• Souvenirs de Pierre Roy : les repas de noces à Aisey sur Seine au XIXème siècle

    Le repas de noce après la cérémonie...

    J’ai eu à exécuter des repas de noce comptant de 40 à 100 et même 150 invités. Tout ce monde passait à table vers 13heures .

    La salle ? elle était souvent dans une grange, agencée avec des draps aux murs, décorée de fleurs, de branches, de guirlandes.

    La lumière était soit des lampes à pétrole à bec suspendues, plus tard l’électricité suivant les possibilités.

    Tables: des plateaux sur tréteaux, entourées de bancs de bois comme sièges, seule la table d’honneur avait des chaises.

    Cette « salle » était chauffée par des braséros à charbon de bois, il n’y faisait pas très chaud, aussi les invités d’un certain âge gardaient manteaux et pardessus.

    Les tables étaient garnies d’un chemin de table, les serviettes pliées en bonnet d’évêque méticuleusement posées sur les assiettes, couverts, trois verres pour les vins plus la flûte à champagne, bouteilles de vins rouge et blanc, carafe d’eau.

    Les bons vins étaient servis accompagnant les plats, une ou deux pièces montées moka, il ne restait plus guère de place sur les tables, les vases de fleurs n’y trouvaient pas toujours place.

    La présentation créait l’ambiance du bonheur nuptial, vaisselle, verres, couverts etc… étaient empruntés à des parents ou loués au magasin Michel Regnault à Châtillon.

    Chaque menu portait le nom du convive et déterminait sa place, on s’évertuait à lire et relire ce menu, discutant avec plaisir de ce qui allait être offert aux papilles gustatives de toutes ces bouches gourmandes.

    Le service commençait, exécuté par des jeunes filles ou femmes habiles de la région qui s’étaient spécialisées dans les réunions de bouche. Ingénieuses, adroites, dévouées, service parfois périlleux, la nuit ou sous la pluie, car la cuisine était souvent préparée dans un local indépendant (chambre à four), traverser la cour la nuit, sans lumière.
    A l’instant des desserts, un garçon se faufilait sous la table des mariés, muni d’un ruban bleu pâle, chatouillait les cuisses de la mariée, surprise elle poussait un grand cri ! Le coquin sortait de dessous la table et exhibait les rubans en s’exclamant « La jarretière de la mariée ! ». Et les invités de pousser un « Vive la mariée ! » et applaudissaient.

    Les rubans étaient coupés en petits morceaux, montés sur une épingle que l’on accrochait sur la poitrine, et en même temps deux couples faisaient une quête parmi l’assistance.

    Le produit était compté, les mariés annonçaient que cette somme serait versée à une bonne œuvre sociale.
    Après le repas du soir, une quête était faite au profit du personnel ayant participé au travail et au service de la noce.

    Après les desserts, le champagne, les convives se devaient de souffler un peu.

    Commençaient alors la diction de récits, monologues pétillants et spirituels par des personnes joviales, chansons sentimentales même sur une fausse note, applaudies plus ou moins, entrecoupées de farces et attrapes, d’un air de violon de Papiche, avec ses rengaines, monologues monocordes « les pommes aux biques,les chaines d’agnons, les poères a leu grand quoms, j’ai la rate qui s’dilate… »

    Cette ambiance avait le pouvoir d’apporter une bonne humeur qui facilitait la digestion, on ne souffrait pas de ces excès gastronomiques.


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