• Une exposition sur la déportation salle des Bénedictines

    Une exposition sur la déportation salle des Bénedictines

    Lors de l'inauguration de l'exposition, Michel Diey a prononcé une allocution, la voici :

    En janvier 1945, la population européenne, apprenait, en même temps que son existence, la libération du camp d’Auschwitz par les troupes soviétiques et découvrait les horreurs abominables qui avaient été infligées aux détenus. Petit à petit, au fur et à mesure de l’avance des alliés au cœur de l’Allemagne, d’autres découvertes, tout aussi horribles, étaient faites.

    Au printemps 1945, il y a 70 ans, c’est avec angoisse, que les parents des disparus sans laisser de trace, se mirent à espérer le retour des êtres chers, et tous les soirs on pouvait voir une foule nombreuse, attendre sur la place, l’arrivée du car Citroën, qui, peut-être, ramenait le mari, le père, le frère, ou tout simplement un ami, dont on était sans nouvelles, depuis de nombreux mois, mêmes plusieurs années pour certains.

    Tous les jours, des exilés rentraient : des prisonniers, des déportés du travail, et plus rares, des déportés politiques.

    Avec stupéfaction, avec horreur, avec incrédulité, on découvrait ces hommes et ces femmes qui avaient subi des persécutions, des privations que l’on croyait d’un autre âge. Ils étaient tous amaigris, tristes et joyeux à la fois. On avait de la peine à reconnaître la plupart des déportés, véritables spectres, certains étant encore vêtus de leur costume de bagnards.

    Dès son arrivé au pouvoir en 1933, Hitler et ses complices, voulant juguler toute opposition, ouvrirent des camps, appelés en un premier temps : camps de travail, qui furent tout d’abord réservés à des citoyens allemands.

    Puis le même régime fut appliqué dans les pays successivement conquis par les troupes allemandes :

    l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Pologne, et presque toute l’Europe de l’Ouest occupée, dont la France, en 1940.

    Aux camps de travail furent ajoutés les camps de concentration, puis les camps d’extermination, le plus célèbre étant Auschwitz, plus spécialement appelé à détruire complètement le peuple juif.

    Les déportés ne savaient pas ce qui les attendait. Ils servirent de main d’œuvre à bon marché pour les industries de guerre nazies dans des conditions que l’on a peine à imaginer : la faim, le froid, les privations de toutes sortes, les coups… la mort appliquée sans jugement et suivant l’humeur de leurs tortionnaires

    De nombreux résistants et résistantes du Châtillonnais eurent à subir ce sort impensable, une statistique, malheureusement incomplète, nous donne 89 déportations dont 6 femmes. 40 ne sont pas revenus, ainsi les 12 Juifs (hommes, femmes et enfants) établis dans la ville depuis des décennies et qui furent arrêtés en 1942/43, suite aux lois du gouvernement Pétain.

    Le premier résistant arrêté semble être Henri CHAMBON, de Montigny-sur-Aube, père de 5 enfants, arrêté le 7 octobre 1941, il était passeur de prisonniers évadés et membre d’un réseau de renseignement. Son martyre durera plus de trois ans, puisque son décès est survenu en janvier 1945 à Oranienburg.

    Une rafle importante fut opérée à Châtillon en mars 1943. Madame TUPIN, Edmond QUESNOT, Maurice BILLOTTE, René BILLEBAULT, les frères DROUIN, Paul GALLAND, Louis HEZARD, notamment, ont été arrêtés à cette époque. Puis une dizaine d’autres en octobre

    En 1943 après la destruction du maquis Valentin Balzac, certains, comme André BLONDEAU furent pris en tentant de forcer un barrage. Des arrestations individuelles eurent aussi lieu jusqu’en juillet 1944 comme les abbés GARNIER et VAN HECKE, arrêtés le 31 juillet 1944.

    Quelques survivants, comme Raymonde CERCLIER, de Nod, morte en étant rapatriée par la Suède, n’eurent même pas la joie de revoir la Patrie. D’autres moururent d’épuisement dans les semaines et les mois qui suivirent.

    A leur retour, plusieurs eurent la douleur d’apprendre la mort de proches parents : Roger PARPETTE, dont le fils Henri a été tué à la Forêt le 10 juin 1944 ; Louis HEZARD, dont le frère Gilbert, du groupe Tabou, a été fusillé à Chaumont le 14 janvier 1944 ; Lucien DROUIN, André BLONDEAU, Henri VANEY, dont les frères Louis, Henri et Rémi ne sont pas rentré des camps de concentration.

    La haine doit nous abandonner mais pas le souvenir. Aujourd’hui, alors qu’il ne reste dans notre petite patrie qu’un seul survivant de cette tragédie, André BLONDEAU, dans un monde où sévissent encore ces pratiques déshonorantes pour l’humanité, il est heureux que des jeunes aient pris le relais pour conserver la mémoire de cette époque. C’est bien volontiers que nous leur apportons notre aide.

    Nous ne pouvons que les remercier et les féliciter et j’espère que de nombreuses personnes viendront voir cette exposition, due en grande partie à la collection d’Edmond QUESNOT, rescapé d’Oranienburg-Sachsenhausen, et donnée à la ville par son épouse.

     

     


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