• Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

    Michel Lagrange

    Yolande Estrat a présenté la conférence poétique sur la Seine de Michel Lagrange, et a annoncé la tenue d'une exposition de travaux d'écoliers et de collégiens les 19, 20 et 21 novembre, salle des mariages de l'hôtel de Ville.

    Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

    Michel Lagrange a présenté les textes qu'il a recherchés en nous expliquant que chacun d'entre eux contient plusieurs voix : celle des images, de la musicalité, des sentiments.

    Il a demandé aux auditeurs de n'être pas seulement consommateurs, mais co-acteurs.

    Ces textes nous parlent du fleuve et de l'homme dont les destinées sont finalement proches : comme l'homme, le fleuve naît, a des accidents de la vie et meurt....

    Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

    Voici les poèmes et les textes en prose recherchés et lus par le conférencier.

    Tout d'abord un poème de Michel Lagrange sur les ex votos  exposés au Musée archéologique de Dijon.

    Un autre de ses poèmes sur Saint-Vorles

    Un poème d'André Mary, écrivain châtillonnais qui composa  "Le cantique de la Seine"

    Un extrait en prose de "L'éducation sentimentale" de Gustave Flaubert.

    Louis Aragon (poème de jeunesse de 1915, il avait 18 ans)

    La Seine...Les pontons s'en vont vers la colline
    Qui borne l'horizon d'un profit bleuissant.
    Le fleuve tourne au pied du coteau frémissant
    De l'Avril qui renait au sein de l'aubépine

    Dans le rouge reflet du soleil qui descend,
    Monte, noire, fumeuse et vivante, l'usine.
    La fumée et le ciel se teintent de sanguine ;
    Une maison se dresse et sourit au passant.

     Comme de ce vallon monte la vie, et comme
    L'oeuvre de la nature et le travail de l'homme
    S'unissent, dans un ton de rouille vespéral !

    On devine, parmi la paix et le silence,
    La chanson des oiseaux qui sortira du val
    Pour apporter l'amour à l'humaine souffrance.

    Francis Carco

    Au pied des tours de Notre-Dame
    La Seine coule entre les quais
    Ah ! le gai, le muguet coquet !
    Qui n'a pas son petit bouquet ?
     
     Allons, fleurissez-vous, Mesdames,
    Mais c'était toi que j'évoquais
    Sur le parvis de Notre-Dame
    N'y reviendras-tu donc jamais ?
    Voici le joli mois de mai
     
     Je me souviens du bel été
    Des bateaux-mouches sur le fleuve
    Et de nos nuits de la Cité
    Hélas ! qu'il vente, grêle ou pleuve
    Ma Seine est toujours toute neuve
    Elle chemine à mon côté
     
     Dans le jardin du Luxembourg
    Les feuilles tombent par centaines
    Et j'entends battre le tambour
    Tout en courant la prétentaine
    Parmi les ombres incertaines
    Qui me rappellent nos amours
     
     De ma chambre, Quai aux Fleurs,
    Je vois s'en aller sous leurs bâches
    Les chalands aux vives couleurs
    Tandis qu'un petit remorqueur
    Halète, tire, peine et crache
    En remontant à contrecœur
    L'eau saumâtre de ma douleur

    Guillaume Apollinaire

    Sous le pont Mirabeau coule la Seine
                Et nos amours
           Faut-il qu'il m'en souvienne
    La joie venait toujours après la peine
     
         Vienne la nuit sonne l'heure
         Les jours s'en vont je demeure
     
    Les mains dans les mains restons face à face
                Tandis que sous
           Le pont de nos bras passe
    Des éternels regards l'onde si lasse
     
         Vienne la nuit sonne l'heure
         Les jours s'en vont je demeure
     
    L'amour s'en va comme cette eau courante
                L'amour s'en va
           Comme la vie est lente
    Et comme l'Espérance est violente
     
         Vienne la nuit sonne l'heure
         Les jours s'en vont je demeure
     
    Passent les jours et passent les semaines
                Ni temps passé
           Ni les amours reviennent
    Sous le pont Mirabeau coule la Seine
     
         Vienne la nuit sonne l'heure
         Les jours s'en vont je demeure

    Guy de Maupassant

    (Extrait de "la nuit")

    Quelle heure pouvait-il être ? Je marchais, me semblait-il, depuis un temps infini, car mes jambes fléchissaient sous moi, ma poitrine haletait, et je souffrais de la faim horriblement.

    Je me décidai à sonner à la première porte cochère. Je tirai le bouton de cuivre, et le timbre tinta dans la maison sonore ; il tinta étrangement comme si ce bruit vibrant eût été seul dans cette maison.

    J'attendis, on ne répondit pas, on n'ouvrit point la porte. Je sommai de nouveau ; j'attendis encore, - rien.

    J'eus peur ! Je courus à la demeure suivante, et vingt fois de suite je fis résonner la sonnerie dans le couloir obscur où devait dormir le concierge. Mais il ne s'éveilla pas, - et j'allai plus loin, tirant de toutes mes forces les anneaux ou les boutons, heurtant de mes pieds, de ma canne et de mes mains les portes obstinément closes.

    Et tout à coup, je m'aperçus que j'arrivais aux Halles. Les Halles étaient désertes, sans un bruit, sans un mouvement, sans une voiture, sans un homme, sans une botte de légumes ou de fleurs. - Elles étaient vides, immobiles, abandonnées, mortes !

    Une épouvante me saisit, - horrible. Que se passait-il ? Oh ! mon Dieu ! que se passait-il ?

    Je repartis. Mais l'heure ? l'heure ? qui me dirait l'heure ? Aucune horloge ne sonnait dans les clochers ou dans les monuments. Je pensai : "Je vais ouvrir le verre de ma montre et tâter l'aiguille avec mes doigts." Je tirai ma montre... elle ne battait plus... elle était arrêtée. Plus rien, plus rien, plus un frisson dans la ville, pas une lueur, pas un frôlement de son dans l'air. Rien ! plus rien ! plus même le roulement lointain du fiacre, - plus rien !

    J'étais aux quais, et une fraîcheur glaciale montait de la rivière.

    La Seine coulait-elle encore ?

    Je voulus savoir, je trouvai l'escalier, je descendis... Je n'entendais pas le courant bouillonner sous les arches du pont... Des marches encore... puis du sable... de la vase... puis de l'eau... j'y trempai mon bras... elle coulait... elle coulait... froide... froide... froide... presque gelée... presque tarie... presque morte.

    Et je sentais bien que je n'aurais plus jamais la force de remonter... et que j'allais mourir là... moi aussi, de faim - de fatigue - et de froid.

    Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

    Michel Lagrange a rendu un hommage à Paul Celan qui se suicida en se jetant dans la Seine. puis un poème de :

    Jacques Prévert

    Chanson de la Seine.

    La Seine a de la chance
    Elle n’a pas de souci
    Elle se la coule douce
    Le jour comme la nuit
    Et elle sort de sa source
    Tout doucement, sans bruit,
    Et sans se faire de mousse
    Sans sortir de son lit
    Elle s’en va vers la mer
    En passant par Paris

    La Seine a de la chance
    Elle n’a pas de soucis
    Et quand elle se promène
    Tout le long de ses quais
    Avec sa belle robe verte
    Et ses lumières dorées
    Notre-Dame jalouse
    Immobile et sévère
    Du haut de toutes ses pierres
    La regarde de travers
    Mais la Seine s’en balance
    Elle n’a pas de soucis
    Elle se la coule douce
    Le jour comme la nuit
    Et s’en va vers le Havre
    Et s’en va vers la mer
    En passant comme un rêve
    Au milieu des mystères
    Des misères de Paris.

    Paul Verlaine

    Toi, Seine, tu n'as rien. Deux quais, et voilà tout,

    Deux quais crasseux, semés de l'un à l'autre bout

    D'affreux bouquins moisis et d'une foule insigne

    Qui fait dans l'eau des ronds et qui pêche à la ligne

    Oui, mais quand vient le soir, raréfiant enfin

    Les passants alourdis de sommeil et de faim,

    Et que le couchant met au ciel des taches rouges,

    Qu'il fait bon aux rêveurs descendre de leurs bouges

    Et, s'accoudant au pont de la Cité, devant

    Notre-Dame, songer, cœur et cheveux au vent !

    Les nuages, chassés par la brise nocturne,

    Courent, cuivreux et roux, dans l'azur taciturne;

    Sur la tête d'un roi du portail, le soleil,

    Au moment de mourir, pose un baiser vermeil.

    L'hirondelle s'enfuit à l'approche de l'ombre

    Et l'on voit voleter la chauve-souris sombre.

    Tout bruit s'apaise autour. A peine un vague son

    Dit que la ville est là qui chante sa chanson.

     Un extrait du roman d'Emile Zola "l'oeuvre" où le peintre Claude Lantier décrit à son épouse le paysage de la Seine à Paris qu'il veut peindre

    Louis Ferdinand Céline, un extrait de "voyage au bout de la nuit"

    Un poème de Michel Lagrange : Honfleur que les auditeurs ont demandé une deuxième fois !

    Un texte de Balzac, extrait de "Modeste Mignon"

    Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

    et un superbe poème final de Michel Lagrange : "Leçon d'un paysage"

    Avec tous ses roseaux, la Seine

    A dû se mettre aux traductions du celte

    En grec, en italien, en parlers germaniques,

    En Espérance…

     

    Une princesse au bois dormant

    Rêveuse dans sa tombe…

    Un peuple, une fraternité

    M’ont offert leur illustration capitale et majeure…

     

    Un vase issu des ateliers de l’Italie du Sud

    En dit long sur la route ancienne

    Encore passante.

     

    Autour de ce Cratère,

    Un lancinant manège de chevaux

    Illustre l’éternel retour

    Offert aux vivants et aux morts

    Par la magie du bronze

    Et de la beauté vive.

     

    En tout événement, il y a ce qui meurt

    Et ce qui s’affranchit du temps.

     

    Pas étonnant qu’un laboureur

    Éveille au creux de son sillon

    Quelque gisant qui rêvait de l’éternité.

    Je connais un « Chemin des Morts »

    Qui mène à des maisons vivantes.

     

    D’Alger à Istanbul,

    Droits de l’homme et de l’au-delà…

    Les ouvriers sont venus découvrir

    Leur travail en relief

    Pour réussir à la force des muscles

    Et du sang de la sueur.

    Les Franciscains venus d’Assise

    Et de Pérouse…

    Odeur de sainteté

    Flottante.

     

    L’homme et le paysage à la fin se ressemblent,

    Ayant l’un sur l’autre déteint.

    Entre les reflets du soleil

    Et la profondeur animée,

    Je coïncide avec les rythmes du silence.

    Ils sont les vents de notre éternité.

     

    Je reste au bord d’une eau

    Qui se conjugue à tous les temps

    Et coule dans les lignes de ma main.

     

    La poésie de l’absence habitable

    Est chez elle au milieu

    De tous ces carrefours possibles.

    Elle a choisi des vêtements de bure

    Et des regards sans pesanteur

    Pour imiter le vol vibré d’un faucon crécerelle.

     

    En mal et bien le siècle tourne

    Et change autour de nous,

    En nous.

    Mais les projets ont la vie dure

    En dépit des constats cruels.

     

    Le pays séduit, se restaure,

    Accueille en sa communauté

    Les curieux de l’intelligence

    Et les tenants de la fidélité.

     

    En dépit de sa solitude,

    Une Princesse au bois dormant

    Attend l’apparition des successeurs

    Pour un sourire

    Usé par l’âge.

     

    Elle est heureuse,

    Ayant vécu passionnément

    Les trésors d’une vie où rien ne la déçoit.

    Le front collé à sa fenêtre,

    Elle observe intensément l’horizon.

    Chaque pensée apporte une éclaircie

    Aux revenants de sa mémoire.

    Il fait jour dans son espérance.

     

    Au courant de mon émotion,

    La Seine insiste auprès de mes silences

    Et va porter, plus loin que l’embouchure,

    A la hauteur du ciel

    Où elle attend son évaporation,

    Ce que nous aurons découvert,

    La ville et moi.

     

    Ici, nous vieillirons ensemble.

    Et nous continuerons, chacun à sa manière,

    Une aventure hors du présent commun.

    Pour remercier Michel Lagrange, Châtillon-Scènes, par l'intermédiaire de sa Présidente Yolande Estrat, a remis un livre à Michel Lagrange, qui a été très ému.

    Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

    Madame Lagrange a eu une belle attention pour le public : elle a offert un poème de son mari,"Dea Sequana", tiré par elle-même, aux nombreux auditeurs présents qui en ont été ravis.

    Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

    Michel Lagrange a proposé un itinéraire poétique tout au long de la Seine, sous les auspices de Châtillon-Scènes

     


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