• "Concert à Faverolles", un beau poème de Michel Lagrange...

    Lors du si beau concert de Faverolles les Lucey, tandis que l'orage grondait au-dehors, une chauve-souris, cachée dans le retable de Saint Pierre qui orne magnifiquement le choeur de l'église, s'est  mise à voler au-dessus des spectateurs...je ne l'ai pas vue, obnubilée par les musiciens et le chanteur que je photographiais..

    Mais Michel Lagrange, lui, l'a observée, et cette vision l'a inspiré ...Il a écrit un  beau poème qu'il a offert à Laurent Schembri pour le remercier de son accueil si chaleureux... et qu'il offre aussi aux lecteurs de ce blog..

    Ce poème, le voici :

    Un poème de Michel Lagrange


    CONCERT  À  FAVEROLLES

     

    Échappée du retable,

    Affolant la lumière

    À coups d’obscurité battante,

    Une chauve-souris dans le chœur de l’église...

     

    À travers les fenêtres,

    On voit le ciel du soir

    Soutenu par des arcs-boutants.

    Architecture en simulacre,

    Édifiant le reflet virtuel

    En noir et blanc du chœur

    Sur un versant voûté d’orage…

     

    Une autre église en double,

    Unissant dehors la pierre

    Et le ciel…

    Pseudo miroir

    Au sacrement du hasard des éclairs.

     

    Près du retable où Saint Pierre est en ascension,

    La chauve-souris ne sait plus

    À quel projet de ciel se vouer.

    Dehors… dedans… trompant son vol…

     

    Et soudain la musique !

    Aucun espace en dehors du baroque,

    Aucun repère à part cette beauté

    Venue de loin, de haut…

    Révélation d’un livre ouvert

    Et converti en clavecin… théorbe…

    Et voix d’homme en exubérance.

    Efforts de la lune en plein ciel

    Entre deux cumulus…

    La lumière au couchant s’attarde

    En vibrations-rumeurs.

    Musique au flanc de la nuit redoublante…

     

    Il fait de mieux en mieux soleil

    Dans le chœur de l’église.

    Il pleut dehors.

    Tremblements du ciel noir

    Sur floraison mouillée du sol

    Effaçant le chant des oiseaux,

    La tiédeur poussiéreuse

    Et le parfum de prose

    Épuisée par son propre poids.

     

    Succession des accents de lune

    Aux loteries du ciel.

    Nuit originelle et musique

    Ont chacune un privilège à sauver.

     

    Afin de nous porter plus haut que nous,

    La beauté nous prend pour ce que nous sommes,

    Impatients, désireux, complices...

     

    On peut pleurer de joie quand la beauté

    Renverse un à un nos raisonnements.

    C’en est fini de nos pensums de vivre

    Et de nos restrictions !

     

    Le jour revient, danseur, chanteur,

    Humain comme jamais.

    La chauve-souris s’est éteinte, ayant pris peur

    D’avoir frôlé tant de beauté ce soir.


    (Michel Lagrange, le 29 août 2012)

    Un poème de Michel Lagrange

     Des commentaires sur le thème de l'article seront les bienvenus, ils me montreront que ce blog vous intéresse et ils me donneront envie de continuer à  l'alimenter .

     

    Merci.)



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