• Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Marie-Geneviève et François Poillotte nous font connaître ci-dessous les différentes sortes de bolets et leurs descriptions. Une étude bien utile aux mycophages ... et aux autres !

    A tous les deux :

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Société Mycologique du Châtillonnais

    Une récolte inédite en forêt domaniale de Châtillon

    par Marie-Geneviève et François Poillotte

    Il y a 8 ans, le 16 juin 2012, à l’occasion d’une « herborisation » en forêt domaniale de Châtillon, au lieu-dit « La Grande Réserve », tranchée du Soue de Banne, la présence de quelques bolets, que nous n’avions encore jamais rencontrés dans le châtillonnais, nous a intrigué.


    Cinq jours plus tard, le 21 juin 2012, deux exemplaires de ce même bolet, ont été récoltés, en forêt domaniale de Châtillon, Tranchée Botot, sous futaie de Hêtres (semenciers – maille 2920 D 21), et enfin un unique spécimen a été trouvé dans les bois communaux de Buncey, route forestière de Belle Vaucelle, le 1er Juillet 2012 (maille 2920 B 43)


    Un examen macroscopique rapide nous a permis d’en faire une détermination assez facile. Il s’agissait de Bolets à beau pied Boletus calopus Persoon (1801) = Caloboletus  calopus (Persoon) Vezzini (2014)
    Notre étonnement ne portait donc pas sur l’espèce en tant que telle, mais sur les raisons de sa présence chez nous.


    Caloboletus calopus est un champignon strictement acidophile. C’est une espèce fréquente dans le Morvan, où nous la trouvons chaque année lors de nos sorties morvandelles. Nous ne l’avons jamais récoltée dans la forêt châtillonnaise, au cours des multiples prospections faites durant les trente années précédant la récolte ci-dessus.


    Sa présence dans les pessières locales, sur sol calcaire, acidifié en surface par la couche d’aiguilles aurait pu s’expliquer, comme c’est le cas parfois avec le Bolet à pied rouge (Boletus erythropus), autre espèce acidophile, que nous récoltons parfois sous les épicéas des Grandes Voies d’Aisey, en forêt domaniale de Chatillon.

     
    Mais la récolte qui nous intéresse a été faite sous feuillus, essentiellement de hêtres (Fagus), en un lieu totalement dépourvu de résineux.


    Un examen plus attentif des spécimens récoltés nous a permis de déceler une particularité, qui nous avait échappé au cours de l’examen initial, à savoir, l’absence de réseau au sommet du pied.

    Ce réseau très apparent sur Boletus calopus était ici absent sur tous les sujets trouvés.

    Il ne pouvait donc s’agir d’une anomalie « génétique » affectant quelques-uns d’entre eux.

    La consultation de la littérature spécialisée nous a conduit à une forme particulière du Bolet à beau pied, Boletus calopus, f. ereticulatus, parfois érigé au rang d’espèce sous le binôme latin Calobotetus ereticulatus


    Caloboletus ereticulatus – description :


    -Chapeau : 50 à 100 mm, gris à gris-brun, revêtement mat.

    -Tubes : aspect un peu en retrait par rapport au pied, jaune citrin.

    -Pores : concolores aux tubes, bleuissant au toucher.

    -Stipe :  Hauteur : max 120 mm, largeur : max 60 mm, central, cylindrique ou un peu renflé, à base radicante.

    -Couleur jaune tout au sommet, puis rouge ou ponctué de rouge ; Dépourvu de réseau.

    -Chair jaune un peu bleuissante. Bleuissement plus prononcé dans le stipe.


    Habitat – Écologie :


    Les spécimens étudiés ont été récoltés en juin et juillet, sur sol calcaire, sous feuillus mêlés avec dominante de hêtres. Caloboletus ereticulatus est sensiblement identique à Caloboletus polygonius var. ereticulatus.

    Toutefois, ce dernier présente des écailles polygonales sur le chapeau, y compris chez les jeunes sujets d’où le nom de C. polygonius.

    De plus, l’habitat exclusif de C. polygonius est sous abies (Sapins).
     

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Caloboletus calopus – description.

    -Chapeau : 50 à 2OO mm, gris à gris brun, blanchâtre, lisse.

    -Pied : rouge à la base et jaune au sommet, parfois rouge sur toute la longueur, réticulé sur sa moitié supérieure.

    -Pores : jaune immuable.

    -Chair : légèrement bleuissante surtout sur le sommet du pied.

    -Habitat, écologie : sur sol acide, sous épicéas et feuillus.

    -Comestibilité : sans intérêt. 

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Bolets à chapeau blanchâtre, beige clair, grisâtre, présents dans la forêt châtillonnaise – confusions possibles avec les espèces précédentes.


    Trois espèces de bolets dont le chapeau est d’aspect et de couleur identiques aux espèces qui viennent d’être sommairement décrites et qui peuvent être facilement confondues avec elles, sont présentes dont la forêt châtillonnaise.


    Le Bolet satan (Bolet de satan) Rubroboletus satanas (Lenz) Kuan Zhao & Zhu L. Yang (2014) Synonyme : Boletus satanas Lenz (1831)


     Description – Écologie :

    Espèce de grande taille.

    -Chapeau :  diamètre 50-300 mm, couleur blanchâtre, beige clair, lisse ou parfois un peu bosselé.

    -Pied : souvent très ventru, entièrement rouge, ou rouge à rose à la base et jaune au sommet : fin réseau concolore.

    -Pores : parfois entièrement rouges sur les jeunes sujets, parfois jaunes au début puis virant au rouge orangé et au rouge sang avec l’âge ; bleuissant fortement à la manipulation.

    -Chair : blanchâtre, bleuissant à la coupe, surtout dans le chapeau et au sommet du pied.

    -Toxicité : le Bolet satan est toxique. Ses toxines sont thermolabiles, c’est-à-dire qu’elles disparaissent en partie par la cuisson. Malgré tout, il est impérativement conseillé de ne pas le consommer
     
    -Similitudes et différences avec Caloboletus ereticulatus : Le Bolet satan pour les jeunes spécimens à pores jaunes, peut être facilement confondu avec Caloboletus ereticulalis mais surtout avec Caloboletus calopus.

    Il partage avec ce dernier, une couleur identique du chapeau, un pied de même couleur, avec réseau.

    Il en diffère par la couleur des pores, lorsqu’ils sont ou deviennent rouge sang. 

    Écologie : C. ereticulatus : sol calcaire, sous feuillus. Printemps-été. C. calopus : sur sol acide sous feuillus et résineux. Été-automne.  R. satnas : sol calcaire sous feuillus. Été-automne.
     

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Les pores jaunes (sujets ci-dessus représentés), vont petit à petit, évoluer vers le rouge orangé (chez les spécimens illustrés ci-après), pour prendre enfin une couleur rouge-sang (voir cliché  précédent)

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Le Bolet radicant  Caloboletus radicans (Persoon) Vizzini (2014) Synonymes : Boletus radicans Persoon : Fr.  (1801) - Boletus albidus Roques (1832)


     
    Description – Écologie :

    -Chapeau : 50-120 mm, sec, lisse, gris-blanchâtre à beige clair.

    -Pied radicant, jaune, parfois un peu teinté de rougeâtre ; présence d’un fin réseau au sommet, passant parfois inaperçu ; bleuissant à la manipulation ou dans les blessures.

    -Pores : petits, d’un jaune citrin immuable, bleuissant au toucher.

    -Chair ; blanchâtre, bleuissant à la coupe, surtout dans le chapeau et au sommet du pied, puis revenant à sa couleur initiale ; plus claire à la base du pied, puis brune à l’extrémité.

    -Saveur : amère.

    -Habitat : sous feuillus sur sol calcaire ; espèce thermophile présente dans le Châtillonnais où nous la rencontrons chaque année du printemps à la fin de l’été.
     
    -Comestibilité : sans intérêt en raison de l’amertume de la chair.
     
    Différence essentielle avec les espèces précédemment décrites :  Le jaune des pores et du pied, moins prononcé ; pied dépourvu de rouge si on fait abstraction de la présence parfois de quelques marques roussâtres.

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon


     Le Bolet de Fechtner Butyriboletus fechtneri (Velenovski) D. Arora & J.L. Franck (2014) Synonyme : Boletus fechtneri Velenovski (1922).


     
    Description – Écologie :

    -Chapeau : 50-80 mm ; crème, grisâtre, lisse.

    -Pied cerné de rosâtre dans la partie médiane, jaune d’or au-dessus, blanchâtre en dessous ; fin réseau concolore au sommet.

    -Pores d’un jaune immuable, se tachant de bleu au toucher.

    -Chair : blanchâtre, bleuissant uniquement au sommet du pied et au-dessus des tubes dans le chapeau ; rosâtre dans la moitié inférieure du pied.

    -Habitat : sur sol calcaire et sous feuillus de la fin du printemps à la fin de l’été. Rare

    -Comestibilité : sans intérêt.

    Différence essentielle avec les espèces précédentes : chair rosâtre dans la moitié inférieure du pied.

    Cette particularité est absente chez les bolets décrits ci-dessus.


    Butyriboletus fechtneri peut être aussi confondu avec le Bolet faux-royal -  Butyriboletus fuscoroseus (Smotl.) Vezzini & Gelardi = Boletus fuscoroseus Smotl. Boletus pseudoregius (Huber) Estades.

    Le Bolet faux-royal, présent également dans le Châtillonnais et qui partage avec le Bolet de Fechtner  le même aspect et la même écologie, s’en distingue par la couleur de son chapeau, vieux rose à rouge vineux. De plus, la chair est bleue dans tout le chapeau, à la coupe.

    Chez le Bolet de Fechtner, le bleu de la chair se limite à la partie du chapeau au-dessus des tubes. 

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

     Classification des bolets étudiés :


    -Règne : Fungi –

    -Division : Basidiomycota

    –Sous-division : Agaricomycotina

    –Classe : Agaricomycètes

    –Sous-classe : Agaricomycetidae

    –Ordre : Boletales

    –Famille : Boletaceae

    –Genres :

    Une récolte mycologique inédite en forêt domaniale de Châtillon

    Remarque


    Nous constatons souvent qu’aux yeux du public, les bolets, quel que soit le genre auquel ils appartiennent, sont désignés sous le nom de Cèpes.

    Or, il faut savoir que si tous les cèpes sont des bolets, tous les bolets ne sont pas des cèpes.

    Cette appellation, qui fait saliver beaucoup de mycophages, est réservée à quelques bolets seulement, caractérisés par une chair blanche non bleuissante à la coupe ou à la manipulation et dont les pores sont de couleur blanche à l’état jeune (Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) – Cèpe bronzé ou tête-de-nègre (Boletus aereus) – Cèpe d’été (Boletus aestivalis ou reticulatus).
     
     
     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :