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Nathalie Lombard, praticienne en psychogénéalogie et conférencière à Dijon, est venue nous informer sur la "Psychogénéalogie", samedi 6 avril au Centre Socio-Culturel de Châtillon sur Seine.
Michelle Belot, présidente de l'Association des Anciens élèves du Lycée Désiré Nisard et du Collège Fontaine des Ducs, a présenté Nathalie Lombard, et remercié une de ses amies qui a permis à l'Association de faire venir cette conférencière à Châtillon sur Seine.
Nous avons eu une pensée pour Raymond Lazzarotti, longtemps président de l'Association, qui nous a quittés récemment.
Nathalie Lombard tient en main le livre d'Anne Ancelin-Schützenberger, une thérapeute qui a défini la théorie de la psychogénéalogie.
La psychogénéalogie est une théorie développée dans les années 1970 par Anne Ancelin-Schützenberger, selon laquelle les événements, traumatismes, secrets, conflits vécus par les ascendants d'un sujet conditionneraient ses troubles psychologiques, ses maladies, et ses comportements étranges ou inexplicables.
Pour élaborer cette théorie, Anne Ancelin Schützenberger s'est fondée sur ses propres observations, et sur des concepts issus de la psychanalyse de la psychologie, de la psychothérapie et de la systémique.
Nathalie Lombard, notre conférencière, nous a révélé que, bien auparavant, Freud avait compris l'influence de la famille dans les névroses. Françoise Dolto avait observé des enfants malades de leur famille : des psychotiques, des autistes.
Alejandro Jodorowsky a lui aussi travaillé la psychogénéalogie, mais en s'appuyant sur l'arbre généalogique.
Lorsqu'il existe un "mal-être", il faut en rechercher les causes, car il y a des traces de psychique dans la conscience familiale. Ces traces peuvent être des prénoms qui reviennent, des dates semblables....Il faut parfois remonter à trois ou quatre générations pour identifier le traumatisme.
Nathalie Lombard nous donne l'exemple du mobile qui représente une famille: si l'un des membres bouge, disparaît, il y a déséquilibre, mais tout redevient normal si un autre le remplace.
Le prénom donné à la naissance est très souvent révélateur: qui l'a donné ? la mère, le père, les grands parents, les frères, les sœurs? A quoi correspond-il ?
Le prénom Violaine peut signifier "viol-haine" en résonance à un viol subi par une ancêtre !!
Je vous laisse regarder à quoi correspondent, pour les psychogénéalogistes, quelques prénoms :( certaines images sui suivent sont cliquables, ce sont celles où le pointeur de la souris se transforme en main)
Les arbres familiaux sont parfois très révélateurs. Nathalie nous a présenté sa généalogie familiale, vraiment très riche en détails troublants: Nicole réapparait dans les prénoms de Colin et Coline ses petits enfants, Jean-Jacques réapparaît dans Julien, Jérémie et Jonathan....
Yves porte aussi les prénoms de ses deux grands-pères, Clément et Jérôme. Curieusement (ce n'est sans doute pas si curieux que ça !) , bien que 4ème dans la fratrie, il est considéré par ses frères et sœurs comme l'aîné !
Il faut remonter souvent à 3 ou 4 générations pour retrouver des éléments intéressants dans l'histoire de sa famille...
Ici c'est Marc, mort en juin, qui réapparaît dans les prénoms de ses petits enfants Carmen, Karin, Marie, Marion..., nés en juin. Ces personnes ont toutes choisi un métier médical, en pensant peut-être "réparer" la mort de leur grand-père qu'on aurait pu sauver..
Quels sont les outils de travail pour comprendre ?
-L'étude de l'arbre familial appelé "génosociogramme", celui de Nathalie représente sept générations avec les dates, prénoms, morts, métiers, lieux de vie etc..
Il faut fouiller dans les archives, retrouver des photos de famille, courir les cimetières (le fait qu'une grand-mère soit enterrée avec son petit-fils peut être lourd de sens), voir les lieux où ont vécu nos ancêtres, leur ambiance, interroger les membres de la famille encore vivants, les voisins...
-Avec la vision des photos, placées sur l'arbre, peut survenir un "rêve éveillé"
-Le travail avec la psychogénéalogiste se fait avec des santons représentant les membres de la famille: leur place suivant leur taille, s'ils se font face ou non est éclairant pour le thérapeute.. On utilise aussi des coussins que l'on place ou déplace .
Pourquoi vient-on voir un psychogénéalogiste ? pour retrouver ses racines, se reconstruire, après la mort d'un enfant, lors de l'apparition d'une maladie grave que l'on a déjà connue dans la famille, lors de la naissance d'un enfant qu'on n'attendait plus....
C'est un travail très délicat qu'il ne faut pas faire seul, il faut se faire accompagner car les découvertes peuvent être éclairantes mais douloureuses.
Nathalie nous dit tout de même, que, parfois on découvre des choses positives !
A la fin de la conférence Nathalie Lombard répondit à quelques interrogations des auditeurs.
Elle nous présenta de nombreux ouvrages à consulter.
Voici les livres cités. J'ai photographié leurs couvertures pour mieux montrer leurs références :
Pour lire un résumé d'une étude sur le livre d'Anne Ancelin-Schützenberger "Aïe, mes aïeux", cliquez sur ce lien :
Résumé du livre d'Anne Ancelin-Schützenberger "Aïe, mes aïeux"
Un lien intéressant à consulter :
Le site de l'Association des Anciens Elèves du Lycée Désiré Nisard et du collège Fontaine des Ducs :
http://www.aaecldn-cfd.com/topic/index.html
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Notre guide nous a présenté le Musée Vivant Denon.
La genèse du Musée Denon remonte à 1819 avec une offre de rente perpétuelle faite par Jacques-Etienne Caumartin, député de Côte d’Or, afin d’assurer l’existence d’un musée et d’une Ecole de dessin. Dix ans plus tard, la municipalité se rendait acquéreur d’une collection de tableaux issus de la succession de J.François Carbillet, qu’on installa dans une des salles de l’Ecole de dessin. Après le transfert de l’Ecole de dessin dans un autre bâtiment, les salles qu’elle occupait furent consacrées au musée. Lors de l’inauguration officielle, en 1866, Jules Chevrier, qui avait tant contribué à la fondation du musée et qui occupait alors les fonctions d’adjoint au maire, fut nommé directeur de ce musée chalonnais. En 1895, son successeur, Charles Gindriez, donna le nom d’un des plus illustres enfants de la ville à cet établissement, qui s’appela dès lors Musée Denon L’édifice choisi par la municipalité, pour installer le musée fut un bâtiment situé place des Carmes (actuelle place Saint-Pierre) construit pour les Ursulines au XVIIIe siècle qui comportait un rez-de-chaussée voûté surmonté de deux étages.
La statue de Vivant Denon nous accueille à l'entrée du Musée qui porte son nom.
(Je ne parlerai pas ici de la salle consacrée à Denon, puisque j'ai montré quelques unes des œuvres qu'elle contient, dans le texte de la conférence de Jean-Louis Bruley)
Les peintures et sculptures classiques :
Constituées au XIXe siècle avec l'ambition encyclopédique de l'époque, les collections relevant de la section Beaux-Arts couvrent le champ de la création artistique du XVIe au XIXe siècle.
Une peinture , représentant Venise, montre à sa partie inférieure une admirable série de vénitiens et de vénitiennes, vraiment peints avec le sens du détail.
De belles sculptures sont exposées...
Ce tableau m'a particulièrement attirée: il nous montre une ferme d'autrefois à Chatenoy le Royal.
La peinture flamande :
Notre guide nous a conté l'histoire de la "tulipomanie" qui s'empara des Hollandais et provoqua l'augmentation démesurée puis l'effondrement des cours de l'oignon de tulipe, au milieu du XVIIème siècle. Au plus fort de la "crise de la tulipe", en février 1637, des promesses de vente pour un bulbe se négociaient pour un montant égal à dix fois le salaire annuel d’un artisan spécialisé !
Elle nous a montré les détails d'une peinture flamande représentant justement des tulipes...
"Le charlatan", une œuvre pleine de vie...
Une salle nous présente des bois gravés, certains sauvés de la tourmente révolutionnaire, d'autres plus récents glorifiant les "conscrits". :
L'Art Moderne est représenté au Musée Denon, avec les œuvres de Jean-Louis Faure, qui peuvent surprendre, comme cette "Piétabolide" (Bois peint, laiton, acier, résines et fibranne H.158, L.140, P.100 cm-(2004)
Ou "Sainte Hélène, jeudi 5 février 1818, Napoléon observe des blattes", plein d'humour !
(Bois peint, acier, buis, plomb, bambou, verre, terre de Sainte-Hélène, résines et six blattes "Leucophaea maderae". H.192, L.136, P.86 cm -1993)
La statue est accompagnée d'un dessin de David.
La Préhistoire :
Le Musée Denon possède une douzaine de "feuilles de laurier" en silex. Découverts à Volgu, en 1873, ces objets sont considérés par les spécialistes comme les plus belles réalisations actuellement connues dans le domaine de la taille du silex.
Ces "feuilles de laurier" sont tellement taillées finement que l'on peut presque voir à travers, c'est une merveille.
Une importante série d'outils taillés en silex illustre la présence et les activités de l'homme depuis une centaine de milliers d'années.
Dans une vitrine on voit des ossements de mammouths...
Notre guide nous présente la reconstitution d'un habitat de l'âge du bronze final III (milieu du 10ème siècle avant notre ère) au Gué des Piles.
Les habitations, très étroites, étaient installées sur de hautes plate-formes et protégées par une palissade contre le choc des troncs d'arbres entraînés par les eaux en période de crue.
Au second âge du Fer, on observe un accroissement sensible des trouvailles d'armes, lances, épées dans leur fourreau.
Les fouilles dans le lit de la Saône :
Les trouvailles effectuées dans le lit de la Saône, datant des âges du Bronze et du Fer, démontrent par leur abondance comme par leur qualité, l'importance des activités artisanales, commerciales et culturelles qui se sont développées dans la vallée.
On peut admirer une très riche série de vases en bronze gallo-romains, issus de la Saône.
Voici la reconstitution de la pêcherie de Saint Marcel. Cette pêcherie se présentait comme un piège en forme de V, largement ouvert vers l'amont. Le seuil, empierré, était barré par un filet. Des nasses en osier complétaient le dispositif.
Ici on peut voir la maquette représentant le chantier de construction de la pile centrale du premier pont romain de Chalon, à piles de pierres, vers 220 de notre ère.
On a retrouvé des bois de la pointe du caisson de construction de la pile numéro 3 (IIIème siècle)
La Gaule-Romaine :
Avant d'entrer dans la partie "gallo-romaine" du Musée Denon, nous avons admiré ce célèbre groupe représentant un gladiateur barbare terrassé par un lion.
Ce groupe magnifique a été retrouvé à l'entrée de ce qui devait être une nécropole.
Les collections lapidaires sont riches de stèles funéraires et de sculptures, qui dénotent la persistance d'un art local.
Cabilonnum est le nom ancien de Chalon, ville éduenne.
Selon César, les Éduens étaient le peuple le plus puissant des Gaules.
Une salle est consacrée aux rites funéraires...
On pratiquait l'incinération des corps.
Une vitrine émouvante nous présente le rite d'incinération d'un enfant :
Quelques os restaient dans l'urne au milieu des cendres...
Des soldats ont aussi séjourné à Cabilonnum.
Le Musée Vivant Denon de Châlon sur Saône est un Musée très riche. D'autres salles que nous avons aperçues, mais pas visitées, faute de temps, comportent de très beaux meubles anciens.
Un musée à voir, et en plus, comme le Musée Nicéphore Niépce, son entrée est gratuite !
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"Vivant Denon, homme de lumière", une conférence passionnante sur un personnage hors du commun, nous a été présentée par Monsieur Jean-Louis Bruley, professeur retraité, qui nous a accompagnés lors des visites des musées (Niépce et Vivant Denon) de Chalon sur Saône le jeudi 4 avril 2013 .
(Je l'illustrerai par les projections de monsieur Bruley, mais aussi par des photos prises au musée Vivant Denon de Châlon sur Saône, lors de notre voyage)
Jean-Louis Bruley nous lut quelques textes de la biographie de Vivant Denon et nous projeta quelques unes de ses œuvres.
Dominique Vivant Denon naquit en 1747 à Givry, près de Chalon sur Saône. Issu d’une riche famille, il aurait pu vivre de ses rentes. Sa famille était aisée, par exemple, un de ses oncles, viticulteur à Gevrey Chambertin , fournissait, en Bourgogne, la cour du Roi...
Il essaya de faire séparer son patronyme en De Non, mais n'y arriva pas.
Vivant Denon fit des études de droit à Dijon, puis partit pour Paris où il découvrit de nouvelles idées, fréquenta les salons et se fit nommer à la cour du Roi.
Il écrivit une pièce de théâtre qui n’eut aucun succès, il se rendit donc compte qu’il ne devait pas s’orienter vers la littérature.
Louis XV le remarqua , séduit par son esprit. Il le nomma Directeur du Cabinet des pierres gravées de la Marquise de Pompadour.
Vivant Denon, doué pour les langues, fut ensuite envoyé par Louis XV, en tant que gentilhomme d’Ambassade, à saint Petersbourg.(où l'on parlait d'ailleurs le français !)
En route pour la Russie, il s’arrêta à Metz, Mayence, Francfort, Postdam. Dans cette dernière ville, il rencontra Frédéric II qui avait une grande admiration pour Watteau, sa collection était très belle. Curieusement la peinture de Watteau était méprisée en France, ce fut une découverte pour Vivant Denon, qui plus tard acheta le fameux "Gilles".
A Saint Petersbourg il rencontra Catherine II, il croisa Diderot, il découvrit et s’initia à la gravure..
(plaque de cuivre gravée par Vivant Denon)
A la suite d'une histoire rocambolesque avec une actrice, il fut considéré comme un espion et expulsé de Russie.
Rentré à Paris, Louis XV lui confia une mission secrète en Suisse. Durant son séjour hélvétique, il demanda à Voltaire de le recevoir à Ferney, ce que ce dernier accepta avec réticence. Vivant Denon fit un dessin un peu irrévérencieux de Voltaire dans un état pitoyable, ce qui donna lieu à une polémique.
Aussitôt rentré à Paris, il partit en Italie où il fit un travail de chroniqueur : il dessina et publia deux ouvrages.
Sur cette carte on voit tous les endroits qu'il visita....c'est extraordinaire pour l'époque !
Il fut nommé ensuite "Numéro Deux" à l’Ambassade de France à Naples, où il continua son « innocent espionnage »…mais découvert, il fut encore renvoyé.
Revenu à Paris, il s’adonna à la gravure où il excella.
(Allégorie sur le Temps)
L’Italie lui manquait, il y retourna pour créer une école de gravure à Venise. Il rencontra la comtesse Albuzzi et en tomba amoureux, il avait 40 ans.. Ils ne se marièrent pas mais correspondirent pendant 40 ans !
Son portrait par Elisabeth Vigée-Lebrun :
Durant ses séjours italiens, il dessina et collectionna énormément.
Lorsque la Révolution Française éclata, il fut considéré comme un émigré et on voulut lui confisquer ses biens. Il rentra à Paris pour se défendre, c’est le peintre David qui lui permit d’être disculpé.
(reproduction, en gravure, par Vivant Denon du Serment du Jeu de Paume de David)
Bonaparte partit pour la Campagne d’Egypte. Une équipe de cinquante scientifiques l’accompagnait. Denon s’invita dans l’équipe pour pouvoir dessiner les monuments égyptiens, mais aussi les habitants, les animaux.
Il fit campagne avec Desaix, assista aux batailles avec un manque de sentiments étonnant....
Il dessina les monuments antiques, dont certains ont disparu depuis, nous n’en avons plus la trace que par ses 300 dessins.
Il continua de collectionner beaucoup d’objets.
De retour dans la capitale, il reprit ses dessins et les grava pendant trois ans.
(Le Pacha, commandant les Turcs à Aboukir)
Des livres furent édités en 1802, « Voyages dans la Basse et la Haute Egypte pendant la campagne de Bonaparte en 1798 et 1799 ». Ces livres furent traduits dans toutes les langues européennes et eurent un immense succès.
Il créa des projets de monuments comme celui de cette fontaine :
Bonaparte, devenu Napoléon 1er, le nomma Directeur du Musée Central des Beaux arts. Un Musée fut créé, appelé « Musée Napoléon » (il deviendra plus tard le Musée du Louvre). C’est Vivant Denon qui créa la galerie du Louvre pour le second mariage de Napoléon avec Marie-Louise.
Il envoya beaucoup d’œuvres d’Art dans des Musées de Province.
Vivant Denon continua, pendant le Premier Empire, de voyager car il fut chargé par l’Empereur de réquisitionner tableaux, sculptures …en Prusse, en Espagne, œuvres qui devaient ensuite être exposées au Musée Napoléon.
Mais après l’abdication de Napoléon, alors qu’il était retourné à Naples, il apprit que les œuvres « volées » devaient être restituées.
Louis XVIII lui avait conservé sa charge de Directeur du Musée, mais Vivant Denon, très triste de voir partir les trésors qu’il avait ramenés à Paris, demanda au roi son « repos ».
Il continua encore pendant dix ans à enrichir ses collections personnelles.
(Vivant Denon au milieu de sa collection)
A sa mort, en 1825, ses neveux vendirent sa collection. Une partie de celle-ci se trouve au Musée du Louvre, où une aile porte son nom. Quelques pièces intéressantes se trouvent au Musée Vivant Denon de Chalon sur Saône.
Il fut enterré au Père Lachaise.
La reproduction de la statue de son tombeau figure à l'entrée du musée Vivant Denon à Chalon sur Saône.
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Pour visiter le Musée Nicéphore Niépce, l'Association Culturelle Châtillonnaise a demandé les services d'un guide. Celui-ci nous a présenté les trésors du Musée d'une façon très professionnelle, avec tous les détails possibles, et nous pouvions lui poser des questions auxquelles il répondait parfaitement.
Notre guide nous a expliqué tout d'abord le principe de la chambre obscure :
Lorsqu'on reçoit, sur un écran blanc, les rayons lumineux qui pénètrent dans une chambre noire par une petite ouverture, on obtient l'image des objets extérieurs.
Mais ces images sont renversées, et leur forme, qui correspond à celle des objets extérieurs, est indépendante de la forme de l'ouverture, si celle-ci est toutefois assez petite.
Dans ces cavités se trouvent des chambres obscures. Sur la surface du hublot, on voit la rue extérieure au musée, les voitures garées sont à l'envers.
Voici un ancien appareil, un de ceux où le photographe se recouvrait d'un tissu noir pour réaliser des clichés...
On voit bien ici, dans la chambre obscure de cet ancien appareil, que les visiteurs du Musée qui se présentent à l'accueil, ont leur image renversée.
Des appareils photographiques anciens, des objectifs sont exposés dans cette première salle, on se trouve déjà dans l'ambiance !
La salle Nicéphore Niépce
Honneur à Nicéphore Niépce : la seconde salle que nous avons visitée lui est consacrée.
Le musée expose différents objets issus du laboratoire de Niépce, particulièrement des héliographies (du grec hélios , soleil et graphein , écrire). Pièces uniques réalisées par Niépce lui-même, elles sont considérées comme les premières photographies (le terme de photographie ne fit son apparition qu’en 1839 lors du discours de François Arago à l’Académie des sciences). Pour enregistrer une image héliographique, Niépce recouvrait une plaque métallique de bitume de Judée dissout dans de l’essence de lavande. La plaque devenait alors sensible à la lumière. Une fois sèche, elle était placée dans une chambre noire, une camera obscura , puis exposée à la lumière durant de longues heures. L’image captée restait latente ; pour apparaître, la plaque devait être plongée dans un bain qui dissolvait les parties du bitume peu exposées (le bitume fortement exposé durcissant et devenant insoluble).
Les deux chambres obscures utilisées par Nicéphore Niépce sont exposées dans cette salle.
La plus ancienne héliographie recensée date de 1826 et se trouve aujourd’hui dans les collections de l’université du Texas à Austin. Intitulée Le Point de vue du Gras , elle représente un paysage saisi non loin de Chalon sur Saône. L’image est fixée sur une plaque d’étain à l’aspect miroitant qui la rend peu lisible. Cette pièce unique est reproduite au musée Niépce grâce aux technologies numériques, par le biais d’un écran plat manipulable par le visiteur.
Niépce , et son frère, étaient des inventeurs de génie. Ils inventèrent la draisienne à guidon.
La salle du daguerréotype :
Le musée consacre une salle à un célèbre contemporain de Niépce qui fut également son associé, Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851). Le procédé que ce dernier mit au point, le daguerréotype (1839), connut un grand succès commercial jusque dans les années 1860. Il consiste en une plaque de cuivre recouverte d’une couche d’argent sur laquelle l’image se fixe. Utilisé le plus souvent pour des portraits ou des photographies d’architecture, le daguerréotype permettait d’obtenir une image d’une grande précision. On lui a reproché sa froideur, parfois tout juste compensée par quelques rehauts de couleurs. Images uniques, non reproductibles, les daguerréotypes étaient également très fragiles et le plus souvent protégés dans des écrins.
Les questions ont été nombreuses, particulièrement sur la durée de vie des photographies. On n'a encore pas trouvé le moyen de les conserver indéfiniment...mais il faut faire confiance au progrès ...
Un appareil photo utilisé dans les foires :
Un monde en couleur :
Pour aborder l’histoire de la photographie couleur, le musée dispose d’une collection unique d’épreuves de Louis Ducos du Hauron (1837-1920), pionnier dans ce domaine.
Jusque dans les années 1860, la photographie traduisait toujours la lumière de façon monochrome : les plaques sensibles ne reproduisaient pas les couleurs du sujet représenté.
En 1868, Ducos du Hauron trouva la solution en s’appuyant sur la synthèse trichrome (trois couleurs primaires – le rouge, le bleu et le jaune – sont à l’origine de l’ensemble des couleurs rencontrées dans la nature). Le sujet était photographié trois fois à travers des filtres translucides de couleurs différentes. Chacune de ces images monochromes était ensuite imprimée puis superposée aux autres : les trois couleurs se combinaient alors pour recréer les différentes teintes du sujet photographié.La présentation de la firme Kodak, et des appareils Kodak:
Le musée expose de nombreuses images illustrant le procédé ainsi que différents types de supports négatifs commercialisés dès la fin du 19e siècle. Sont également présentés les premiers appareils à main, tel le Kodak Pocket, dont la maniabilité a largement contribué à l’essor de la pratique amateur.
J'étais tellement intéressée par les explications de notre guide sur les appareils Kodak, que j'ai oublié de photographier la vitrine où ils se trouvaient !
Comme j'en ai quelques uns , je les ai pris en photo ...
Les plus anciens que je possède :
Le nom Kodak, ne veut rien dire, il a été choisi pour sa résonnance facile à retenir. George Eastman, le fondateur de la firme,cherchait un vocable qui se prononçait d'une façon identique dans toutes les langues et cela l'amena aux deux voyelles "a" et "o". Pour encadrer ces deux voyelles, il choisit de placer en première et dernière partie la première lettre du nom de sa mère : le "K" (née Kilbourn). La lettre se trouvant entre le "KO" et le "AK" fut choisie par pur hasard, le "D". Dans le langage populaire, le mot « Kodak » servit longtemps à désigner tout appareil photo destiné à l'amateur.
Notre guide évoqua le prix très bas des appareils Kodak de l'époque, en effet la firme était assurée de vendre des pellicules et s'enrichissait par ce biais....
Kodak posséda des usines dans le monde entier, en particulier à Chalon sur Saône. Mais l'arrivée du numérique provoqua sa faillite...
L'image en relief :
Constamment en quête d’une transcription la plus fidèle possible de la réalité, la photographie s’est très tôt intéressée au rendu tridimensionnel.
Plusieurs procédés ont été mis au point, qui s’appuient sur la capacité physiologique de la vision binoculaire à donner l’impression du relief. Les collections du musée recèlent de nombreux exemples caractéristiques des différentes techniques de rendu du relief.
Parmi elles, les réseaux lignés et lenticulaires permettent de percevoir ce dernier sans l’aide d’un appareil ou de lunettes. Les multiples vues nécessaires à la restitution de l’effet de profondeur sont imbriquées derrière un réseau composé de lignes opaques et transparentes, ou de lentilles. Ce réseau est solidaire de l’image proprement dite.
Ces techniques sont notamment expérimentées et développées en France par Eugène Estanave dès 1904, puis par Maurice Bonnet qui en fait commerce dès 1937 grâce à sa société La Relièphographie .
Depuis leur invention, ces images spectaculaires sont couramment utilisées dans un cadre ludique ou publicitaire.Les expositions photographiques :
Le propos du musée ne se résume pas à un rapport historique au médium. La photographie contemporaine, qu’elle soit plasticienne ou documentaire, y occupe également une place essentielle. Une salle complète lui est consacrée où les collections, comme pour le restant du parcours, font l’objet de rotations régulières dans leur présentation.
Les textes en bleu sont tirés du site du Musée Nicéphore Niépce.
En suivant ce lien vous pourrez voir, sur ce site vraiment passionnant, beaucoup d'exemples de ce que fut la photographie au cours des temps :
Mais le mieux, si vous le pouvez, serait de vous rendre dans ce beau Musée, l'entrée est gratuite, vous pourrez y voir des projections, des expositions, c'est vraiment un endroit à découvrir !
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Monsieur Jean-Louis Bruley fut professeur de génie mécanique au lycée Nicéphore Niépce de Chalon sur Saône. Passionné par la vie des frères Niépce , leurs inventions, leur vie qui ressembla à un roman tragique, il nous a fait partager ses grandes connaissances dans une conférence passionnante proposée par l'Association Culturelle Châtillonnaise.
La famille des frères Niépce, Joseph (qui se fera appeler plus tard Nicéphore) et Claude, est aisée .Leur père est un haut fonctionnaire conseiller du Roi
Quand éclate la Révolution, en 1792,les deux frères s'engagent dans l'armée révolutionnaire , plus précisément dans la Marine. Mais très vite les deux marins s'ennuient et se font réformer.
Nicéphore s'établit alors à Nice, où vient le rejoindre son frère aîné, Claude. Il épouse la fille de sa logeuse. De cette union naît, l'année suivante, un fils, Isidore . En 1801, tous regagnent la propriété des Niépce, à Saint-Loup-de Varennes, près de Chalon-sur-Saône.
Leur court passage dans la Marine, où ils trouvaient que les bateaux à voiles n'allaient pas assez vite, avait donné aux deux frères l'idée d'inventer un moteur. Ce moteur ils l'imaginèrent à "explosion" et le nommèrent le pyréolophore.
Les deux frères obtiennent, en 1807, un brevet valable dix ans : le principe de ce moteur est fondé sur la dilatation de l'air consécutive à l'inflammation brutale d'un combustible .
La poudre qui s'enflamme et qui fait augmenter la pression de l'air était au début de la poudre de lycopode. Elle fut remplacée ensuite par un mélange de charbon et de résine
Jean-Louis Bruley nous projeta un dessin animé où l'on voyait s'animer le pyréolophore, c'était très impressionnant.
Voilà le moteur reconstitué qui se trouve au musée Niépce de Saint Loup de Varennes:
Jean-Louis Bruley et ses élèves ont monté ce moteur sur un bateau..
Et l'ont fait naviguer sur la Saône, un petit film nous a montré l'avancée saccadée, mais bien réelle du canot sur la rivière..
Hélas, les frères Niépce ne parviendront pas à obtenir d'appuis financiers pour exploiter leur invention.
Ils vendront leurs propriétés les unes après les autres, feront des emprunts colossaux, seront presque dans la misère, et pourtant ils crurent toujours à leurs inventions.
À l'approche de l'expiration du brevet, Claude Niépce partit Angleterre en 1817, pour essayer de le vendre aux anglais. Mais le lobby de la machine à vapeur était trop puissant, il n'y arriva pas et ne donna plus de nouvelles pendant dix ans !
Inquiet, Nicéphore ira à sa recherche, il retrouvera son frère, mais ce dernier sera devenu fou .
En l'absence de son frère Claude, Nicéphore entreprit seul, en 1816, de nouvelles recherches sur un sujet qui le passionnait depuis longtemps : la fixation des images. On connaissait depuis longtemps la chambre obscure., ou chambre noire .Léonard de Vinci en expiquait l'usage ainsi :
« En laissant les images des objets éclairés pénétrer par un petit trou dans une chambre très obscure tu intercepteras alors ces images sur une feuille blanche placée dans cette chambre, mais ils seront plus petits et renversés. »
L'idée de Nicéphore était de fixer les images qui apparaissaient au fond de la chambre noire.
En 1816 il chargea une chambre noire avec un papier enduit de chlorure d'argent.
Il obtint le négatif d'une vue prise depuis une fenêtre, mais il ne put malheureusement pas fixer l'image qui noircit complètement à la lumière.
En 1822, il utilisa le bitume de Judée : cette substance noire à l'origine, blanchit et devient insoluble là où la lumière l'a impressionnée.
Niépce enduisit une plaque de cuivre de bitume de Judée, la mit au fond de sa chambre noire qu'il exposa huit heures à la lumière. Il retira la plaque de cuivre et la plongea dans de l'essence de lavande. Ce liquide avait pour propriété de dissoudre les parties de bitume de Judée que n'avaient pas atteintes les rayons solaires... et l'image se conserva sans se détériorer à la lumière.
Niépce obtint alors une image en relief. Ce procédé que Nicéphore Niépce appellera "héliographie" constituera la première photographie : une vue prise d'une fenêtre du grenier de sa maison de Saint-Loup-de-Varennes en 1826, qu'on appellera "la vue du Gras"
Cette "vue du Gras" fut redécouverte en 1952, elle fit sensation dans un article de Paris-Match...
"La table servie" retrouvée en Russie est une autre héliographie de Nicéphore, il n'y a que ces deux exemplaires de ce procédé au monde.
La table a été joliment reconstituée ici:
Voici une des chambres noires qu'utilisait Nicéphore Niépce, elle est exposée au Musée Nicéphore Niépce de Chalon sur Saône.
Niépce rencontra plus tard Daguerre, un peintre décorateur qui utilisait la chambre noire pour faire les croquis de ses dioramas . Tous les deux s'associèrent en 1829 pour créer des réalisations « héliographiques ».
Malheureusement Nicéphore Niépce mourut subitement quatre ans plus tard, très endetté et c'est Daguerre qui réussira à développer , puis à fixer les images photographiques, qu'il appellera des "daguerréotypes" .
Il en en retirera de son vivant une grande célébrité .Le fils de Niépce, Isidore, qui avait accepté les dettes colossales de son père, accusera d'ailleurs Daguerre de plagiat .
Dans d'autres domaines, l'inventivité des frères Niépce était incroyable ..
Mais malheureusement les brevets de leurs inventions extraordinaires ne purent jamais être vendus...
Quelques exemples :
-Claude et Nicéphore inventèrent en 1807 un projet de pompe hydraulique destinée à remplacer la machine de Marly, qui assurait l'alimentation en eau du château de Marly et du château de Versailles, mais leur projet fut refusé.
-A partir de 1811, alors que Napoléon avait instauré le Blocus continental , les deux frères développèrent la culture du pastel, dont on tirait un colorant susceptible de remplacer l'indigo, hélas ils n'avaient pas utilisé la bonne variété de cette plante.
-Nicéphore essaya aussi à développer la culture de l'asclépias , dont les fibres textiles pouvaient donner un tissu soyeux qui aurait pu remplacer le coton.. en vain.
-Il réussit à extraire une fécule alimentaire à partir d'une variété de courge, le giraumon .
-En 1818, enfin, il mit au point une draisienne à siège réglable et pourvue d'un...guidon, le premier au monde !
De toutes les inventions des frères Niépce, on mesure maintenant la pertinence. On dit même que Wernher Von Braun se serait inspiré du pyréolophore, en exhumant son brevet, pour inventer le réacteur !!
Les frères Niépce furent deux inventeurs extraordinaires qui jouèrent de malchance toute leur vie, ils furent, de plus, méconnus très longtemps... Cependant le rôle de Nicéphore Niépce dans l'invention de la photographie est pleinement reconnu aujourd'hui.
Et grâce à une bande de passionnés, dont fait partie Jean-Louis Bruley, le musée Niépce attire de plus en plus de visiteurs.
L'agence Gamma ayant l'exclusivité des photos des matériels utilisés par Nicéphore Niépce, je ne peux donc vous en montrer , mais vous pourrez les voir sur le site de la Maison Niépce :
(Des commentaires sur le thème de l'article seraient les bienvenus, ils me montreraient que ce blog vous intéresse et ils me donneraient envie de continuer à l'alimenter .
Merci.)
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