Toute la semaine du 6 au 12 octobre, les congressistes sont allés à la recherche de champignons, et les ont identifiés...

Des scientifiques ont observé les spores des champignons au microscope....

Quatre conférences ont été présentées au public :

-"La truffe de Bourgogne, joyau de territoires déshérités...ou non", par Henri Frochot, chercheur à l'INRA retraité, auteur d'articles, formateur, coordinateur du livre "la truffe de Bourgogne", membre d'associations truffières

-"Les mycorhises, une alliance plante-champignon" par Daniel Wipf, professeur à l'Université de Bourgogne, Directeur du Département interactions plantes micro-organismes, de l'UMR agroécologie

-"Originalité de la flore et de la végétation du châtillonnais" par Jean-Marie Royer, Vice-Président du conseil Scientifique du futur Parc National des forêts de Champagne et de Bourgogne, botaniste, Phytosociologue agrégé SVT, Docteur en Sciences Naturelles

-"La toxicité des champignons" par Nathalie Seguy, Maître de Conférences à la Faculté de Pharmacie de Dijon

J'ai assisté à la conférence d'Henry Frochot, qui nous est présenté ici par Madame Poillotte, la Présidente de la société mycologique du Châtillonnais.

"La truffe de Bourgogne, joyau de territoires déshérités...ou pas"

Henri Frochot a précisé la taille de la truffe "tuber uncinatum". Sa couleur est noire, elle est ornée de grosses écailles. Sa coupe révèle des veines aérifères stériles et des tissus reproducteurs.

La "tuber uncinatum" est un champignon ectomycorhizien associé aux hôtes compatibles via les mycorhises : chênes, noisetiers, charmes, tilleuls, pins, cèdres.

Cette truffe est européenne, elle a besoin de calcium, elle est donc abondante dans les terrains jurassiques et du crétacé. Elle préfère les climats du nord-est et du centre.

La truffe se développe peu à peu, d'abord truffette, elle devient truffe immature puis mûre.

Les mammifères exportent les spores : sangliers, mulots, les insectes et les limaces font de même. La mouche de la truffe y pond ses œufs.

La truffe uncinatum a des exigences, il lui faut des pluies régulièrement espacées en été, une protection contre l'ensoleillement et contre les gels précoces.

On peut en trouver dans des friches en recolonisation forestières, dans les haies, les parcs, les taillis sur plateaux calcaires, les fonds de vallons forestiers.

On peut cultiver la truffe: on plante des arbres mycorhisés, dits "truffiers", dans un terrain favorable.

La truffe de Bourgogne a un très grand intérêt gastronomique, son arôme est intense et subtil. Mais cet arôme est labile à la cuisson, il faut donc le piéger avec des intermédiaires : beurre, œufs, huile.

La culture de la "tuber uncinatum" génère de l'activité, des événements comme les marchés, les foires. Elle favorise la convivialité et le plaisir de la récolte.

Henry Frochot a répondu, à la fin de sa conférence, aux nombreuses questions du public.

Madame Christine Dupaty , présidente de l'Association de la Truffe Côte d'Orienne a pris ensuite la parole.

Un peu d'histoire :

Madame Dupaty nous révèle que ce sont les Grands Ducs d'Occident, les Valois, qui ont remis à leur table les truffes.

C'est grâce à sa grande consommation de truffes que Napoléon a pu engendrer l'Aiglon !

Le calendrier Républicain avait remplacé les noms de saints par des noms de végétaux, d'animaux .. La truffe avait son jour, c'était le 28 frimaire (actuellement novembre)

Elle nous a expliqué ce qu'est le cavage.

70 hectares de plantations de vergers truffiers existaient en 2013 en Bourgogne.

La science, après l'étude des mycorhises, s'intéresse à présent à la sexualité des truffes !

La truffe de Bourgogne "tuber uncinatum" a été présentée à la Foire Gastronomique de Dijon en 2013

Un conseil : achetez des truffes dans des marchés, elles sont surveillées par les Associations et les syndicats membres de la FFT. Vous éviterez de vous faire gruger en achetant des tuber indicum, ou des  fausses truffes aromatisées artificiellement.

Après les interventions d'Henry Frochot et de Christine Dupaty, Ghislain Brigand , viticulteur et producteur de crémants à Massingy, a été invité à présenter aux congressistes trois crémants de sa production : un blanc de blanc à base de raisin chardonnay, un assemblage de chardonnay et de pinot noir 50/50, et un blanc de noir réalisé avec du pinot noir.

Les membres de la Société Mycologique Châtillonnaise avaient préparé des toasts tartinés de beurre truffé, pour accompagner les dégustations de crémant.

Toutes ces superbes dégustations ont été très appréciées et elles ont  bien mérité un joyeux ban Bourguignon !

La seconde conférence à laquelle j'ai assisté, était celle de Jean-Marie Royer, que nous présente ici Marie-Geneviève Poillotte.

"Originalité de la flore et de la végétation du Châtillonnais"

Monsieur Royer a présenté différentes cartes du Pays Châtillonnais.

On y voit que cette région est composée de terrains à dominante calcaire, comportant des cuestas. Les précipitations sont abondantes, les températures basses en janvier. Le climat est semi-continental, on voit par exemple les chênes pédonculés et sessiles être en feuilles entre le 10 et le 20 mai sur une grande partie de la zone. Les moissons de blé d'hiver ont lieu entre le 20 juillet et le 9 août.

Les influences médioeuropéennes ont une influence importante sur la flore, on note par exemple la présence de nombreuses espèces d'Europe Centrale et orientale comme la gentiana ciliata.

Les espèces d'origine subméditerranéennes sont très nombreuses : cornus mas, prunus mahaleb...

Des espèces d'origine montagnarde sont présentes elles aussi : sabot de vénus, gentiana lutea.

Beaucoup de milieux naturels du Châtillonnais sont originaux comme les marais tufeux où poussent la swertia perennis et la liguria siberica.

Mais on trouve également des charmaies tiliaires sur lapiaz, des ravins d'érosion de la côte oxfordienne, des pinèdes sur marnes et calcaires oolithiques, des milieux rocheux, des érablières sur blocs rocheux.

Les pelouses calcaires sont en sursis, il en reste très peu de nos jours, de nombreuses espèces végétales sont donc menacées : orobranche, thesium...

La pelouse montagnarde à seslérie, riche en espèces rares , viola rupestris, daphné cnéorum...a presque disparu.

De plus les milieux des moissons sont aussi en sursis , la flore messicole est en voie de disparition.

Jean-Marie Royer a ensuite répondu aux questions de l'auditoire...

tandis qu'un aquarelliste, Patryck Vaucoulon présentait des livres de la bibliothèque du naturaliste, sur la Bourgogne, qu'il a magnifiquement illustrés.