• "L'Europe de 1929 à 1939" quatrième partie de la conférence de Robert Fries

    Voici la quatrième partie de la conférence de Robert Fries sur l'Europe de 1929 à 1939.

    LE FASCISME EN ITALIE

     Le fascisme est un mouvement de circonstances.

    Il est né en Italie dans la période troublée de l’après-guerre. 

    Il est le fruit à la fois :

    • d’échecs répétés – guerre sanglante, incapacité d’assurer l’ordre, crise économique – attribués au régime démocratique
    • de la crainte du bolchévisme qui prend la forme d’un syndicalisme révolutionnaire violent(collectivisation des terres, occupation des usines)
    • d’ambitions territoriales non satisfaites (la « victoire mutilée »), conduisant à un nationalisme exacerbé.

    A l’origine, ses premiers partisans, entre autres Benito Mussolini, viennent du socialisme.

    L'Europe de 1929 à 1939 quatrième partie

    Parmi les théoriciens qui les ont influencés, le Français Georges Sorel (syndicalisme révolutionnaire, gestion des entreprises par les syndicats, rejet de la démocratie, justification de la violence pour arriver au pouvoir)

    L'Europe de 1929 à 1939 quatrième partie

    et de Vilfredo Pareto (distinction entre élites et masse, remplacement des élites anciennes par de nouvelles, ce remplacement pouvant se faire par la violence).

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    Le fascisme italien se manifeste d’abord par des refus.

    • Le refus de la démocratie représentative jugée incapable
    • Le refus de l’économie libérale jugée injuste et inéquitable
    • Le refus de la lutte des classes qui s’oppose à la mobilisation de tous au service de la nation incarnée par l’Etat

    Pratiquement le régime est autoritaire, dirigiste, social.

    • Le gouvernement est placé entre les mains d’un chef charismatique incarnant l’Etat,le Duce, qui est également le chef du parti unique.
    • Tous les pouvoirs sont concentrés en sa personne.  Un culte de la personnalité est mis en place autour du chef[1].   Le parti sert l’Etat
    • Au plan économique la propriété privée est conservée. Des politiques interventionnistes orientent la production, limitent le libre-échange et vont dans le sens de l’autosuffisance voire de l’autarcie.
    • Les activités économiques sont organisées en corporations.  La concurrence est limitée.  Les employés sont représentés par un seul syndicat qui peut négocier avec les employeurs.  La grève est interdite.
    • Une politique sociale apporte une certaine sécurité aux travailleurs (assurances sociales, accidents du travail, retraite) ainsi que de meilleures conditions de vie (semaine de 40 heures).
    • Les individus sont encadrés, souvent enrégimentés dans des organisations dépendant du parti (enseignement, sports, loisirs). 
    • Tout concourt à la formation d’un homme nouveau qui sera fidèle au parti et à son chef, discipliné, travailleur, patriote c'est-à-dire prêt à faire passer les intérêts de l’Etat, tels que définis par le Duce, avant les siens. 

     Les années 1919-1920 appelées « Bienniorosso » sont marquées par des mouvements sociaux violents (occupation d’usines, pillage de magasins, partages des terres). 

    Le Mouvement Fasciste des Combattants est créé en 1919 avec ses unités paramilitaires (squadre) qui s’opposent aux milices des syndicats : les fascistes (Squadristi) contre les communistes et anarchistes (Arditi). 

    Le Mouvement Fasciste compte 300.000 membres en 1921.

     Il est soutenu par le patronat italien (Confindustria).

     Les élections de mai 1921 ne sont pas favorables au Mouvement.  Il est représenté au sein de la majorité de droite par le Bloc National qui compte 32 membres,alors que les socialistes ont 122 élus et les « populaires » 107 (l’assemblée compte 535 députés).

    Les violences des groupes fascistes redoublent. 

      Le parti National Fasciste Italien est créé en novembre 1921.  A l’issue du congrès du parti à Naples, Mussolini décide d’organiser une marche sur Rome (27-29 octobre 1922).

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      Le Roi Victor-Emmanuel III refuse de déclarer l’état de siège ce qui aurait permis d’arrêter la marche sur Rome. 

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    Au contraire il nomme Mussolini chef du gouvernement. 

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    Habilement ce dernier met en place un cabinet de coalition, où les fascistes ne sont pas majoritaires.

      En même temps, il se fait donner les pleins pouvoirs (25 novembre 1922) et surtout modifie la loi électorale (la liste recueillant la majorité relative des voix obtient les 2/3 des sièges).

      Les élections d’avril 1924 donnent 423 sièges aux fascistes et à leurs alliés. 

    A la suite du meurtre par un groupe de « chemises noires » du député socialiste Matteotti (10 juin), les députés socialistes quittent le parlement.

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      Mussolini n’a plus d’adversaires.

    Après un coup de force relativement peu violent, avec la complicité des classes dirigeantes, puis, par des voies légales, Mussolini va instaurer un nouveau régime, relevant uniquement de lui et de son parti.

    L’opposition est éliminée, la presse étroitement contrôlée, les syndicats remplacés par une organisation corporative (par métier), l’Université et la jeunesse sont enrégimentées, le parti pénètre dans l’intimité des familles en organisant des services de protection de la mère et de l’enfant. 

    Mais les mesures autoritaires du fascisme italien n’ont jamais eu la violence des dictatures nazie et communiste. 

    De plus le fascisme italien n’est pas raciste (supériorité d’une race) ni antisémite.

    Jouant le jeu des démocraties, Mussolini adopte un comportement « genevois » fondé sur le principe de sécurité collective. 

    En 1924, la question de Fiume est réglée à l’amiable avec la Yougoslavie.

    L’Italie en 1925 participe au congrès de Locarno et garantit les frontières occidentales de l’Allemagne. 

    Mussolini apparait comme un chef d’Etat fréquentable. 

    En 1926, le contexte change.  Mussolini veut jouer un rôle sur la scène internationale et se mêler des affaires des Balkans et des puissances d’Europe centrale.

      En 1926 et 1927, deux traités de Tirana font de l’Albanie un protectorat italien. 

    Dans la région du Danube, il s’agit de soutenir les aspirations révisionnistes des pays d’Europe centrale mécontents du traité de Saint Germain (Autriche, Hongrie, Bulgarie, Macédoine yougoslave).

      La politique de Mussolini s’oppose alors à celle de la France qui soutient la Petite Entente[2] (Roumanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie). 

    Cette compétition d’influence dans la Balkans et la région danubienne est un ferment de conflits. 

    Jusqu’en 1935, l’Italie reste l’allié de la France et de l’Angleterre. 

    La situation changera quand Mussolini envahira l’Ethiopie.

    [1]Mussolini a fait l’objet d’une quasi-déification, préparée et bien orchestrée.  En 1936, le Corriere de la Sera écrivait « Quand vous regardez autour de vous et que vous ne savez plus vers qui vous tourner, souvenez-vous qu’Il est là. Qui, sauf Lui peut vous aider ?   … Le Duce est le confident de chacun et, autant que possible, il aidera tout le monde ».  Mussolini recevait 1500 lettres par jour du style « Je me tourne vers Vous, qui faites tout et pouvez tout faire ».  « Duce, je vous vénère comme on doit vénérer les saints ».« Pour nous Italiens, vous êtes notre Dieu sur terre ». 

    [2]Cette Entente signée en le 14 août 1920 est une alliance tripartite destinée à se protéger mutuellement contre les visées de reconquête de la Hongrie.  En 1925 et 1926, des accords militaires sont signés entre chacun des trois pays et la France qui garantit leurs frontières contre une agression hongroise.  En fait ces pays ont d’autres adversaires aux quels la France ne se frottera pas : La Russie, L’Allemagne, l’Italie.


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