-
"Concert à Faverolles", un beau poème de Michel Lagrange...
Par Christaldesaintmarc dans -Michel Lagrange, poète et écrivain Châtillonnais le 3 Septembre 2012 à 05:55Lors du si beau concert de Faverolles les Lucey, tandis que l'orage grondait au-dehors, une chauve-souris, cachée dans le retable de Saint Pierre qui orne magnifiquement le choeur de l'église, s'est mise à voler au-dessus des spectateurs...je ne l'ai pas vue, obnubilée par les musiciens et le chanteur que je photographiais..
Mais Michel Lagrange, lui, l'a observée, et cette vision l'a inspiré ...Il a écrit un beau poème qu'il a offert à Laurent Schembri pour le remercier de son accueil si chaleureux... et qu'il offre aussi aux lecteurs de ce blog..
Ce poème, le voici :
CONCERT À FAVEROLLES
Échappée du retable,
Affolant la lumière
À coups d’obscurité battante,
Une chauve-souris dans le chœur de l’église...
À travers les fenêtres,
On voit le ciel du soir
Soutenu par des arcs-boutants.
Architecture en simulacre,
Édifiant le reflet virtuel
En noir et blanc du chœur
Sur un versant voûté d’orage…
Une autre église en double,
Unissant dehors la pierre
Et le ciel…
Pseudo miroir
Au sacrement du hasard des éclairs.
Près du retable où Saint Pierre est en ascension,
La chauve-souris ne sait plus
À quel projet de ciel se vouer.
Dehors… dedans… trompant son vol…
Et soudain la musique !
Aucun espace en dehors du baroque,
Aucun repère à part cette beauté
Venue de loin, de haut…
Révélation d’un livre ouvert
Et converti en clavecin… théorbe…
Et voix d’homme en exubérance.
Efforts de la lune en plein ciel
Entre deux cumulus…
La lumière au couchant s’attarde
En vibrations-rumeurs.
Musique au flanc de la nuit redoublante…
Il fait de mieux en mieux soleil
Dans le chœur de l’église.
Il pleut dehors.
Tremblements du ciel noir
Sur floraison mouillée du sol
Effaçant le chant des oiseaux,
La tiédeur poussiéreuse
Et le parfum de prose
Épuisée par son propre poids.
Succession des accents de lune
Aux loteries du ciel.
Nuit originelle et musique
Ont chacune un privilège à sauver.
Afin de nous porter plus haut que nous,
La beauté nous prend pour ce que nous sommes,
Impatients, désireux, complices...
On peut pleurer de joie quand la beauté
Renverse un à un nos raisonnements.
C’en est fini de nos pensums de vivre
Et de nos restrictions !
Le jour revient, danseur, chanteur,
Humain comme jamais.
La chauve-souris s’est éteinte, ayant pris peur
D’avoir frôlé tant de beauté ce soir.
(Michel Lagrange, le 29 août 2012)
Des commentaires sur le thème de l'article seront les bienvenus, ils me montreront que ce blog vous intéresse et ils me donneront envie de continuer à l'alimenter .
Merci.)
-
Commentaires