• Michel Lagrange, grand poète Châtillonnais, m'a fait l'honneur de me confier un des poèmes qu'il a écrit, inspiré par la vue du très beau sépulcre de l'église Saint-Vorles...

    (cet article date de 2010, je le publie de nouveau, après la conférence de Jean-Luc Liez sur Claude Bornot, l'auteur de cette mise au tombeau extraordinaire dont personne à cet époque ne connaissait le nom)

    -Les Amis du Musée

    Voici ce qu'il nous dit de l'inspiration qui l'a saisi devant cette magnifique mise au tombeau..

    Ce texte, écrit en face de la mise au tombeau de l’église de Saint-Vorles, à Châtillon, est une méditation poétique sur le « Grand Mystère » de la mort et de la résurrection.

       Même si une corde sépare les visiteurs des statues, il s’agit de la franchir, de passer outre, et de rejoindre ces statues, ce qu’elles incarnent…

       D’abord, c’est l’angoisse, celle de ne pas être à la hauteur, de voir dénoncées ses propres ombres, ses manques, ses fautes… Le scandale est la mort du Christ, qu’il faut comprendre, et accepter, au-delà des réactions passionnelles, humaines, trop humaines…

       La description de certains détails, loin de nuire à la portée du message, est chargée de les éclairer, faisant partie de la révélation.

       Peu à peu, la communion s’établit entre le spectateur et les témoins directs de la mort scandaleuse du Christ. Il se fraie un passage, il adhère, il participe. Il est de plain-pied avec le silence et le message. Il est passé au-delà des apparences, au-delà du temps dont le spectacle est la mise au tombeau. Dans une éternité nouvelle.

     

    -Les Amis du Musée

     MISE  AU  TOMBEAU

    Mise au tombeau.

     Une corde arc-en-ciel

    Entre les vivants et les morts.

     

    Je suis venu mécontent de ma vie.

    Insuffisant. Au niveau courant de ma pente

    Et curieux de toucher du doigt

    Les plaies représentées par l’écho d’ici-bas.

     

    Il faut passer par le tragique

    Où la vie se déploie.

    Partager la souffrance avec

    Celle de Dieu qui est

    Parmi les hommes,

    Et les oblige

    À des sublimations

    Sans précédent.

     

     Je suis comme un nomade affrontant des statues.

    Comme un chevreuil qui voit venir quelqu’un…

    Je voudrais me cacher.

     

    En moi, l’angoisse.

    Un tremblement profond. De qui se sent fautif

    Et responsable.

     

    -Les Amis du Musée

    Au-dessus de l’abîme, un corps

    Est allongé,

    Qui n’aurait jamais dû mourir.

    Mais qui est mort,

    Dans l’innocence,

    Exprès pour sanctifier la mort

    Et passer outre.

     

    Un gisant pèse lourd.

    Du poids de nos douleurs

    Et de sa défection.

    Il est impénétrable

    Et divorcé de nous.

     

    Sa bouche à demi close

    Est un autel désaffecté.

     

    Tous les morts ont des traits communs.

    Ils font bloc dans l’absence

    Et dans le froid qui les durcit.

    Nous qui restons sur notre rive

    Avons du mal

    À ne pas nous sentir de trop.

     

    Dans cette mort, le Christ est en exil.

     

    Le temps méchant se fait prioritaire.

    En attendant…

     

    On est encore en cet instant

    Sur le versant mortel de la crucifixion,

    Dans le temps suspendu.

    Alors que se profile

    Un rendez-vous posthume

    Avec la réconciliation glorieuse.

     

    Absenté par la mort,

    Le Christ a laissé porte close,

    Avec la clé dans la serrure.

     

    Un mystère à retardement – trois jours –

    Va éclater.

    Madeleine en sera témoin

    Avant les autres.

     

    Dans la douleur des survivants,

    Les contemporains du Christ

    Sont perdus.

    Figés, comme le Christ,

    Dans l’apparence

    Où se complaît l’histoire.

    Entre la rigidité du cadavre

    Et la résurrection promise.

     

    Leur désarroi n’est qu’une hésitation

    Au carrefour du temps,

    Où la mort du Christ a eu lieu.

    Elle est coincée dans leur esprit

    Comme un squelette

    En travers de la vie confiante.

     

    Tête à bout de patience,

    Regard mi-clos,

    Comme si fermer à demi les yeux

    Diminuait l’éclat du scandale.

     

    Ils ont la bouche entrebâillée

    Afin d’évacuer les relents

    De la mort dont les mots fermentent

     

    Sur la paroi du sarcophage,

    On voit les douze,

    Habillés à l’antique.

    Ils cherchent la parole et le mot guérisseurs.

     

     

    Le bras posé de saint Jean sur Marie

    Jette un pont de chaleur humaine,

    En dépit de l’éclair de nuit

    Qui a rompu la pierre.

     

    Depuis que le flambeau a disparu,

    La nuit n’a rien multiplié.

    L’incandescence a des pouvoirs

    Qui ne dépendent pas de nous.

     

    L’épée brandie

    N’existe plus,

    Même si le bras du soldat

    Pourfend le vide et joue les matamores.

     

    Les donateurs sont plus petits

    Que les contemporains du Christ,

    Auxquels ils ont laissé

    La priorité du geste officiel.

    Ils sont agenouillés

    Pour être à la hauteur

    De l’affliction priante humaine.

     

    Ils n’ont que l’âge en eux

    De leurs mains réunies

    Sur les mots silencieux de l’âme.

     

    La femme est mutilée.

    Ne souffre pas, n’interrompt pas pour autant

    Sa prière.

    Retrouvera ses mains

    Au détour du chemin de la résurrection,

    Déposées bien en vue,

    Sur un bord de fenêtre,

    Comme deux gants oubliés là…

     

    Ces donateurs sont au courant

    De ce qui aura lieu

    À la fin du troisième jour.

    Ils n’ont gardé que l’espérance

    En écoutant le flux de la prière

    Ouvrir en eux des sillons de fraîcheur paisible.

     

    Au cimetière, à côté de Saint-Vorles,

    Les morts sont enfermés

    Dans un jardin de gravillons

    Scrupuleux et balayés par le vent.

    Trois jours et des poussières,

    À l’ombre d’un château ruiné…

    Le temps ne passe pas.

    Se décompose un peu,

    Plus lentement que la mémoire…

     

    Ces morts sont en souffrance.

    Oublieraient-ils que le Maître a péri

    Avant eux, et qu’il a reparu avant eux,

    Pour qu’il y ait résurrection de tous ?

     

    Je vais je viens d’une émotion à l’autre.

    Et me réconcilie avec le Christ

    Au point de mire universel.

     

    Il y a tant de mains ici

    Que je ne sais laquelle apprivoiser.

    Tenir entre les miennes.

     

    Il y a tant d’humanité ici

    Que l’homme est dépassé.

    Et que le vide a disparu,

    Et que le manque est bienvenu

    Pour accueillir le Grand Mystère.

     

    Le silence est habité par la grâce.

    Il est ici chez lui.

    Elle est ici chez nous.

     

    Mon passage au milieu de l’unanimité

    Tient du miracle.

    Et ne fait ni remous ni confusion.

    De près, je vois que ce n’est pas

    Le goût de la mort qui s’impose

    Entre les lèvres.

    -Les Amis du Musée

    Je me mêle aux statues.

    C’est comme si nous partagions

    Une mission connue par cœur,

    Et, bien avant de naître,

    Initiatique.

     

    C’est comme si j’étais le premier à leur dire :

    « Attendez trois jours ! Revenez ! »

    Clairvoyance intuitive !

    Irradiation du sens au-delà du non-sens !

     

    Je fais partie de la famille.

     

    C’est la mise au tombeau du temps.

    -Les Amis du Musée

    -Les Amis du Musée

    Merci, Monsieur Lagrange pour l'envoi de votre merveilleux poème .

    NB: les dessins de la tête du Christ et de Marie Madeleine sont tirés du manuscrit de Michel Lagrange.

     


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  •  Monseigneur Roland Minnerath qui était archevêque de Dijon depuis 2004, a atteint la limite d'âge pour un évêque, c'est à dire 75 ans.

    Il a donc dû démissionner de sa fonction épiscopale.

    Un hommage lui a été rendu par les paroissiens qui ont fait éditer un superbe livre contenant de très belles photos réalisées pendant son sacerdoce.

    A côté des photos, on peut voir des textes de Michel Lagrange qui s'est associé à ce très bel ouvrage.

     

    Michel Lagrange a participé à l'hommage rendu à Monseigneur Minnerath, Archevêque de Dijon, lors de sa retraite

    Michel Lagrange a participé à l'hommage rendu à Monseigneur Minnerath, Archevêque de Dijon, lors de sa retraite

    Michel Lagrange a participé à l'hommage rendu à Monseigneur Minnerath, Archevêque de Dijon, lors de sa retraite

    Michel Lagrange a participé à l'hommage rendu à Monseigneur Minnerath, Archevêque de Dijon, lors de sa retraite

    Michel Lagrange a participé à l'hommage rendu à Monseigneur Minnerath, Archevêque de Dijon, lors de sa retraite

    Michel Lagrange a participé à l'hommage rendu à Monseigneur Minnerath, Archevêque de Dijon, lors de sa retraite

    Monseigneur Minnerath  était venu en 2009 concélébrer une messe avec les anciens prêtres  de la paroisse, dans l'église saint-Vorles de Châtillon sur Seine qui venait d'être restaurée :

    http://www.christaldesaintmarc.com/une-tres-belle-ceremonie-a-saint-vorles-a546147

    Et il avait béni la nouvelle statue de saint Bernard qui se trouve sur le parvis de l'église saint Vorles :

    http://www.christaldesaintmarc.com/l-inauguration-de-la-statue-de-saint-bernard-a546167


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  •  Lors des portes ouvertes de la nouvelle médiathèque, Michel Lagrange a présenté et dédicacé son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel".

    Michel Lagrange a présenté son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel"  lors des portes ouvertes de la Médiathèque de châtillon sur Seine

    Michel Lagrange a présenté son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel"  lors des portes ouvertes de la Médiathèque de châtillon sur Seine

    "Partir vers je ne sais quel ciel" associe la description poétique d'un voyage au Ladakh, appelé "le petit Tibet", à la réflexion que tout voyage engendre chez celui qui s'en va.

    Sur place, d'abord le voyageur "émerge en désorient", perdu au milieu d'images décousues, sans profondeur ni signification.

    Trop d'échecs en terre inconnue le mènent au bord de l'asphyxie physique et mentale il s'écroule, avant de se métamorphoser en un mendiant qui s'offre au monde humblement et qui peut recevoir les "leçons de la montagne" au-delà de ses souffrances et grâce à elles.

    Le chemin s'ouvre enfin, prophétique et porteur de belles vérités Il est temps d'acquiescer , de devenir pèlerin de sa démarche, de pénétrer dans la beauté des choses, en communion spirituelle, tandis qu'un moine bouddhiste efface d'un revers de main un chef-d'œuvre de sable et qu'un papillon s'envole dans l'air impermanent.

    Le recueil de poésies de Michel Lagrange est agrémenté de superbes photos qu'il a prises durant son voyage au Ladakh.

    Michel Lagrange a présenté son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel"  lors des portes ouvertes de la Médiathèque de châtillon sur Seine

    Michel Lagrange a présenté son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel"  lors des portes ouvertes de la Médiathèque de châtillon sur Seine

    Michel Lagrange a présenté son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel"  lors des portes ouvertes de la Médiathèque de châtillon sur Seine

    Durant la présentation de son nouvel ouvrage, Michel Lagrange a eu le grand plaisir de revoir ses amis Jean-Luc et Gisèle Runfola, avec qui il avait effectué ce trek au Ladakh.

    Michel Lagrange a présenté son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel"  lors des portes ouvertes de la Médiathèque de châtillon sur Seine

     Jean-Luc et Gisèle Runfola avaient présenté une conférence sur ce voyage, vous pourrez revoir l'article en cliquant sur le lien :

    http://www.christaldesaintmarc.com/dix-jours-au-ladakh-la-spiritualite-au-coeur-de-l-himalaya-une-confere-a117826730

    A noter que  Michel Lagrange a fait don de ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine, on peut les consulter à la nouvelle médiathèque..

    Michel Lagrange a présenté son nouvel ouvrage "Partir vers je ne sais quel ciel"  lors des portes ouvertes de la Médiathèque de châtillon sur Seine

    Michel Lagrange est agrégé de lettres classiques. Professeur émérite, il est l'auteur de livres de bibliophilie avec des artistes comme Pierre-Yves Trémois, Pierre Soulages, Bernard Foucher.

    Auteur d'une quarantaine d'ouvrages poétiques, il est lauréat de l'Académie française.


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  • La visite nocturne du Musée du Pays Châtillonnais a été un enchantement pour les visiteurs qui ont découvert plusieurs œuvres du Musée sous un autre angle, mystérieux et surprenant.

     http://www.christaldesaintmarc.com/une-visite-nocturne-au-musee-du-pays-chatillonnais-pour-admirer-les-oe-a209906604

    La surprise a été totale, lorsque, rassemblés entre le cratère et le torque d'or de la princesse de Vix, nous avons pu écouter un superbe poème que Michel Lagrange avait composé pour l'occasion...

    Beauté auditive, beauté virtuelle, ce fut une soirée inoubliable....

    Michel Lagrange a composé un poème en l'honneur du torque  de la princesse de Vix

     AUTOUR DU TORQUE

     

    Un torque

    Une légende impressionnée par un or de silence

    Une mémoire autour du temps

     

    Un petit cheval indompté

    Plus fort que l’espace et le jour

    Sans le mors d’Athéna

    -diadème d’or dans sa bouche écumante-

    Pégase aux yeux fixés sur les replis de l’eau

    Que son sabot fit naître

    Une source… Hippocrène…

     

    Méduse et ses yeux maternels

    Punis d’avoir semé la mort

    Méduse et son cri pétrifié

    Entre ses dents de sanglier brutal

     

    Elle mourut ensanglantée pour que vive la vie

    Et que l’homme à l’épée paraisse

    Et le petit cheval ailé

     

    Sa mère au pilori de sa beauté barbare

    Imposée gardienne aux flancs du cratère

    Sa mère entourée de reptiles

    Elle avait dans le sang ce cheval de fantasme

     

    Le visiteur qui va et vient

    Entre Méduse et le petit cheval ailé

    Sait-il qu’il passe à travers la légende

    Et qu’il risque un regard mauvais

     

    Ce visiteur est un passant parmi des pages légendaires

    Où le bronze aux reflets marins

    Ouvre un chemin pour l’aventure

    Au bord d’une falaise où se brisent les vagues

    Où la Chimère est aux aguets

     

     

    Persée l’enfant de la pluie d’or

    Vient de franchir la fin de ce couloir

     

    Il a tranché le col de la Méduse

    L’eau et le sang font déjà des merveilles

     

    Comment ne pas rester fidèle

    À la beauté qui étreint qui délivre

    Et ne pas être voyagé

    Par la vie par la mort

    Par l’au-delà des choses

    Et des êtres vivants

     

    Comment rester profane

    Entre les murs de l’athanor

    Où sont réunis les mystères

    Afin qu’ils se répondent

     

    Si le visiteur croit en eux

    Une partie de son regard ne lui appartient plus……

     

    Petits sursauts du cheval d’or

    Écho mythique aux chevaux du cratère

    Perpétuel mouvement du torque

     

    Au défaut de la mort il brille

    Et se souvient de la peau de la sueur

    De la tiède émotion des clavicules

    Et de la fébrilité d’une femme

    Au soleil déclinant de la cérémonie

     

    Il se souvient du froid de la rigidité fidèle

    Et de la nuit dernière

    Éventrée par les torches

     

    Il a appartenu à la terre et au ciel

    Bien avant de se retrouver

    Posthume entre les mains des questionneurs

     

     La beauté lui confère un pouvoir libre

    Hostile aux anecdotes

    À mi-chemin du trésor et de l’invisible

    (Michel Lagrange août 2021)


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  •  Samedi 18 mai 2019, une bien agréable cérémonie s'est déroulée salle des Conférence de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine.

    Ce jour-là, Michel Lagrange faisait don de tous ses manuscrits à la bibliothèque Municipale de la ville.

    François Gaillard a tenu, avec beaucoup d'émotion, à retracer la vie et l'œuvre de son ami.

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Moment de convivialité, moment de partage, moment de reconnaissance, moment de gratitude, et moment de poésie que nous vous proposons de vivre  en l’honneur de notre poète Châtillonnais qui se définit lui-même comme un pèlerin du quotidien aux aguets » et qui a souhaité confier la précieuse matière de sa création poétique à la Ville de Châtillon sur Seine.

    Il a écrit :

    A Châtillon, j’ai beaucoup donné,j’ai beaucoup reçu. J’y ai fait ma vie avec ma famille. En paix, en profit, en bonheur ».

    Ces paroles nous touchent, mais ne nous abandonnons pas à un « chauvinisme béat » et posons lui simplement la question pour savoir ce qui l’a frappé, ce qui l’a inspiré en Pays Châtillonnais, lieu qui lui fut donné par le hasard, et voici sa réponse : »Quand on s’attache à un lieu, on ne peut pas rester indifférent à ce charme qui agit sans cesse. On peut parler de sublimation, peut-être ! » et il ajoute « S’il n’y avait pas eu à Châtillon la Princesse et son Trésor de Vix, j’aurais peut-être renoncé à y demeurer ! ».Etonnant comme cette réflexion avoue son évidence ! des dizaines d’années après la fondation et l’installation de la famille Lagrange en nos murs. Et d’un coup, nous comprenons que  pour Michel Lagrange, « l’invisible a des pouvoirs aussi prenants que ce qui visiblement nous entoure.

    Je vous propose à travers quelques brefs extraits de « Leçons d’un paysage » de suivre le « voyageur oblique » en Pays Châtillonnais qui met « sa destinée dans les pas de la vie »

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

     Plateau forêt gibier silence…

    A chaque fois le mémorial

    D’écorce vive ou de blé mûr

    Atteste une présence et me répond

    Par les ricochets de son jeu d’échos.

    Regards sur la ville :

    Au milieu de la ville intacte et bombardée

    La neige a blanchi ma mémoire

    Où des passants inscrivent

    Au noir et blanc de ma conscience

    A tour de rôle et de priorité

     Un culte :

     Un homme ainsi porte en sa chair

    Un réseau vieux comme le monde

    Où les disparus sont présents.

    Et ce n’est pas Saint Vorles qui

    Limitera mon cœur au simple lieu

    De sa présence.

    Il est où on ne l’attend pas

    Ici, ailleurs, aujourd’hui comme hier

    Cœur enflammé secourt l’enfant.

     Notre histoire

     Il y a des saisons sans calendriers ni concours

    Qui me font le contemporain

    Des Celtes, des Gallo-Romains,

    Du manteau blanc des abbayes,

    Des douleurs de ceux qui labourent.

     La tradition

     Rituel charivari fureur

    Au bruit des chaudrons que l’on tape…

    Esprits de l’hiver saisis de terreur

    Devant les bourgeons vernissés,

    C’est le cortège haut en couleurs

    De l’espoir paysan

    Et de la foi superstitieuse.

     Histoire contemporaine

     Maquis Tabou

    Maquis Montcalm,

    Et maquis Valentin-Balzac…

    Et tant de noms que l’on murmure

    Au niveau doré du silence

    Et du respect…

    Les secrets des sous-bois se sont mis à saigner

    Quand la Résistance a dit « NON ! »

    Et les soleils de conviction n’ont jamais renoncé

     Enfin, lieu mythique intemporel

     Source d’abondance et d’explorations !

    Leçons de la grande eau majeure !

    La Douix ressemble à la divinité

    Tout armée sortie du ventre terrestre.

    Il y a peu de cette résurgence à la résurrection,

    De la captivité à la libération,

    De l’enfermement à ce qui jubile

     Quelle chance pour nous tous d’avoir auprès de nous, un révélateur éclairé des forces du présent, des secrets du passé, un amplificateur des sentiments les plus purs.

    La main du poète a tracé tout cela sur de modestes cahiers qui seront confiés aux bons soins des générations futures.

    C’est une richesse que nous sommes tous très heureux de partager et en la circonstance, cela se traduit , non pas par des phrases verbeuses mais par un profond et sincère MERCI , merci partagé avec tous eux qui ont souhaité t’entourer en ce jour.

    Michel Lagrange, très ému, a dit son affection pour la ville de Châtillon  qu'il a appris à aimer et qu'il ne quitterait pour rien au monde.

    Cette ville, ainsi que le Châtillonnais qu'il a découvert avec ravissement,  lui ont permis de ressentir profondément des liens avec la nature, la beauté des sites, les légendes, l'air si pur... tout a été pour lui une source de réflexions profondes qui l'ont  inspiré et lui ont permis de composer de superbes poèmes qui nous parlent si fort aujourd'hui.

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Michel Lagrange, avant de nous lire quelques poèmes, nous a montré une photographie qu'il a prise au milieu de l'hiver.

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Se rendant à Dijon, il  a aperçu au bord de la route, avant le village d'Aisey sur Seine, un arbre , peut-être mort, ou peut-être défeuillé par l'hiver.

    Sur ses branches des dizaines de cormorans étaient perchés. Cette présence a inspiré le poète qui a composé de retour chez lui ce magnifique poème :

    L'arbre aux cormorans

     

    Grand arbre mort debout

    Armé de cormorans

    Comme autant de guetteurs

    Postés pour scruter le mystère

     

    Une vingtaine instinctivement regroupés

    Selon des lois venues de loin

    Apportées jusqu’ici

     

    Répétition d’oiseaux-fruits mûrs

    Essentielle harmonie de formes

    Orchestrant les détails d’une perfection supérieure

     

    Cette invention de la beauté

    Me pousse hors de mes regards quotidiens

     

    Je suis dans un spectaculaire

    Etranger aux hasards

     

    L’instant banal éclate

    Un temps hors du commun des jours paraît

    Seul véridique

    Allumant dans mes yeux

    Un chandelier porteur de magies noires

     

    Il n’y a pas de révélations secondaires

    Une anecdote a les profondeurs qu’on attend

    Si l’on est prêt aux aventures

    Et si la beauté va plus loin

    Que le calendrier des apparences.

     

    Michel Lagrange a été sollicité par un de ses amis vivant à Téhéran, pour composer des poèmes, destinés à accompagner un recueil de photos et d'œuvres d'art iraniennes.

    Curieusement, dans cet Iran merveilleux, existe une légende, celle du Simorgh, oiseau fabuleux qui fait penser au "phénix".

    Le poète soufi iranien Attar a écrit l'histoire d'une bande de trente oiseaux pèlerins partant, sous la conduite de la huppe, à la recherche d'un Simorgh dans le livre La Conférence des oiseaux (en persan : منطق‌الطیر).

    À la fin de leur quête, ils découvrent leur moi profond .

    La ressemblance entre l'arbre aux cormorans d'Aisey sur Seine et  la légende du Simorgh et les trente oiseaux qui le recherchent, a inspiré Michel Lagrange qui a écrit ce second superbe poème :

     L'arbre aux cormorans

    A l’horizon

    Un dôme en perfection turquoise

    Et sympathie cosmique

     

    Une rivière appelée autre part

    Vers un soleil nouveau

     

    Un arbre mort

    Greffé de cormorans guetteurs

     

    De passage ici-bas

    Dans cet arbre humilié

    Le diapason des oiseaux noirs

     

    Une trentaine

    Instinctivement regroupés

    Selon des lois venues de loin

    Pour donner corps à la Révélation future

     

    Aucune envie de vol

    Aucune incandescence

     

    Au bord de la rivière

    Une répétition d’oiseaux-fruits mûrs

    Dans un arbre mort de chagrin

    Couleurs de rouille et de plâtre étoilé

     

    Autant d’oiseaux de l’ombre

    Attendant la lumière

    Autant de pèlerins désorientés

     

    Un alphabet angulaire et coufique

    Au hasard dans les branches

    Espérant l’unité d’un texte sacro-saint

     

    Cet arbre obligé au silence

    Attend que je réponde

    Et le délivre

    En orchestrant les éléments d’un rêve éparpillé

     

    Roulis des apparences

    Emanation de la Beauté

    La migration de trente oiseaux

    Unanimement flambant neufs

     

    Hubert Brigand, Maire de Châtillon sur Seine, a accepté, au nom de la Ville,  avec un très grand plaisir le don des manuscrits de Michel Lagrange. Ces derniers iront enrichir, pour l'instant la Bibliothèque Municipale, puis dans quelque temps la nouvelle médiathèque.

    Les premiers coups de pioche pour démolir l'ancienne grande surface le Marmont, auront lieu en juillet. La démolition sera délicate car le bâtiment est amianté.

    La construction de la médiathèque  suivra, et les manuscrits de Michel Lagrange y auront une place d'honneur.

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Voici la pile des manuscrits offerts à la Ville par Michel Lagrange :

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Et quelques uns de ces manuscrits, certains superbement illustrés par l'auteur :

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Hubert Brigand a ensuite remis la médaille de la Ville à Michel Lagrange.

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    et des fleurs à son épouse...

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Michel Lagrange, écrivain et poète Châtillonnais, a offert tous ses manuscrits à la ville de Châtillon sur Seine....

    Ce fut un bien beau moment d'émotion pour l'écrivain-poète, partagé par ses amis venus lui rendre hommage et le féliciter.


    1 commentaire
  • Au début du vernissage des tableaux d'Hellen Halftermeyer  et des sculptures de Pierre Mouzat dans la Galerie d'Or et d'Art de Châtillon sur Seine, Michel Lagrange a fait une mise au point très intéressante sur la notion de beauté dans l'Art.

    Reflexions de Michel Lagrange sur la notion de beauté dans l'Art....

    Son texte avait toute sa place ici.

    Quelques réflexions sur la notion de BEAUTÉ, face à des œuvres comme celles qui sont exposées aujourd’hui.

    Beaucoup trop de visiteurs confondent beau et joli.

    Est joli ce qui plaît, ce qui est agréable, facile, flatteur, décoratif. Une jolie fleur, un joli cœur… Je me rappelle des amis à qui je montrais un dessin de Pierre-Yves Trémois représentant des hommes en train de se battre, violemment. Ils ont accueilli ces dessins avec des cris d’horreur ! Ces spectateurs étaient sensibles de façon primaire et viscérale au thème de ce combat sans pitié, insensibles à la pureté admirable du dessin.

    Est beau ce qui profondément nous touche, nous interroge, nous dérange par sa force, son harmonie nouvelle, son unité supérieure aux apparences. Une œuvre dont les éléments, même s’ils ne recherchent pas les critères de la beauté classique, créent une vague d’émotion par leur perfection formelle. Est beau ce qui bouleverse, même quand les apparences sont brutales, troublantes, horribles…Pensez à Jérôme Bosch, à Grünewald, aux damnés aux enfers des Jugements Derniers, à une symphonie de Chostakovitch, à une œuvre de Bernard Buffet, à un nu de Francis Bacon ou de Lucian Freud, à une sculpture de Marc Petit…

    Ces œuvres sont belles car elles constituent un acte de vérité et la recherche d’une création unique, au service d’un univers où tout se tient, où tout signifie, où tout nous parle de nous et de notre condition humaine.

     


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