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Par Christaldesaintmarc le 26 Août 2023 à 06:00
La Sologne est une magnifique région naturelle, faite de grands espaces boisés, de landes et d'étangs.
Ces terres si belles ne sont, de nos jours, plus accessibles au commun des mortels, puisqu'elles sont enfermées, grillagées...
Alors, de ce fait, les braconniers ont sans doute, disparu...
http://www.christaldesaintmarc.com/la-sologne-terre-inhospitaliere-a213211361
Et pourtant ils étaient nombreux autrefois, car la Sologne regorgeait de gibiers de toutes sortes, qu'il était tentant de s'approprier en braconnant d'un endroit à l'autre puisqu'il n'y avait si frontières, ni grillages...
Certains Solognots, pour que l'histoire épique du braconnage ne soit pas oubliée, ont voulu créer un Musée situé à Chaon (Loir et Cher) appelé "la Maison du braconnage" où l'on nous raconte la vie de ces braconniers qu'a si bien décrite Maurice Genevoix dans son magnifique ouvrage "Raboliot", qui condense des thèmes qui exaltent l’écrivain: la campagne, l’harmonie de l’homme avec la nature. Plus qu’un roman, "Raboliot"un véritable hymne à la liberté.*
La Maison du Braconnage a été ouverte en 1997, elle nous présente la vie (et l'œuvre !) des braconniers d'autrefois.
On pénètre dans la salle de l'art et des techniques du braconnage.
On y trouve de multiples sortes de pièges : collets, bourses, filets, pièges à machoires, à col de cygne, boîtes à fauves etc...
Les différents animaux braconnés ...
Pour les faisans perchés on utilisait le soufre "un coup de soufre ils tombaient comme des mouches" !
Dans "Raboliot", Maurice Genevoix écrit :
"Et si quelques hommes, plus riches, accaparent le droit à la chasse, s'ils défendent leur droit avec l’appui des lois, des gardes qu’ils paient et qu'ils arment, des gendarmes en uniforme, des policiers habiles à se grimer, est-ce qu’il n’est pas d’autres lois plus anciennes, qu’on chercherait en vain dans les codes, mais que les gars de Sologne connaissent bien puisqu'ils les sentent vivre en eux-mêmes dès que le poil leur pousse sous le nez, dès qu’ils éprouvent la chaleur de leur sang ?"
En effet, le braconnage débute dès l'enfance !
On nous présente le matériel du braconnier, déjà son vélo...
Son nécessaire...
Ses sabots quelquefois avec des semelles ...à l'envers, dont les empreintes au sol déroutaient les gardes.
des bottes...
Dans une autre salle sont présentées certaines façons particulières de braconner .
Par exemple, la chasse au panneau qui était un filet de 50 mètres installé sur des piquettes. Le braconnier pouvait capturer plusieurs centaines de lapins et quelques lièvres en une seule nuit.
Une autre façon de braconner c'était la "chasse à la lanterne", où l'un des participants jouait du grelot et l'autre maniait la lanterne, malheur au gibier qui passait de la nuit noire à l'éblouissement !
Le braconnier bâtissait sa cabane et y entreposait tout ce qu'il lui fallait pour vivre...
Il pouvait même recevoir les belles....
Hélas pour les braconniers, il y avait en face d'eux LA LOI !
Les gardes-champêtres, les gendarmes toujours par deux...
Les gardes fédéraux dits "Saint Hubert" et les gardes privés.
Quelquefois les rencontres entre "la Loi" et les braconniers se passaient mal...
Et ça finissait au tribunal...
Dans les cachots on criait sa colère....
Mais les braconniers il n'y en avait pas qu'en Sologne, celui-ci était morvandiau et il a été guillotiné à Chalon sur Saône !
Un membre des "Amis de la Maison du Bricolage" a évoqué pour nous la vie solognote d'autrefois... qui finalement ressemblait beaucoup à la vie bourguigonne de la même époque, mon arrière grand-père portait la biaude, et chaussait des sabots comme lui.
Puis ce passionné nous a fait connaître un auteur solognot très intéressant, poète et chansonnier libertaire, malheureusement bien oublié aujourd'hui, qui chanta dans les cabarets de Paris en compagnie du célèbre Jehan-Rictus, je veux parler de Gaston Couté.
En recherchant les textes des chansons de Gaston Couté, j'avoue que j'ai été séduite par son style et son humour teinté de sombre, voici par exemple sa chanson de braconnier .
CHANSON DE BRACONNIER
Pour tous les bougres qui braconnent
Dedans la Sologne aux bourgeois
Ça n'est pas quand la lune donne
Qu'il faut aller au bois :
Sous les sapinières prof'ondes
On rampe dans le noir.
- J'aime la Françoise qu'est blonde
Faut pas voir tout en noir.
Par la nuit de poix et d'angoisse
Quand on rentre, le carnier plein,
Coucher auprès de sa Françoise,
Le garde au châtelain :
Ce chien vendu qui fait sa ronde
Vous happe dans le noir.
- J'aime la Françoise qu'est blonde
Faut pas voir tout en noir...
Lors, même le jour devient sombre,
Car les juges, ces salopins,
Vous foutent des six mois “ à l'ombre >
Pour trois méchants lapins.
En prison, le cœur pleure et gronde
Seul ! tout seul dans le noir.
- J'aime la Françoise qu'est blonde !
Faut pas voir tout en noir.
J'ai fait ça que je vous raconte
En v'nant vers mes amours
Un soir où j'ai réglé le compte
D'un garde d'alentour.
Le sang faisait des flaques rondes...
C'était rouge, et puis noir.
- J'aime la Françoise qu'est blonde
Faut pas voir tout en noir.
Gaston Couté a écrit des centaines de chansons, j'en publierai certaines de temps en temps, lors des épisodes forts de l'année : récolte des champignons, vendanges, fêtes etc...car , pour moi, cet auteur prolifique mérite de sortir de l'oubli, et ses chansons reflètent bien la vie d'autrefois, aussi bien en Sologne que chez nous en Bourgogne.
*Il est possible d'emprunter "Raboliot" de Maurice Genevoix, prix Goncourt en 1925, à la médiathèque Victorine de Chastenay, ne vous en privez pas, le style et l'évocation de la nature sont superbes !
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Par Christaldesaintmarc le 6 Octobre 2022 à 05:55
De retour d'un séjour en Sologne avec la Société Mycologique du Châtillonnais, je vais aujourd'hui pousser un "coup de gueule".
A ma grande surprise, alors que je me faisais une joie de découvrir cette région, j'ai observé avec stupeur que la plus grande partie des forêts de Sologne est inaccessible aux promeneurs...
Presque tout le territoire est grillagé car il appartient à de grands groupes et à des milliardaires qui tiennent à conserver jalousement leurs terres et leurs gibiers hors de vue des manants.
Comme au temps des seigneurs....
Les Solognots sont mécontents, on les comprend, (mais qui a vendu toutes ces terres aux puissants ??) voici ce qu'ils disent
La recrudescence de grandes clôtures bloquant la circulation des animaux et polluant la beauté de nos paysages nous a conduit à nous engager pour lutter contre le fléau de l'engrillagement.
Quelle image désastreuse donnons nous aux touristes randonneurs qui viennent pour la première fois dans notre région ? L'économie de la Sologne, c'est 14% la chasse et 20% le tourisme, ne l'oublions pas .
http://www.lesamisdescheminsdesologne.com/actions/grandes-clotures
Quant aux étangs, c'est la même chose, impossible de s'en approcher, alors que c'est, depuis toujours, l'attrait de cette région, quelle déception !
La Sologne est, pour moi, devenue un territoire inhospitalier qui, de plus, accumule dans tous les villages, même les plus petits, des dizaines de ralentisseurs suivis de quinconces ... il y a souvent plusieurs de ces "dos d'ânes" à la suite, de différentes tailles et de hauteur...
Difficile de circuler pour les camping-cars et les caravanes, certains s'en souviennent amèrement... Les automobilistes ne sont-ils pas capables de respecter les limitations de vitesse nécessaires ?? c'est les prendre pour des imbéciles.
C'est à croire que les Solognots refusent les touristes....
Bref, amoureux de la Nature, ignorez cette région.
Par contre, si vous aimez l'Histoire, vous pourrez vous rendre dans deux musées qui vous montreront la Sologne telle qu'elle était autrefois "la Maison des Etangs" à Saint-Viâtre, et le "Musée du Braconnage" à Chaon, et vous pourrez visiter de superbes châteaux comme Chambord.
Heureusement, il nous reste les magnifiques récits de Maurice Genevoix, qui se passent en Sologne, comme son chef d'œuvre "Raboliot" (prix Goncourt 1925) ...quelle splendeur dans les descriptions et les récits. Elle est dans ce livre la Sologne et non sur le terrain....
Ses souvenirs affluaient par longues vagues : toutes les odeurs des bois, l'âcreté du terreau mouillé sur quoi fermentent les feuilles mortes, les effluves légers des résines, l'arôme farineux d'un champignon écrasé en passant; tous les murmures, tous les froissements, toutes les envolées dans les branches, les fracas d'ailes traversant les futaies, les essors au ras des sillons; et tous les cris des crépuscules, la crécelle rouillée des faisans, les rappels croisés des perdrix, les piaulements courts des tourteplates, et déjà, dans la nuit commençante, ce grincement qui approche et qui passe à frôler votre tête, avec le vol de la première chevêche en chasse.
(Ce livre peut être emprunté à la médiathèque, vous y découvrirez de magnifiques histoires solognotes, écrites avec un style éblouissant, par un auteur malheureusement un peu oublié et c'est bien dommage....)
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