• L'historien Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

    L'historien Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

    Les Amis du Châtillonnais ont demandé à l'historien Patrick Serre de présenter, le 20 novembre 2021,  une conférence sur la "Bataille de Châtillon du 19 novembre 1870" que nous appelons aussi "la surprise de Châtillon".

    Jenry Camus a présenté Patrick Serre aux auditeurs venus très nombreux écouter cette passionnante conférence, couplée à la superbe exposition sur la guerre de 1870, une guerre oubliée...

    Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

    Patrick Serre a tout d'abord évoqué le contexte qui a permis cette funeste "bataille de Châtillon"

    Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

    Le Contexte :

    Le général Prussien Auguste Von Werder assiège Strasbourg du 12 août 1870 au 28 septembre 1870, la ville est dévastée.

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    Le général français Uhrich capitule le 28 septembre.

    En octobre 1870 a lieu la honteuse capitulation de Bazaine à Metz, où il livre aux Prussiens  cent vingt mille combattants, vingt mille blessés, ses fusils, ses canons, et ses drapeaux, trahison suprême...

    En effet, on ne rend pas les drapeaux à l'ennemi, nous dit Patrick Serre, au besoin on les détruit, mais ils ne sont jamais livrés à l'adversaire.

    Les Prussiens descendent ensuite vers le sud avec 60 000 hommes dans l’intention de mettre le siège devant Lyon.

    En octobre 1870 ils rentrent en Côte d’Or.

    A ce moment là les troupes françaises sont démunies : pas d’artillerie, pas de cavalerie, des soldats mal vêtus pour les mobiles, parfois avec un fusil….pour dix et au surplus sans les munitions qui vont avec !

    L’armée de Von Werder arrive à Dijon où normalement elle ne doit pas s’arrêter , leur route pour aller à Lyon devant passer entre Dijon et Besançon.

    Le Colonel Fauconnet, voyant l’état désastreux de ses troupes déclare Dijon « Ville ouverte » au grand désespoir des habitants, car ceux-ci veulent défendre leur ville.

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    Fauconnet revient sur sa décision, le combat a lieu, mais la ville tombe le 31 octobre et Fauconnet perd la vie... juste après avoir été nommé Général.

    Von Werder envoie des patrouilles de reconnaissance depuis Dijon (dans le Val de Saône, la côte viticole, l'arrière-côte, la vallée de l'Ouche etc...) et partout s’aperçoit que ses troupes sont prises à partie par des mobiles ou des franc-tireurs en embuscade, avec le concours des populations locales.

    Pour bien faire comprendre aux auditeurs  l'origine de la bataille de Châtillon, Patrick Serre a présenté ensuite Giuseppe Garibaldi  et sa famille.

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    Garibaldi est l’unificateur de l’Italie, il était l'adversaire de Napoléon III lors des guerres du "Risorgimento", mais il aime la République Française qui a remplacé l'Empire.

    En arrivant à Marseille il déclare : « J’offre ce qui reste de moi à la jeune République Française ».

    Gambetta le reçoit et accepte son concours pour lutter contre les prussiens.

    C’est le début de l’Armée des Vosges, composée de 2 500 à 3 000 italiens, sans artillerie, ni cavalerie avec peu d’infanterie.

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    Garibaldi met en place quatre brigades avec à leurs têtes  ses fils   Menotti (3ème) et Ricciotti (4ème) ainsi que le comte Bossak (1ere) et le colonel Delpech (2ème).

    Son gendre Canzio est sous-chef d'Etat-Major et Bordone son chef d'Etat-Major.

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    Un portrait de  Ricciotti Garibaldi :

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    Une sentinelle de la 4ème brigade :

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    Les francs-tireurs de cette époque agissent comme le font de nos jours les « Forces Spéciales », il s’agit pour eux de désorganiser l’ennemi.

    Ces francs-tireurs s’équipent à leurs frais et n’obéissent qu’à eux-mêmes. Pour beaucoup d'entre eux ils seront habillés à la façon de « Tartarin de Tarascon ».

    Certains d'entre eux, venant des Alpes ou des Pyrénées, porteront le vaste béret basque qui deviendra emblématique des unités alpines.

    Ce n'est d'ailleurs que beaucoup plus tard, que seront créés les Chasseurs Alpins (en 1888) qui s'inspireront des Chasseurs des Alpes de la 4ème brigade sous le commandement du CBA (chef de Bataillon) Michard.

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    Ricciotti Garibaldi a sous ses ordres une brigade de choc : 1200 à 1 400 hommes, et avec lui le commandant Michard.

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    Début novembre les Prussiens prennent Chaumont et se dirigent vers Orléans.

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    Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

    Sur leur passage se trouve la petite ville de Châtillon sur Seine, bien placée car au croisement de plusieurs routes et desservie par le chemin de fer.

    Les Prussiens s’y installent, non en « bivouaquant » comme le font les français, mais en « cantonnant », c'est-à-dire qu’ils réquisitionnent les maisons et s’installent chez les habitants.

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    Mais les envahisseurs ont oublié une chose , celle de « garder » leurs troupes ….erreur fatale que va, le moment venu, exploiter à fond la brigade de  francs-tireurs de Ricciotti.

    Le décor est planté, mais revenons  un instant à ce qui se passait  à Dijon  que les Prussiens avaient conquise le 30 octobre 1870.

    Dans la perspective de son attaque en vue de reprendre Dijon le 30 novembre 1870, Giuseppe Garibaldi a l’idée d’une « diversion » qui obligerait les prussiens qui occupent la ville de Dijon à se déplacer vers le nord…c'est-à-dire vers Châtillon.

    Garibaldi envoie donc la brigade de Ricciotti attaquer les Prussiens installés confortablement à Châtillon (mais non gardés !)

    Le 15 novembre le plan est arrêté, mais il faut se méfier des « oreilles  indiscrètes »….il faudra donc que la brigade de Ricciotti soit extrêmement prudente.

    Et pourtant le chemin sera long : 130 kms en partant d’Autun , puis Saulieu, Semur, Montbard, Coulmier, puis Ampilly le Sec, avec une météo épouvantable.

    Au passage des francs-tireurs, les villages sont « verrouillés » pour qu’aucune information ne filtre.

    Pour avoir tout de même des informations, un certain Loguiot se déguise en femme, il entre dans Châtillon accompagné de son vieux père.

    Il séduit un prussien qui, naïvement, lui indique où logent les officiers, où sont leurs chevaux etc….une aubaine pour Ricciotti  (qui cherchera aussi d’autres sources d’informations…)

    Le 19 novembre 1870, Ricciotti avec ses 300 à 400 francs-tireurs attaque  Châtillon par l’ouest, Michard avec 100 hommes  attaque par l’est de la ville.

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    (Document transmis par l'Historien allemand Rainer Bendick:  en rouge le trajet de Ricciotti, en vert celui de Michard))

    Il faut faire vite, on ne doit pas utiliser d’armes à feu, seulement des armes blanches, l'attaque doit être faite par surprise, sans aucun bruit.

    Une première sentinelle prussienne voyant ce qui se passe s’enfuit après avoir tiré sur Michard qui n’est pas blessé (Ce Michard aura la  "baraka", car il essuiera deux autres coups de feu lors de l’attaque de Châtillon, son rôle étant de sécuriser les hauteurs de la ville, mais n’aura aucune blessure !)

    L’ennemi prussien est littéralement sidéré, le major Von Alvensleben commandant des hussards, qui s’enfuyait à cheval, sera tué.

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    Les soldats prussiens sont attaqués par les francs-tireurs dans les maisons particulières où ils cantonnaient, les officiers le sont dans l’hôtel de la Côte d’Or où ils logeaient bien confortablement.

    Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

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    Les soldats et les officiers prussiens qui ont pu échapper aux francs-tireurs  se réfugient dans l’Hôtel de Ville .

    L'officier prussien Lettgau envoie les hussards à cheval contre les francs-tireurs, mais ils sont encerclés, les chevaux sont volés, des otages sont capturés.

    Lettgau demande alors de l’aide au régiment prussien basé à Châteauvillain, tout en restant bien à l’abri à la mairie, quel courage !

    Mais le raid terminé, Ricciotti  renonce à attaquer l’Hôtel de Ville, il part avec ses 120 prisonniers vers Ampilly, mais aussi avec les chevaux des prussiens …et la caisse de l’Etat-Major !

    Les renforts prussiens sous les ordres du général Major Von Kraartz-Koschlau, arrivent de Châteauvillain, s’assurent que les francs tireurs sont bien partis…alors de terribles représailles commencent pour le malheur de notre ville.

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    Le Maire de la ville, Monsieur Achille Maître est emmené avec 40 à 50 otages

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    Châtillon devient  « ville ouverte », livrée aux pillages, aux incendies, aux assassinats dans la nuit du 22 au 23 novembre 1870.

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    Une deuxième série d’otages châtillonnais (130) doit être fusillée par les Prussiens….mais ils ne le seront pas, car Ricciotti menacera de fusiller en contrepartie  les 120 otages prussiens qu’il détient.

    En conclusion de sa belle conférence, Patrick Serre résume les résultats de ces  opérations tant  du côté Prussien, Français que Châtillonnais  :

    -Côté Prussien : Les soldats prussiens ont récupéré leur station, ils ont nettoyé en règle la ville à la recherche de francs-tireurs, et du 5 au 10 décembre tout le secteur de Châtillon à Montbard est bouclé

    -Côté Français : les français se glorifient, à juste titre, du succès de leur raid, mais la tentative de diversion de Giuseppe Garibaldi n’a pas fonctionné lors de l'opération principale de reprise de Dijon quelques jours plus tard.

    En effet les prussiens ne sont pas montés à Châtillon pour défendre leurs troupes, ce sont ceux de Châteauvillain qui s’en sont chargés.

    La bataille de Dijon a lieu les 25, 26, 27 novembre 1870,  et c’est un échec pour Garibaldi.

    -Côté Châtillonnais : les habitants de Châtillon sur Seine ont souffert des représailles prussiennes, mais pas tant que cela finalement , en comparaison de la destruction massive de villes comme Bazeilles ou Châteaudun ...Châtillon a eu finalement de la chance dans son malheur !

    Les Châtillonnais  auront une rançon à payer à la Prusse, 1 million de francs….mais elle ne sera jamais acquittée…

    Notes complémentaires :

    -Le Roi de Prusse refusera le rapatriement du corps du Major Richard Von Alvensleben en Allemagne, considéré comme traître à sa Nation, il sera enterré au cimetière Saint-Jean à Châtillon sur Seine où l'on peut toujours voir sa tombe.

    -Le bruit a couru que les prussiens avaient incendié volontairement le château Marmont, c’est faux, il s’agirait en fait  d’un malheureux accident dû à une chaudière trop chargée.

    Patrick Serre a donné une passionnante conférence sur la bataille de Châtillon du 19 novembre 1870, sous l'égide des Amis du Châtillonnais

     Les nombreux visiteurs ont applaudi à Patrick Serre pour son très bel exposé, extrêmement documenté.

    J'ai enfin compris, grâce à lui,  le pourquoi de la bataille de Châtillon : Celle-ci a eu lieu grâce à une idée d'opération de diversion conçue par Giuseppe Garibladi, tactique qui aurait pu réussir mais qui aura finalement échoué, pour le plus grand malheur de notre ville.

    Ne nous étonnons donc pas qu'aucune rue de notre ville ne porte le nom de Garibaldi, alors qu'à Dijon il a hérité d'un boulevard !!

    ( Et un grand merci à Patrick Serre d'avoir relu et corrigé mon texte  et d'y avoir apporté des éléments complémentaires indispensables)

    A noter que Patrick Serre reviendra à Châtillon sur Seine, le samedi 18 juin 2022, pour présenter une nouvelle conférence sur :

    "Les femmes dans la guerre de 1870-1871".


  • Commentaires

    4
    Dutailly
    Vendredi 28 Octobre 2022 à 11:04

    Belle conférence comme un livre de légende ! Hélas, légende et histoire ne font pas bon ménage. Ayant beaucoup travaillé sur le coup de main de Châtillon, et non la bataille, la réalité des faits et de l'environnement apparait bien loin de la légende. Quelques points pris au hasard :

    - Ni von Moltke, ni la section historique du grand état-major prussien ne font état d'un plan pour aller à Lyon, ni en fait ni même en simple souhait ; tous les plans prussiens se concentrent sur la destruction systématique des armées françaises et la prise de Paris, ce que confirme Bismarck dans ses mémoires.

    - Les Prussiens ne sont pas installés à Châtillon en simple cantonnement car Châtillon est un "point relais de ravitaillement" pour la IIe armée du Prince Frédéric Charles qui se bat contre l'armée de la Loire ; Châtillon est donc une place importante pour les Prussiens, ce qui explique leur violente réaction après le coup de main de Ricciotti Garibaldi.

    - Les "instructions" données par Giuseppe Garibaldi à son fils sont très simples : 

    1) aller voir ce qui se passe dans la Bourgogne du nord ;

    2) faire très attention à sa sécurité personnelle.

    Aucun plan d'aucune sorte n'a été préparé ou "cogité" à l'avance, concernant la marche de la 4e brigade ou le coup de main de Châtillon. Ce dernier n'est décidé qu'à la dernière minute en fonction des renseignements reçus, lors du passage de la brigade à Montbard d'une part, à la suite de la mission de Loguiot (originaire de Châtillon, résidant au Puits, soldat de la 4e brigade) et d'un jeune sergent des Francs-tireurs des Vosges déguisé en fille (et non pas son père). 

    - Le coup de main est décidé mais sans aucun véritable plan. Si cela avait été le cas :

    1) les deux colonnes, Michard et Ricciotti seraient entrées en même temps dans Châtillon, ce qui n'est pas le cas ; 

    2) la 4e brigade se serait empressée de fermer les ponts permettant de sortir de la ville et ainsi de prendre la quasi totalité des Prussiens dans la nasse, ce qui n'est pas le cas ;

    3) Michard a pour objectif l'Hôtel de la Côte d'Or et non les hauteurs de Châtillon qui n'ont jamais été prises en considération par Ricciotti, à juste titre ;

    - Le bilan réel du coup de main est de :

    125 prisonniers du bataillon Unna (dont 7 officiers ou assimilés)

      50 hussards (dont 6 officiers)

      74 chevaux (qui serviront à équiper les "Eclaireurs de Garibaldi" et reviendront dans la région, au moins pour certains d'entre eux, au mois de janvier 1871 : Champ-d'Oiseau et Crépand)

    Je m'arrête là très mal à l'aise avec ce qui m'apparait comme un maquillage de l'histoire. L'histoire s'écrit sur la base de recherches archivistiques les plus larges possibles et non sur la base de livres plus ou moins sérieux.

    3
    Lundi 29 Novembre 2021 à 23:48

    Les prussiens sont passés du côté d'Orléans  il y a eu une bataille à Tavers

    2
    g j
    Lundi 29 Novembre 2021 à 09:29

    Désolé ,l'affirmation concernant l'incendie du chateau n'est pas exact,  je peux m'en expliquer si besoin

      • jenry
        Mardi 30 Novembre 2021 à 15:13

        quelle est votre version de l'incendie?

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