une fille Marie de Bourgogne.
      • Marguerite d’York (1446-1503), sœur d’Edouard IV.  Elle est la femme la plus élégante, la plus riche et la plus puissante d’Europe.  Le faste de son mariage le 3 juillet 1468 à Bruges a marqué les esprits.  Sans enfants, elle « adopte » sa belle fille Marie.

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    En plus des enfants légitimes, les ducs ont eu une nombreuse progéniture avec des maitresses variées.  Philippe le Bon eut 26 enfants bâtards, dont deux évêques et Antoine le grand Bâtard de Bourgogne qui eut un rôle politique et militaire auprès de son demi frère Charles le Téméraire : il servit ensuite Louis XI dont il fut un conseiller écouté.

    Un second cercle est constitué par les grands féodaux, qui souvent servent directement le duc en tant que chambellan et à qui des charges administratives ou militaires sont confiées.  Parmi eux, des hommes des Bourgognes comme les Bauffrement, de Picardie et d’Artois, comme les Croy, de Hollande comme les Hoorne et Uutkerke. 

    La cour rassemble les dignitaires des grandes charges civiles et militaires de l’Etat en voie de construction.  Par exemple celle de chancelier tenue sous Philippe le Bon pendant 40 ans par Nicolas Rolin (1376-1462).  Egalement les chefs des armées, c'est-à-dire les maréchaux de chaque province.  Le maréchal de Bourgogne, toujours choisi parmi la haute noblesse des deux Bourgognes, était nommé et révoqué par le duc, mais la charge était permanente.  Dans les autres provinces, la charge était héréditaire mais la fonction honorifique. 

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

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    En 1430, à l’occasion de son mariage avec Isabelle du Portugal, Philippe le Bon crée l’ordre de la Toison d’Or.  C’est une réplique de l’ordre de la Jarretière créé par Edward III en 1348.

    Pourquoi la Toison d’Or ?  L’histoire de Jason et des Argonautes est bien connue des chevaliers du Moyen Age.  Elle illustre le courage et le serment mené à bien ; il y a aussi l’aspect courtois : la dame Médée qui aide le héros, même si c’est en utilisant des sortilèges.  Mais cette histoire est trop païenne.  Alors on lui associe celle de Gédéon, un homme simple qui conduit les Juifs à la victoire contre les adversaires de Dieu, des mécréants. 

    C’est une confrérie de 24 chevaliers nobles et purs.  Le but lointain est de préparer la croisade.  C’est aussi une façon de rapprocher la grande noblesse du duc et d’affirmer son indépendance vis-à-vis du roi d’Angleterre et de France en 1430.  Les statuts prévoient que les chevaliers de l’ordre ne peuvent se faire la guerre : ils doivent demander l’arbitrage du Grand Maitre, ce qui revient à donner un pouvoir nouveau au duc de Bourgogne sur des seigneurs qui ne sont pas ses vassaux et à qui il a conféré la distinction. 

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

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    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    La mode semble commencer avec le XIVème siècle.  Le vêtement des hommes et des femmes se différencie, ils sont ajustés et boutonnés ou lacés.  Les hommes portent des  robes courtes serrées à la taille ; leurs jambes sont découvertes ou couvertes de chausses.  Les Femmes portent des robes somptueuses.  Hommes et femmes portent des chaussures pointues et longues.  Les coiffures sont imposantes.  Les couleurs sont souvent vives et variées sur le même vêtement.  Les croisés ont rapporté des teintures nouvelles d’Orient.  Il s’agit d’étonner et de se distinguer.  En revanche, Philippe le Bon est toujours vêtu de noir, comme le sera son arrière-arrière petit fils Charles le Quint.

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

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    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    La musique joue un rôle important à la cour de Bourgogne : Jean sans Peur joue de la flute et du rebec ; Philippe le Bon de la harpe ; Charles le Téméraire chantait mal mais composait d’assez jolies pièces.  Philippe le Bon disposait de 4 trompettes de guerre et de 7 « menestriers ».  Charles le Téméraire avait 12 trompettes et 10 ménétriers (6 hauts ; 4 bas).  Charles le T avait également une musique sacrée : 40 chanteurs et des organistes.

    • Hauts instruments : sonorité la plus forte : Tambour, nacaires (petites timbales ; instrument importé de Perse), sacqueboute (trombone), bombarde, cornemuse, trompette, cor et clairon.
    • Bas instruments : flûte, harpe, luth vièle

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    L'Association Culturelle Châtillonnaise avait invité Bernard Pierrot, créateur des "Ménestriers", a venir nous présenter et nous faire écouter  la musique que l'on interprétait à la cour des Ducs de Bourgogne.

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    Un peu de luth...

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    L'air très connu ""l'amour de moi" fut chanté avec beaucoup de talent, par Jean-François Simon...

    "Les grands Ducs de Bourgogne" et leur cour, une conférence de Robert Fries proposée par l'ACC..

    Robert Fries a eu l'extrême genntillesse de me donner le texte de sa conférence, j'en ai d'ailleurs reproduit quelques  extraits (en bleu) sous les diapos. Merci à lui .

      Ce texte est évidemment passionnant et extrêmement bien documenté, pour le lire cliquez sur le lien :

    Les grands Ducs de Bourgogne et leur cour


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  • "La reine victoria et les Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    En 2012, la monarchie anglaise a été à l'honneur dans les médias: mariage princier, jubilé de diamant de la reine Elizabeth II et Jeux Olympiques. Autant d'événements qui rappellent ceux qui marquèrent le règne de Victoria, bisaïeule de l'actuelle reine d'Angleterre.

    Aussi Robert Fries s'est proposé de revenir sur le personnage de la reine Victoria, Impératrice des Indes et "grand-mère de l'Europe", de ses têtes couronnées à tout le moins, qui règnait, sans la gouverner, sur la super puissance du moment et qui a donné son nom, pas à un siècle comme Louis XIV, mais à des valeurs et des comportements qui imprègnent encore notre époque.

    Robert Fries nous a présenté une conférence très documentée et magnifiquement illustrée.

    Le texte intégral de son exposé sera visible en document joint en bas de page.

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    La Reine Victoria n'avait aucune raison de monter sur le trône d'Angleterre. Ce fut par un concours de circonstances extraordinaires qu'elle y parvint.

    Victoria était la fille du prince Edouard Auguste de Kent et de Strathearn,  le quatrième fils du roi Georges III.

    Le duc et le roi moururent en 1820 et Victoria fut élevée par sa mère d'origine allemande, la princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld.

    Elle monta sur le trône à l'âge de 18 ans après que les trois frères aînés de son père moururent sans enfants légitimes

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

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    Elle adorait son oncle Leopold, roi des Belges, homme de beaucoup de charme, dont elle s'inspira des idées.

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    Victoria, devenue reine, étonnera par sa capacité à s'exprimer, son aisance devant ceux qui composeront son conseil privé, son goût du travail.

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

     Victoria épousa son cousin le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha en 1840, un mariage arrangé qui devint un mariage d'amour.

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

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    Le prince Albert s'occupa parfaitement de la "nursery", donnant une très bonne éducation à ses enfants. Il s'entendit très bien avec Peel et eut une très bonne réputation auprès des parlementaires. Victoria s'appuya beaucoup sur lui pour règner.

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    Victoria et Albert eurent neuf  enfants. Pour les deux derniers Victoria accoucha sous chloroforme, ce qui était une avancée pour l'époque.

    Elle fut très sévère avec le frivole Prince de Galles, l'accusant même d'avoir hâté la mort d'Albert, elle fut aussi un peu jalouse de sa fille aînée Vicky qui épousa l'empereur d'Allemagne.

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

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    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    Victoria s'entendit très bien avec les souverains français qu'elle appelait ses "frères", Louis Philippe et Napoléon III.

    La France était à cette époque un marché captif pour l'Angleterre. Cependant des divergences entre les deux pays existaient sur la colonisation.

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

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    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    Ses relations avec ses serviteurs John Brown et Abdul Karim firent jaser...

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

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    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    "La reine Victoria et le temps des Victoriens" une conférence de Robert Fries pour l'ACC

    Cliquez sur le lien ci-dessous pour avoir accès à la conférence intégrale de Robert Fries sur la Reine Victoria et les Victoriens:

     Victoria et le temps des Victoriens, une conférence de Robert Fries

    Merci à lui pour cette si belle conférence et le don de son texte.

    (Des commentaires sur le thème de l'article seront les bienvenus, ils me montreront que ce blog vous intéresse et ils me donneront envie de continuer à  l'alimenter .

    Merci.)                                      


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  •  "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

     2014 va être marqué par la commémoration de la guerre de 14 qui a embrasé l’Europe. Mais qu’était l’Europe de 1914 ? Celle de la Belle Epoque, prolongement du XIXème siècle, avec ses Grandes Puissances à la tête d’empires coloniaux, son industrie triomphante, ses monarchies aux alliances familiales enchevêtrées, ses Etats liés par des traités et empêtrés dans des procédures d’état major qui sont autant de cliquets sur la roue des relations internationales. Mais aussi une Europe marquée par l’arrivée de nouveaux acteurs sur la scène géopolitique (les pays balkaniques, le Japon, les USA) et par des changements dans la société. Einstein pense la relativité ; Freud sonde l’inconscient. La France, la Russie, le Royaume-Uni, l’Autriche-Hongrie se préoccupent de politique intérieure ; l’Empire Allemand, bien que principale puissance du continent se sent menacé. C’est alors que Gavrilo Princip, armé par un mouvement extrémiste de nationalistes serbes, tire sur l’archiduc François Ferdinand, un 28 juin 1914. Le XXème siècle a commencé.

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Robert Fries, avant de nous présenter l'état de l'Europe de 1914, nous a conté l'origine du conflit que fut la "Grande Guerre".

    L'événement déclencheur  de la Première Guerre Mondiale fut l'assassinat, à Sarajevo, de l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône de l'Autriche-Hongrie et de sa femme Sophie par le nationaliste serbe de Bosnie-Herzégovine Gavrilo Princip, membre de la société secrète de la « Main noire ».

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Voici le plan de l'exposé de Robert Fries :

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    En 1914, l'Europe domine le monde...

    Par ses empires coloniaux :

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Par sa puissance économique.

    En 1914, l'Europe représente 20% de la population mondiale, et 60% du P.I.B. mondial.

    Par son rayonnement culturel

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    La plupart des états d'Europe sont des monarchies, sauf la France.

    En haut de cet assemblage de photographies, on reconnaît :

    George V, roi de Grande Bretagne, Nicolas II empereur de Russie

    En bas : Guillaume II, empereur (Kaiser) d'Allemagne, François-Joseph empereur d'Austro-Hongrie.

    A droite Raymond Poincaré, président de la République Française.

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    La Société reste traditionnelle.

    Les élites des nations sont représentées dans ce tableau de James Tissot, "le cercle de la rue Royale", ce sont des aristocrates.

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    Les femmes sont quasiment exclues de la vie politique, sauf en grande Bretagne où les suffragettes militent pour le droit de vote.

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    Les pays balkaniques sont les nouveaux acteurs sur la scène européenne :

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    L'Italie reste un pays "à part" :

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    De grandes Puissances apparaissent : le Japon et les USA.

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    La Chine reste pour l'instant, observatrice...

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    Des rivalités se font jour au sujet de la colonisation.

    Des rivalités franco-anglaises en Egypte,  au Soudan, à Madagascar, au Siam. La crise de Fachoda faillit mal tourner.

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    Des rivalités franco-allemandes virent le jour au Maroc  à Tanger, à Agadir :

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    Mais existèrent aussi des rivalités franco-russes sur les Détroits, le canal de Suez, l'Inde.

    La France investit en Russie avec les fameux "Emprunts Russes" (qui, hélas, seront perdus pour leurs acheteurs après la Révolution Soviétique de 1915)

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

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    Les différents Etats d'Europe en présence :

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    Guillaume II, le Kaiser en 1905 :

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    Les alliances en 1914 :

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

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    De nombreux applaudissements saluèrent la conférence magistrale de Robert Fries qui nous a bien fait comprendre les tenants et les aboutissants de la Première Guerre Mondiale.

    Il nous annonça qu'il pouvait offrir le texte de sa conférence, aux personnes intéressées.

    "L'Europe de 1914" une conférence de Robert Fries pour l'Association Culturelle Châtillonnaise

    Vous pourrez donc lire, en cliquant sur les liens suivants :

    -Comment se présentait l'Europe en 1914:   L'Europe en 1914

    -Un exposé de l'évolution des états balkaniques: Une brève histoire des Balkans

    Après ce dernier exposé Robert Fries nous a fourni une liste d'ouvrages à consulter.

    Pour ma part, dans cette liste, je conseille le très bel ouvrage d'Yves-Marie ADELINE, 1914 une tragédie européenne ( Ellipses, 2011.)

    Cet auteur nous l'avait présenté à Voulaines les Templiers chez monsieur Savatier, lors d'une magnifique conférence.

    http://www.christaldesaintmarc.com/1914-une-tragedie-europeenne-un-livre-passionnant-d-yves-marie-adeline-a4829498

     


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  •  L’Association Culturelle Châtillonnaise – Université pour Tous - a revisité pour nous, avec Robert Fries l’histoire de l’Europe au XIXe siècle.  Lundi 29 février il a évoqué l’Europe de la Sainte Alliance, c'est-à-dire la période qui va de Waterloo (1815) à la fin de la guerre de Crimée (1855).

    Monsieur Robert Fries a eu l'extrême gentillesse de me donner le texte de sa conférence, comme aux autres auditeurs, mais en plus il y a joint les diapositives qu'il a projetées.

    Merci à lui.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    Pourquoi cette conférence ?

    Il s’agit de combler, partiellement à tout le moins, les trous laissés par mes précédentes interventions.

    Je vous ai parlé du Congrès de Vienne et je me suis arrêté au jour où il a pris fin, le 9 juin 1815. Vous n’ignorez pas que des événements importants pour l’Europe allaient se dérouler dans les semaines qui suivaient la dispersion des diplomates. Je vous ai également parlé de la période du « Printemps des Peuples », c'est-à-dire des révolutions qui ont secoué l’Europe en 1848. Je vous ai enfin décrit l’Europe à la veille de la guerre de 1914. Aujourd’hui, je vais essayer de décrire la période qui va de 1815 à 1856. Je l’ai appelé l’Europe de la Sainte Alliance. Quelques principes simples, un peu utopiques, l’inspiraient. La Realpolitik s’y opposait. C’est cet antagonisme qui nous servira de fil directeur.

    Le bien fondé de cette expression peut être contesté. Toujours est-il qu’en 1815, la France était mise en pénitence et se trouvait exclue du « concert européen », c’est à dire du petit club de grandes nations qui estimaient devoir gouverner l’Europe. Par ailleurs, la Russie, amie de l’Angleterre, apparaissait comme la garante de la paix en Europe. En 1856, la situation est renversée. Napoléon III, ami de l’Angleterre, a le beau rôle : celui d’arbitre de l’Europe ; il est l’hôte d’un congrès qui va, entre autre, contenir les ambitions de la Russie en Europe centrale et au Moyen Orient, puis poser la question de l’unité italienne.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    Entre ces deux dates :

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    • Les conséquences catastrophiques des Cent Jours pour la France qui se manifestent par son retrait temporaire des affaires internationales puis son prudent retour au centre de l’échiquier européen
    • la Sainte Alliance marquée par
      • les fumeuses utopies du tsar Alexandre Ier,
      • le « concert des nations », c'est-à-dire la volonté des « puissances de premier ordre » de régler ensemble, par la diplomatie et avec compréhension, leurs différends[1],
      • la politique réactionnaire orchestrée  par Metternich et menée par les monarchies restaurées.  Cette politique s’oppose aux aspirations démocratiques d’une bourgeoisie conquérante et au sentiment de nationalité qui anime les classes instruites de pays aux frontières arbitrairement définies.
    • L’émergence d’une nouvelle préoccupation internationale : la question d’Orient intimement liée à la décadence de l’Empire Ottoman et aux velléités des tsars de prendre pied dans les Balkans, voire en Méditerranée.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    Les Cent Jours et ses conséquences.

     Un bref rappel. Napoléon quitte, au vu de tous, l’Ile d’Elbe le 26 mars 1815. Il débarque à Golfe Juan le 1er mars. Le 7 mars il est à Grenoble ; le 20 mars il est au Tuileries. La nouvelle du débarquement de l’Empereur arrive à Vienne le 7 mars. Empereurs, rois et diplomates sont pris de court. Certains, comme le roi de Bavière en ont un « relâchement d’entrailles ».  Autour de Talleyrand qui rédige une déclaration sans appel, les esprits se ressaisissent le 13 mars. « … Napoléon Bonaparte s’est placé hors des relations civiles et sociales …. Comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’est livré à la vindicte publique ». Le 25 mars les Quatre s’engagent à mettre chacun 150.000 hommes sur pied de guerre. Pendant qu’à Vienne les diplomates - le danger contribuant à trouver rapidement des compromis -  mettent la dernière main au traité, les événements s’accélèrent à Paris. Le 4 avril Napoléon adresse aux souverains d’Europe une lettre dans laquelle il accepte les dispositions du traité de Paris et souhaite que la France vive en paix avec ses voisins. Il n’est pas répondu[2] à cette démarche pourtant relayée par des émissaires auprès des cours européennes. La question sera réglée sur le champ de bataille. Ce sera Waterloo le 18 juin, avec ses 9.000 morts et 31.000 blessés du côté français.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    Les alliés avaient été indulgents en 1814. En 1815, ils le seront moins. Le second traité de Paris (20 novembre 1815) dispose que les frontières du royaume reviennent à celles de 1790. La France perd, par rapport au premier traité de Paris (1814) le département du Mont Blanc (Savoie et Haute Savoie) et des villes sur la frontière est : Landau, Sarrelouis, Sarrebruck, Bouillon, Philippeville. Elle doit payer 700 millions de francs[3] en 5 ans. Jusqu’au paiement complet de la somme, 150.000 soldats occupent les frontières du nord et de l’est (7 départements) aux frais de la France[4]. En fait les troupes étrangères quitteront le territoire français dès 1818, le pays ne présentant plus de danger pour ses voisins et les indemnités de 700 millions ayant été payées.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    Les alliés profitent de leur présence à Paris pour signer deux textes importants : le traité la Sainte Alliance (14-26 septembre 1815) et la Quadruple Alliance (20 novembre). Revenons sur ces documents.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    La Sainte Alliance[5].

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    L’idée est sortie du cerveau parfois fumeux du tsar Alexandre Ier. Celui-ci traversant une phase de mysticisme, se trouvait   sous l’influence de la baronne Julie Krudener, une femme de cinquante ans ayant connu tous les plaisirs de Paris dans ses belles années et revenue à la foi dans une version piétiste. Elle voit le tsar Alexandre comme l’Ange Blanc qui ramènera la justice et l’amour en Europe. Sous son influence le tsar rédige le texte de la Sainte Alliance, qui engage les rois et princes signataires du texte à s’inspirer de la morale chrétienne dans leurs relations avec leurs peuples et les uns vis-à-vis des autres. De surcroit les signataires, qui se considèrent comme frères en christianisme, s’engagent à s’entraider, en fait pour lutter contre les manifestations de l’esprit du mal, c'est-à-dire les mouvements révolutionnaires.

    Les trois premiers signataires sont Alexandre Ier (orthodoxe), l’empereur d’Autriche François Ier (catholique) et le roi de Prusse Frédérique Guillaume III (luthérien).

    Metternich ne croyait pas à cette initiative   et en soulignait le ridicule, mais il convenait de satisfaire le tsar à peu de frais. Castlereagh partage les réserves de son collègue autrichien et, pour ne pas s’engager, met en avant les nécessité d’un vote favorable du Parlement. Le Pape ne veut pas s’allier à un orthodoxe et un protestant. La Sublime Porte estime qu’il s’agit d’une alliance contre les infidèles. Quant à la France, elle n’est pas invitée à se joindre aux signataires : on ne lui fait pas encore confiance.

    Pour servir la paix en Europe, la Sainte Alliance introduit, dans le corpus du droit international, un droit d’ingérence quand est menacée la sécurité d’une monarchie adhérant à cette alliance. La quadruple alliance précise cette notion.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    La Quadruple Alliance.

    La Quadruple Alliance lie les Alliés, c'est-à-dire la Russie, la Prusse, l’Autriche et l’Angleterre. Sous forme de traités entre le Royaume- Uni et ses trois alliés, elle reprend les dispositions du traité de Chaumont : rester unis, ou s’unir pour s’opposer par les armes à tout retour de Napoléon ou de membres de sa famille sur le trône de France. Egalement s’opposer à des mouvements révolutionnaires qui mettraient les monarchies européennes en péril. Le traité, par ailleurs, reprend les dispositions du traité de Vienne concernant la tenue de réunions régulières pour traiter diplomatiquement les difficultés qui se présenteront. C’est le concert européen qui, de congrès en congrès, fonctionnera jusqu’en 1914.

    A court terme, la politique du roi Louis XVIII est suivie de près par les quatre alliés. Chaque semaine la conférence des ambassadeurs réunit, à l’ambassade de Grande Bretagne, les ambassadeurs des « Quatre Grands » qui se penchent sur la situation de la France. Il s’agit d’informer le duc de Wellington qui commande les troupes d’occupation. Remarquons que de cette conférence sortent des recommandations sages et modérées engageant le roi à appliquer la charte, à chercher l’apaisement plutôt que la vengeance.  

    La Quadruple alliance est en quelque sorte l’application concrète des intentions de la Sainte Alliance.  

     La fin de la pénitence pour la France.

    Après la « Terreur blanche[6] » de 1815 qui se manifeste par une épuration de la fonction publique et par des arrestations arbitraires, la monarchie prend une orientation plus conciliante, plus conforme aux souhaits des Alliés. La « Chambre introuvable », composée en grande partie de nostalgiques de l’Ancien Régime est dissoute dès septembre 1816 après avoir siégé moins de 12 mois. En 1818 la France a payé les indemnités de guerre. Alors, au Congrès d’Aix la Chapelle, en 1818 (septembre novembre) il est décidé de mettre un terme à l’occupation du pays. La France retrouve son statut de grande puissance et sa place dans le concert européen. Louis XVIII est invité à adhérer à la Sainte Alliance. Il saura se montrer digne de l’honneur que les forces conservatrices viennent de lui faire.

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    Maintenir l’ordre des choses : le temps de Metternich.

     Les idéologies et leurs porte-paroles.

    « Maintenir l’ordre des choses »,  ce sont les termes qui figurent dans les traités de la Quadruple Alliance. Examinons ce qu’est cet ordre des choses et quelles sont les menaces qui pourraient compromettre sa pérennité.

    L’ordre des choses, c’est l’ordre ancien, antérieur à la Révolution, en fait l’Ancien Régime plus ou moins nuancé par les Lumières. Ce sont des monarchies absolues dont la légitimité réside dans l’histoire qui elle-même est le reflet de la volonté divine. Elles ne connaissent ni la séparation des pouvoirs ni l’équilibre des pouvoirs[7]. Le pouvoir politique est exercé par les élites traditionnelles, c'est-à-dire l’aristocratie terrienne. L’armée[8] dans une certaine mesure et l’Eglise sont des soutiens de la monarchie. Mis à part le Royaume Uni, la liberté d’expression n’existe pas ; la censure est la règle générale. La police veille à ce que l’opposition ne se manifeste pas. Cette police est particulièrement active dans territoires relevant des Habsbourg.

    Remarquons tout de même que l’Ancien Régime stricto sensu n’existe plus. Mise à part la Russie, le système féodal a disparu : les paysans ne sont plus astreints à des corvées, ont le droit d’acquérir des terres, peuvent résider où ils le souhaitent, en ville notamment où se concentrent les activités industrielles naissantes. Dans certains pays – en France et dans certains royaumes d’Allemagne - le prince a octroyé une constitution qui prévoit une représentation du peuple. Mais c’est une représentation censitaire - seuls les riches votent – et le gouvernement ne dépend que du roi.

    Dans cet ordre ancien, la composition des Etats est également le fruit de l’histoire, c'est-à-dire des hasards de la guerre et de mariages plus ou moins heureux. Les territoires et leurs occupants sont la propriété des princes qui se réservent le droit de les aliéner. Le Congrès de Vienne n’a pas consulté les habitants pour redessiner la carte de l’Europe ; seul était pris en compte un équilibre entre les intérêts des grandes puissances.

     Entre 1815 et 1848, Metternich va incarner cette idéologie conservatrice.  C’est le ministre des Affaires étrangères de l’empereur François Ier puis de son fils l’empereur Ferdinand Ier (1835-1848). Pendant plus de trente ans, il domine les relations diplomatiques des Etats européens. A partir de 18 21, suite au congrès de Laibach (Ljubljana) il est également Chancelier de l’Empire d’Autriche[9], mais son rôle sur la scène nationale autrichienne est souvent contrecarré par d’autres ministres.

     C’est un homme des Lumières, favorable à un despotisme éclairé surtout s’il lui appartient d’éclairer le prince.

    Il a vu de près les batailles de Napoléon et en a mesuré l’horreur. Il veut la paix en Europe, et cette paix doit être la conséquence d’un équilibre bien pensé, et de législations conçues et appliquées avec modération.

    Il a été témoin des violences de la Révolution française. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour lutter contre les mouvements s’inspirant des principes de la Révolution française. « Il n’existe qu’une seule affaire sérieuse, et cette affaire c’est la Révolution », avait-il coutume de dire.

    Une fois le danger de l’expansionnisme français jugulé en Europe, il cherche à limiter l’influence de la Russie et se méfie des ambitions de la Prusse qui cherche à dominer l’Allemagne du Nord. Dans cet esprit, la Confédération germanique (Deutscher Bund) est créée le 8 juin 1815. Elle réunit les 39 Etats allemands (royaumes, principautés souveraines, villes libres). Elle a pour but « le maintien de la sécurité extérieure et intérieure de l’Allemagne, de l’indépendance et de l’inviolabilité des Etats confédérés ». C’est une association de souverains  indépendants (Staatenbund) et non pas une union du peuple allemand (Bundesstaat). D’ailleurs, certains souverains ne se considèrent pas comme allemands : le roi d’Angleterre (par le Hanovre), le roi des Pays- Bas, le Grand Duc du Luxembourg, le roi de Danemark ; seuls les territoires ayant fait partie de l’ancien Saint Empire sont représentés par leur souverain. La seule institution permanente est la Diète qui réunit les ambassadeurs des Etats et n’a aucun pouvoir autonome. La Confédération fut un échec, peut-être voulu ; elle permit tout au plus une meilleure coordination entre les polices pour surveiller et réprimer les mouvements libéraux.

    Il ne souhaite pas se laisser entrainer dans les affaires d’Orient.

    Face à cette idéologie conservatrice vont se dresser une pensée libérale et des aspirations nationales, et cela dans toute l’Europe.

    Les libertés que l’on réclame sont très simples : liberté de conscience, liberté d’expression, liberté de la presse, liberté de participer à la vie politique du pays par l’intermédiaire de représentants[10]. Cette volonté de participer à la vie de la nation est le fait d’une bourgeoisie éclairée qui, en dépit de ses capacités, est maintenue en dehors du champ politique. Seule, cette bourgeoisie ne peut pas faire évoluer la situation. Quand elle trouve un allié, même temporaire, dans le peuple, « ses » révolutions la conduisent au pouvoir.  Y demeurer est un autre problème.

    Les aspirations nationales sont présentes dans les pays non unifiés d’Europe centrale, des Balkans et d’Italie. La lutte contre les armées de Napoléon n’y est pas étrangère. Elles reposent sur un sentiment d’appartenance à une communauté nationale que les travaux des linguistes et des historiens ont permis de mieux appréhender. Les travaux de Gottfried von Herder (1744-1803) ont joué un rôle important. Pour lui l’identité nationale est d’origine inconsciente et culturelle[11]. Elle est fondée sur la langue, les traditions populaires, le folklore, les mythes fondateurs. En fait deux mouvements se dessinent :

    • En Allemagne un souhait plus ou moins diffus de réunir dans un même Etat tous les peuples germaniques. La langue est alors le ciment qui unit et définit la communauté. Les universités sont les points de ralliements de ceux qui souhaitent faire bouger les lignes[12]. En Italie, la situation est plus simple. Il s’agit d’abord de se débarrasser de l’Autriche qui, soit administre directement la Lombardie et la Vénétie, soit protège par ses armées des princes apparentés aux Habsbourg ; puis de réunir la dizaine d’Etats autonomes qui utilisent la même langue et sont liés par une histoire commune. Le mot d’ordre est alors risorgimento c'est-à-dire renaissance ou résurrection. Les opposants aux monarchies réactionnaires installées par l’Autriche font partie de sociétés secrètes ; elles se réunissent au fond de forêts, dans des cabanes de charbonnier : ce sont des carbonari.
    • Dans les Balkans et en Europe centrale, des peuples sont administrés par une puissance étrangère, l’Autriche. Les tchèques, les Croates, les Slovènes, les Hongrois aspirent à s’administrer eux-mêmes. Des travaux historiques ont donné un contenu à l’identité nationale. Par exemple, en 1838 parait une Histoire de Bohème par Palacky.   Par ailleurs, des travaux linguistiques permettent de codifier certaines langues et les rendent aptes à un usage courant voire officiel. En 1809 parait une Grammaire scientifique du Tchèque. En 1844 le Hongrois remplace le Latin dans les documents officiels. Mais ces nations en devenir ont également des minorités. Sur le territoire de Hongrie résident des minorités croates ou Roumaines qui aspirent également à l’autonomie. En Bohème une minorité allemande réside dans les Sudètes ; elle tient à demeurer dans un environnement allemand. En période de crises nationalistes, les minorités allemandes, croates ou roumaines auront tendance à prendre le parti de Vienne.
    • "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    En plus de l’objectif de préserver l’ordre établi par le Congrès de Vienne, les Etats ont des préoccupations particulières qu’ils mettent plus ou moins en sommeil par souci de retenue :

    • La Russie veut s’étendre vers la Méditerranée au détriment de l’Empire Ottoman et obtenir la liberté de passage des Détroits pour ses vaisseaux de guerre.
    • L’Angleterre veut surtout que la Russie n’ait pas accès à la Méditerranée. Elle est sensible aux souhaits d’émancipations et aux préoccupations démocratiques des peuples.
    • L’Autriche redoute un accroissement de la présence russe dans les Balkans et tient à garder la haute main sur la vie politique de l’Italie.
    • La Prusse veut faire part égale avec l’Autriche en Europe centrale en jouant sur l’identité allemande
    • La France veut des succès pour faire oublier l’humiliation de 1815 et se trouve disposée à favoriser les manœuvres de la Russie dans les Balkans pour obtenir une compensation sous forme d’une révision des frontières de l’est.   Son régime relativement libéral la rapproche de l’Angleterre.
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    Les désordres réprimés

    En France, on l’a vu, le retour des Bourbons est accompagné de mesures réactionnaires : c’est la Terreur Blanche qui heureusement ne dure guère plus d’un an. L’influence modératrice de Decazes, pour un temps favori de Louis XVIII[13], permet d’éviter les excès des ultra-royalistes. Dans tous les pays administrés par la France pendant la période napoléonienne la réaction se déchaine avec le retour des anciens souverains. Quelques exemples :

    • Espagne : dés son retour le roi Ferdinand VII abolit  la constitution de 1812 et rétablit l’Inquisition
    • Royaume des Deux-Siciles : le roi Ferdinand Ier abolit la constitution qu’il avait lui-même accordée à la Sicile
    • Au Piémont (Royaume de Sardaigne), le roi Victor Emmanuel[14] Ier abolit toutes les législations prises depuis 1770, rétablit les droits féodaux de la Couronne et les privilèges de la noblesse.

    Ces mesures sont mal vécues par le peuple qui souffre des crises économiques récurrentes. Les révoltes sont fréquentes. Même en Angleterre, l’habeas corpus est suspendu (fev. 1817 à fev. 1818). En vertu de la Sainte Alliance, les monarchies menacées cherchent un secours auprès des autres membres de l’Alliance.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    1819 : en Allemagne les universités manifestent pour que les Etats octroient des constitutions. Metternich n’en veut pas.    Une réunion austro-prussienne a lieu à Karlsbad (Karlovy Vary septembre 1819) pour établir une censure sur les publications universitaires et pour épurer le corps professoral.

    1820 -1821: Congrès de Troppau (octobre-décembre) ; Laybach (janvier-mai). Dans ces deux réunions, il s’agit de décider une intervention au royaume des Deux-Siciles.   Le roi Ferdinand Ier[15] doit y faire face à une insurrection dirigée par des officiers (général Pepe) dont le but est d’obtenir une constitution sur le modèle de celle qui vient d’être octroyée en Espagne. 50.000 soldats autrichiens rétablissent l’ordre, ce qui permet au roi d’abolir la constitution. Cette intervention s’est faite sur proposition de Metternich avec l’accord du tsar et du roi de Prusse, mais sans l’accord formel de Royaume-Uni et de la France.   Les principes de la Sainte Alliance commencent à être contestés. En même temps que la révolte de Naples était mâtée, les troupes autrichiennes ramenaient l’ordre au Piémont où un mouvement libéral avait obtenu du régent provisoire Charles Albert une constitution.   A ce moment Metternich est au faîte de sa puissance. Le tsar s’est rallié à sa politique de soutien des monarchies absolues et a accepté les interventions de l’Autriche seule.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

    1822 : Congrès de Vérone. Il s’agit de régler la question espagnole. En 1820, le roi Ferdinand VII doit faire face à un soulèvement populaire. Il est contraint d’accepter de remettre en vigueur la constitution de 1812.   Un parlement (Cortès) libéral est élu. Le roi se considère comme prisonnier des Cortès et demande l’aide des membres de la Sainte Alliance. A ce moment en France les Ultras avec Villèle ont le vent en poupe. Chateaubriand est ministre des Affaires étrangères (décembre. 1822-juin 1824). Une expédition est décidée[16]  : une armée française de 100.000 hommes doit redonner à Ferdinand l’entièreté de son pouvoir. C’est une promenade militaire marquée par la prise du Trocadéro. En dépit de ses promesses, Ferdinand abroge la constitution : la « décennie infernale » commence. La France a joué pleinement le rôle de gendarme, tel que la Sainte Alliance le prévoit. Mais l’Angleterre se détache de  cette politique, d’autant que Castlereagh se suicide en 1823 et que son successeur Canning s’intéresse peu à l’Europe.

    Il n’y aura plus de congrès jusqu’à celui de Paris en 1856. Le concert européen se poursuivra au niveau des ambassadeurs, mais dans des conditions plus difficiles.

    La reconnaissance des colonies espagnoles sera une nouvelle occasion de marquer la différence de la politique britannique. En 1823 les Etats Unis reconnaissent l’indépendance des ex-colonies espagnoles C’est la doctrine de Monroe dont l’esprit est diamétralement opposé à celle de la Sainte Alliance. L’Angleterre emboite le pas au début 1825, pour des raisons idéologiques autant qu’économiques. La France prend des demi-mesures : des avantages commerciaux sans véritable reconnaissance ; et elle n’est pas la seule. L’Autriche et la Russie attendront que l’Espagne reconnaisse l’indépendance de ses anciennes colonies.

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

        1830 et la contestation de l’ordre établi.

    Les journées de juillet en 1830 à Paris donnent le signal d’une révolte contre l’ordre établi. Le peuple de Paris s’allie aux bourgeois excédés par les maladresses de Charles X : dissolution de la Chambre qui vient d’être élue, modification de la loi électorale (modification du calcul du cens – la patente n’est plus prise en compte - qui réduit le nombre d’électeurs), suspension de la liberté de la presse. Charles X doit partir[17] ; Louis Philippe lui succède. Le nouveau roi promet de respecter la Charte. On passe d’une monarchie limitée à une monarchie constitutionnelle. La monarchie légitime disparait ; la nouvelle est issue de la rue. Est-ce bien acceptable par les signataires de la Sainte Alliance ? Le nouveau monarque sait rassurer les capitales : il ne sera pas un Napoléon ; il est une barrière contre la révolution. Dès septembre 1830, l’Autriche, la Prusse et le Royaume-Uni reconnaissent le nouveau régime ; la Russie un peu plus tard et de mauvaise grâce[18].

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

     La Belgique voit le jour.

    Le 25 août[19] les Belges se soulèvent contre le roi des Pays-Bas Guillaume Ier. Les revendications sont classiques : liberté de l’enseignement, liberté de la presse, réforme électorale, mauvaise représentation des provinces du sud (Belgique) dans l’administration, l’armée, le gouvernement, répartition de la dette défavorable à la Belgique. La crise économique permet un rapprochement du peuple et des libéraux. Un gouvernement provisoire est formé qui réclame l’indépendance de la Belgique. Louis Philippe prêche pour la non-intervention, ce qui est conforme à la doctrine libérale du Royaume-Uni[20]. La Prusse craint que la contagion gagne ses provinces rhénanes et rassemble des troupes pour une intervention éventuelle en Belgique. Devant les intentions apaisées de Louis Philippe, Guillaume III répond évasivement aux demandes d’aide du roi de Hollande. C’est alors que Talleyrand est nommé ambassadeur à Londres[21]. Une réunion d’ambassadeurs s’y tient pour régler l’affaire belge (4 novembre 1830). S’agit-il de de régler l’affaire du roi de Hollande ou celle des révoltés belges ? Un armistice est conclu entre les révoltés et les armées hollandaises sur les bases des frontières d’avant 1814. Anvers était alors belge. La Belgique est déclarée indépendante mais neutre perpétuellement, cette neutralité étant garantie par les 5 puissances signataires du protocole du 20 janvier 1831[22]. Quant au roi du nouveau pays, on a songé un temps au fils de Louis-Philippe, le duc de Nemours, puis on s’est rallié à Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, veuf de Charlotte héritière du trône d’Angleterre et frère de Victoria épouse du duc de Kent tous deux parents de la future reine Victoria. L’issue des négociations est facilitée par la révolte de Pologne qui représente un danger plus pressant pour le tsar et le roi de Prusse. Les 5 puissances et les représentants belges se mettent d’accord sur un texte un peu plus favorable à la Belgique. Le 21 juillet 1831 le roi Léopold prête serment à la constitution belge. Le roi de Hollande Guillaume Ier n’est pas d’accord sur des concessions qui ont été faites à la partie belge par rapport au protocole du 20 janvier. IL envahit la Belgique (campagne des 10 jours du 2 au 12 août 1831). Louis-Philippe vole au secours de Léopold et envoie 50.000 hommes sous le commandement du maréchal Gérard. Cette intervention est finalement couverte a posteriori par les 5 puissances et n’apparait pas comme une initiative unilatérale de la France. Les forces françaises quittent le sol belge dès le mois de septembre, cette décision ayant été prise par Talleyrand contre l’avis du roi. La ratification des accords[23] créant la Belgique fut longue et difficile. Pour les « puissances continentales », il s’agit de « de protéger une rébellion », comme l’écrit Metternich. Cette ratification marque le rapprochement de la France et de l’Angleterre qui se démarquent par rapport aux trois autres puissances continentales.

    Notons l’originalité de cette conférence. Du fait de l’expérience des négociateurs, les décisions de la conférence visant à a paix et à l’équilibre ont prévalu sur les instructions de gouvernements confrontés à des difficultés intérieures. Il y a eu de fait une délégation de pouvoir à une institution, la conférence, d’esprit fédéral[24].

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    L’ordre règne à Varsovie

    En novembre 1830, la révolte éclate en Pologne. Ce n’est pas une révolte sociale : la situation économique des paysans n’est pas plus mauvaise qu’avant. Ce n’est pas une révolution politique : la Pologne a reçu du tsar Alexandre une constitution relativement libérale bien que des Ruses occupent tous les postes de pouvoir. Ce n’est pas une révolution religieuse : la liberté de culte fonctionne et les catholiques ne sont pas inquiétés. C’est le fait d’une bourgeoisie intellectuelle marquée par le romantisme et appuyée par une partie des cadres subalternes de l’armée. Le mouvement a éclaté à l’occasion d’une concentration de troupes destinées à une intervention russe en Belgique. Un gouvernement modéré où figure le prince Czartoryski est formé. Il veut renégocier avec le tsar Nicolas les frontières de la Pologne ainsi qu’une application complète de la constitution de 1815. Face au refus du tsar, la Diète proclame l’indépendance de la Pologne. Qui va lui venir en aide ? Pas L’Autriche, ni la Prusse. L’Angleterre ne tient pas à intervenir et se contente d’inviter l’Autriche à servir de médiateur. En France « Toute la France est polonaise », selon Blanqui. Mais l’ambassadeur de France à Saint Pétersbourg, traversant la Pologne, déclare aux insurgés lui demandant l’aide de la France: « Je vous le dis avec douleur, mais avec une profond conviction, ce sera rien ». Les insurgés sont seuls et ont le talent de se diviser entre radicaux et modérés (Czartoryski). Les combats durent de janvier à septembre 1831. Le 16 septembre le général Sébastiani, ministre des Affaires étrangères déclare à la Chambre : « au moment où l’on écrivait la tranquillité régnait à Varsovie » transformé en « L’ordre règne à Varsovie ». Des milliers de Polonais choisissent l’exil. Parmi eux Chopin et le poète Mickiewicz.

    …. En Italie également.

    Des troubles éclatent au Piémont, dans les Etats du Pape, à Modène et à Parme. Parmi les insurgés carbonari, les deux fils de la reine Hortense ; l’un mourra dans cette aventure, l’autre deviendra Napoléon III. Une intervention de la France volant au secours des insurgés italiens est redoutée, notamment par Charles-Albert le nouveau roi de Sardaigne qui craint l’invasion de la Savoie. Metternich intervient immédiatement, avec le soutien moral de la Russie et de la Prusse. Des troupes sont envoyées à Modène puis à Bologne. La France par la bouche du Premier Ministre Casimir Périer rappelle le principe de non intervention qui anime la politique française. La crise doit être réglée par voie diplomatique – c’est l’esprit de 1815 - mais un petit contingent français est envoyé à Ancône ; son retour sera coordonné au retrait des troupes autrichiennes. L’affaire se termine par des promesses de réforme dans les Etats du Pape qui ne seront jamais mises en œuvre par le nouveau Pape Grégoire XVI (1831-1846).

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    1848 et le Printemps des peuples.

    C’est une période compliquée : l’Europe est en ébullition. La crise économique d’origine agraire (mauvaises récoltes dues à des intempéries) de 1846 et 1847 en est en partie à l’origine du vaste mouvement révolutionnaire. En deux mots : une courte période de libération est suivie par une période de réaction qui se prolongera jusqu’aux années 1860.

    France : 23, 24 et 25 février. La République est proclamée. Lamartine, ministre des Affaires étrangères, affiche un pacifisme destiné à calmer les inquiétudes de ses partenaires.  

    Turin, Rome, Naples et Florence : émeutes. Des constitutions sont octroyées. L’Angleterre voit cette évolution d’un œil favorable mais craint que la France ne veuille profiter de l’aubaine pour s’étendre sous le couvert d’une protection généreusement offerte. L’Autriche est trop désorganisée pour s’opposer aux encouragements verbaux de Lamartine.

    Mouvements identiques à Milan (le gouvernement provisoire issu des 5 journées de mars s’allie avec le Piémont qui déclare la guerre à l’Autriche) et à Venise (instauration d’une république).

    15 mars : Metternich est chassé de Vienne. En Europe centrale la féodalité est abolie. Des mouvements nationaux prennent naissance en Bohème, Croatie, Hongrie.

    A Berlin, le roi de Prusse accepte une constitution.

    Le Royaume des Deux-Siciles se désolidarise de ce mouvement ; le pape Pie IX d’abord favorable au mouvement de libération condamne les insurgés en avril 1848. Les insurgés prennent le pouvoir à Rome et en Toscane.

    A partir de mai 1848 : le reflux. A Paris, en juin les extrémistes sont écrasés. Napoléon est élu président le 10 décembre 1848. Charles Albert est battu à Custoza (juillet 1848) puis à Novare (avril 1849). Les archiducs sont rétablis en Toscane, à Parme et Modène. La République romaine disparait devant les troupes françaises (Oudinot ; avril- juillet 1849) qui rétablissent Pie IX.

    En Allemagne, le Parlement de Francfort à vocation pangermanique, véritable constituante élue au suffrage universel, ne dispose ni de moyens financiers ni de troupes. Il est liquidé. La Prusse cherche à réaliser une union restreinte entre souverains (Prusse, Hanovre et Saxe). L’Autriche refuse. C’est la « reculade d’Olmutz » (novembre 1850).

    La révolution a été brisée. Schwartzenberg en Autriche[25] et en Hongrie avec l’aide de la Russie, Brandenburg en Prusse, le cardinal Antonelli à Rome mènent des politiques réactionnaires. Mais la France garde le suffrage universel, nombre d’Etats conservent une constitution, le système seigneurial est définitivement abandonné.  

    Dans toutes ces affaires compliquées, les "puissances de premier ordre » n’ont pas essayé de tirer profit des difficultés du voisin pour améliorer leur propre position. L’esprit de retenue qui caractérise le concert européen a trouvé un champ d’application permanent. Entre 1815 et 1848 les responsables de la diplomatie des nations avaient pour objectif de préserver la paix en conservant l’ordre établi. Une nouvelle génération arrive aux affaires : Bismarck, Cavour, Napoléon III. Ces hommes réalistes veulent reconstruire l’Europe en tenant compte des aspirations des peuples et en faisant bénéficier leur pays des changements en cours.

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    La question d’Orient.

    L’avenir de l’Empire Ottoman est la préoccupation constante des chancelleries d’Europe. Cet empire est malade : ses finances vont mal, les janissaires opposés à toute réforme sont à l’origine de constantes révolutions de palais, la périphérie cherche à devenir autonome, voire indépendante. La Russie tient à gagner un accès aux mers chaudes. L’Empire Ottoman est sur son chemin. Tout ce qui peut affaiblir l’Empire Ottoman est soutenu par les Russes. L’Angleterre ne veut pas de la Russie en Méditerranée ; donc soutient le maintien de l’Empire Ottoman qui commande les Détroits. L’Egypte sous la direction de Méhémet Ali, soldat de fortune d’origine albanaise, s’est débarrassée des mamelucks du Caire.   C’est une puissance émergente soutenue par la France. Signe de l’amitié franco-égyptienne : le don de l’obélisque de Louxor qui trône au milieu de la place de la Concorde (1836).

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    Premier épisode de la question d’Orient : l’indépendance de la Grèce.

    Une bourgeoisie s’est développée à Athènes et dans les iles en faisant du trafic dans toute la Méditerranée. Des sociétés patriotiques philhellènes se constituent à l’étranger.   Les Grecs sentent qu’ils sont une nation. Ce mouvement est mal vu par Metternich et ses partisans : c’est un mouvement de libération. En revanche, Alexandre Ier puis Nicolas Ier sont tout disposés à aider les Grecs : ce sont des orthodoxes. En France, les conservateurs les aiment bien car ils sont chrétiens. Les Anglais également car les Grecs luttent pour gagner leur liberté. En 1821 une révolte éclate dans quelques iles[26], à Athènes et dans des villes de Morée.   Les premiers combats sont favorables aux Grecs, souvent très sanguinaires et font l’objet de terribles représailles (massacres de Chio avril 1822). Des volontaires d’Europe de l’ouest se mettent à la disposition des insurgés. Parmi eux Byron qui mourra à Missolonghi (1823). La Porte[27] demande l’aide de son vassal Méhémet Ali. Les « Puissances de premier ordre » ne font rien : leurs intérêts sont trop divergents et Canning qui a pris la suite de Castlereagh en 1822 n’aime pas la Sainte Alliance.   C’est le temps de la question espagnole. Méhémet Ali remporte des victoires et la quasi-totalité de la Morée est reprise en mains par les Ottomans (1825). Missolonghi tombe en 1826 et l’Acropole d’Athènes que défendait le colonel Fabvier tombe en juillet 1827. La France, la Russie et l’Angleterre s’allient alors pour venir en aide aux Grecs. L’Autriche ne bouge pas. La flotte turco égyptienne est détruite à Navarin le 20 octobre 1827. Les troupes russes s’approchent dangereusement de Constantinople. Londres hâte des négociations qui conduisent à la création d’une Grèce[28] d’abord autonome puis en 1830 complètement indépendante (14 septembre 1829 et            3 février 1830, traités d’Andrinople puis de Londres).

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    L’expansionnisme égyptien.

    Méhémet Ali parvient à se constituer une armée moderne[29]. Il demande que la Sublime Porte lui remettre la Crète pour ses bons et loyaux services en Grèce. Le sultan refuse.   Méhémet Ali occupe la Syrie (1833). Les armées ottomanes sont battues ; le sultan est sauvé par le tsar qui exerce un véritable protectorat sur l’Empire Ottoman (paix de Kutaïeh, avril 1833 et traité d’Unkiar-Skelessi, juillet 1833) : les navires russes ont accès aux Détroits.  L’Angleterre ne peut le supporter.

    Les hostilités reprennent en 1839, les Turcs voulant laver l’affront de la dernière défaite.   Les Turcs sont battus une seconde fois à Nézib. La France soutient Méhémet Ali dans l’espoir d’avoir une plus grande influence en Palestine. L’Angleterre, la Russie, la Prusse et l’Autriche (les Alliés de 1815), sans consulter la France, intiment l’ordre à Méhémet Ali de quitter la Syrie (traité de Londres du 15 juillet 1840). Ce dernier refuse. La France et l’Angleterre sont à deux doigts de la guerre. On parle de « paix armée ». C’est le temps où Thiers fait entourer Paris d’une ligne de fortifications[30]. Une expédition austro-britannique occupe le littoral de Palestine et du Liban. Méhémet Ali doit plier (10 décembre 1840): l’Egypte lui est accordée à titre héréditaire. Les Détroits sont neutralisés[31]. Londres a gagné ; Paris a connu un Waterloo diplomatique. La question d’Orient est réglée pour un temps. Une nouvelle guerre de Cent Ans n’aura pas lieu.

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    La Guerre de Crimée

    Ne perdant pas de vue ses ambitions sur les détroits, le tsar Nicolas Ier va essayer de se faire reconnaitre une mission de protecteur des minorités orthodoxes résidant dans l’Empire Ottoman[32]. C’est un rôle que la France revendiquait – et exerçait plus ou moins - depuis longtemps en faveur des minorités catholiques du Proche-Orient. Des querelles[33] entre communautés orthodoxes gardant les Lieux Saints et autorités locales entrainent d’abord l’occupation par les troupes russe des provinces danubiennes et ensuite une reprise des hostilités entre les Russes et les Turcs. Les Turcs sont vaincus sur terre et sur mer. L’Empire Ottoman risque de disparaitre, situation inacceptable pour l’Angleterre et accessoirement la France. En fait la Russie souffrait d’une mauvaise image.  « Un géant froid famélique dont la gueule s'entrebâille toujours vers le riche Occident. […] La Russie, c'est le choléra […] c'est l'empire du mensonge » écrivait Michelet. Cette russophobie était partagée par les libéraux des deux pays, outrés par la violence de la réaction russe en Pologne (1830) et plus généralement par son opposition au principe des nationalités. Pour les Français, la Russie était à l’origine de la Sainte Alliance, symbole de la contre-révolution.

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    Les défaites turques incitèrent les Français d’abord, puis les Anglais et le royaume Sarde, à s’allier aux Turcs (février 1854). La guerre dura deux années ; elle fut marquée par les batailles de l’Alma, d’Inkerman, de Balaklava (charge de la brigade légère) et par la prise de Sébastopol (septembre 1855). Ce fut une guerre sanglante, mais la plupart des décès furent le fait d’épidémies : choléra, typhus, froid et malnutrition[34].

    "L'Europe de la Sainte Alliance (1815-1855)" une conférence de Robert Fries

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    Le Congrès de Paris (mars-avril 1856) marque la fin de cette aventure. La France parait l’arbitre de la politique internationale. L’Autriche n’avait pas volé au secours de son allié traditionnel, la Russie, bien que celle-ci l’eût aidée en 1848. L’Autriche s’était contentée d’offrir ses bons offices pour l’ouverture de négociations entre les belligérants.   Le temps de la Sainte Alliance est terminé. L’intégrité de l’Empire Ottoman est garantie. Une nouvelle nation, la Roumanie est née[35]. La navigation est libre sur la portion sud du Danube. La Russie est pour un temps éliminée des Balkans ; non seulement les Détroits sont interdits à la flotte russe, mais la mer Noire est neutralisée. Les Anglais n’ont plus à craindre une flotte russe en Méditerranée. La Sardaigne entre dans le concert des nations, prélude au règlement de la question italienne.

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    Pendant soixante ans l’Europe a vécu sans guerre entre ses principales nations, exception faite de la Guerre de Crimée qui se déroule à la périphérie et qui clôt la période. Mais pas sans soubresauts internes. Après 1815, il s’agit de conserver « l’ordre des choses », pas de le casser. Cela incite à la modération et au compromis. Metternich et ses pairs sont des hommes de continuité. Au tournant du demi- siècle arrivent des hommes qui n’ont pas vécu les malheurs de la période napoléonienne. Ils oseront la rupture pour créer les Etats-Nations du XXe siècle.

     Récapitulatif des notes :

    [1] Il y a aussi une méthode : chaque réunion de ministres ou d’ambassadeurs fait l’objet d’un protocole dont la teneur est acceptée par tous les participants.

    [2] Notons que le chef du party whig, Samuel Whitbread, propose à la Chambre des Communes de ne pas s’engager dans une nouvelle campagne contre Napoléon et de faire confiance à ses promesses de paix. Cette proposition n’a pas été retenue, Castlereagh revenu de Vienne étant partisan de l’élimination de l’Empereur.

    [3] Le budget de la nation en 1815, tel que Napoléon l’a trouvé est de 618M F. Pour financer son armée, il a besoin de 400MF. La dette de l’Etat passe de 123MF à 639MF. L’indemnité de guerre et les frais d’entretien des armées occupantes s’ajoutent à ces engagements. (Pascal Cyr, 1815, Réalité financière de la reconstitution de l’armée, Revue historique des armées, 260/2010, p. 90-102).

    [4] Entre juillet en novembre 1815, près d’un million de soldats alliés ont occupé près de la moitié du pays en s’y conduisant en pays conquis.

    [5] Le traité comporte 3 articles. Art. 1 : Les trois monarques se considèrent comme frères et se prêteront assistance. Art. 2 : Les trois monarques sont « délégués par la Providence pour gouverner trois branches d’une même famille ». Ils recommandent à leurs peuples de « se fortifier dans les principes et l’exercice des devoirs que le Divin Sauveur a enseignés aux hommes ». Art. 3 : Les puissances qui partagent ces principes seront accueillies affectueusement.

    [6] La Terreur blanche. Arrestations et condamnations sans jugements ; destitutions des fonctionnaires. ¼ des fonctionnaires sont destitués ; 70.000 personnes sont arrêtées pour raison politiques et 6.000 condamnées. Une législation réactionnaire est promulguée (arrestation arbitraire des suspects, loi contre les cris et écrit séditieux, « cours prévôtales », sortes de tribunaux spéciaux).

    [7] Exception faite du Royaume Uni qui sert de modèle à tous les penseurs libéraux.

    [8] Ce n’est pas le cas de l’Espagne, de la Russie et du Royaume des Deux-Siciles. L’armée française est-elle sûre ? La question se pose à la veille de la campagne d’Espagne. Quant à l’Eglise, certains de ses éléments ruent dans les brancards : par exemple Lamennais qui se montre partisan d’une séparation de l’Eglise et de l’Etat(1832).

    [9] Cette dignité n’était plus pourvue depuis la mort de Kaunitz le chancelier de Marie Thérèse et le grand-père de la première épouse de Metternich.

    [10] En France en 1815, il y a 110.000 électeurs (plus de 30 ans plus de 300F d’impôts directs) et 16.000 éligibles (plus de 40 ans, plus de 1.000F d’impôts directs).

    [11] Une autre approche d’origine plus française consiste à placer le sentiment d’appartenance nationale dans une démarche consciente et volontaire (adhésion à des valeurs) conduisant à la volonté de vivre ensemble.   Cette approche sera reprise plus tard par Renan (1882).

    [12] Les sociétés de gymnastique, de tir et les chorales sont également des lieux où les libéraux se retrouvent, tournant ainsi les mesures policières visant les universités et leurs enseignants.

    [13] On peut se demander si Louis XVIII n’est pas tenté par la tradition espagnole du valido.

    [14] Victor Emmanuel Ier succède à son frère Charles Emmanuel en 1802. En 1821 il abdique plutôt que d’accepter une constitution. Son frère Charles Félix lui succède. Il meurt en 1831. Son lointain cousin Charles Albert lui succède.

    [15] Il s’agit du grand-père maternel de Marie Louise épouse de Napoléon

    [16] En fait, le gouvernement français est divisé. Le premier ministre Villèle redoute la guerre qui coûtera cher ; son ministre des Affaires étrangères, Montmorency croit la guerre inévitable.

    [17] Les causes additionnelles des Trois Glorieuses (27, 28, 29 /7) : « La cour et ses vieilles rancunes, l’émigration et ses préjugés, le sacerdoce avec sa haine de la liberté », Bertin, Journal des Débats ; la crise économique due aux mauvaises récoltes met le peuple dans la rue.

    [18] Le tsar appelle le Roi des Français «Sire » au lieu du traditionnel « Monsieur mon frère » et l’assure de sa haute considération comme un haut fonctionnaire.

    [19] Représentation de la Muette de Portici de Auber, avec pour refrain : ‘Amour sacré de la Patrie »..

    [20] C’est un tournant. Cette position répétée par les émissaires de Louis Philippe est en contradiction avec le principe d’assistance mutuelle entre les monarchies issues du congrès de Vienne.

    [21] Talleyrand a toujours estimé que l’alliance de la France et du Royaume-Uni était la garantie de la paix en Europe. Il se dit « animé du désir d’établir enfin cette alliance de la France et de l’Angleterre que j’ai toujours considérée comme la garantie la plus solide du bonheur des deux nations et de la paix du monde ».

    [22] Le nouveau pays devait assumer les engagements pris par la Hollande en 1815, c’est-à-dire contribuer à l’équilibre européen en s’opposant à l’expansionnisme français. C’était encadrer la souveraineté du nouvel Etat. Donc une restriction mal perçue par le gouvernement provisoire belge. Notons que le protocole de neutralité a été un temps refusé par la France, Talleyrand s’opposant alors à son ministre Sébastiani. Le protocole définit également les frontières et le partage des dettes de l’ancien royaume de Hollande.

    [23] Il s’agit du traité des XXIV articles rédigé par la conférence des ambassadeurs. Elle contient des décisions finales et irrévocables. Les Belges signent le 15 novembre, la Russie en mai 1832 et la Hollande en 1838.

    [24] Voir J.A. Sédouy, le Concert Européen Fayard 2008, P. 215 un hommage de Guizot à Talleyrand

    [25] La réaction en Autriche est particulièrement violente. Elle atteste du caractère encore rural et aristocratique de la société qui n’est pas mure pour accepter des Etats nationaux dirigés par une élite bourgeoise. En été 1848, pendant que les libéraux du parlement de Kremsier (Vienne n’étant pas sûre, les parlementaires fraichement élus se retrouvent en province) discutent une constitution faisant la part belle aux nationalités, les forces conservatrices s’organisent autour de l’armée. Le 2 décembre 1848, Ferdinand abdique en faveur de son neveu François Joseph. La réaction fut menée par le général Windischgraetz. Elle fut brutale. Mais après quelques années des réformes amenèrent la liberté de presse, un régime parlementaire et les libertés individuelles, tout ce que demandait la bourgeoisie éclairée de 1848. De plus le système seigneurial avec les corvées des paysans est définitivement supprimé.

    [26] L’étincelle vient d’Alexandre qui confie le soin à son conseiller (grec) Ypsilanti de soulever les provinces de Roumanie. Il n’y parviendra que médiocrement. Puis à Patras, l’archevêque fait massacrer les Turcs. C’est le début de la guerre d’indépendance (25/3/1821). D’où des représailles à Constantinople.

    [27] Sublime Porte : le gouvernement du sultan.

    [28] Capo d’Istria, ancien conseiller du Tsar Alexandre, président d’un gouvernement provisoire est assassiné ; il cède la place comme roi à un prince de Bavière (Othon) puis à George Ier (1845-1913), un prince danois beau frère du futur Edward VII et du futur Alexandre III.

    [29] Le pays se modernise : cultures irriguées et culture du coton à l’initiative du Français Jumel.

    [30] C’est aussi un temps de poussées nationaliste, notamment en Allemagne. On y célèbre le Rhin allemand (chanson de Becker), Musset répond (Nous l’avons eu votre Rhin allemand), l’hymne Deutschland über alles définit un espace germanique de la Meuse au Niémen.

    [31] La mer de Marmara est interdite aux navires de guerre. Donc pas de navires de guerre russes en Méditerranée.

    [32] Ce n’était pas une idée nouvelle : déjà Potemkine, le favori de Catherine II, pensait déjà au démembrement de l’Empire ottoman et au regroupement de toutes les populations orthodoxes sous l’autorité de Moscou. En 1774, par le traité de Kutchuk-Kaïnardji, il avait obtenu d’assurer la protection de la communauté orthodoxe dans l’Empire Ottoman

    [33] Au cours de la première moitié du XIXe siècle, le nombre de pèlerins russes orthodoxes se rendant sur les lieux-saints augmenta considérablement et fit craindre que les catholiques ne puissent plus avoir accès au Saint-Sépulcre dans de bonnes conditions. Par l’intermédiaire de son ambassadeur Lavalette, la France incitait les Turcs à adopter des dispositions concernant l’administration des lieux-saints inacceptables par les Russes.   Napoléon III voulait se couvrir de gloire militaire, plaire à la gauche en défiant les bourreaux de Varsovie (1831) et plaire aux catholiques en défendant des communautés religieuses.

    [34] Pertes françaises estimées à 95.000hommes dont 75.000 de maladie

    [35] En fait les provinces moldo-valaques sont autonomes mais demeurent vassales de la Porte.

    Monsieur Fries a été très applaudi pour sa remarquable érudition. Il a ensuite répondu aux questions de l'assistance très intéressée par ce sujet, à première vue, fort ardu.

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