• Dominique Masson, historien passionné du Châtillonnais, a profité de la réfection de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine pour voir s'il y restait des traces de l'ancien couvent des Bénédictines.

    Ces traces il les a déjà évoquées dans ce premier article :

     http://www.christaldesaintmarc.com/l-histoire-de-l-hotel-de-ville-de-chatillon-sur-seine-racontee-par-dom-a159792216

    Voici la suite de son étude que je qualifierai de géniale, puisque personne avant lui n'avait pensé à rechercher ce qui restait du passé du bâtiment.

    Notule d’histoire

    L’hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (2)

     

    A la Révolution, le 12 messidor an V, la maison conventuelle des Bénédictines fut acquise par Etienne Ligerot. Ce dernier revendit très vite cette propriété à Louis-Toussaint Estienne, négociant drapier. En 1819, celui-ci la revendit à Robert Royère, de Dijon.

    A cette époque, le rez-de-chaussée était divisé en 8 ou 9 pièces, le premier en 9 pièces et le second en 20 pièces. C’est à ce moment que la municipalité, mal installée dans l’ancienne abbaye des Carmélites, songea à l’acheter pour s’y installer avec, en plus, la sous-préfecture, le tribunal de première instance et ceux de commerce et de justice de paix, ainsi que la gendarmerie ; on pouvait même y établir, dans tout le rez-de-chaussée, une maison de détention. Cet achat fut approuvé par le roi Louis XVIII. Mais le conseil d’arrondissement changea d’avis, ne souhaitant y mettre que la mairie et la sous-préfecture.

    Finalement, après un nouveau projet et des échanges de bâtiments, l’ancien couvent fut acheté  le 13 mars 1820, mais Robert Royère eut du mal à se faire payer ; le préfet décida alors que les communes de l’arrondissement de Châtillon aideraient la ville de Châtillon à rembourser l’achat (certaines communes attendront jusqu’à 1846 pour être remboursées).

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Lors de l’achat, en 1821, un mur longeait la façade est, séparant la cour d’honneur devant l’abbaye du potager, le long de la Seine.

    Entre celle-ci et le bâtiment de l’abbaye se trouvait un vivier. La rue des Bénédictines, au nord, était étroite et bordée par les remises et dépendances.                               

    Hôtel de Ville et sous-préfecture s’installèrent dans ces bâtiments, mais la répartition des locaux fut quelque peu difficile. Si le sous-préfet eut un appartement en 1822, il dut attendre 1823 pour avoir une salle à manger, car celle-ci faisait partie du lot de la ville et le maire lui en refusait la location, car elle était louée à un maître de dessin.

    La place devant la mairie/sous-préfecture était assez restreinte, une allée avec des rangées d’arbres faisait partie de l’ancienne abbaye.

    De 1809 à 1823, la Ville réussit à acheter des terrains pour agrandir cette place.

    Mais la coexistence entre mairie et sous-préfecture continuait à être un peu compliquée, ils avaient par exemple le même perron comme entrée. Sur le plan de 1825, on voit un petit perron au bout de l’aile ouest, peut-être pour desservir uniquement la mairie.

    Le maréchal Marmont forma alors le projet de diviser le champ qui lui appartient, près la promenade du Cours- l’Abbé, en diverses portions, sur lesquelles des maisons doivent être construites…Pour favoriser l’exécution de ce projet, dont l’utilité est généralement sentie, il importait d’établir une communication facile entre la Place publique, sise au centre de la Ville, et au devant des Hôtels de la Mairie et de la Sous- Préfecture, et le terrain où l’on commence de bâtir, lequel doit former le nouveau quartier…Cette communication ne pouvait se réaliser, qu’en coupant une partie des remises et écuries, qui dépendent de l’Hôtel de Ville et de celui de la Sous- Préfecture, ce qui occasionnerait des frais assez considérables,  pour ne présenter encore, après la reconstruction, qu’un aspect tout à fait difforme…

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Sur un plan, non daté, on voit que la sous-préfecture possède, selon le partage de 1822,  écurie et basse-cour (entre les lettres E, G, H et J), ainsi qu’une partie de jardin derrière le bâtiment principal (entre B, C, D, E et F) diminuant largement le jardin public.

    Aussi, en 1826, le conseil municipal fut d’avis de proposer d’échanger cette parcelle, contenant10 ares 70 centiares, contre le terrain le long de la Seine, contenant 11 ares 20 centiares.  

    En outre, la mairie s’engageait à clore de murs cette partie de jardin et construire  à l’extrémité bordant la rivière, un remise percée de deux arcades ; une écurie pour y placer quatre chevaux et un petit escalier pour la desserte du fenil, éclairé par trois fenêtres, qui régnera sur les remise et écurie ; ensuite, dans le même prolongement et en contigüité… une petite basse cour avec un tect à porc et poulailler au dessus. La partie entre le bâtiment de l’abbaye et la Seine devint le jardin privé de la sous-préfecture, séparé de la cour d’honneur par un mur. 

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    En même temps, en 1826, dans le cadre de l’aménagement du nouveau quartier décidé  par le maréchal Marmont, l’étroite rue des Bénédictines fut remplacée par une large voie (actuelle rue Président Carnot).

    Le conseil municipal décida alors de modifier la façade de l’Hôtel de Ville qui donnait sur la rue élargie en y ajoutant, le long de celle-ci,  une galerie qui conduisait à une nouvelle porte d’entrée, encadrée de colonnes.

    Sous-préfecture et mairie eurent ainsi chacune leur entrée séparée. La place fut également agrandie par le déplacement des grilles ; un muret surmonté de grilles fut construit au raz du bâtiment de l’hôtel de ville.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Cette galerie est faite avec de grosses dalles en pierre, reposant, côté bâtiment, sur le boudin recreusé et, de l’autre, sur un entablement en pierre,  soutenu par des colonnes doriques

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Pour soutenir le poids de ces colonnes encadrant la nouvelle entrée, deux corbeaux en pierre furent installés dans le mur, sous les dalles,  mais invisibles extérieurement.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Quatre bornes en pierre ont été placées, deux au bas de l’escalier et deux sous la galerie ; ces dernières entaillent un peu le socle en pierre et elles sont tronquées à l’arrière car, à la fin du XIXe  et au début du XXe siècle, le dessous du perron était fermé par des panneaux.

    Auparavant, selon Jean Lagorgette (le Châtillonnais et l’Auxois du 27 février 1937), il aurait existé une auberge au moins jusqu’à 1835 et Alexandre Dumas y aurait fait faire une halte à la diligence (Les Compagnons de Jéhu ?), avant d’être attaquée au goulet de la Gloire-Dieu.

    Plus tard, dans le réduit situé à gauche du perron, l’appariteur Choucroute Maréchaux (célèbre par son apostrophe : Madame, vous sentez la betterave !) tint son office de barbier-coiffeur.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Le rez-de-chaussée du bâtiment, en partie enterré, a été en partie masqué par cette galerie, et les ouvertures largement modifiées.

    Tout le rez-de-chaussée de l’abbaye, côté extérieur comme côté intérieur, présente un fruit, c’est-à-dire une diminution de l’épaisseur qu’on donne à un mur au fur et à mesure que l’on s’élève, ceci pour pouvoir supporter le poids des étages supérieurs.

    En outre, les pierres sont en général choisies en calcaire plus dur. Selon certains écrits, une boutique aurait existé sous cette galerie, au XIXe siècle.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Deux chaînages  horizontaux courent sous les onze fenêtres du premier étage, mais il y a eu ouverture de portes (deux aux extrémités et la porte centrale) et certaines irrégularités.

    Au nord, après la porte, un chaînage vertical descend sous la fenêtre ; à l’étage inférieur, le boudin manque. Sous la fenêtre suivante, le chaînage vertical descend lui aussi à l’étage inférieur et l’encadrement est encore visible dans le soubassement. A l’ouest, existe également un chaînage vertical, mais le boudin en dessous court tout le long du mur.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Aux onze fenêtres du premier étage correspondent onze autres fenêtres au second étage, avec un chaînage entre le premier et le second étage et dessous et dessus  les fenêtres du second étage. Enfin, au niveau des combles existent cinq lucarnes, avec des frontons triangulaires aux deux extrémités et au centre, encadrant deux lucarnes aux frontons en demi-cercles.

    Comme pour toutes les lucarnes, les moulures entrant dans le toit sont en bois.

    La mairie voulut avoir une salle de spectacle.

    Elle fut prévue en 1826 le long de la Seine, contre le jardin de la sous-préfecture. Puis, finalement, on décida d’en créer une à l’intérieur même de la mairie.

    Alors que la grande salle de l’hôtel de ville se trouvait à droite en entrant, la nouvelle salle sera à la place du bureau de la mairie, du cabinet du maire et d’un escalier.

    Ceci fut réalisé en 1832-1833, sur les plans de l’architecte voyer S. Tridon, modifiés par Roze, architecte à Châtillon.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    La municipalité avait contacté Etienne Bouhot pour exécuter la décoration de la salle de spectacle en construction. Dans une lettre datée du 26 août 1832, son fils Auguste lui écrivait : Il faudrait d’abord que cela ne nuisit en rien aux travaux du panorama[1] qui seraient peut-être plus avantageux et ensuite maman me suggère une réflexion qui me semble parfaitement juste. C’est que pour faire une pareille entreprise, il faut beaucoup de fonds pour les avances… Il paraît que les Châtillonnais aiment mieux la quantité que la qualité et qu’il leur faudrait pour 20 pistoles des tableaux de 15 pieds carrés. Amateurs !...   

    Finalement, c’est l’architecte Roze qui fera les peintures décoratives de la salle de spectacle.                

    A la place prévue avant pour la salle de spectacle, furent construites des halles neuves, les anciennes étant de l’autre côté de la Seine (halles au blé).

     [1] Il doit s’agir du panorama  d’Alger, alors fermé pour travaux, et sur lequel Bouhot effectue alors des réparations ; à la même époque, la municipalité lui refusa l’achat de deux tableaux, destinés à la bibliothèque, car jugés trop petits ; « Etienne Bouhot, 1780-1862 » ; catalogue d’exposition à Semur ; Marmagne, 2001

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    On trouve également quelque dissymétrie sur la façade nord-est, côté jardin.

    Au rez-de-chaussée, le sous-bassement en grosses pierres est percé de huit ouvertures, avec un puits sous l’une des fenêtres.

    Un chaînage court sous les dix fenêtres du premier étage, mais les ouvertures ne sont pas espacées régulièrement. Ceci se retrouve à l’étage supérieur, avec aussi dix ouvertures, au dessus de celles du premier étage. Les chaînages existant côté rue Carnot se continuent sur cette façade.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Afin de consolider l’édifice, des tiges métalliques, des tirants, ont été installées, aussi bien côté sud que côté nord, afin de mieux assurer les efforts de traction ; chaque bout est lié à une ancre, qui peut avoir plusieurs formes. 

    Au niveau des combles, on retrouve cinq lucarnes, possédant alternativement des frontons triangulaires et des demi-cercles, mais la dernière ouverture, près de l’angle nord, est particulière ; plus imposante, elle a dans sa partie supérieure un crochet, auquel on devait pouvoir mettre une poulie, afin de monter autrefois des objets et sa partie inférieure était plus basse, coupant le chaînage.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    A l’autre extrémité, à l’est, se voit encore un œil de bœuf, éclairant autrefois la cage d’escalier.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    A l’époque de l’abbaye, il n’y avait aucune construction entre les bâtiments et la Seine, mais seulement un vivier.

    Puis, au milieu du XIXe siècle, il n’y eut que le jardin de la sous-préfecture, avec une petite remise construite le long de la Seine ; une porte faisait communiquer les deux endroits.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Puis, sur une carte postale, apparaît un petit bâtiment, sans étage, non accolé à la sous-préfecture.

    Ensuite, sur d’autres, c’est un bâtiment à étage, un chaînage soulignant le passage entre le rez-de-chaussée et le premier étage.

    Côté jardin de la mairie, un espace construit (avec une porte et une petite ouverture), relie les deux bâtiments.

    Ultérieurement, un étage fut rajouté, harmonisé avec ce qui avait déjà été construit (mêmes ouvertures, continuation du chaînage), mais il y a un petit décalage vertical entre les deux, de quelques dizaines de centimètres (à cause du fruit).  

    Après la suppression de la sous-préfecture, ce petit bâtiment dut être loué à des particuliers. Il y eut alors un portail percé dans le mur, pour communiquer directement avec la place.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    Aujourd’hui les deux bâtiments ont été réunis pour les services de la mairie, mais il y a  quelques marches assez raides à l’intérieur pour passer d’un bâtiment à l’autre.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    A l’extrémité est de ce bâtiment, existaient une porte et un petit œil de bœuf, mais aucune ouverture au dessus du chaînage.

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

    L'Histoire de l'Hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (deuxième partie) racontée par Dominique Masson

     Encore merci à Dominique Masson qui me permet de publier ses études passionnantes sur la ville de  Châtillon sur Seine, et sur le Châtillonnais, c'est un grand honneur pour ce blog.


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  •  Dominique Masson a réalisé des documents racontant l'histoire de l'abbaye Notre Dame de Châtillon sur Seine, et il me les a confiés .

    Je les publie donc ici.

    Pour bien lire, cliquer sur le carré en haut à droite du document, ou mieux sur "lire l'original".

    Merci mille fois à Dominique Masson pour tous ses envois qui nous permettent de mieux connaître notre bonne ville de Châtillon !


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  •  L'historien Châtillonnais Dominique Masson a eu l'idée extraordinaire de  s'intéresser à ce qui subsistait de la construction de l'ancienne abbaye des Bénédictines, devenue notre Mairie, lors de sa réfection  en 2018.

    Il a pris de nombreuses photos et les a accompagnées de ses recherches sur l'histoire du bâtiment.

    Dominique Masson nous livre, ci-dessous, une étude passionnante de l'histoire de notre ville, merci à lui de nous la faire si bien connaître.

    Notule d’histoire

    L’hôtel de Ville de Châtillon sur Seine (1)

    En 2018, la municipalité de Châtillon a fait faire le ravalement des enduits de façade de la mairie, côté place de la Résistance, avant de se poursuivre côté jardin de la mairie. La mise à nu des pierres de construction permet de faire quelques observations sur la construction du bâtiment.                                

    A l’origine, la zone entre les deux bras de la Seine, le quartier des Ponts, était relativement vide de constructions ; aussi pouvait-on trouver des terrains constructibles d’assez grande surface.  Après le concile de Trente (de 1545 à 1553), Châtillon devint un centre de la Contre-réforme. Par décret royal, les monastères de femmes devaient se réfugier dans les villes pour leur sécurité.                                                                                                                                               A Châtillon, l’évêque de Langres, avec l’appui de l’évêque de Genève, le futur saint François de Sales, parvint, non sans mal, à ce que l’abbaye du Puits d’Orbe, fondée au début du XIIe siècle près de Verdonnet, soit transférée à Châtillon, ce qui eut lieu le 21 décembre 1619. Monastère royal, la reine Anne d’Autriche leur promit une somme de 40 000 livres.   

    Les moniales résidèrent d’abord dans la rue du Recept, qu’elles quittèrent trois ans plus tard pour venir habiter sur la rive gauche de la Seine. En 1643, avec l’appui de la reine Anne d’Autriche, trois religieuses parisiennes du Val-de-Grâce vinrent apporter la réforme en ce lieu. Le mercredi 27 avril 1650, la reine mère, le cardinal Mazarin et les princes et princesses visitèrent l’abbaye ; celle-ci devait être en pleine construction. Anne d’Autriche va décéder en janvier 1666 et les deux ailes du monastère furent achevées en 1667, comme semble l’indiquer la date inscrite au-dessus de la lucarne au centre de la façade.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

     On pense que, n’ayant plus le soutien financier de la reine, les religieuses ne purent terminer la construction des corps de bâtiment sud-ouest et sud-est qui devaient fermer la cour carrée.          

    La disposition des façades et des ouvertures n’est pas semblable côté cour et côté extérieur. Côté cour, le rez-de-chaussée se trouve légèrement enterré et sujet aux inondations de la Seine voisine. Sur toute sa hauteur, il y a des pierres calcaires appareillées, mais de provenance très différente. Sur la façade nord-ouest, on compte six ouvertures ; on peut se demander s’il n’y a pas eu quelques modifications au cours de la construction, car il y a un petit soupirail bouché à un endroit.  Le sol intérieur de cette partie basse a été surélevé il y a quelques années.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    Figure 4 :le couloir de la salle des Bénédictines actuellement

    Le rez-de-chaussée est séparé du premier étage par un boudin en pierre, surmonté d’un bandeau lisse en pierre en bas-relief, débordant légèrement. La partie nord-est devait peut-être comporter la cuisine, tandis que la partie nord-ouest devait servir de réserve et de cave ; ces parties sont desservies par un couloir, qui se retrouve à l’étage supérieur. Un puits est encore visible, la moitié se trouvant à l’extérieur, du côté du jardin de la mairie, l’autre partie étant à l’intérieur.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    Figure 5 :l'angle sud-ouest du bâtiment au rez de chaussée

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

     Lorsque le bâtiment fut devenu la mairie, un lampadaire fut installé à l’angle sud-ouest. Il reste encore le logement pour la corde et la manivelle, le passage de la corde et la poulie.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    Le premier étage est la partie noble. On y accédait par un perron à double rampe, débouchant sur un corridor, courant tout le long des deux ailes, ouvrant sur de larges baies, réapparues lors de la réfection. Ce corridor desservait des salles assez spacieuses. Il y a huit baies sur chaque façade, mais la baie correspondant à l’entrée  n’est pas exactement au milieu de la façade. Ces arcs reposent sur un chaînage de rangées de pierre, d’abord une rangée en saillie au-dessus du boudin de pierre limitant le rez-de-chaussée, puis des pierres bien appareillées, et enfin une autre bande en saillie.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    Le second étage devait correspondre aux cellules des religieuses. Il y a huit ouvertures, aussi bien sur la façade nord-ouest que nord-est. Chaque encadrement de fenêtre repose sur un chaînage en pierre bien appareillé.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    Des lucarnes sont disposées au niveau du toit, quatre sur chaque façade, avec des frontons triangulaires aux deux extrémités et à l’angle,  et deux frontons semi-circulaires ; l’un, avec la date de finition des travaux, se trouve au dessus du perron.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

     Mais, à l’extrémité de l’aile sud-ouest (comme probablement à l’autre extrémité), il n’y a pas d’arc de prévu, preuve que cette extrémité a été rajoutée pour fermer le bâtiment, faute de construire les autres côtés. On trouve là un escalier à chaque extrémité, occupant la moitié de la largeur du côté ouest, mais la totalité de la largeur à l’est. Un œil de bœuf éclairait la cage d’escalier, au second étage, côté jardin de la mairie. Sur la façade sud-ouest, il y a trois ouvertures à chaque niveau. Au rez-de-chaussée, deux fenêtres sont au raz de la chaussée, sous le boudin de pierre, et la porte d’escalier, plus haute, coupe le boudin (mais il manque des chaînages de pierre dans les parties supérieures par rapport à la partie sud-est). Il devait y avoir la même configuration du côté sud-est, mais la porte du rez-de-chaussée, du fait du dénivelé, ne coupe pas le boudin (voir la figure 10). Un autre escalier se trouvait également dans l’angle des deux ailes.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    Pour installer la mairie, le cloître fut bouché et fermé par des fenêtres avec encadrement de pierre, dans l’axe des arcades en pierre de l’ancien cloître. Mais, sous l’enduit, apparaissent certaines réparations ou bouchages avec les moyens du bord.

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    Le bâtiment a été partiellement inscrit au titre des Monuments Historiques le 9 août 1929. Ceci concerne les façades et les toitures, ainsi que les boiseries de la petite pièce à l'extrémité nord-ouest du premier étage.

    Dominique Masson

    L'histoire de l'Hotel de Ville de Châtillon sur Seine, racontée par Dominique Masson

    La girouette de la Mairie avec les armes de la Ville.

     


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  • La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues

    par Dominique Masson

    Hubert de Liège, issu de la haute noblesse franque, est né à Toulouse entre 656 et 658.Selon la légende, depuis le XVe siècle, on dit que le seigneur Hubert menait une vie mondaine et était si passionné de chasse qu’il en oubliait ses devoirs et alla chasser seul un Vendredi saint. Il se trouva soudain devant un cerf blanc, portant une croix lumineuse au milieu de ses bois (le cerf est une image christique car, selon la tradition des Pères de l’Eglise, comme il perd ses bois tous les ans et les refait, il est associé à la Résurrection). Hubert se mit à le pourchasser, mais ce dernier parvenait toujours à le distancer sans pour autant se fatiguer. Ce n’est qu’au bout d’un long moment que l’animal s’arrêta et qu’une voix se fit entendre dans le ciel, reprochant à Hubert de préférer la chasse au salut de son âme. Tombé à genoux, Hubert demanda à la voix ce qu’il fallait qu’il fasse. Alors la voix lui dit d’aller trouver Lambert, l’évêque de Maastricht, et de se repentir. C’est ce qu’il fit ; il devint son disciple, renonça aux honneurs militaires ainsi qu’à la succession de son père. Il devint ensuite évêque de Maastricht-Tongres, après l’assassinat de Lambert. Sur ce lieu, qui deviendra la ville de liège, Hubert fonda une église. Il mourut de gangrène le 30 mai 727 dans sa propriété, à Fouron-le-Comte ou à Tervueren, et fut enseveli dans l’abbatiale Saint-Pierre de Liège. Il est fêté le 3 novembre en Orient, en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg, et le 30 mai en France. C’est le patron des chasseurs, des forestiers, mais également des opticiens, des métallurgistes et des mathématiciens. Comme il avait guéri des enragés de son vivant, on invoque également le saint contre la rage.

    Et, dès le milieu du IXe siècle, on offrit au saint les prémices de la chasse. C’est pourquoi le samedi 27 octobre, l’équipage Piq’Avant-Bourgogne rendait hommage à saint Hubert. Après la messe dite à l’église de Villiers-le-Duc, tout le monde s’est retrouvé à l’ancienne abbaye du Val des Choues.

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    Celle-ci fut achetée en 1963 par Pierre Monot, qui y installa l’équipage Piq’Avant-Bourgogne, pour chasser à courre le cerf (il « découplait dans la voie du cerf »), mais il quitta l’abbaye en 1979.      En 1987, son fils Michel et son épouse Inès s’y installèrent. Et, en 1999, l’équipage Piq’Avant-Bourgogne était reformé, mais pour chasser le sanglier (il devint un vautrait, c’est-à-dire un équipage composé de chiens courants spécialisé dans la chasse du sanglier : il « chasse dans la voie du sanglier »).

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    Les couleurs de la tenue de l’équipage sont le gris à parements bleus, avec galon de vénerie ; un cavalier Louis XIII, avec ses chiens, est son monogramme et on le retrouve sur les boutons.

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    La meute est composée de plus d’une centaine de chiens, de race Grand Anglo-français Tricolore, tous marqués avec le monogramme « M ». Elle fut bénie par le père Naudet.

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    Puis ce fut le rapport des piqueux. Ceux-ci, au petit matin, avaient cherché à localiser des sangliers en forêt et le rapport est l’exposé des résultats de cette quête qui doit permettre de décider de l’endroit où se portera la chasse. Ensuite se firent entendre les sonneries des trompes de chasse.

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    Enfin, la meute et les cavaliers- madame et monsieur Monot, les boutons (c’est-à-dire les membres admis à porter la tenue de l'équipage avec les boutons ornés selon un motif propre à cet équipage)- et les hommes de vénerie- sortirent de l’abbaye pour la chasse à courre.

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    "La Saint Hubert à l’ancienne abbaye du Val des Choues", un article de Dominique Masson

    (Photos Dominique Masson)


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  • Dominique Masson m'envoie une éude passionnante sur l'exposition unviverselle de 1855 où le Châtillonnais est évoqué, merci à lui !

    Le Châtillonnais à l’exposition universelle de 1855

     Il se tient actuellement aux archives départementales de Côte d’Or, jusqu’au 28 septembre 2018, une exposition « un siècle d’industrie en Côte d’Or, 1850-1950 ».

    Le Châtillonnais à l'exposition universelle de 1855

    (Photo Dominique Masson)

     Le châtillonnais est représenté en affiche par la préparation à l’exposition universelle de 1855. Cette exposition est la première exposition universelle française et la deuxième mondiale, la première étant l’exposition universelle de Londres en 1851. C’est par un décret impérial du 8 mars 1853 que Napoléon III décida la tenue de cette exposition, où devaient être exposés des produits agricoles et des produits industriels. La première tâche de la commission fut d’inviter les gouvernements étrangers à participer et à désigner des commissaires à l’Exposition ; vingt-cinq états et leurs colonies y participèrent. Et la commission demanda aux préfets l’organisation d’un comité dans chacun des départements français.        

    Le Châtillonnais à l'exposition universelle de 1855

    (Photo Dominique Masson)

    Le Châtillonnais à l'exposition universelle de 1855

    (Photo Dominique Masson)

             En Côte d’Or, la Chambre de Commerce fut chargée de rechercher les produits dignes d’être exposés. Dans une lettre du 8 janvier 1854, ses membres envoyèrent une circulaire :                    

    «…L’empereur, jaloux de toutes les gloires de la grande nation dont les destinées lui sont confiées, veut que l’industrie française conserve le rang éminent qu’elle a conquis à l’exposition de Londres en 1851, et dont elle est fière à si juste titre ; il fait donc un appel tout spécial aux travailleurs nationaux, et il sait ce qu’il doit attendre de leurs patriotiques efforts pour cette noble cause…La Chambre de Commerce de la Côte d’Or, organe des intérêts agricoles et industriels du département, croît de son devoir de vous inviter, Monsieur, à prendre part à ce grand œuvre de civilisation , en fournissant, dans la spécialité qui vous appartient, votre contingent à l’exposition universelle de 1855, la plus grandiose qui ait jamais eu lieu, puisque jusque alors, aucune n’avait réuni tous les produits des beaux-arts à ceux de l’industrie et de l’agriculture ; notre département, qui a payé son tribut aux diverses expositions de Paris et de Londres, et qui a reçu d’honorables mentions, ne peut moins faire pour celle qui se prépare, et nous avons la ferme espérance que les plus beaux succès couronneront vos efforts ; nous en serons fiers et heureux pour notre pays, qui vous témoignera sa gratitude en secondant vos travaux de son suffrage en sa faveur ».                                                            

    Les membres de la Chambre de Commerce étaient : P.Marion, président ; Ch. Manuel, secrétaire ; Masson-Naigeon ; Paul Thoureau ; Lucien Lamblin ; Edouard Bougueret ; Michaud-Moreil ; Louis Joly ; Serre-Jobard ; ainsi que des membres correspondants : Louis-Bazile ; Coste-Caumartin ; Godin ainé ; Raymond Montgolfier ; Philippot et Rasse. Il est à remarquer que, parmi ces quinze membres, quatre étaient du Châtillonnais. Paul Thoureau (Larrey, 19 février 1797 ; Paris, 9 novembre 1873), était maître de forges et fut le fondateur, en 1855, de la Société des hauts fourneaux et forges de la Côte d’Or. Edouard Bougueret (Gurgy-la-Ville, 29 mars 1809 ; Paris, 4 avril 1888) était également maître de forges et député sous la Constituante de 1848-1849. Le troisième maître de forges est Jean-Baptiste Louis-Bazile (Montfey, 31 mai 1786 ; Belan-sur-Ource, 19 avril 1866), plusieurs fois député. Quant à Godin, ce doit être Nicolas Godin (Bar-sur-Seine, 24 avril 1790 ; Châtillon, 4 mars 1870), négociant en laines à Châtillon.                                                                                                                      C’est aussi probablement lui qui fut le président du comité de l’arrondissement de Châtillon, avec Jules Baudoin (Châtillon, 30 mars 1817 ; Châtillon, 12 mars 1894) comme secrétaire, ce dernier étant géologue et naturaliste. Dans une circulaire du 26 juin 1854, tous deux espéraient que les habitants de l’arrondissement feront leurs efforts pour contribuer aux succès que le pays peut attendre, et conserver à leur localité le rang distingué dans lequel elle s’est déjà placée ; étaient admissibles tous les produits de l’agriculture, de l’industrie et des beaux-arts, et le comité d’arrondissement était le seul intermédiaire.

     

    Inaugurée le 15 mai 1855, l’exposition eut lieu dans le triangle formé par les Champs-Elysées, le Cours la Reine et l’avenue Montaigne.                                                                                                        Au milieu des Champs-Elysées, dans le carré Marigny, se sont élevés comme par enchantement des édifices magnifiques destinés à contenir toutes les merveilles de l’art, toutes les richesses de l’industrie, toutes les machines les plus étonnantes que le génie puisse produire…Les productions de l’industrie apparurent pour la première fois, sous le Directoire, comme un attrait aux fêtes nationales de l’époque. Cette idée ayant réussi, les expositions furent répétées sous tous les gouvernements qui se succédèrent. Plus tard, l’idée devint encore plus grande et, au lieu d’une exposition nationale, une exposition universelle fut rêvée…Puis, ce qui n’existait pas à Londres, une exposition universelle des beaux-arts, a été réunie à celle de l’industrie ; ainsi le beau, l’utile, marchent de pair, et tous les pays ont été appelés à montrer, non seulement leurs fers, leurs tissus, leurs bois, leur or, leur argent, mais aussi à mettre en relief leurs tableaux modernes, leurs écoles actuelles, leurs sculptures les plus belles et les plus dignes… Jadis, les beaux-arts passaient en première ligne ; jadis, l’industrie ne tenait que le second ordre…Aujourd’hui, par suite des expositions nationales et universelles…l’industrie marche sur la même ligne que les beaux-arts. Un palais des Beaux-arts fut édifié avenue Montaigne, où 28 nations exposèrent 4979 œuvres et 2176 artistes, dont 1072 artistes français.                                            La remise des récompenses eut lieu le jeudi 15 novembre 1855, devant 40 000 spectateurs et en présence de l’empereur et de l’impératrice. Parmi les artistes de Côte d’Or, dans la catégorie de sculptures, François Rude reçut la grande médaille d’honneur, Eugène Guillaume (né à Montbard) la médaille de première classe, tandis que le dijonnais Georges Diébolt (qui sera le sculpteur du zouave du pont de l’Alma) se contentera d’une mention honorable. En peinture, le beaunois Félix Ziem recevra une médaille de troisième classe, et Charles Ronot, né à Belan-sur-Ource, se contentera d’une mention honorable, avec ses deux tableaux, le Christ à la piscine et René Descartes chez Christine de Suède ; M. Ternante, bien qu’Yves Boissiard ait trouvé « charmant » son tableau des Petits pêcheurs, n’eut aucune récompense. Charles Ronot fit ensuite don de son tableau sur Descartes à la ville de Châtillon, ou alors il fut mis en dépôt, après achat par l’Etat, et fut accroché ensuite dans le musée (rue Docteur Bourée), mais on en a aujourd’hui perdu sa trace.

    Le Châtillonnais à l'exposition universelle de 1855

     


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  • Dominique Masson m'envoie un reportage qu'il a réalisé à la forge du Comte de Buffon, très bel endroit, témoin de ce qu'était la métallurgie bourguignonne du temps des Lumières.

    Stéphane Bern a décidé d'inscrire la forge de Buffon sur la liste des monuments à restaurer, dans son projet "Epiques Epoques", loto du Patrimoine, qu'il en soit remercié !

    Et merci aussi à  Dominique Masson pour son texte et ses photos.

      Le comte de Buffon et Stéphane Bern

    Ce titre pourrait être anachronique mais, à 250 ans d’intervalle, le second va théoriquement venir en aide au premier.

     Cette année, la Côte d’Or va célébrer les 900 ans de la fondation de l’abbaye de Fontenay, les 400 ans de la naissance du comte de Bussy-Rabutin et les 250 ans de la fondation de la Grande Forge par le comte de Buffon, à côté du village de Buffon.

     Né à Montbard en 1707, Georges-Louis Leclerc, devenu comte de Buffon en 1773, avait là son hôtel quand il n’était pas à Paris et se maria, à Fontaines-en-Duesmois, à Marie Françoise de Saint Belin Malain, en 1752. A partir de 1749, il fera paraître les premiers volumes de son « histoire naturelle ».

    Sur les terres de Buffon, à 6 kilomètres de Montbard, acquises en 1717 par son père, le comte de Buffon va réorienter son activité intellectuelle, abandonnant quadrupèdes et oiseaux pour l'étude de la minéralogie, de la métallurgie et fit construire, de 1768 à 1772, la Grande Forge lui permettant d’étudier, pour la Marine, l'amélioration des canons, et, pour lui-même, les effets de la chaleur obscure et les phénomènes de refroidissement ; les résultats de ses recherches alimenteront son œuvre scientifique, notamment au sujet de la création et de l'âge de la terre.

    Dès 1768, la forge produira des ferronneries et des rampes d'escaliers, en particulier la grande grille, toujours en place.

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    Animées par l'Armançon, des roues à aube vont apporter la force hydraulique nécessaire aux machines, comme les soufflets, les marteaux, le bocard et le patouillet.

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    Ce site peut être considéré comme l’une des premières usines intégrées : les lieux sont aménagés pour optimiser les étapes de la fabrication ; c’est la première fois que les trois étapes se font dans la même usine, mais dans des lieux bien distincts. On trouve ainsi côte à côte le haut-fourneau, l’affinerie et la fenderie.

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    L’accès au haut-fourneau se fait par un escalier monumental, qui permettait aux invités de marque d'admirer les coulées de métal en fusion.

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    Outre les installations industrielles, le lieu renferme la maison du maître et les habitations ouvrières en un même espace. Autour d'une vaste cour rectangulaire, sont disposés les bâtiments d'habitation des ouvriers, la demeure du maître et des régisseurs ainsi que les remises et magasins de fer.

    Une boulangerie, un potager (transformé aujourd’hui en jardin) et une chapelle sont aussi accessibles aux ouvriers. Plus exceptionnel, une orangerie et un pigeonnier complètent l'ensemble.

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

     Figures 8 et 9 : haut-fourneau, affinerie et fenderie ; en bas, la roue du haut-fourneau (© D.Masson)

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    En 1791, les bâtiments furent vendus.

    En 1860, ils furent rachetés par Roch-Joseph Guénin. En 1866, une crue exceptionnelle va mettre fin à l'activité sidérurgique qui est remplacée par une cimenterie jusqu'en 1923, date de la cessation de toute activité industrielle à la suite d'un incendie.  

    Ce sont les descendants de M. Guérin qui possèdent toujours la Grande Forge et qui, depuis 1978, l’ont ouverte à la visite.                                                                                               Les bâtiments ont été classés en 1943 et 1985.

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    Mais la tâche est difficile pour entretenir de tels ensembles. Vendredi 4 mai dernier, madame et monsieur Veyssière-Pomot avaient convié une soixantaine de personnes pour lancer l’anniversaire de ce lieu historique, dans le cadre de l’opération «Epiques Epoques ».

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

    Après un exposé de monsieur Charles-François Champetier, président de l’association Hydrauxois, sur « l’hydraulique à Buffon », monsieur Jean Ponsignon a présenté le nouveau film qui sera projeté aux visiteurs.

    Madame Alix Mounier et  monsieur Xavier Spertini, photographe, ont ensuite montré deux applications pour découvrir à distance le site, l’une permettant une visite virtuelle à 360° et l’autre la découverte du site avec son smartphone par le biais d’une application « Balades en Bourgogne ».                                                        

    Enfin, M. Dominique Jouffroy a présenté les projets possibles de restauration car la Grande Forge est l’un des sites retenu par le « monsieur du patrimoine », Stéphane Bern, la Fondation du Patrimoine et le ministère de la Culture, au travers du loto du patrimoine.                          

    Sur 2000 propositions, 250 sites ont été retenus. Autour du Châtillonnais, en Bourgogne-Franche Comté, ont été retenus le château de Rochefort (Asnières en Montagne) et la Grande Forge de Buffon. Dans la région du Grand-Est, on trouve en Haute-Marne l’abbaye de Longuay (Aubepierre) et l’église Saint-Georges à Etourvy, dans l’Aube. En outre, le château de Bussy-Rabutin fait partie des projets « emblématiques » nationaux.

                              ( Dominique Masson)

     

    "Le Comte de Buffon...et Stéphane Bern",une belle étude de Dominique Masson

     Un article publié sur ce blog en 2009, avec d'autres photos , du petit musée par exemple :

    http://www.christaldesaintmarc.com/la-grande-forge-de-buffon-a757021


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