• L'histoire de l'ermitage du Val de Seine, présentée par Dominique Masson

    L’ERMITAGE DU VAL DE SEINE (commune de Baigneux)

    Un pieux ermite, Christophorus, aurait fondé, avec quelques compagnons, une abbaye, en 1106 : l’abbaye d’Oigny, sous la règle de Saint-Augustin, grâce aux libéralités de Godin de Duesme et du sire de Frolois. Ces chanoines reçurent, entre autre, la dîme de Baigneux, mais les successeurs de ces seigneurs contestèrent ces libéralités. Aussi les chanoines recoururent à la protection du duc de Bourgogne, l’associant à la propriété, pour moitié (pariage), de ce qu’ils possédaient au finage de Baigneux : le « bourg » de Baigneux fut créé, le duc étant représenté par un prévôt et l’évêque d’Autun y établit une paroisse. En 1259, duc et abbé affranchirent Baigneux, qui eut en 1337 un maire.

    L'ermitage du Val de Seine présenté par Dominique Masson

    La première mention du Val de Seine date de 1302, mais on ne peut savoir s’il y avait là des constructions. Ce Val se trouve sur la paroisse de Baigneux. La date de 1633 est gravée sur le linteau de la porte de la chapelle et le premier ermite connu habite là en 1624. Cependant les ermitages ont fleuri dans le diocèse voisin, celui de Langres, entre les XIVe et XVe siècles, et on peut penser qu’il en fut de même dans le diocèse d’Autun. Ces ermites du Val de Seine s’appelaient les religieux anachorètes de l’ordre de Saint Antoine (les Antonins étaient présents en châtillonnais, en particulier à Etais depuis le début du XIIIe siècle).

    Ces ermites pouvaient y vivre là seuls, mais en général ils étaient deux (il y eut parfois trois ermites ensemble). La mairie de Baigneux avait la charge d’entretenir les bâtiments, la fabrique était propriétaire des ornements (en 1716, par exemple, elle répare un marchepied et, en 1744, paye pour le retable de l’autel). Les ermites étaient sous la surveillance du greffier de la mairie (c’est lui qui dresse l’inventaire de l’ermitage au décès d’un ermite) et du curé de Baigneux ; c’est ce dernier qui donnait son accord pour accepter un nouvel ermite, confirmé ensuite par l’évêque d’Autun.

    Dans cet ermitage ont vécu 31 ermites, entre 1624 et 1793 ; cependant, en général, bien que qualifiés de frère, ils n’étaient pas prêtres (il y en eut seulement deux). Avant de prendre possession de l’ermitage, il y avait une sorte de noviciat sous la surveillance du curé de Baigneux, lequel priait ensuite l’évêque d’Autun de ratifier la décision. Cependant il y eut parmi ces ermites un ivrogne et un autre qui fut atteint de démence ; l’évêque mit deux ans à l’expulser. Certains ermites venaient d’autres ermitages ou partaient du Val de Seine pour un autre ermitage. Ainsi Nicolas Poignan quitte le Val pour aller à l’ermitage d’Aignay et Philibert Cuny, en 1775, ne pouvant entretenir l’ermitage, partit à celui de Vaugimois où il avait habité dans ses premières années. Certains ermites sont décédés à l’ermitage et sont enterrés sous les dalles de la chapelle. En cas de vacance d’ermite, un garde-chapelle était nommé pour éviter les pillages.

    L'ermitage du Val de Seine présenté par Dominique Masson

    Autour de l’ermitage se trouve un terrain assez vaste, formant jardin et verger. Il semble que ce soit le frère Hilarion (mort en 1692) qui établit des vergers. Il faisait des greffes et vendait des arbres fruitiers au profit de la chapelle ; dans son testament on trouve pioche, bêche sarcloir, etc. ; l’argent devait servir à construire un pilier pour soutenir la voûte de la chapelle. En 1790 on trouvait là 5 pruniers, 22 cerisiers, 10 poiriers, ainsi que des frênes, tilleuls, alizier, etc.

    L'ermitage du Val de Seine présenté par Dominique Masson

    Frère Hilarion et son acolyte avaient également des ruches (25 paniers ; la fabrique leur acheta 9 livres ½ de cire jaune). En 1775 il y a 19 paniers d’abeilles.

    A la Révolution habitait à l’ermitage César de Clugny, comte de Lyon ; issu d’une grande famille noble (son frère était seigneur de Jours), prêtre, il avait préféré se retirer en ces lieux à 34 ans. Il désirait faire des embellissements mais fut obligé d’émigrer ; les scellés furent mis à l’ermitage. Après l’avoir loué quelques années, la commune de Baigneux vendit l’ermitage en 1813 à M. Claude Sébastien Estienne. Il y mit un fermier, lequel devait entretenir les murets et pouvait entreposer ses récoltes dans la chapelle. En 1842, la chapelle fut rendue au culte et l’évêque de Dijon, monseigneur Rivet, y fit une visite. En 1859, à la mort d’Estienne, sa fille, Anne, célibataire, en hérita ; elle désirait reconstruire l’ermitage mais mourut en 1869. Son neveu en hérita et le revendit en 1870 à P. Girardot, notaire à Baigneux. Ce dernier remit des ruches, planta de la vigne et rétablit clôtures et repeupla d’arbres fruitiers le verger après la tempête du 30 avril 1866. En 1921 l’ermitage revint à des descendants de la famille Estienne (madame Thiébaut était née Estienne).

    C’est alors que le curé Eugène Barbier, curé-doyen de Baigneux, relança en 1922 le pèlerinage à Notre Dame du Val de Seine. En 1929 fut créée une association, les Amis de Notre Dame du Val de Seine.

    Au début du XXIe siècle, la Fondation du Patrimoine, avec M. Mercuzot, et les Amis De Notre Dame du Val de Seine voulurent restaurer l’ermitage. Un appel fut lancé à des mécènes et les travaux de rénovation furent terminés en 2013. En 2016, après une « refondation » quelques années auparavant, l’Association, présidée par Geneviève Charron, devint l’Association des Amis de l’Ermitage. Pour encore mieux renouer avec l’esprit des ermites, fut inauguré, en novembre 2015, un verger conservatoire ; outre des pruniers, 18 plans de cassissiers et de groseilliers ont été plantés ainsi qu’une une haie mellifère pour alimenter deux ruches.

    L'ermitage du Val de Seine présenté par Dominique Masson

    Ce lieu aujourd’hui restauré (avec sanitaires, chaises et tables) se veut un lieu de rencontres en plein air, à connotation religieuse, familiale ou amicale.

    Renseignements et réservations : ermitage.valdeseine@gmail.com ;  06 42 84 99 68 ; 03 80 96 52 87.

     (Dominique Masson)

    (photos : D. Masson)


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